Images de page
PDF
ePub

XI. Deuxième remarque.

dogmes pervers, qu'en condamnant avec eux, par une même déclaration, ceux que l'Eglise regarde et réprouve comme en étant les auteurs ou les défenseurs, selon ce que dit le même Pape « Celui-là prouve qu'il répugne aux » erreurs, qui condamne les errans; et on ne >> laisse aucun lieu à l'égarement, quand on ne » pardonne pas à ceux qui excèdent (1) ».

:

C'est pourquoi, et c'est la seconde observation, les jugemens de cette nature, et sur ces L'Eglise re- sortes de faits, ont paru à toute l'Eglise d'une fuse sa com- telle conséquence, et elle les a estimés tellement ceux mêmes conjoints à la cause de la foi, qu'après même qui ont em- que l'on étoit convenu de la condamnation des elle dénioit sa communion à ceux qui de souscrire refusoient de souscrire la condamnation des per

munion à

brassé la foi,

sur le refus

erreurs,

à ses juge- sonnes.

mens tou

chant les

Ainsi tout le monde sait, et c'est un fait trèsfaits décidés. constant, qu'encore que Jean d'Antioche et les évêques d'Orient consentissent à la foi du saint

concile d'Ephèse, saint Cyrille et les orthodoxes ne voulurent jamais les recevoir à la communion de l'Eglise, jusqu'à ce qu'ils eussent anathématisé nommément les erreurs de Nestorius, et souscrit expressément à sa déposition; ce qu'ils firent unanimement au bas de la profession de foi qu'ils envoyèrent à Alexandrie (2).

(1) Probat odisse se vitia, qui condemnat errantes; nec reliquit sibi locum deviandi, qui non pepercerit excedenti. Horm. Epist. xx; ubi sup.

(2) Tom. 11 Conc. gen. col. 1088 et seq. cap. xxvIII el xxx, cap. XXXIV, XXXV, xxxvII; col. 1105 et seq.

[ocr errors]
[ocr errors]

Ainsi le pape saint Hormisdas, comme on vient de le voir, encore que Jean de Constantinople lui eût déclaré par écrit qu'il recevoit le concile de Chalcédoine, et la lettre du grand pape saint Léon, ce qui suffisoit pleinement pour l'intégrité de la foi, ne laissa pas de lui refuser constamment la communion, jusqu'à ce qu'il eût souscrit la condamnation de ceux qui avoient été réprouvés par les jugemens de l'Eglise, nommément d'Acace son prédécesseur, que le pape Félix III avoit justement condamné.

Et encore que l'on objectât, comme il paroît par une lettre du pape saint Gélase (1), ce qu'on objecte encore à présent, qu'Acace n'avoit pas été jugé par l'autorité d'un concile, lui qui étoit évêque d'un si grand siége; néanmoins tout l'Orient se crut obligé de céder à la seule autorité du Pape, avec une incroyable satisfaction de toute l'Eglise catholique, qui vit, par la fermeté de ce grand et saint Pontife, sa foi et sa paix unanimement établies.

Vous voyez, par ces exemples constans, avérés, approuvés par tous les orthodoxes, qu'il faut dire nécessairement ou que l'Eglise s'est horriblement trompée dans sa conduite, ou bien que ses décisions sur les faits ne sont pas de si petite importance qu'on veut vous le faire entendre. Et certes, si les nouvelles maximes qu'on veut établir à présent eussent eu lieu en ce temps, qu'y eût-il eu de plus facile à ceux que l'on pressoit

(1) Gelas. Epist. x111, ad Episc. Dardaniæ; tom. 1v Conc. gen. col. 1199.

La person

pour ces souscriptions, que de répondre qu'ils avoient donné leur déclaration sur la foi, si nette et si décisive, qu'il n'y avoit aucune raison de les soupçonner d'hérésie? tellement qu'on ne pouvoit après cela les pousser plus loin, sur des faits et des condamnations personnelles, sans une extrême violence. Mais l'Eglise ne recevoit pas ces excuses. Au contraire, le pape saint Hormisdas répondoit ainsi à ceux qui croyoient avoir satisfait à tout, en confessant la foi de l'Eglise Romaine (1): « Après cela, disoit-il, que reste t-il >> autre chose, sinon que vous suiviez, sans hésiter, » les jugemens du siége apostolique, duquel vous >> professez que vous embrassez la foi »? Où il se voit clairement qu'il parloit du jugement rendu contre Acace.

