Images de page
PDF
ePub

terus (1) je lui en ferai mes remercimens quand j'aurai reçu son présent, qui me sera très-agréable.

J'ai ouï dire que le père Noris, augustin (2), faisoit quelque chose sur le Marius Mercator, et sur l'Histoire pélagienne du père Garnier (3), et qu'il alloit travailler ensuite à l'Histoire des Donatistes. On m'a aussi donné avis que monseigneur l'ancien évêque de Vaison avoit donné le Nilus, disciple de saint Jean Chrysostôme. On parle fort aussi d'un livre de piété de monseigneur le cardinal Bona. Nous n'avons point encore ces livres-là, que je sache : mais si nos libraires n'en font point venir, je vous prierai de faire en sorte que je les aie. M. de Blancey prendra bien ce soin; ayez seulement, s'il vous plaît, celui de lui dire ce qu'il doit faire pour les sûrement. Je suis de tout mon cœur,

envoyer

A Versailles, ce 1. septembre 1674.

etc.

(1) François Porter, Irlandais, religieux de l'étroite observance de Saint-François. Il a donné différens ouvrages au public, et deux en particulier contre les Protestans. Celui dont parle ici Bossuet est dirigé contre ces hérétiques: il fut imprimé à Rome en 1674, et a pour titre Securis evangelica ad hæresis radices posita, ad Congregationem Propagandæ Fidei. L'auteur mourut à Rome le 7 avril 1702.

(2) Henri Noris, né à Vérone le 29 d'août 1631, mort à Rome le 23 février 1704. Innocent XII éleva ce savant religieux au cardinalat. Ses écrits ont été recueillis en cinq volumes in-folio, et imprimés à Vérone sa patrie, en 1729 et 1730. Il avoit aussi travaillé à une Histoire des Donatistes, comme on l'avoit marqué à Bossuet : mais, soit qu'elle n'ait pas été achevée, ou pour d'autres raisons, elle n'a pas vu le jour.

(3) Jésuite, qui a donné une bonne édition de Marius Mercator.

LETTRE XXVII.

AU MARECHAL DE BELLEFONDS.

Sur les avantages de la retraite, la véritable grandeur de l'homme, et le mépris qu'il doit faire du monde.

VOTRE silence est trop long; je vous prie de me donner de vos nouvelles. Je crois, sans que vous me le disiez, que vous goûtez encore plus la solitude que vous n'avez fait après votre première disgrâce. Une nouvelle expérience du monde fait trouver quelque chose de nouveau dans la retraite, et enfonce l'ame plus profondément dans les vues de la foi. Il me souvient de David, qui, touché vivement de l'esprit de Dieu, lui adresse cette parole: «< 0 Seigneur, votre serviteur a trouvé son cœur pour » vous faire cette prière (1) ». Heureux celui qui trouve son cœur, qui retire deçà et delà les petites parcelles de ses désirs épars de tous côtés! C'est alors que se ramassant en soi-même, on apprend à se soumettre à Dieu tout entier, et à pleurer ses éga

[ocr errors]

remens.

Ο

Puissiez-vous donc, Monsieur, trouver votre cœur, et sentir pour qui il est fait; et que sa véritable grandeur, c'est d'être capable de Dieu; et qu'il s'affoiblit, et qu'il dégénère et se ravilit, quand il descend à quelque autre objet! O que le Seigneur est grand! Par combien de détours, par combien d'épreuves, par combien de dures expériences nous (3) II. Reg. VII. 27.

fait-il mener pour redresser nos égaremens! La croix de Jésus-Christ comprend tout: là est notre gloire, là est notre force, là nous sommes crucifiés au monde, et le monde est à nous.

Qu'avons-nous affaire du monde, et de ses emplois, et de ses folies, et de ses empressemens insensés, et de ses actions toujours turbulentes? Considérons dans l'ancienne loi, Moïse; et dans la nouvelle Jésus-Christ. Le premier, destiné à sauver le peuple de la tyrannie des Egyptiens, et à faire luire sur Israël la lumière incorruptible de la loi, passe quarante ans entiers à mener paître les troupeaux de son bean-père, inconnu aux siens et à luimême, ne sachant pas à quoi Dieu le préparoit par une si longue retraite et Jésus-Christ, trente ans obscur et caché, n'ayant pour tout exercice que l'obéissance, et n'étant connu au monde que comme le fils d'un charpentier. O quel secret, ô quel mystère, ô quelle profondeur, ô quel abîme! O que le tumulte du monde, que l'éclat du monde est enseveli et anéanti!

