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et autorité de juger, c'est-à-dire, aux supérieurs ecclésiastiques. Vous croyez avoir satisfait à tout, quand vous déclarez que vous soumettez votre jugement à toutes les décisions de foi de l'Eglise romaine et elle vous répond par la bouche du pape saint Hormisdas: « Si vous embrassez ma » foi, suivez aussi mes jugemens (1)». Vous croyez qu'il n'y a plus rien à vous demander, quand vous avez dit que vous ne prenez point de part aux contestations. A la bonne heure, mes Sœurs, ne prenez jamais de part aux contestations. Mais n'est-ce pas trop d'indifférence, de n'en vouloir point prendre aux décisions! Et si vous persistez, ne donnerez-vous pas sujet de penser que le motif qui vous y oblige, c'est que vous en avez trop pris aux contestations? Cédez donc enfin au commandement de M. l'archevêque, et cessez de trouver étrange qu'il ne se contente pas de votre silence; puisqu'il a raison d'espérer, et du temps, et de votre docilité, une soumission plus effec

tive.

témoignage

qu'on de

religieuses

de P. R. par

leur sous

Quant à ce que vous ajoutez, et ce qui semble Quel est le être le fort de votre défense, que vous ne pouvez rendre témoignage de ce que vous ne connoissez mande aux point : premièrement, qui de nous a jamais ouï dire qu'on ne puisse rien croire ni rien assurer, même dans des choses de fait, que sur sa propre cription. science? Que si l'on peut, et si l'on doit souvent s'en rapporter à l'autorité d'autrui, y en at-il au monde une plus grande, sur les esprits des fidèles, que celle de la sainte Eglise? Ainsi, (1) Epist. xxix, déjà citée.

quoique tous ceux qui n'entendent pas de quoi il s'agit, soient touchés de cette raison, j'ose assurer que vous ne vous en servirez jamais, si vous concevez nettement quel témoignage on vous demande. Certainement si l'on demandoit votre témoignage pour faire le procès au livre de Jansénius, et pour appuyer la sentence sur votre déposition, il n'y a personne qui ne vous accorde qu'alors vous seriez tenues de déposer sur ce fait avec connoissance de cause. Mais le jugement est rendu, les papes l'ont prononcé, tous les évêques l'ont reçu sans contradiction; et le témoignage qu'on attend de vous, ne regarde plus que vous-mêmes et vos propres dispositions, c'est-àdire, la chose du monde que vous connoissez le mieux. Et si vous nous répondez que c'est là aussi ce qui vous arrête, parce que doutant que le Pape et les évêques aient bien jugé en ce qui touche le fait, vous ne pouvez pas l'assurer; c'est que vous vous trouverez convaincues de manquer de déférence pour l'Eglise. Car si son autorité étoit telle dans votre esprit qu'elle y doit être, il n'y a personne qui ne voie qu'elle pourroit facilement emporter un doute, et encore un doute comme le vôtre, lequel, de votre aveu même, ne peut pas être appuyé sur aucune raison essentielle, tirée du fond de la chose; puisque vous confessez hautement que vous n'en avez nulle connoissance.

ici

Le témoiIl n'est donc plus question d'appeler ici votre gnage qu'on demande est intelligence; c'est une affaire de soumission et un témoigna d'humilité. Il s'agit de déclarer nettement si vous

sion.

pouvez croire que le Pape et les évêques, et enfin ge d'humilité tous ceux qui ont dans l'Eglise la puissance de et de soumisjuger, ont assez de lumière et d'autorité pour vous obliger d'y faire céder, je ne dis pas un jugement arrêté, puisque vous ne pouvez pas en avoir aucun sur une matière que vous ne connoissez pas; mais des doutes et des scrupules, et une autorité étrangère. Voilà de quoi il s'agit, voilà la déclaration qu'on vous demande; et vous m'avouerez, mes Sœurs, que pour rendre un tel témoignage, il ne faut point d'autre connoissance que celle qu'on ne perd jamais, quand on est humble et docile.