Nous vous disons, mes chères Sœurs, la même chose. Si vous embrassez la foi du siége apostolique, suivez sans crainte ses jugemens; ne craignez pas de vous exposer à aucun péril de péché, en souscrivant humblement sur l'autorité de sa

sentence.

Avant que d'aller plus loin, je me sens obligé ne de Jansé de vous avertir qu'en rapportant ces exemples, je nius: on pro- n'entends faire aucun préjudice à la personne de exemple à Jansenius, lequel on estime tant, qu'on vous

pose son

imiter.

(1) Ista laudanda sunt, si perfectionis subsequatur effectus; quia recipere Chalcedonense Concilium, et sequi sancti Leonis Epistolas, et adhuc nomen Acacii defendere, hoc est inter se discrepantia vindicare.... Post hæc quid restat, nisi ut Sedis apostolicæ, cujus fidem te dicis amplecti, sequaris etiam sine trepidatione judicia? S. Horm. Epist. XXIX; tom. IV Conc. gen. col. 1473.

exhorte publiquement à l'imiter. Je vous déclare, mes Sœurs, que comme je ne prétends pas qu'on puisse tirer aucun préjugé de sa personne en faveur de son livre ; je ne pense pas non plus qu'il y ait rien à conclure de son livre contre sa personne: et si j'ai produit les exemples des personnes condamnées, ce n'est pas pour les mettre en aucune sorte de comparaison avec un évêque mort dans la paix et dans la soumission; mais pour établir seulement les maximes générales touchant les jugemens sur les faits, lesquelles doivent être réduites aux personnes, ou aux écrits, suivant l'exigence de la matière.

XII. Réponse à l'objection, que ces faits

Je n'ignore pas qu'on répond que les faits sur lesquels intervenoient de tels jugemens, étoient constans et notoires par l'aveu même des parties. Mais il n'y a rien de plus vain ni de plus mal fondé étoient noque cette réponse.

Car, par exemple, mes Sœurs, dans les faits que j'ai rapportés, peut-on dire que Jean d'Antioche demeurât d'accord que la déposition de Nestorius eût été bien faite dans le concile d'Ephèse; lui qui avoit rempli toute l'Eglise de plaintes si outrageuses contre les décrets et la procédure de ce saint concile; et qui, peu de temps avant l'union, et lors même qu'elle se traitoit, avoit encore écrit à saint Cyrille, qu'il s'y étoit dit et fait plusieurs choses qui n'étoient pas selon l'ordre (1)? Le pape Félix III avoit-il attendu l'aveu d'Acace, pour prononcer sa sentence? Et

(Cyrilli Epist. ad Donat. Nicopol. Conc. Ephes. cap. xxxvIII,

tom. 111 Conc. col. 1152.

toires,

Conduite

hérétiques,

qui ca

si Jean de Constantinople eût reconnu d'abord la nécessité de condamner son prédécesseur, eûtil persisté si long-temps à défendre son nom et sa personne? Qui ne voit donc que ce patriarche, aussi bien que Jean d'Antioche, céda par la force des décrets, et se rendit par l'autorité des choses jugées?

Et sans m'arrêter ici à une longue discussion ordinaire des de faits infinis, je demanderai seulement si quelqu'un peut assurer que les chefs des hérésies et choient, au- leurs sectateurs convinssent qu'on eût bien pris tant qu'il leur pensée, et qu'ils demeurassent toujours possible, le d'accord d'avoir enseigné les dogmes qui leur venin de leur étoient attribués? Au contraire, n'est-il pas

leur étoit

doctrine.

véritable qu'ils affectoient ordinairement de les cacher, et de parler comme les orthodoxes, surtout quand leur parti étoit foible; qu'ils ne cessoient jamais de se plaindre qu'on les avoit calomniés; et qu'encore même qu'ils convinssent d'avoir dit les paroles qu'on leur reprochoit, ils ne convenoient pas toujours qu'on eût bien entendu leur sens?

Ce seroit perdre le temps, et faire le savant malà-propos, que de ramasser ici les exemples d'une semblable conduite, et de prouver par un long discours une vérité qui ne sera pas disputée. Celui-là certainement auroit peu connu les profondeurs de Satan dans l'établissement des hérésies, qui ne se seroit pas aperçu que le piége le plus ordinaire que tendent leurs défenseurs aux enfans de Dieu, c'est de couvrir de ténèbres leurs desseins et leurs sentimens; de donner le change,

pour

« PrécédentContinuer »