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Outre l'exemple d'une vie édifiante, Catherine nous a laissé encore des ouvrages qui paraîtront précieux à quiconque estime le langage de la vraie piété. Ce sont six traités en forme de dialogue, un discours sur l'annonciation de la Sainte-Vierge, et trois cent soixante-quatre lettres qui portent l'empreinte d'un génie supérieur, et qui sont très-bien écrites (1).

Les peines que Catherine se donnait pour faire reconnaître Urbain VI, augmentèrent de beaucoup ses infirmités. Enfin elle succomba, et mourut à Rome le 29 Avril 1380, à l'âge de trente-trois ans. Elle fut enterrée dans l'église de la Minerve, où l'on garde encore son corps sous un autel. Son crâne est chez les Dominicains de Sienne. On voit dans la même ville sa maison, ses instrumens de pénitence, et quelques autres reliques. Elle fut canonisée par le Pape Pie II en 1461. Urbain VIII transféra sa fête au 30 Avril.

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Quand nous lisons les vies des Saints, et que nous considérons les trésors de grâce dont ils furent enrichis, nous les estimons heureux d'avoir été traités du ciel avec tant de libéralité, et nous nous écrions avec admiration : leurs peines et leurs souffrances n'avaient sans doute aucune proportion avec cette paix ineffable dont leur ame goûtait les délices; des consolations inconnues aux partisans du monde les soutenaient dans la carrière, et leur adoucissaient l'amertume des épreuves. Mais en portant nos vues plus loin, nous verrons que leur bonheur consista principalement dans les victoires qu'ils remportèrent sur leurs passions, dans la ferveur de leur charité, dans

(1) Le comte de Stolberg a fait imprimer, à la fin de la vie de saint Vincent de Paul (Münster 1818) un petit dialogue de sainte Catherine de Sienne sur la plus haute perfection, traduit de l'italien.

Note de l'édition allemande.

la perfection de leur patience et de leur humilité. Non, jamais Dieu ne les eut élevés à un état aussi sublime, s'ils ne s'étaient constamment exercés à la pratique de la mortification intérieure et extérieure. Le renoncement fut le gardien de leur grandeur, comme il en avait été la base. Qui ne s'étonnerait pas, après cela, en entendant de prétendus mystiques parler de vertu sublime, et se donner pour gens qui y aspirent, tandis qu'ils ne font point d'efforts pour mourir à eux-mêmes?

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Tîré de ses actes sincères, publié par Surius, Baronius, Henschénius et Ruinart. Voyez Tillemont, Fleury, etc. ·

L'AN 251.

L'EMPEREUR Dèce ayant résolu d'exterminer notre sainte religion, fit publier par tout l'empire des édits qui ordonnaient à tous les chrétiens d'adorer les idoles. Maxime, qui était d'Asie, et marchand de profession, se déclara hautement pour serviteur de Jésus-Christ. On l'arrêta aussitôt, et on le conduisit devant le proconsul Optime.

Le proconsul, après lui avoir demandé son nom, ajouta : « De quelle condition êtes-vous? MAXIME. De condition li» bre, mais esclave de Jésus-Christ. LE PROCONSUL. Quelle » est votre profession? MAXIME. Je suis un homme du peu»ple, et je vis de mon négoce. LE PROCONSUL. Êtes-vous » chrétien? MAXIME. Oui, je le suis, quoique pécheur. » LE PROCONSUL. N'avez-vous pas connaissance des édits qui ont été publiés depuis peu? MAXIME. Quels édits? » et que portent-ils ? LE PROCONSUL. Que tous les chrétiens » aient à renoncer à leur superstition, et à reconnaître >> le vrai prince à qui tout obéit, et qu'ils adorent ses

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» dieux. MAXIME. Je connais cet édit impie, et c'est cela » même qui m'a porté à confesser publiquement ma religion. LE PROCONSUL. Puisque vous êtes informé de la » teneur des édits, sacrifiez donc aux dieux. MAXIME. Je ne sacrifie qu'à un seul Dieu, et je me félicite de lui » avoir sacrifié dès ma jeunesse. LE PROCONSUL. Sacrifiez » pour sauver votre vie; car je vous déclare que si vous » désobéissez, je vous ferai expirer dans les tourmens. » MAXIME. C'est ce que j'ai toujours désiré : je ne me suis » fait connaître que pour avoir l'occasion de quitter promp»tement cette misérable vie, afin d'en posséder une qui » est éternelle. »>

