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mains de Dieu. Il mourut le 11 mai 1716, ayant atteint sa soixante-treizième année.

Aussitôt que sa mort fut connue dans Naples, on acquit une nouvelle preuve de l'estime dont il jouissait. Tous, depuis les plus grands jusqu'aux plus petits, parlaient de ce saint religieux avec vénération; tous voulurent le voir encore une fois, et il se fit un si grand concours, que l'on fut obligé de placer des gardes à l'entrée de la chapelle où il était exposé. Cependant, vers le soir, la foule diminua, et il ne restait plus dans l'intérieur de la chapelle que quelques personnes d'un rang distingué, entre autres la duchesse de Lauria, épouse du gouverneur de la ville, avec sa fille, qui avait dix ans, qui était ́estropiée, paralytique, hideusement contrefaite, et qui ne pouvait faire entendre que des sons inarticulés. Toutes les ressources de la médecine avaient été en vain épuisées pour guérir ses infirmités. La duchesse se jeta aux pieds d'un des pères qui gardaient les restes du R. François, et le pria de faire avec la main de Girolamo le signe de la croix sur la tête de sa fille. Le religieux y consentit ; il tint la main du Saint sur le front de l'enfant et y fit doucement le signe de la croix. Les personnes présentes disaient pendant ce temps le Miserere. Alors, au grand étonnement de tous ceux qui en furent témoins, la petite fille cria à haute voix : « Mettez-moi par terre, mettez-moi par >> terre, je suis guérie. » Le domestique qui la tenait entre ses bras la déposa en effet. L'enfant se soutint, marcha d'un pas ferme et fut guérie parfaitement. La duchesse s'évanouit de joie. Quand elle revint, elle s'agenouilla et offrit son enfant à Dieu, en lui rendant grâces du bienfait signalé qu'il venait de lui accorder par l'intercession du P. Girolamo. L'enfant marcha sans aide jusqu'à la voiture de sa mère. Le jour suivant, le duc, la duchesse avec toute leur maison vinrent à l'église et y communièrent.

Le duc et la duchesse offrirent aux pères une somme d'argent égale au poids de la petite fille, pour l'employer en œuvres de charité et de religion. Ils retournèrent ensuite à la chapelle de la Sainte-Trinité dans laquelle était encore le père décédé, et pressèrent respectueusement sa main; la duchesse prit les habits avec lesquels sa fille avait été guérie et les suspendit, en présence de la multitude, sur l'autel de saint François Xavier, assurant les témoins, que pendant la vie de François de Girolamo, elle et son mari lui avaient demandé d'intercéder pour leur enfant auprès du Tout-Puissant et qu'il n'avait pas voulu le faire, mais qu'ensuite il les avait informés qu'ayant prié à cette intention et saint Cyr et saint François Xavier, ils lui avaient affirmé que sa prière était exaucée et que la guérison aurait lieu après sa mort.

On commença bientôt les procédures de sa canonisation. En 1751, le Pape Benoît XIV déclara par un décret que le P. François avait possédé les vertus théologales à un degré héroïque. Le 2 de mai 1806 il fut béatifié par le Pape Pie VII, et Sa Sainteté assigna le 11 de mai pour la célébration de la messe et de l'office en son honneur partout où la société de Jésus avait été ou serait rétablie, ainsi que dans les diocèses de Naples et de Tarente.

Nous avons parlé des retraites spirituelles que ce zélé missionnaire recommandait avec tant d'instances. Quelques chrétiens pieux consacrent à cet exercice un jour chaque mois; on peut leur indiquer la retraite que le P. Croiset a composée pour cette fin. Il est bien difficile de lire sans une salutaire émotion la méditation dans laquelle cet auteur fait connaître la première pensée d'une ame qui, sortant de ce monde, se trouve tout-à-coup dans l'éternité.

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+ S. PHILIPPE, HERMITE DE ZELL, DANS LE PALATINAT.

Huitième siècle.

S. PHILIPPE, Anglais de naissance, quitta sa patrie, et fit un pélerinage à Rome, pour y honorer les corps des apôtres S. Pierre et S. Paul. Il y servit long-temps le Seigneur et fut élevé au sacerdoce par ordre du Saint-Père, quoiqu'il eût voulu se soustraire à cet honneur. Mais comme il soupirait après le silence de la retraite, il quitta la capitale de la chrétienté, traversa la Gaule et finit par s'établir aux environs de Worms, dans un endroit appelé aujourd'hui Zell (1), et y éleva un oratoire en l'honneur de saint Michel. Ceci arriva sous le règne de Pepin.

