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Voyez un peu l'habile homme, avec son benêt d'Aristote.

SGANARElle.

gots qui sache comme moi raisonner des choses, qui ait servi six ans un fameux médecin, et qui ait su dans son jeune âge son rudiment par cœur.

Peste du fou fieffé!

MARTINE.

SGANARELLE.

Peste de la carogne!

MARTINE.

Que maudits soient l'heure et le jour où je m'avisai d'aller dire oui !

SGANARELLE.

Que maudit soit le bec cornu' de notaire qui me fit signer ma ruine!

MARTINE.

C'est bien à toi, vraiment, à te plaindre de cette affaire. Devrois-tu être un seul moment sans rendre graces au ciel de m'avoir pour ta femme? et méritois-tu d'épouser une personne comme moi?

SGANARELLE.

Il est vrai que tu me fis trop d'honneur, et que j'eus lieu de me louer la première nuit de nos noces ! Hé! morbleu ! ne me fais point parler là-dessus : je dirois de certaines choses...

MARTINE.

Quoi? que dirois-tu ?

SGANARELLE.

Baste, laissons là ce chapitre. Il suffit que nous savons ce que nous savons, et que tu fus bien heureuse de me trouver.

MARTINE.

Qu'appelles-tu bien heureuse de te trouver! Un homme qui me réduit à l'hôpital, un débauché, un traître, qui me mange tout ce que j'ai !.....

SGANARELLE.

Tu as menti: j'en bois une partie.

Bec cornu est une imitation du mot italien becco, qui signi fie bouc (B.)-Les vieux conteurs emploient quelquefois ces Oui, habile homme. Trouve-moi un faiseur de fa- | deux mots réunis dans le sens de cornard.

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SCENE IV.

MARTINE.

Va, quelque mine que je fasse, je n'oublierai pas mon ressentiment; et je brûle en moi-même de trouver les moyens de te punir des coups que tu m'as donnés. Je sais bien qu'une femme a toujours dans les mains de quoi se venger d'un mari: mais c'est

une punition trop délicate pour mon pendard: je veux une vengeance qui se fasse un peu mieux sentir; et ce n'est pas contentement pour l'injure que j'ai reçue.

SCÈNE V.

VALÈRE, LUCAS, MARTINE.

LUCAS, à Valère, sans voir Martine. Parguienne! j'avons pris là tous deux une gueble de commission; et je ne sais pas, moi, ce que je pensons attraper.

VALÈRE, à Lucas, sans voir Martine. Que veux-tu, mon pauvre nourricier ? il faut bien obéir à notre maître : et puis, nous avons intérêt, l'un et l'autre, à la santé de sa fille, notre maîtresse; et sans doute son mariage, différé par sa maladie, nous vaudra quelque récompense. Horace, qui est libéral, a bonne part aux prétentions qu'on peut avoir sur sa personne; et quoiqu'elle ait fait voir de l'amitié pour un certain Léandre, tu sais bien que son père n'a jamais voulu consentir à le recevoir pour son gendre'.

MARTINE, révant à part, se croyant seule. Ne puis-je point trouver quelque invention pour me venger?

LUCAS, à Valère.

Mais quelle fantaisie s'est-il boutée là dans la tête, puisque les médecins y avont tous pardu leur latin? VALÈRE, à Lucas.

On trouve quelquefois, à force de chercher, ce qu'on ne trouve pas d'abord; et souvent en de simples lieux...

MARTINE, se croyant toujours seule.

Oui, il faut que je m'en venge à quelque prix que ce soit. Ces coups de bâton me reviennent au cœur ;

ne vous voyois pas, et cherchois dans ma tête quelque chose qui m'embarrasse.

VALÈRE.

Chacun a ses soins dans le monde, et nous cherchons aussi ce que nous voudrions bien trouver.

MARTINE.

Seroit-ce quelque chose où je vous puisse aider?
VALÈRE.

trer quelque habile homme, quelque médecin parCela se pourroit faire; et nous tâchons de renconfille de notre maître, attaquée d'une maladie qui lui ticulier, qui pût donner quelque soulagement à la a ôté tout d'un coup l'usage de la langue. Plusieurs médecins ont déja épuisé toute leur science après elle: mais on trouve parfois des gens avec des secrets admirables, de certains remèdes particuliers, qui font le plus souvent ce que les autres n'ont su faire; et c'est là ce que nous cherchons,

MARTINE,bas, à part.

Ah! que le ciel m'inspire une admirable invention pour me venger de mon pendard ! ( Haut.) Vous ne pouviez jamais vous mieux adresser pour rencontrer ce que vous cherchez; et nous avons un homme, le plus merveilleux homme du monde pour les maladies désespérées.

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C'est une chose admirable, que tous les grands je ne les saurois digérer; et..... (heurtant Valère et Lu-hommes ont toujours du caprice, quelque petit grain cas.) Ah! messieurs, je vous demande pardon; je de folie mêlé à leur science.

Dans la liste des personnages, Valère est qualifié de domestique de Géronte. Ge mot vient du latin domus, maison, famille, et signifie qui est de la maison, qui est de la famille. On lui a laissé cette acception dans ces phrases: la vie domestique, le bonheur domestique, c'est-à-dire la vie de famille, le bonheur de la famille. Il est probable que Valère est attaché à Géronte

en qualité d'intendant ou de secrétaire.

MARTINE.

La folie de celui-ci est plus grande qu'on ne peut croire, car elle va parfois jusqu'à vouloir être battu pour demeurer d'accord de sa capacité; et je vous donne avis que vous n'en viendrez pas à bout, qu'il n'avouera jamais qu'il est médecin, s'il se le met en fantaisie, que vous ne preniez chacun un bâton, et

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