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tation au saint Siége (1): « Parce que l'on croit » de cœur à justice, et que l'on confesse de bou» che à salut; je confesse que je reçois et que je » révère les quatre conciles comme les quatre » livres de l'Evangile; à savoir celui de Nicée, » où l'hérésie d'Arius est détruite; celui de Constantinople, où l'erreur d'Eunome et de Ma» cédoine est convaincue ; celui d'Ephèse, où l'impiété de Nestorius est jugée; celui de Chal» cédoine, dans lequel la mauvaise doctrine. d'Eutychès et de Dioscore est réprouvée. Je reçois pareillement le cinquième concile, où » la lettre dite d'Ibas, pleine d'erreurs, est con

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damnée, Théodore convaincu, les écrits de » Théodoret contre la foi de saint Cyrille reje»tés. Je réprouve toutes les personnes que ces >> vénérables conciles réprouvent, et j'embrasse » celles qu'ils révèrent. Quiconque donc pense » autrement, qu'il soit anathême ». Voyez, mes Sœurs, combien de faits sont mêlés dans la profession de foi de ce grand pape, et avec quelle autorité il fait tomber le même anathême, tant sur les faits que sur les dogmes; et néanmoins il est inoui qu'on ait jamais soupçonné qu'il rejetât les uns et les autres, avec la même soumission de foi catholique.

Il me seroit aisé de tirer des actes des saints conciles, comme des registres publics de l'Eglise, plusieurs professions de foi solennelles de même style et de même esprit que celle de saint Gré

(1) Lib. 1, Epist. xxv ; tom. 11, col. 515.

goire je puis vous assurer qu'elles sont très-ordinaires dans l'antiquité.

Et il ne serviroit de rien d'objecter que les

La prétendue notorié

té, fausse et

faits qu'on inséroit dans ces professions de foi étoient tellement notoires, que les hérétiques inutile sur ce mêmes en convenoient. Premièrement, il n'est point.

pas ainsi on n'inséroit dans ces professions de

foi

:

que des faits jugés par l'Eglise; mais on n'at

tendoit pas pour cela tout le monde en con

que

vînt. Saint Grégoire ne pouvoit ignorer combien de personnes disconvenoient du fait de Théodore, de Théodoret et d'Ibas: il ne l'en comprend pas moins avec les autres dans la même profession de foi, et sous le même anathême; parce qu'il lui suffisoit qu'il fût jugé : et personne n'a jamais pensé qu'en cela il fît rien contre les canons. Mais quand la remarque seroit véritable, elle ne fait rien à la question : car dans quelque notoriété que ces faits fussent connus aux fidèles, elle n'étoit pas capable de les élever au rang des vérités révélées. Par conséquent il est clair qu'encore qu'ils fussent proposés avec les dogmes, dans la même profession de foi, ils n'étoient pas reçus pour cela par le même genre de soumission et de croyance on recevoit chaque chose dans son degré et dans son ordre.

droit inouie

Qui ne voit donc manifestement qu'on vous a Distinction effrayées par un vain scrupule, lorsqu'on a voulu de fait et de vous faire craindre, par les termes du Formu- dans l'antilaire, que ce qui touche le livre de Jansénius ne quité, dans les souscripvous y fût proposé avec la même certitude que tions. les vérités de foi? Cette crainte n'avoit aucune

Charité et

condescen

l'archevê

que.

apparence; et on ne devoit pas vous engager à cette distinction de fait et de droit, entièrement inouie dans ces sortes de souscriptions; étant trèsindubitable que parmi un si grand nombre de professions de foi, dans lesquelles il y a eu des faits insérés par l'autorité de l'Eglise, il ne se trouvera pas que cette distinction ait jamais été jugée nécessaire, ni que personne ait eu un pareil scrupule.

Néanmoins quoique ce scrupule fût vain, et dance de M. cette distinction inutile en cette rencontre, pour ne pas dire dangereuse, monseigneur votre archevêque, par une charitable condescendance aux infirmes de l'Eglise, a voulu éclaircir ce doute, et faire voir à tout le monde qu'il est bien éloigné d'exiger, en ce qui touche les faits, un certitude de foi divine.

IV.