Alors le proconsul lui fit donner plusieurs coups de bâton; il lui disait en même temps : « Sacrifiez, Maxime, » sacrifiez pour vous délivrer des tourmens. MAXIME. Ce

qu'on souffre pour le nom de Jésus-Christ n'est point un >> tourment, c'est une vraie consolation (1); mais si j'avais » le malheur de m'écarter de ce qui est prescrit dans l'é» vangile, ce serait alors que je devrais m'attendre à des

supplices éternels. » Le proconsul, irrité de sa résistance, ordonna qu'il fût étendu sur le chevalet; et pendant qu'on le tourmentait, il lui répétait souvent ces paroles :

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Renonce, misérable, à cet entêtement insensé, et sa» crifie enfin pour sauver ta vie. MAXIME. Je la 'perdrais » en sacrifiant, et c'est pour la conserver que je ne sa»crifie pas. Vos bâtons, vos ongles de fer, votre feu, ne » me causeront aucune douleur, parce que la grâce de » Jésus-Christ est en moi; elle me délivrera de vos mains, » pour me mettre en possession du bonheur dont jouissent » tant de Saints qui, dans le même combat, ont triomphé » de votre cruauté; et c'est par la vertu de leurs prières que

(1) Hæc non sunt tormenta, sed unctiones.

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j'obtiens cette force et ce courage que vous voyez en « moi (1). »

Le proconsul, désespérant de pouvoir vaincre le soldat de Jésus-Christ, prononça la sentence suivante : « J'or>> donne que Maxime, qui a refusé d'obéir aux édits, soit lapidé pour servir d'exemple aux chrétiens. » Maxime fut aussitôt enlevé par une troupe de satellites, qui le conduisirent hors de la ville, où ils l'assommèrent à coups de pierres. Son martyre arriva en 250 ou 251.

Saint Maxime est honoré par les Grecs le 14 de Mai, qui fut le jour de sa mort. Il est nommé sous le 30 Avril dans le martyrologe romain.

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S. JACQUES, S. MARIEN, ET LEURS COMPAGNons,

MARTYRS EN NUMIDIE.

Tiré de leurs actes sincères, écrits par un évêque, compagnon de leur martyr. Saint Augustin a fait l'éloge de ces actes, serm. 284, t. V, p. 1140.

L'AN 259.

La persécution allumée par l'Empereur Valérien ne se fit sentir nulle part avec plus de cruauté que dans la Numidie, pendant toute l'année 259. A Lambèse, la principale ville de la province après celle de Cirthe, un grand nombre de clercs et de laïques versèrent leur sang pour Jésus-Christ. On comptait parmi eux Jacques et Marien : le premier était diacre, et singulièrement recommandable pour sa chasteté et pour l'austérité de sa vie; le second était lecteur, et enrichi d'une abondance extraordinaire de grâces.

(1) Omnium sanctorum orationibus qui in hác colluctatione certantes, westras superaverunt insanias, nobisque virtutum exempla reliquerunt. Ruin. p. 145.

Il avait, selon saint Augustin, une excellente mère nommée Marie. Ces deux chrétiens, qui étaient peut-être parens, étaient venus ensemble en Numidie de quelque province éloignée de l'Afrique. Jacques eut sur la route une vision qui lui fit connaître que Marien et lui termineraient leur vie par le martyre. Ils s'arrêtèrent l'un et l'autre dans un lieu appelé Muguas, près de la ville de Cirthe, capitale de la province, où la persécution était fort violente. Deux évêques, nommés Agapius et Secondin, qui avaient été bannis pour la foi, y furent amenés en même temps. On les avait été chercher dans le lieu de leur exil pour les condamner à une peine plus rigoureuse. Selon le cours ordinaire de la justice, ceux qui par une première sentence n'avaient été condamnés qu'à l'exil, ne pouvaient être arrêtés de nouveau, ni condamnés à mort par un second jugement : mais on violait toutes les règles par rapport aux chrétiens. Agapius et Secondin étant restés quelques jours à Muguas, Jacques et Marien trouvèrent l'occasion de s'entretenir avec eux. Ils puisèrent dans ces entretiens un redoublement d'amour pour Jésus-Christ, et un ardent désir de suivre les deux évêques au combat.

Deux jours après le départ d'Agapius et de Secondin, une troupe de païens vinrent à Muguas, qu'ils regardaient comme la retraite des chrétiens; ils y arrêtèrent, par l'ordre du gouverneur, Jacques et Marien, avec un évêque qui écrivit les actes de leur martyre, et les conduisirent aux magistrats de Cirthe. Jacques confessa généreusement qu'il était chrétien; il déclara aussi qu'il était diacre, sans redouter les suites de la loi portée par Valérien en 258, laquelle condamnait à mort les diacres, les prêtres et les évêques, quand bien même ils renonceraient à leur foi. On lui fit souffrir une cruelle torture, ainsi qu'à Marien. Celui-ci fut encore pendu par les pou

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