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La sûreté

liers est de

Cyrille, archevêque d'Alexandrie, le principal auteur de ses maux; des inimitiés qui étoient entre eux, que les historiens de ce temps-là n'ont pas dissimulées; de la jalousie de leurs siéges; de la précipitation de ce patriarche à prononcer à Ephèse le jugement contre lui en l'absence de Jean d'Antioche, lequel arriva deux jours après, et qui avoit donné avis à saint Cyrille de son arrivée prochaine? Et s'il falloit s'amuser à discuter tous ces faits, et tout ce qu'entassent contre leurs juges ceux qui ont été condamnés, ne seroit-ce pas s'engager à des recherches sans fin, à des disputes folles et sans discipline, contre le précepte de l'apôtre (1)?

Mes Sœurs, ne vous jetez pas dans ce labydes particu- rinthe car ne vous apercevez-vous pas quelle s'attacher illusion ce seroit si vous étiez détournées de vous aux décrets soumettre dans un fait si authentiquement jugé,

et à la con

des

duite publi- par une attache à des faits particuliers, desquels que de l'E- la discussion peut être très-dangereuse, et ne glise. peut jamais être que très-inutile? Laissez donc à part ces narrés d'intrigues et de cabales, que hommes ne cesseront jamais de se reprocher mutuellement, peut-être de part et d'autre avec vérité, et du moins presque toujours avec vraisemblance; et croyez que parmi ces troubles, et dans ce mélange de choses, la sûreté des particuliers c'est de s'attacher aux décrets et à la conduite publique de la sainte Eglise.

XXI. Conclusion

Suivez, mes Sœurs, cette voie, et cessez de de ce dis- vous égarer plus long-temps dans un chemin si

() II. Timot. 11. 23.

facile.

pasteurs.

facile. Vous trouverez votre sûreté dans celui de cours. Unil'obéissance, en mettant en repos votre conscience que asile, unique repos sur l'autorité de l'Eglise. Si vous quittez ce sen- dans l'obéistier unique, outre que vous chargerez votre sance à l'Econscience d'une désobéissance scandaleuse, sa- glise et à ses chez que de part et d'autre vous ne trouverez que des précipices. Car, ou vous serez contraintes de dire qu'il n'est pas permis en conscience de croire respectueusement que l'Eglise ait bien jugé dans un fait qui est de sa connoissance, et sur lequel elle a donné une définition canonique; ou, si vous êtes touchées d'une juste appréhension des suites épouvantables de cette doctrine inouie, il faut que vous vous rejetiez dans un autre abîme, en croyant que les décrets de deux papes, reçus, approuvés, publiés unanimement par tous les évêqués, lesquels plusieurs d'eux, à ce que j'ai appris, et nommément M. d'Angers ('), que je nomme par honneur et avec respect, ont souscrit à deux genoux, ne peuvent être censés canoniques. Et considérez où vous jeteroit cette malheureuse pensée, s'il falloit que, croyant, comme on vous le dit, que les formes canoniques ont été méprisées dans les jugemens des papes, et qu'on y a tout donné à la brigue et à la cabale; vous les vissiez néanmoins reçus et approuvés avec une vénération universelle, sans qu'il y ait dans toute l'Eglise un seul évêque qui s'oppose à une injustice que l'on publie si visible. Dieu vous préserve, mes Sœurs, de ce sentiment il vous jeteroit peu à peu dans un état

(1) Henri Arnauld.

BOSSUET. XXXVII.

II

bien terrible, et vous feroit regarder avec le temps tout l'ordre épiscopal d'un étrange œil. Dans ce dégoût secret de votre cœur contre tout le corps des évêques, que vous verriez unanimement adhérer à un jugement qui vous paroîtroit prononcé contre les canons; croyez que l'amour de l'Eglise seroit exposé, pour ne rien dire de pis, à de grandes tentations. Peu à peu vous vous verriez détachées de la conduite ordinaire de la sainte Eglise, et attachées à des conduites particulières de personnes, desquelles je ne veux rien dire, sinon qu'ils sont à plaindre plus que je ne puis l'exprimer, d'en être réduits à ce point, qu'ils semblent mettre toute leur défense à décrier hautement, et de vive voix, et par écrit, tout le gouvernement présent de l'Eglise.

