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tion par plusieurs actes importans, et à qui l'on n'avoit guère pu reprocher qu'une sévérité quelquefois excessive et l'ambition de devenir roi de France. L'Angleterre n'avoit point encore eu de souverain qui eût tenu dans le même temps deux rois prisonniers, Jean, roi de France, et David, roi d'Ecosse. Les entreprises de ce monarque coûtèrent beaucoup à l'Angleterre ; mais elle s'en dédommagea par le commerce: elle vendit ses laines, Bruges les mit en œuvre. « Edouard III, dit Robertson, fut frappé de l'état florissant des provinces des Pays-Bas, et n'eut pas de peine à en démêler la véritable cause. Il s'occupa des moyens d'encourager l'industrie parmi ses sujets, lesquels méconnoissant alors les avantages de leur situation, et ignoraut la source d'où la richesse devoit se répandre un jour dans leur

années. (Voyez RIBAUMONT et ST.PIERRE, no 1.) La mort de Philippe de Valois, en 1350, ralluma la guerre. Edouard la continua contre le roi Jean son fils, et gagna sur lui, en 1357, la bataille de Poitiers. Le roi de France fut fait prisonnier dans cette journée, et menéen Angleterre, d'où il ne revint que quatre ans après. Edouard, prince de Galles, fils du roi d'Angleterre, qui commandoit les troupes dans cette bataille, donna des marques d'un courage invincible. Après l'action, il fit préparer un repas magnifique, servit lui-même le roi prisonnier, comme s'il eût été un de ses officiers, et dit, en refusant de se placer à table à côté de lui, « qu'étant sujet, il connoissoit trop la distance du rang de sa majesté au sien, pour prendre une pareille liberté. » A son entrée dans Londres, il parut sur une petite baquenée noire, marchantile, négligeoient entièrement le comà côté du roi Jean, qui montoit un merce, et n'essayoient pas même beau cheval blanc superbement har- | d'imiter les manufactures, dont ils naché. Il y avoit un orgueil bien raf- fournissoient les matériaux aux finé dans cette modestie du vain- étrangers. Edouard engagea des ouqueur; il y avoit encore plus de vriers flamands à s'établir dans son cruauté, d'exposer un roi malheu- royaume, et fit plusieurs bonues lois reux à la vue d'une populace...... pour l'encouragement du commerce. (Voy. CHANDOS.) Après la mort de Ce fut à ses soins que l'Angleterre Jean, en 1364, Edouard fut moins dut l'établissement de ses manufacheureux. Charles V confisqua les ter- tures de laine. Ce prince tourna le res que les Anglais possédoient en génie actif et entreprenant de son France, après s'être préparé à sou- peuple vers la culture de ces arts tenir la confiscation par les armes. qui l'ont élevé au premier rang parLe monarque français remporta de ini les nations commerçantes. » Dès grands avantages sur eux ; et le roi que l'esprit de commerce eut comd'Angleterre mourut le 23 juillet mencé d'acquérir de l'ascendant, on 1377, avec la douleur de voir les vit aussitôt un nouveau génie anivictoires de sa jeunesse obscurcies mer le gouvernement et y diriger par les pertes de ses vieux jours. Sa les alliances, les négociations, les vieillesse fut encore ternie par le guerres. Edouard ne fut pas témoin crédit de ses favoris, et sur-tout par de ce grand changement; la foiblesee son amour pour Alix de Pierce, qui de ses dernières années l'empêcha l'entraîna daus des fêtes continuelles même de poser solidement les fonet des dépenses excessives. On ne demens de ce nouvel ordre de choses. reconnut plus en Edouard le roi qui Ce fut lui qui institua l'ordre de la avoit aimé la justice, encouragé le Jarretière, vers l'an 1349. L'opinion commerce, assuré les droits de la nas vulgaire est qu'il fit cette institution

à l'occasion de la jarretière que la comtesse de Salisbury, sa maîtresse, laissa tomber dans un bal, et que 'ce prince releva. Les courtisans s'étant mis à rire, et la comtesse ayant rougi, le roi dit : « Honni soit qui inal y pense >> , pour montrer qu'il n'avoit point eu de mauvais dessein, et jura que tel qui s'étoit moqué de cette jarretière s'estimeroit heureux d'en porter une semblable. Ce fait, quoique fort répaudų par les historiens modernes, n'est attesté par aucun auteur contemporain. Des savans, qui croient être mieux instruits, pensent que l'ordre de la Jarrelière prit son origine à la bataille de Créci; on avoit donné pour mot garter, qui signifie jarretière en anglais. D'autres prétendent qu'à cette mème bataille Edouard avoit fait attacher sa jarretière au bout d'une lance, pour servir de guide dans le combat. Voy. RICHARD, 11o I.

