on referme la citatrice, et on met un ban- fêter tous les ans la fête de saint Hubert, deau au-tour de la tête de la personne au trois de novembre; ils peuvent donner mordue; elle porte ce bandeau pendant le répis de quarante jours, à ceux à qui dix jours, puis le fait ôter par un prêtre, le même malheur est arrivé. On assure que qui le jette au feu. certaines personnes, qui se disent desNous avons manié et considéré cette éto-cendus de la race de saint Hubert, par le, qui est un ruban long et assez large, Floribert son fils et son successeur dans mais qui ne parait pas être aussi ancien que l'épiscopat, peuvent aussi donner répis Saint-Hubert. Autrefois on avait soin de de quarante jours. On peut voir le R. P. marquer au bout de l'année, combien on Roberti jésuite, dans son histoire de saint avait coupé de parcelles de cette étole. Au-Hubert. jourd'hui on ne prend plus cette précau- On prétend posséder un doigt de ce saint tion, et on ne prétend pas que l'étole ne dans l'abbaye d'Autrey, diocèse de Toul, diminue point en longueur. Il est même proche la ville de Remberviller. Les relitrès probable que l'étole d'aujourd'hui n'est gieux de l'abbaye du grand saint Hubert plus l'ancienne et primitive de Saint-Hubert. leur contestent la possession de cette reliL'incision qu'on fait au front de la per-que, soutenant qu'ils ont eux-mêmes seuls, sonne, fait à peu près sur elle, le même le corps entier de saint Hubert ; et ils proeffet, que fait dans les autres pays le fer duisent une bulle du pape Léon X de l'an chaud dont on marque les animaux sur le 1315, qui défend à tous autres religieux front. Cela cause une révolution dans les de s'attribuer aucune relique de saint Huhumeurs, qui fait diversion au poison de bert, et assure que le corps de ce saint la morsure de l'animal enragé, et empêche évéque est conservé dans son monastère, qu'il n'infecte davantage la masse du sang.sans avoir souffert aucune altération duns On oblige les pélerins à faire une neu- aucun de ses membres, ainsi qu'il conste vaine, qui consiste à se confesser et com- par la foi de témoins oculaires. munier, à coucher seuls, et dans des draps Malgré ce témoignage si décisif du sounouvellement lavés, ou dans ses habits; verain pontife, les religieux d'Autrey soune boire pas dans le verre d'un autre; évi- tiennent toujours la vérité de leurs reliques; ter de boire, et même de considérer l'eau et dès l'an 1495, les pères de St. Hubert des ruisseaux ou des rivières. (L'Hydropho- les ayant attaqué sapar devant la cour spiribie, ou l'horreur de l'eau, a toujours été tuelle de l'évêque de Basle, ceux d'Autrey un symptôme de la rage ;) mêler son vin, furent maintenus dans leur possession. La ou ne boire que de l'eau pure; ne pas man-même cause fut agitée en 1575, par-devant ger de viande d'un animal, qui n'ait au la cour de l'évêque de Toul, qui attira les moins un an; s'abstenir des poissons qui parties à un accommodement. En 1515, la n'ont point d'écailles; manger froid tout bulle du pape Léon X, ayant été signifiée ce qu'on mange, ne peigner ses cheveux à ceux d'Autrey, ils se pourvurent à Rome, qu'après quarante jours. On traitera tout cela de superstition si l'on veut, mais il peuty avoir aussi du naturel; toutes ces observances servant à prévenir la fermentation des humeurs, et le tropgrand mouvement du sang, dans ceux qui ont été mordus d'animaux enragés; car ilfaut convenir que ces animaux répandent dans la masse du sang, un venin à peu près semblable à celui des serpens et des autres bêtes venimeuses. Ceux qui ont été ainsi guéris doivent qui députa Nicolas Aretia, pour juger ce différent. Il prononça sa sentence en 1521, et condamna les parties à reprendre l'accord de 1513, lequel s'observe encore aujourd'hui. Le pélerinage de S. Hubert d'Autrey est toujours fort fréquenté, et on fait observer à ceux qui ont été mordus par des chiens enragés, à peu près le même régime, que celui que nous avons vu ordonner par ceux de S. Hubert. Il y a plusieurs siècles que saint Hubert [dre. Pour le conserver sous la protection est honoré comme patron des chasseurs, de la France, elle envoie tous les ans deux et on nous a montré étant dans l'abbaye faucons au roi et autant à l'empereur. qui porte son nom, l'équipage de chasse