Il y vécut pieusement dans une sainte solitude, avec son compagnon Horoscolf, qui était également prêtre. Par sa persévérance dans l'œuvre de sa sanctification, par les

(1) Ce village, situé à trois lieues de Worms et appartenant aujourd'hui au nouveau diocèse de Spire, ainsi que la vallée riante qu'il domine, tirent leur nom de la cellule de S. Philippe. Il paraît qu'après la mort du Saint, qui avait déjà plusieurs disciples, des hermites y ont vécu, jusqu'à ce qu'au douzième siècle un abbé de l'ancien couvent de Bénédictins de Hornbach, près de Deux-Ponts, y élevât un prieuré de chanoines, doté des revenus nécessaires. Le riche couvent de Hornbach fut converti en gymnase à l'époque de la réforme, mais transféré dans la suite à Deux-Ponts, en conservant ses revenus. Au commencement du treizième siècle le Pape Grégoire IX éleva, par une bulle spéciale, ce prieuré au rang d'une église collégiale. On construisit alors une nouvelle église, sous l'invocation de S. Philippe, et cent ans après on forma une confrérie en l'honneur du même Saint, dans laquelle les personnes les plus distinguées par leur naissance se firent recevoir. Cette institution périt, comme beaucoup d'autres de ce genre, dans la réforme, et ses biens furent incorporés en 1550 à l'université de Heidelberg par le nonce apostolique Pighinus, à la requête de l'électeur Frédéric II, par une bulle du Pape Jules III.

prières continuelles qu'il adressait au Seigneur, par sa profonde humilité et son ardent amour du prochain il répandit au loin la bonne odeur de Jésus-Christ. C'est pourquoi les personnes avides de salut s'approchaient avec confiance du ministre de Dieu, qui les reconciliait, par le sacrement de la pénitence (1), avec le Juge éternel. Après avoir pendant long-temps servi le Seigneur de cette manière, il fut attaqué d'une fièvre, qui le délivra des liens du corps et le fit passer dans sa véritable patrie. Ses restes mortels ont été conservés dans l'église de Zell jusqu'en 1531; mais dans la suite on n'a plus trouvé ce précieux dépôt. La fête du Saint se célébrait le 11 Mai dans l'ancien évêché de Worms, comme elle se fait encore aujourd'hui dans le nouveau diocèse de Spire.

Voyez les Bollandistes, Mai, t. I, p. 433, où sa vie est mise sous le troisième jour de Mai; et sur-tout la dissertation de Jacob Kämmerer, intitulé : S. Philippus Cellensis in Palatinatu ad Rhenum, etc. Heidelbergæ, 1780.

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CES deux Saints furent exilés par Domitien, dans la petite île de Pontia, sur la côte de Terracine, avec sainte Flavie Domitille, dont ils étaient eunuques ou chambellans.

(1) C'est ce qui paraît résulter d'une vie du Saint écrite par un auteur contemporain, dans laquelle il est dit qu'un des grands de l'empire gaulois, attiré par la sainteté du serviteur de Dieu, le visitait souvent, se confessait de ses péchés, et que, lorsqu'il partit pour la guerre, s'étant recommandé à l'intercession du Saint qui était déjà mort, celui-ci se souleva dans son cercueil et lui donna encore sa bénédiction.

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Il est dit dans leurs actes qu'on les décapita pour la foi, à Terracine, sous le règne de Trajan. Leur fête se célébrait à Rome, avec beaucoup de solennité, dans le sixième siècle. Voici de quelle manière saint Grégoire-le-Grand parle d'eux dans sa vingt-huitième homélie : « Ces Saints, » devant le tombeau desquels nous sommes assemblés, » n'ont eu que du mépris pour le monde; ils l'ont foulé » aux pieds, malgré les charmes que leur offraient l'a» bondance, les richesses et la santé. » Leur ancienne église était en ruines lorsqu'on la donna à Baronius pour titre de son cardinalat. Ce grand homme l'ayant rebâtie avec magnificence, y remit les reliques de ces Saints, qui avaient été transférées dans la chapelle de saint Adrien.

Ste FLAVIE DOMITILLE, VIERGE ET MARTYRE.
Vers l'an 95.

Nous apprenons d'Eusèbe (1) que cette Sainte était fille de la sœur du consul Flavius-Clemens, martyrisé pour la foi, et conséquemment petite nièce de l'Empereur Domitien. Ce prince la bannit dans l'île de Pontia, après avoir condamné son oncle à mort. Elle y vécut avec saint Nérée et saint Achillée, ses eunuques, dans les exercices de la piété chrétienne. Les cellules dans lesquelles ils demeuraient chacun séparément, subsistaient encore trois cents ans après leur martyre. On lit dans saint Jérôme, que sainte Paule allant de Rome à Jérusalem, les visita respectueusement, et qu'elle se sentit, en les voyant, animée d'une nouvelle ferveur. Le même père appelle le bannissement de sainte Domitille un long martyre.

(1) L. 3, c. 18.

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