Etat de la

Vous voilà donc déchargées de cette appréhension par la déclaration de votre prélat; et il reste donner seulement à examiner si vous lui pouvez cette foi humaine et ecclésiastique qu'il vous demande.

Ne prenez point encore ici de vaines terreurs question: sa- de cette foi ecclésiastique : votre prélat, égalevoir si les re- ment sage et charitable, voulant, autant qu'il a ligieuses de P. R. peu- pu, aller au-devant de tous vos scrupules et de vent, sans of toutes vos tentations, vous a expliqué qu'il enfenser Dieu, tend par-là une soumission sincère de votre juleur juge- gement à celui de vos supérieurs légitimes; c'estment, selon à-dire, que c'est ici une affaire d'humilité, et par consémandement non pas d'intelligence, qui demande de M. l'ar- quent une bonne disposition dans la volonté, et chevêque.

soumettre

les termes du

non une connoissance exacte dans l'entendement. Enfin, toute la question est de savoir si vous pouvez accorder à monseigneur l'archevêque cette soumission, qu'il attend de vous, au jugement de vos supérieurs.

V.

Deux dif

la validité du

jugement : la

Je ne vois que deux raisons qui soient capables de vous faire croire que vous ne le pouvez pas. ficultés : la La première, si vous estimez que ce jugement première, sur n'est pas canonique : la seconde, si vous soutenez que vous ne pouvez pas, sans offenser Dieu, seconde, rendre à un jugement même canonique, en une l'autorité des matière de fait, cette soumission que l'on vous clésiastiques. jugemens ecdemande. Je vous prie, examinons ces deux choses.

VI.

sur

Résolution

de la première difficulté.

mens dont il s'agit sont

Premièrement, je ne pense pas qu'il soit beaucoup nécessaire de s'étendre ici sur la validité de ce jugement. Il est rendu sur une matière qui appartient au tribunal de l'Eglise ; il est rendu Que les jugepar le saint Siége; il est rendu avec connoissance; et le pape Alexandre VII a déclaré à canoniques, toute l'Eglise l'examen exact qu'a fait son pré- fait que sur décesseur, non-seulement du droit, mais du fait. le droit. Enfin il a reçu sa dernière forme, par l'acceptation unanime de tous ceux qui ont caractère et autorité de juges dans l'Eglise, c'est-à-dire, de tous les évêques.

tant

sur le

Consentement unani

me de tous

C'est, mes Sœurs, ce consentement unanime qui doit mettre en repos votre conscience: car, en ce qui touche le point essentiel, c'est-à-dire, les évêques. la réception des constitutions, vous ne voyez parmi les évêques aucune diversité. Ainsi, quand on vous dira que la brigue l'a emporté, jusqu'au

Le livre de

lui-même son

point de faire passer par-dessus toutes les formes canoniques; alors vous devez penser que si l'injustice étoit si visible que vos directeurs le publient, elle ne seroit pas autorisée par le consentement exprès de tous les évêques, sans qu'il y en ait un seul qui réclame; et si l'on ne vous propose que des soupçons et des doutes, ils doivent être levés par l'autorité d'un consentement si universel.

Je ne m'arrêterai point à ce qu'on objecte, Jansenius est, que le pape n'a entendu qu'une des parties: car, accusateur. quoi qu'il en soit de cette remarque, il suffit de dire en un mot, que quand le livre de Jansénius n'eût jamais eu ni d'adversaires ni de sectateurs, il n'eût pas moins été sujet à l'examen de l'Eglise; et dans un tel examen, un livre est lui-même son accusateur et lui-même son défenseur si bien qu'on peut prendre des éclaircissemens de qui on le juge à propos; mais, à parler proprement, il n'y a point d'autre partie à entendre que le livre même.

Le fait de

Jansénius jųgé canoniquement comme le droit.

Il ne faut pas écouter ici ceux qui pensent affoiblir l'autorité de ce jugement ecclésiastique, en disant que le pape Innocent X n'étoit pas théologien. Car ne tremblez-vous pas, en voyant les malheureuses ouvertures que donne cette induction injurieuse, qui va également à détruire la force de la décision en ce qui touche le fait et le droit, pour lequel la théologie est peutêtre plus nécessaire que pour examiner le sens d'un auteur? Mais enfin voici ce qui résout la difficulté. Aucun ne révoque en doute que la

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