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tance de Saint-Gal, et qui fit la cérémonie de la renfermer. Ses miracles et ses prédictions rendirent son nom bientôt célèbre (1).

Elle se fit amener une fille de qualité nommée Rachilde (2), qui était attaquée d'une maladie qu'on jugeait incurable; elle la consola, et lui obtint de Dieu une parfaite guérison. Rachilde, que sa mère spirituelle avait accoutumée aux exercices de la contemplation, mena aussi la vie d'une recluse.

Guiborat reçut encore Wendilgarde, petite-fille de Henri, Roi de Germanie, que l'on croyait veuve, dans la persuasion que le comte Uldaric son mari avait été tué à la guerre. Celle-ci eut d'abord beaucoup de peine à se faire aux austérités de la vie qu'elle voulait mener. A la fin pourtant elle vint à bout de se vaincre, et de pratiquer avec joie les plus rigoureuses mortifications (3). L'évêque

(1) On parlera avec plus de détails, sous le 4 Juillet, des rapports de piété qu'elle eut avec S. Ulric, qui devint plus tard évêque d'Augsbourg.

(2) On la nomme aussi Rachildis et Rachilt.

Notes de l'édition allemande.

(3) Eckehard-le-Jeune de Saint-Gal rapporte à ce sujet ce qui suit : « Weldilgart ad nuptias petita, nuțu Dei nubere noluit, sed Salomone rogato ad S. Gallum concessit, ubi sibi juxta Wiboradam caminata constructo de suo vixit, fratribus et pauperibus pro anima viri sui quasi defuncti multa largitur, Dulciaminum autem cum esset avida et novitatum semper appetens, uti delicate nutrita et iis assueta, increpata est a Wiborada, quoniam non esset signum pudicitiæ in femina appetere varia cibamina. Quadam autem die ad clausulam virginis cum sedisset ad colloquia, poma sibi dari ad vescendum, si dulcia ibi haberentur, petierat. Quibus pauperes utuntur, illa, ait, habeo pulcherrima, proferensque mala de sylva acidissima, inhianti et manibus ea rapienti reliquerat. Ut illa vix unum dimidium ore et oculis contractis vorans cætera projiciens, austera es, ait, austera sunt et mala tua. Et cum esset litterata, si omnia, inquit, mala factor ita creasset, nunquam Eva mala gustasset. Bene, ait illa, Evam memorasti; enimvero, quomodo et tu, sic deliciarum avida erat, ideo in esca unius mali pecca

de Constance lui donna le voile, et la consacra entièrement à Dieu. Cependant Uldaric, que l'on avait faussement cru mort, reparut lorsqu'on ne s'y attendait point. Il avait obtenu sa liberté des Hongrois ou Esclavons (1), qui l'avaient fait prisonnier. Les évêques assemblés en synode décidèrent que la profession religieuse ne devait point empêcher qu'on ne lui rendît sa femme. Wendilgarde retourna donc dans le monde, promettant toutefois de garder ses vœux si elle survivait à son mari. Elle mourut en couche d'un fils qui fut consacré à Dieu, et qui depuis devint abbé de Saint-Gal (2).

Les Hongrois ayant recommencé leurs incursions dans le pays, Guiborat ne voulut point prendre la fuite, comme on le lui conseillait : il lui en coûta la vie. Les barbares, irrités de ne point trouver d'argent chez elle, lui déchargèrent sur la tête trois coups de hache, dont elle mourut le 2 Mai 925. Rachilde lui survécut de vingt-un ans ; mais sa vie ne fut qu'une mort continue par les maladies qu'elle eut à souffrir (3). Les reliques de ces deux Saintes furent déposées dans l'église de Saint-Magne. Sainte Guiborat est nommée dans les martyrologes d'Allemagne et dans les Bénédictins.

verat. Abscessit femina nobilitatis, rubore perfusa per virginem humilitatis, vimque sibimet inferens dulciamina occursantia ligurite abstinuit ; tantaque monitrice in brevi adeo excrevit, ut sacrum velamen, quod antea detrectavit, a jam dicto episcopo (Salomone II) imponi sibi synodo favente rogaverit.

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(1) On leur donnait aussi, mais à tort, le nom de Huns.

(2) Il s'appelait Buchardus ingenitus.

(3) Eckehard ou Eggehard l'aîné, son parent, moine de Saint-Gal, mort vers l'an 990, nous a laissé, au sujet de ses souffrances, ces deux vers dans son chronicon :

Hanc sathan, hanc læsit, cum Job saniem sibi rasit;

Jejunans flevit, tormenta dolens vigilavit.

Notes de l'édition allemande.