L'abbé de St. Hubert ne frappe pas monqu'on prétend être de l'empereur Charlema-naie, mais il donne le prix à celle qui a gne; c'est une espèce de housse ou de ca- cours dans son territoire. paraçon, d'un tissu d'une toile d'argent ou Cette abbaye a reçu la réforme à l'instar plutôt de fils d'argent fort minces sans tissu,de celle de saint Vanne, en 1618, suivant croisés l'un sur l'autre, et appliqués sur les constitutions imprimées à Verdun en du velours rouge. Le tissu de cette toile est 1610, par Jean Vapi; elle est située au fort ancien, mais le velours est nouveau. Dans comté de Chini, sur le ruisseau d'Homme, le cantatorium de S. Hubert écrit vers l'anà quatre lieues de Roche-Fort, et à pareille 1054, on lit que alors et long-temps aupa- distance de Bastogne, à quatorze lieues de ravant, c'était un usage établi dans toutes Liége. les Ardennes, d'offrir à l'autel de S. Hubert les prémices de ce qu'on prenait à la chasse dans ces forêts. Nous avons remarqué que le monastère de S. Hubert était situé dans un lieu nommé anciennement Andenne. On connaît une auLa coutume de regarder saint Hubert, tre abbaye de dames chanoinesses, nommée comme patron des chasseurs, vient appa- aussi Andenne, située entre Huy et Naremment de ce que ce saint étant à la chas-mur, sur le bord de la Meuse; cette abse, fut converti à la vue d'un crucifix placé baye a pour fondatrice Ste. Begge, sœur entre les cornes d'un grand cerf qu'il pour- de sainte Gertrude, bisaïeule de Charlesuivai:; ainsi qu'on représente ordinaire-magne. ment S. Hubert avant son épiscopat; de là HUDIVILLER. Voyez ANTELUP. aussi la confiance dans le cornet de chasse HUILLÉCOURT. Huillécourt, vilde S. Hubert, que tant de personnes por-lage sur la Meuse, une lieue au-dessus de tent à la boutonnière pour se garantir des S. Thiébaut, à quatre de la Marche; bailchiens enragés. liage de cette ville, présidial de Châlons, parlement de Paris, Barrois-mouvant, diocèse de Toul. Ce lieu est annexe de Levécourt. L'église a pour patron, saint Martin. On conserve à l'abbaye de saint Hubert, un psautier ancien écrit en lettres d'or, qui a servi au roi Lothaire, ainsi qu'il paraît par quelques vers qu'on lit à la tête de ce manuscrit. C'est apparemment ce même ma- Le village de Huillécourt ne fut affrannuscrit qui ayant été acheté pour le jeune chi qu'en 1389 (1), que Robert duc de Brunon, qui fut depuis pape sous le nom Bar réduisit leurs anciennes servitudes à ne de Léon IX, fut ensuite rendu à cette ab-payer par chaque nouveau entrant que cinq baye par la comtesse Helvide sa mère, parce sols, et par habitant cinq sols, payables que le jeune Brunon n'y pouvait rien en- en deux termes et un bichet de froment à la tendre, quoiqu'il lût aisément dans toute S. Martin. autre sorte de livres. Cette terre a été long-temps possédée par la maison de Choiseul. HUNSRUCH ou HUNDSRUCH. -- On montre au même monastère un ancien livre des Evangiles, qu'on tient y avoir été donné par l'empereur Louis-le- Le Hunsruch est dérivé, selon la plus Pieux. commune opinion, des Huns ou SarmaCette abbaye jouit des droits régalienstes (2), qui ayant été vaincus par le grand sur son territoire et sur seize villages de sa dépendance. Il y a ordinairement dans le (1) Archives de Lorraine, Layette, la Mobourg de saint Hubert, quelques soldats Autrichiens, pour y maintenir le bon or the. P. (2) Vide de Honteum, hist Trev., tcme 3, 1022. Constantin, furent transférés dans un pays sauvage et montueux, entre la Moselle le Rhin, le Nab, et la Sâre, auquel on donna le nom de pays des Huns, à la lettre, l'échine des Huns, apparemment à cause des rochers dont ce pays était parsemé ; d'autres le dérivent du nom de Honds, un chien, et Ruch, l'échine du chien. Ausone dans sa description de la Moselle, parle de ces contrées incultes et sauvages où Constantin avait depuis peu transféré les Sarmates, que l'on disait avoir été chassés de leur pays, par leurs esclaves, vers l'an 334. Unde iter ingrediens numerosa per avia solum. Et nulla humani spectans, vestigia cultús, Arvaque Sauromatum nuper metata colonis. Le Hunsruch fut donc originairement habité par les Huns, ou les Sarmates, du temps du grand Constantin. Ce pays est dans le bas palatinat. HURBACHE. Hurbache, village à une demi-lieue