que victoire fournissoit aux bourreaux quelques victimes à immoler à la vengeance. Cependant Edouard IV s'affermit sur le trône, par les soins du célèbre comte de Warwick; mais dès qu'il fut tranquille, il fut ingrat. Il écarta ce général de ses conseils, et s'en fit un ennemi irréconciliable. Dans le temps que Warwick négocioit en France le mariage de ce prince avec Bonne de Savoie, sœur de la femme de Louis XI Edouard voit Elizabeth Woodwill, fille du baron de Rivers, en devient amoureux, et ne peut jamais obtenir que cette déclaration : « Je n'ai pas assez de naissance pour espérer d'être reine, et j'ai trop d'honneur pour m'abaisser à être maîtresse. >> (Voy. ELIZABETHI, no XI.) Ne pouvant se guérir de sa passion, il couronne sa maîtresse, sans en faire part à Warwick. Le ministre, outragé, cherche à se venger. Il arme l'Angleterre, et séduit le duc de Cla† VII. ÉDOUARD IV, fils de rence, frère du roi; enfin il lui ôte Richard, duc d'Yorck, enleva en le trône sur lequel il l'avoit fait 1461 la couronne d'Angleterre à monter. Edouard, fait prisonuier en Penri VI. Il prétendoit qu'elle lui 1470, se sauva de prison; et l'anétoit due, parce que les filles en née d'après, 1471, secondé par le Angleterre ont droit de succéder au duc de Bourgogne, il gagna deux trône, et qu'il descendoit de Lionel batailles. Le comte de Warwick fut de Clarence, deuxième fils d'E- tué dans la première. Edouard, fils de douard III, par sa mère Anne de ce Henri, qui lui disputoit encore Mortimer, femme de Richard; au le trône, ayant été pris dans la selieu que Henri descendoit du troi- conde, perdit la vie : ensuite Henri sième fils d'Edouard III, qui étoit lui-même fut égorgé en prisou. La Jean de Lancastre, són bisaïeul pa- faction d'Edonard lui ouvrit les porternel. Deux victoires remportées tes de Londres. Ce prince, libre de sur Henri firent plus pour Edouard toute inquiétude, selivra entièrement que tous ses droits. Il se fit couron- aux plaisirs; et ses plaisirs ne funer à Westminster le 20 juin de rent que légèrement interrompus par la même année 1461. Ce fut la pre- la guerre contre le roi Louis XI, mière étincelle des guerres civiles qui le renvoya en Angleterre à force entre les maisons d'Yorck et de Lan- d'argent après avoir signé une castre, dont la première portoit la trève de neuf ans. Ses dernières anrose blanche, et la dernière la rouge. nées furent marquées par la mort de Ces deux partis firent de toute l'An- son frère George, duc de Clarence, gleterre un theâtre de carnage et de contre lequel il avoit conçu des soupcruautés; les échafauds étoient dres-çons. Il lui permit de choisir le genre sés sur les champs de bataille, et cha- I de mort qui lui paroitroit le plus

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doux, et on le plongea dans un tonneau de malvoisie, où il finit ses jours comme il avoit désiré. On lui trancha ensuite la tête. Edouard le suivit de près. Il mourut le 9 avril 1483, à 41 ans, après 22 ans de règne, de regret, dit-on, d'avoir refusé sa fille, promise en mariage au dauphin fils de Louis XI. Ce monarque avoit commencé son règne en héros,; il le finit en débauché. Son affabilité lui gagna tous les cœurs ; mais la volupté corrompit le sien. Il attaquoit toutes les femmes par esprit de débauche, et s'attachoit pourtant à quelques-unes par des passions suivies. Trois de ses maîtresses le captivèrent plus long-temps que les autres. « Il étoit charmé, disoit-il, de la gaieté de l'une, de l'esprit de l'autre, et de la piété de la troisième, qui ne sortoit guère de l'église que lorsqu'il la faisoit appeler. » Voyez PERKINS.

fit remurer la porte; mais sous Charles II, en 1678, elle fut rouverte, et les squelettes transportés à Westminster, sépulture des rois... | Thomas Morus a écrit la Vie d'Edouard V.

+ IX. ÉDOUARD VI, fils de Henri VIII et de Jeanne de Seymour, monta sur le trône d'Angleterre à l'âge de dix ans, en 1547, et ne régna que six ans. Il laissa entrevoir du goût pour la vertu et l'humanité; mais ses ministres corrompirent cet heureux naturel. L'archevèque de Cantorbéry, Crammer, le même qui périt par le feu, s'obstina à faire brûler deux pauvres femmes anabaptistes qui doutoient de ce qu'il ne croyoit pas peut-être lui-même. Ce fut encore par les insinuations de cet archevêque que la messe fut abolie, les images brisées, et la religion romaine proscrite. On prit quelque chose des différentes sectes de Zuingle, de Luther et de Calvin, et l'on en composa un symbole qui forma la religion anglicane. Le règne d'Edouard fut flétri par une injustice, que le goût de la réforme et les insinuations de ses ministres lui arrachèrent: il écarta du trône Marie et Elizabeth, ses deux sœurs, et y appela Jeanne Gray, sa cousine. 11 mourut en 1553, dans sa seizième aunée.