a

Que si après cela vous nous répartez, comme pour dernière réponse, que les sentences de l'Eglise, en ce qui touche les faits, ne sont pas tenues infaillibles, et que vous vous laissiez encore troubler par ceux qui ramassent avec tant de soin les jugemens de cette nature, dont il y eu quelque plainte ou quelque soupçon ; trouvez bon que sans vous, engager à une longue discussion de ces faits, par laquelle vous verriez peutêtre qu'on ne peut en tirer aucun avantage, je vous demande si vous pouvez dire ou penser, et si quelqu'un est capable de vous persuader que vous ne pouvez rien croire sur l'autorité de l'Eglise et de vos supérieurs, que lorsqu'ils vous parlent avec une autorité infaillible: et si vous ne demeurez pas d'accord, au contraire, sans que je me mette en peine de vous le prouver, que c'est une vertu chrétienne et religieuse de soumettre et d'anéantir son jugement propre, même hors des

ΧΧ. Qu'il ne sert de rien d'objecter, que l'Eglise n'est pas infaillible dans les faits,

autres, par

cas des vérités révélées, surtout dans les choses
qu'on ne sait pas, et desquelles on n'a nulle obli-
gation de prendre aucune connoissance : enfin
s'il n'est pas certain et indubitable qu'au-dessous
de la foi théologale il y a un second degré de sou-
mission et de créance pieuse, laquelle peut être
souvent appuyée sur une si grande autorité,
qu'on ne peut la refuser sans une rebellion mani-
feste. Je suis assuré, mes Sœurs, que pour peu
que vous y pensiez, vous ne pourrez jamais dis-
convenir de ces maximes. Or, si elles sont vérita-
bles, il faut que vous accordiez qu'encore que
les décisions de l'Eglise, en ce qui touche les faits,
ne soient pas crues infaillibles comme celles qui
touchent la foi catholique, il ne s'ensuit pas pour
cela qu'elles ne méritent aucune croyance; et
que quand on aura fait voir qu'il y aura eu quel-
que surprise dans quelques-uns de ces jugemens
de l'Eglise, ce n'est pas une conséquence, qu'on
ne puisse plus, sans offenser Dieu, la croire dans
des matières semblables.

Ce qui ré- Ainsi, au lieu de perdre le temps à vous allé-
sulte de cer-
tain des faits quer si souvent les faits d'Honorius et des trois
d'Honorius, Chapitres, il valoit bien mieux vous apprendre,
destrois Cha- premièrement, qu'on ne convient pas qu'il y ait
pitres, et des
de l'erreur de fait dans ces jugemens, mais que
rapport aux tout le monde convient qu'on y a souscrit et en
religieuses
Orient et en Occident, sans aucune crainte et sans
aucun péril de péché; ce qui doit mettre en repos
votre conscience secondement, que l'Eglise
ayant reçu tant de grâces pour juger sainement
de ceux dont la doctrine n'a pas été droite; et

de P. R.

1

même ces deux ou trois jugemens tant de fois produits en cette affaire, étant appuyés de sorte qu'il est beaucoup plus aisé de les soutenir que de les combattre; le sentiment qu'en ont eu quelques auteurs catholiques, ni même l'erreur de fait, quand il y en auroit eu par quelque surprise, ne doit diminuer en rien l'autorité des jugemens de l'Eglise, ni par conséquent l'obligation qu'ont toujours eue ses enfans d'y prendre entière créance; vu même que Dieu a pourvu. d'ailleurs à leur sûreté, tous les docteurs étant d'accord que si nous ne sommes pas autant assurés que des articles de foi que l'Eglise ne se trompe point dans ces faits, nous ne laissons pas de l'être toujours qu'on ne péche point en la croyant; surtout ceux qui, confessant comme vous qu'ils n'ont nulle connoissance du fond de l'affaire, et nulle obligation de s'en éclaircir davantage, ne peuvent prendre de meilleur parti que celui de s'en rapporter aux supérieurs, qui ont grâce et autorité, et qui sont préposés par le Saint-Esprit pour connoître de ces matières.

Coutume

hérétiques,

l'Eglise.

Et ne vous laissez pas émouvoir aux histoires que l'on vous fait pour vous décrier la conduite ordinaire des du saint Père et des évêques: reconnoissez au de décrier la contraire à quelles tentations les fidèles seroient conduite de exposés, s'il falloit écouter tous ces narrés au préjudice des décrets publics. Nous entendons tous les jours ce que disent nos adversaires du saint Concile de Trente et des papes qui les ont jugés. Et si vous voulez des exemples de l'antiquité, que ne disoit pas un Nestorius de saint

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