de l'abbaye de Moyenmoutier, et dépendant de sa juridiction spirituelle (1). L'église est dédiée à S. Etienne ou à S. Gengoul. IGEL ou EGEL. I. Igel est un village situé à deux lieues de Trèves, vers le couchant, et à sept lieues de Luxembourg vers l'orient; ce village en lui-même n'a rien de considérable, mais il est célèbre par un monument antique, un des plus beaux de l'Europe. Il est surmonté d'un aigle éployé, ce qui a fait donner le nom d'Igel ou Egel, Le lieu d'Hurbache est connu dès le sep- aigle au village prochain et même à tout tième siècle, et est dénommé dans le titre ce vénérable monument. Il est placé sur le primordial de l'abbaye de Senones, donné confluent de la Såre à l'orient, et de la Sure en 661 ou 662, sous le nom de Hurini à l'occident. Il est composé de pierres qui fontana; de même que le village de saint ont été posées avant que d'être taillées, de Jean d'Ormont son annexe, y est désigné même que celles de la porte noire à Trèves; sous le nom de Hurini-mons. Mais alors ce qui se prouve par les joints de difféil n'y avait ni village ni habitation dans ces rentes pierres, où l'on voit divers membres deux lieux ; seulement on désigne les limi- de la même figure se réunir comme natutes du terrain donné à saint Gondebert,rellement; ce qui n'a pu se faire qu'en fondateur de Senones, par les fontaines et travaillant ces figures après coup et sur le les montagnes qui le bornaient. Ce terrain monument déjà érigé. ayant été cédé à saint Hidulphe, fondateur de Moyenmoutier, on y a depuis défriché et bâti des villages. La terre d'Hurbache a été autrefois possédée par des seigneurs de la maison de Parroye, qui avaient aussi leur chateau à (1) Hist. Mediani monast. pages 376 et 377. Le monument est haut d'environ soixante et quatorze pieds, s'élevant toujours en diminuant; sa base est de douze pieds en carré. Il y a quatre faces chargées de diverses figures de génies et de divinités payennes, en demi-relief et entourées de différens dégrés. Vers la base on voit une inscription dont les plus grandes lettres sont encore bien lisibles. On supplée les autres them l'a rapportée, apres avoir employé par La voici telle que le père Vil-trois jours à examiner ce monument: le sens. D. M. T. SECVNDINO SECVRO ET VOCATIÆ CONIVGI. EIVS. ET SECVNDINO AVENTINO. FILIIS. L. SACCIO. MODESTO. ET MODESTIO. MACEDONI. IVLIVS. SECONDINVS. AVENTINVS. VIVI. HAEREDES. POSVERVNT. On voit par cette inscription que cè mo- 3. Après ces figures, on remarque dans nument a été érigé par les Secondins, à le cartouche de dessous quatre personnes à leurs parens défunts. Le globe qui cou-table, et quatre épulons ou valets qui les ronne le mausolée est de fer, creux, et a servent. servi d'urne aux cendres des Secondins. 4. La bordure qui suit représente trois Ausone l'appelle le Cône, ou Pomme de personnages gravés dans trois médaillons pin ou de cyprès, quadro cui in fastigia ronds. Cono; la pomme de cyprès s'employait 5. Dans la plus grande des faces, est dans les funérailles. Et le même Ausone, représenté le mariage de Secundinus et de v. 315, fait allusion à Arsinoë, suspen-Pacatia, et l'Hymen au milieu d'eux. due par une pierre d'aimant à la voûte d'un 6. La bordure de ce cartouche est chartemple d'Egypte. gée de huit figures dont on ignore les pro 8. Au-dessous de cette inscription, on L'aigle qui se voit aussi marque l'immor-priétés. talité de l'ame, qu'ils croyaient s'envoler 7. Au-dessous de ce grand cartouche, on au ciel. Les lettres D. M. qu'on voit à la lit l'inscription que nous avons rapportée tête de l'inscription signifient Diis mani-tout entière. bus, aux Dieux mânes, ou aux ames des défunts, que les payens regardaient comme remarque cinq ou six personnes auprès des espèces de divinités et tenaient leurs d'une table et autant qui les écoutent. C'est sépulcres comme sacrés, ils en punissaient peut-être une assemblée des Agens des les violateurs comme sacriléges. affaires. Les Secondins étaient une famille considérable à Trèves et dans le pays de Luxembourg. Leur emploi était d'Agens dans les affaires de l'Empire. On ignore l'année précise où ce monument a été élevé. PREMIÈRE FACE. 1. On voit au-dessous du faite, sous le fronton, le dieu Pluton, ayant à ses deux côtés comme deux ames prosternées à ses pieds et lui demandant miséricorde. 