VIII. ÉDOUARD V, roi d'Angleterre, fils d'Edouard IV, ne survécut à son père que deux mois. Il n'avoit qu'onze ans lorsqu'il monta sur le trône. Son oncle Richard, duc de Glocester, tuteur d'Edouard et de Richard, duc d'Yorck, son frère, et jaloux de la couronne du premier, et des droits du second, résolut de les faire mourir tous deux pour régner. Il les fit enfermer dans la tour de Londres, et leur fit donuer la mort l'an 1483. (Voyez HASTINGS.) Après s'être défait de ses deux neveux, il accusa leur mère de magie, et usurpa la couronne. Sous le règne d'Elizabeth, la tour de Londres se trouvant extrême-principalement à celle de Poitiers, ment pleine, on fit ouvrir la porte d'une chambre murée depuis longtemps. On y trouva, sur un lit, deux petites carcasses avec deux licols au cou; c'étoient les squelettes d'Edouard V et de Richard son frère. La reine, pour ne pas renouveler la mémoire de ce forfait,

+ X. ÉDOUARD VII, plus connu sous le nom de PRINCE NOIR, fils d'Edouard III, roi d'Angleterre né à Woodstok en 1350, se distingua dans plusieurs batailles, et

qu'il gagna sur Jean, roi de France. Ce monarque y fut fait prisonnier, et l'on sait avec quelle générosité le Prince Noir chercha à le consoler. de sa défaite, le traitant comme son suzerain, et poussant le respect jusqu'à le servir à table. En 1362, Edouard reçut de son père l'inves

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d'Edouard IV et de Richard III, rois d'Angleterre. Henri VII étant monté sur le trône, et le regardant comme un homme daugereux qui pouvoit lui disputer la couronne le fit enfermer à la tour de Londres. Le fameux Perkins-Vaërbeck, qui s'étoit fait passer pour Richard, le dernier des fils de Richard III, étoit alors dans la même prison. Il concerta, en 1490, avec Warwick, les moyens d'en sortir. Leur dessein fut découvert ; et on crut que le roi le leur avoit fait insinuer, pour

se

à sa sûreté. Ce qui confirma ce soupçon, c'est que, dans le même temps, le fils d'un cordonnier, séduit par un moine augustin donna pour le comte de Warwick. Heuri VII vouloit faire penser par cette ruse, sans doute concertée avec ce religieux, puisqu'il eut sa grace, que le comte de Warwick donnoit occasion à de nouveaux troubles. Sous ce prétexte, on le fit décapiter en 1499. Il étoit le seul male de la maison d'Yorck voilà son véritable crime. Pendant sa

titure du comté de Poitou, les prin- | cipautés d'Aquitaine et de Gascogue, et épousa sa cousine Jeanne, fille d'Edouard Plantagenet, comte de Kent. Peu de temps après, il donna, dans sa cour, un asile à Pierre-leCruel, chassé de la Castille par Henri de Traustamare. Edouard aimoit l'argent; Pierre ne tarda pas à s'en apercevoir, et lui offrit la cession de plusieurs domaines considérables: Edouard lui promit de le replacer sur le trône; et il obtint de son père cent mille écus en or, emprunta sur son apanage, fit fon-avoir un prétexte de les sacrifier dre sa vaisselle, et, traversant les Pyrénées vers la fin de février, battit Henri à Navarette, et rétablit Pierre, qui ne le paya que d'ingratitude. De retour dans la Guienne, Edouard trouva la guerre allumée entre la France et l'Angleterre; malgré la fièvre qui le cousumoit, il se fit porter en litière au siége de Limoges, qui refusoit de se rendre, la ville fut prise, et le vainqueur fit massacrer la garnison française, et passer au fil de l'épée environ trois mille habitans. Accablé de fatigue, il voulut passer en Angle-longue détention, un certain Lamterre, et tomba dans une maladie bert Simnel, différent du fils du de langueur dont il mourut au pa- cordonnier, ayant été dressé par Jais de Westminster, en 1376, âgé un prêtre du comté d'Oxford, nomde 46 ans. Il faut remarquer, à sa mé Simondi, se fit aussi passer pour gloire, que, depuis sa mort, les An- comte de Warwick, sous le nom glais perdirent la plus grande partie d'Edouard Plantagenet : c'étoit le fils des domaines qu'ils possédoient en d'un boulanger, mais doué de tous France, et que la sage politique de les talens propres à jouer le rôle le Charles V, et la valeur de du Gues-plus difficile. Il fut proclamé roi à clin ne trouvèrent plus que de foibles obstacles à l'exécution de leurs projets. On ne sait pas positivement si c'est l'effroi qu'il inspiroit à ses eunemis ou la couleur de son armure qui lui fit donner le surnom de Prince Noir.