Tenez-vous ferme, Monsieur, embrassez JésusChrist et sa retraite; goûtez combien le Seigneur est doux laissez-vous oublier du monde; mais ne m'oubliez pas dans vos prières : je ne vous oublierai jamais devant Dieu.

A Versailles, ce 29 septembre 1674.

EPISTOLA XXVIII.

AD FERDINANDUM FURSTEMBERGIUM,

EPISCOPUM ET PRINCIPEM PADERBORNENSEM,

ET COADJUTOREM MONASTERIENSEM (1).

Præclaras ejus ingenii dotes, egregia scientiæ et sapientiæ monu menta, virtutesque insignes, suavi eloquentià et exquisito sermone prædicat.

QUINDECIM ferè dies sunt, Princeps illustrissime, cùm hæreo lateri tuo, neque à te unquam divelli me patior. Tuam tecum lustro Paderbornam, te Principe auctam ac nobilitatam. Vicina peragro loca, te ornante lætissima, te canente celebratissima, te denique imperante beatissima. Nullus mihi saltus, fons nullus, nullus collis invisus. Lubet intueri agros, tui ingenii ubertate quàm nativâ soli amoenitate cultiores. Tu mihi dux, tu prævius; tu ipsa monumenta monstras; tu rerum arcana doces : neque tantùm Paderbornam; sed priscæ quoque et mediæ, nostræ denique ætatis historiam illustras;

(1) Princeps Ecclesiæ, et litterarum studio, et eruditione clarus, maximè verò prudentiâ, religionis zelo, pastoralibusque dotibus commendandus, multa veterum monumenta in suà diœcesi diligentissimis curis servavit, magnis sumptibus instauravit, doctis inscriptionibus exornavit. De iis omnibus vide Monumenta Paderbornensia, ab ipso in lucem edita, et sæpe recusa. Huic operi alludit in epistolâ Bossuetius, necnon Furstembergii carminibus, quæ ipsi inter hujus ævi clarissimos poetas adscribi meruerunt. Epistolam de Fidei Expositione ad Condomensem scripsit; quam suprà retulimus, tom. xvii, pag. 52. (Edit. Vers.)

nec magis Germaniam tuam quàm nostram Franciam.

Ut juvat interea suave canentem audire Torckium (1), quod vicinæ valles repetant! Videre mihi videor antiquam illam Græciam, quæ nullum habuit collem quem non poetarum ingenia extollerent; nullum rivulum, quem non suis versibus immortali hominum memoriæ consecrarent. Horum æquantur gloriæ amnes tui fontesque. Non Dirce splendidior, non Arethusa castior, non ipsa Hippocrene notior Musisque jucundior. Non ergo Evenus aut Peneus, sed Padera (2) et Luppia (3) celebrentur; non vanis fabularum commentis atque portentis, sed rerum fortissimè gestarum claritudine nobiles; nec priscis religionibus, sed christiano ritu meliorique numine regenerandis populis consecrati. Sic enim decebat christianum Principem, christianum Autistitem, non aurium illecebris aut oculorum voluptati servire, sed animos ad veram pietatem accendere.

In his igitur clarissimi tui ingenii monumentis lego et colligo sedulus quæ augusti Delphini nostri studia amoniora efficiant, eumque sponte currentem, adhibitis quoque majorum exemplis, ad virtutem instimulent. Hic Peppinus, hîc Carolus, Francici imperii ac nominis decus, arma et consilia expediunt, pugnant, sternunt hostes, fusis ac perdomitis parcunt; nec sibi, sed Christo vincunt.

(1) Joannes Rogerius Torckius, Mindensis Præpositus, Paderbornensis ac Monasteriensis Canonicus ejus opera poetica reperies in libro curà principis Ferdinandi Furstembergii edito, cui titulum fecit: Septem illustrium virorum Poemata.

(2) Amniculus, quo Paderborna alluitur.

(3) Germaniæ fluvius, in ejusdem vocabuli Comitatu.

« PrécédentContinuer »