2. L'étage de dessous représente six Agens, qui doivent fournir la pourpre à la cour; au-devant d'eux on voit comme un pan ou un morceau de pourpre. DEUXIÈME FACE. 9. La seconde face représente au-dessous du fronton, un dieu Mars qui terrasse Adonis. 10. Au-dessous de la niche on voit un chariot attelé de deux mulets, un cocher qui les frappe et un homme qui les suit. On voit à côté une colonne avec ces chiffres CLIII, ce qui marque le nombre de stades que les armées faisaient chaque jour; c'està-dire vingt mille pas géométriques, ou quatre milles d'Italie, environ quatre lieues romaines. 11. Le cartouche qui suit représente un sacrifice offert par des ouvriers destinés | trième siècle, l'office des Agens des affaires à conduire des voitures, qui ont rapport n'ayant été créé que sous le règne de Dieà l'office des Secondins qui était de fournir clétien, comme le marque Aurélius Vicles provisions à la cour ou à l'armée. tor (1). Le poète Ausone (2), qui vivait en 380, parle clairement de cette fameuse pyramide : 12. Les figures du cartouche suivant sont presque toutes effacées et mangées par le temps on croit y remarquer Esculape et un grand serpent, Minerve et Hercule. 13. Au-dessous l'on remarque un chariot à quatre roues, tiré par deux che vaux. TROISIEME FACE. Quadro cinis in fastigia cono Surgit, et ipsa suas consumit pyramis umbras. C'est une hardiesse poétique et une exagération outrée, de dire que cette pyramyde est si élevée qu'elle consume son ombre: on dit bien d'un oiseau qu'il s'élève si haut dans l'air, qu'on ne voit plus bri-son ombre sur la terre, il n'y a dans cela rien que de naturel; mais plus une pyramide, un obélisque, une tour est élevée, plus son ombre est grende, sinon lorsque le soleil donne à plomb sur sa pointe. 14. La troisième face présente d'abord Phoebus ou le soleil, sous le fronton. 15. Au-dessous sont deux griffons dés, dont un géant tient les rênes. 16. Plus bas on voit deux chevaux chargés, dont l'un monte et l'autre descend. 17. Au centre on voit les douze figures du zodiaque, au milieu duquel est le soleil monté sur son char. 18. Le dernier cartouche est fort gâté; on conjecture qu'il représente l'entreprise téméraire des géants qui voulurent s'élever au ciel. QUATRIÈME FACE. 19. La quatrième face nous montre sous le fronton la lune à demi voilée et portée sur un char à deux chevaux. 20. Au-dessous on distingue un juge qui fait rendre compte aux Agens. 21. Dans le cartouche suivant on voit cinq ouvriers occupés à la teinture de la pourpre. 22. Le principal cartouche représente à ce qu'on dit, Minerve, déesse des manufactures, et une autre déesse tenant une pomme à la main; le reste est effacé. 23. Les dégrés de cette pyramide sont ornés de dauphins badinant avec des enfans, des tritons, des néréides, etc. On y voit encore un navire chargé de tonneaux, la Moselle couchée sur son urne, comme on représente ordinairement les grands fleuves. Ceux qui ont le mieux examiné ce fameux monument, conjecturent qu'il n'a été construit qu'au commencement du qua Il est vrai que quelques anciens comme Solin, Lucain et Amien Marcellin (5), ont avancé que les pyramides d'Egypte, par leur extrême élévation, consumaient leurs ombres. Mensuram umbrarum egressæ nullas habent umbras, dit Solin, peut-être parce que les dégrés dont elles sont composées consument petit à petit les ombres de ces pyramides. Mais il est certain par d'autres auteurs, comme Pline et Diogène de Laërce, que Thales de Milet mesura les pyramides d'Egypte en prenant leurs dimensions lorsque l'ombre de son propre corps était égale à sa stature, ce que j'ai encore peine à concevoir; car les pyramides ayant une très-grande hauteur et une base très-large et proportionnée à leur hauteur, l'ombre s'en perd sur les dégrés dont elle est composée, et ne peut donner d'ombre de sa hauteur qu'au lever et au coucher du soleil; et alors l'ombre de Thalès était bien plus grande que son corps, et ne pouvait lui servir à mesurer la hauteur de la pyramide que par la proportion que l'ombre de son corps avait au (1) Bertholet, hist. de Luxemb., t. 1, p. 383 et 384. (2) Auson. de Mosell., v. 31. (3) Solin. poly. histor. Lucan. in Toxandr. Amian. Marcel., 1. 22. |