Dieu vous préserve, mes Sœurs, encore une fois, de tels inconvéniens. Que si vous les craignez avec raison, croyez donc que le jugement d'Innocent X et celui d'Alexandre VII, que vous voyez reçus par tous ceux qui ont autorité de juger dans l'Eglise catholique, sont légitimes et valables. Et ceux qui vous diront, après cela, que vous ne pouvez sans péché y soumettre humblement le vôtre, et pour le fait et pour le droit, chacun néanmoins dans son ordre; laissez-les disputer sans fin, et répondez - leur seulement avec l'apôtre (1): « S'il y a quelqu'un parmi » vous qui veuille être contentieux, nous n'a»vons pas une telle coutume, ni la sainte Eglise » de Dieu ». Voilà, mes très-chères Sœurs, le

(1) I. Cor. XI. 16.

repos assuré de vos consciences, le dégagement unique des embarras où vous êtes, l'ouverture assurée à la paix et à la charité de votre prélat, et peut-être la dernière perfection du sacrifice de dépouillement et d'åbnégation de vous-mêmes, que vous avez voué à Dieu solennellement au jour de votre profession.

LETTRE LIV.

A M. ***.

Il lui envoie l'extrait d'une lettre de M. l'évêque d'Aleth, sur la signature du Formulaire, et sur les religieuses de Port-Royal.

« SUR la demande que l'on fait, savoir si une per» sonne qui n'est pas d'ailleurs instruite, ni capable » par elle-même de s'instruire, ni même désireuse, >> offenseroit Dieu d'ajouter foi à la déclaration de » son supérieur sur un fait, et s'il lui est défendu de » croire au témoignage de son prélat et de signer un >> fait sur sa foi.

» On répond, 1.o que généralement parlant cette » personne pourroit ajouter foi à la déclaration de » son supérieur sur un fait, sans offenser Dieu, et » qu'il ne lui est défendu de croire au témoignage » de son prélat, et de signer un fait sur sa foi, sinon » que ce fait fût évidemment faux et qu'il lui parût » tel, quand même elle douteroit auparavant de la » vérité car il semble qu'il lui est libre de déposer » son doute et renoncer aux raisons qui l'appuient, » pour déférer à celles de son prélat qu'elle peut

>> croire pieusement meilleures, quoiqu'elles ne pa» roissent pas telles à son jugement; et c'est même » une espèce d'humilité de préférer le jugement de » son supérieur au sien, surtout dans une matière » où il a droit de donner son jugement, et de laquelle on a sujet de présumer qu'il a pris connois

>>

>>> sance.

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» 2. Il se peut faire néanmoins que la personne » trouveroit ledit fait revêtu de tant de circon» stances, qui feroient que la soumission de jugement qu'elle y rendroit, auroit des suites si dangereuses » et préjudiciables à la doctrine de l'Eglise, à son » ordre et discipline, et même à la réputation du » prochain, que le mal qui en résulteroit seroit évi» demment plus grand que le bien de sa soumission, » à laquelle on présuppose qu'elle n'auroit aucune » obligation de conscience du côté de la matière » dont il s'agit, qu'en ce cas elle seroit obligée de » se départir plutôt du bien qui reviendroit de son » obéissance, que d'être cause du mal qui arriveroit » de sa soumission.

>> J'attends de jour à autre des nouvelles du trai>>tement qu'on aura fait à ces panves religieuses, » et du succès de l'exposition de mes sentimens sur » cette affaire. Cependant je vous prie d'être assuré » que je ne les oublie point au saint autel, et de la >> confiance que Dieu me donne, que s'il les éprouve » d'une manière qui semble forte, non-seulement il »> ne les abandonnera pas, mais il leur fera con>> noître et sentir en temps et lieu la puissance de sa » protection. J'écris à monsieur votre frère les rai» sons de mes divers sentimens sur cette affaire,

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