+XI. EDOUARD PLANTAGENET, le dernier de la race qui porte ce nom. comte de Warwick, eut pour père George, duc de Clarence, frère

Dublin par une faction en 1487, et Simondi lui mit sur la tête une couronne enlevée à une statue de la Vierge. Mais Lambert Simnel ayant été battu quelques jours après, et fait prisonnier, le roi, tranquille sur son compte, lui laissa la vie par pitié; cependant, pour ne pas perdre toute sa vengeance, il lui donna l'office ridicule de marmiton dans sa cuisine. Dans la suite, on le fit fauconnier. Tel fut le dénoue

ment d'une comédie, qui ne laissa pas de faire couler beaucoup de sang. Heuri VII voulant un jour se venger des Irlandais, par le ridicule, fit servir à table leurs députés par ce même garçon de cuisine qu'ils avoient salué roi. Simondi fut enfermé pour le reste de ses jours.

† XII. EDOUARD (Charles), petit-fils de Jacques II, roi d'Angleterre, connu sous le nom du Prétendant, né le 31 décembre 1720, chercha vainement à remonter sur le trône de ses ancêtres. En 1745, on le vit aborder en Écosse, rassembler dix mille montaguards, s'emparer d'Edimbourg et de Carlisle, et pénétrer jusques aux frontières d'Angleterre. Le duc de Cumberland, arrivé à la hate, défait son arrière-garde à Clifton, est battu par lui à la bataille de Falkirk, et remporte une victoire complète à Culloden le 27 avril 1746. Edouard, fugitif, errant de forèt en forêt, de caverne en caverne, poursuivi, exposé aux plus grands dangers, parvint à quitter les côtes de l'Ecosse, et aborda en France sur un vaisseau de Saint-Malo, qui traversa une escadre anglaise, à la faveur d'une brume épaisse. Retiré ensuite à Rome, il y est mort le 51 janvier 1788, ne laissant aucun enfant. Son frère unique, le cardinal d'Yorck, y est mort également au commencement du 19e siècle. Ainsi a fini la famille des Stuart, qui donna des rois à l'Ecosse pendant quatre siècles.

* XIII. EDOUARD, duc de Bragance, frère de Jean IV, roi de Portugal, entra au service de l'empereur Ferdinand III, et lui rendit de grands services pendant la guerre de trente ans; mais les Portugais ayant, en 1640, déclaré la guerre aux Espagnols, et commencé les hostilités, Edouard fut, à la prière de l'Espagne, conduit prisonnier à Passaw et à Gratz, et ensuite livré

au roi d'Espagne, qui, en 1649, le fit accuser à Milan de crime de lèsemajesté: heureusement il mourut pendant qu'on lui faisoit son procès.

* XIV. EDOUARD, second fils de Renaud de Nassau II du noni, dernier comte, et premier duc de Gueldre, né en 1336, fut presque toujours en guerre avec son frère Renaud III, sur lequel il remporta

une victoire le 25 mai 1361. Proclamé duc de Gueldre, il eut encore plusieurs guerres à soutenir, dont il sortit avantageusement. Il fut assassiné, selon quelques historiens, le 14 août 1771, par un gentilhomme, dont il avoit séduit la femme.

* I. EDRICK ou EDRIK, fils d'Egbert, roi de Kent, eut dans Lothaire son oncle un ennemi qui lui voulut le dépouiller de ses états, ravir la couronne, et la faire passer dans sa famille, en s'associant Richard son fils. Edrick, instruit des desseins de son oncle, se déroba à la cour pour aller demander du secours à Adelwach, roi de Sussex.

II. ÉDRICK, surnom mé Stréon, c'est-à-dire Acquisiteur, homme d'une naissance fort obscure, sut, par son éloquence et par toutes sortes de ruses et d'intrigues, s'iusinuer fort ayant dans les bonnes graces d'Ethelred II, roi d'Angleterre. Ce prince le fit duc de Mercie, et lui donna sa fille Edgithe en mariage. Par cette alliance, il mit dans sa inaison un perfide, vendu aux Danois, qui ne laissa jamais passer aucune occasion de le trahir. Pour seconder les complots des étrangers. Edmond, son beau-frère, découvrit sa perfidie, et se sépara de lui. Edrick se voyant démasqué, quitta le parti d'Ethelred, pour prendre celui de Canut. Quelque temps après il entra dans le parti d'Edmoud, qui avoit succédé à Ethelred, et qui ent

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