2

La vie de sainte Guiborat fut écrite trente-trois ans après sa mort, par Hartman, moine de Saint-Gal. Hépidanne, autre moine de Saint-Gal, en donna une seconde plus ample environ cent ans après. Ces deux vies ont été publiées avec des remarques, par Henschénius, et par Mabillon, sect. 5, Ben. Voyez Baillet, etc.

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S. GAUBERT, TROISIÈME ABBÉ DE LUXEU, EN FRANCHE

COMTÉ.

L'AN 665.

GAUBERT OU VALBERT (1) naquit vers la fin du sixième siècle à Nanteuil-le-Haudouin, ou à Vinantes, entre Meaux et Dammartin. Ses parens distingués dans le pays par leur noblesse, le laissèrent engager dans la profession des armes suivant sa condition, et il eut des emplois considérables dans le pays de Ponthieu, où il donna diverses marques de sa probité, de son amour pour la justice et de sa charité envers les pauvres. Il mena la vie d'un religieux sous un habit militaire, et il n'eut pas de peine à suivre le conseil que lui donna saint Eustase, abbé de Luxeu, touchant la vie religieuse. Il l'embrassa dans le monastère même de ce saint abbé, et fit en peu de temps des progrès si admirables sous sa discipline dans l'obéissance, l'humilité, la pénitence et les autres vertus, qu'on le choisit pour son successeur après sa mort qui arriva l'an 625. La conduite que tint Gaubert durant tout le temps de son administration, qui fut de quarante ans entiers, fit voir qu'on ne s'était point trompé dans ce choix. Cette dignité ne lui fit rien relâcher de ses premières

(1) En latin Waldebertus.

austérités. Il perfectionna l'observance en suppléant à ce qui y manquait, et réformant ce que ses deux saints prédécesseurs, Colomban et Eustase, avaient encore laissé d'imparfait. Il étendit aussi ses soins au temporel, afin que ses religieux, libres de toute inquiétude au sujet de la vie, s'appliquassent uniquement à leur salut dans la retraite.

Sa mort arriva le deuxième jour de Mai de l'an 665, et son corps fut enterré dans l'église de Saint-Martin, au côté septentrional de son monastère, devenue une paroisse de Luxeu. On a quelquefois transporté ses reliques en Alsace, en Champagne et jusqu'en Basse-Picardie, dans quelques-unes des terres qu'il a données à son abbaye; mais on a toujours eu grand soin de les rapporter à Luxeu. L'on voit son nom au second de Mai dans plusieurs martyrologes, et dans quelques calendriers dressés dès la fin du huitième siècle, du temps de Charlemagne.

La vie de S. Gaubert a été écrite par Adson dit Hermiric, abbé du même lieu au dixième siècle; elle est dans les Bollandistes (tom. I, Maii, p. 274-284, avec les remarques du P. Henschénius. Voyez aussi Mabillon, Sec. Benedict. tertium, part. 2, p. 455; Molani Nat. SS. Belgü, , p. 80-81; et Baillet, sous le 2 Mai, dont la présente notice a été tirée.

3 Mai.

L'INVENTION OU LA DÉCOUVERTE DE LA Ste CROIX.

Tiré de saint Cyrille de Jérusalem, Cat. 10; de saint Paulin, ep. 31, p. 193; de saint Sulpice-Sévère, de saint Ambroise, de saint Chrysostôme, de Rufin, de Théodoret, de Socrate et de Sozomène. Voyez Tillemont, sur sainte Hélène, t. VIII, p. 5.

L'AN 326.

L'ÉGLISE jouissait d'une paix profonde sous la protection de l'Empereur Constantin-le-Grand. Ce prince, qui avait triomphé de ses ennemis par le pouvoir miraculeux de la croix, conservait pour Jésus-Christ la plus vive reconnaissance de là cet empressement à marquer sa vénération pour les lieux où s'était opéré le salut du genre humain. Il forma même le projet de bâtir une église magnifique dans la ville de Jérusalem, qui avait été particulièrement honorée par la présence, les instructions et les miracles du Fils de Dieu.

Saint Hélène, mère de ce prince, avait comme lui une grande dévotion pour les lieux saints. Ce fut pour la satisfaire qu'elle passa dans la Palestine en 326, quoiqu'elle fût âgée de près de quatre-vingts ans. A son arrivée à Jérusalem, elle se sentit animée d'un ardent désir de trouver la croix sur laquelle Jésus-Christ avait souffert pour nos péchés; mais rien ne désignait où elle pouvait être; la tradition même ne donnait aucunes lumières sur ce sujet.

Les païens, en haine du christianisme, avaient mit tout en œuvre pour dérober la connaissance du lieu où le corps du Sauveur avait été enseveli. Non contens d'y avoir amassé une grande quantité de prières et de décombres, ils y

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