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l'évêché de St.-Flour à Claude de Doyat: daus le même temps aussi un frère de Jean de Doyat, que l'on croit être Pierre, chantre du chapitre de Cusset, fut assassiné à Paris, avec un autre prêtre, par quatre brigands. Enfin, Godefroy de Doyat, autre frère de Jean, et abbé de Manlieu, fut persécuté par les moines de son abbaye, qui obtinreut de la cour qu'un conseiller du parlement de Bordeaux viendroit à Manlieu, informer contre leur abbé. Telles furent les persécutions qu'attirèrent sur Jean de Doyat et sur toute sa famille trois années de faveur à la cour. Les historiens qui l'accusent ne précisent aucun crime coutre lui; ils se bornent à lui reprocher son insolence, défaut ordinaire à ceux qui parviennent rapidement à une grande fortune; ils le blâment d'avoir osé lutter contre le duc de Bourbon, daus la personne de ses officiers; mais le duc de Bourbon tendoit toujours à étendre son autorité aux dépens de celle du roi; il avoit pris les armes coutre Louis XI, dans la guerre civile dite du bien

Il répondit alors, suivant les registres criminels, qu'il étoit prèt à obéir à la cour, mais qu'il lui manquoit pour cela, robes, manteau, cheval et housseaux (souliers), et autres choses nécessaires. Il protesta que, si les huissiers, en le conduisant, le maltraitoient en route, lui ou les siens auroient recours contre eux, en leur propre et privé nom. On voit que le prisonnier étoit dans le plus grand dénûment, et qu'il redoutoit que les exécuteurs n'ajoutassent leur cruauté particulière à la cruauté de l'arrêt. Il est présumable qu'il craignoit pour l'avenir ce qu'il avoit déjà éprouvé. Un écrivain du temps, Nicolas Gilles, dit « qu'on lui fit de grandes indignités. » Le continuateur de Moustrelet dit que Jean de Doyat subit le reste de sa condamnation à Montferrand; « qu'il y fut baltu et fustigé, et qu'il y eut l'autre oreille coupée. La vengeance du duc de Bourbon ne se borna pas à la personne de Jean de Doyat; il persécuta toute la famille, ou lui suscita des persécuteurs. Guillaume son frère, et son lieutenant au bailliage de Montferrand, fut en-public. Il est très-vraisemblable que fermé dans les prisons de la conciergerie de Paris. Lorsque le jeune roi s'apprêtoit en 1484 à faire son entrée dans cette capitale, on le fit transférer dans une autre prison, afin qu'il ne profitat point de la liberté et de la rémission qu'on étoit en usage d'accorder, en cette circons tance, à tous les prisonniers ou lui refusa une faveur qu'obtinreut plusieurs assassins. Il fut jugé et déclaré incapable d'exercer aucun emploi, et condamné à 4000 livres d'amende. Dans le même temps, un seigneur de la Borderie attaqua en justice toute la famille de Doyat; Guillaume, Claude Maurice et Pierre, frères de Jean, Palice, sa sœur, et Odille et Pierre ses enfans. Daus le même temps, Charles de Joyeuse disputa avec acharnement

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Jean de Doyat ne fut persécuté que
pour avoir défendu avec un zèle
peut-être imprudent les intérêts de
Louis XI, son bienfaiteur, contre
un prince puissant. Ce qui peut con-
firmer dans cette opinion,
c'est que
quand Charles VIII eut atteint l'age
de gouverner par lui-même, il ré-
habilita Jean de Doyat, lui donna
de l'emploi en 1493, dans ses guerres
d'Italie; ce que témoignent plu-
sieurs historiens. Sa postérité put
jouir des biens et des honneurs des
nobles. Son fils Odille portoit le titre
de chevalier et de baron de Mont-
réal; son petit-fils, Jean de Doyat,
fut fait chevalier à la bataille de
Ravenne.

*DOYEN (Gabriel-François), peintre d'histoire, né à Paris en

peignit ensuite un plafond pour le duc de Choiseuil, et un tableau pour Vatelet; mais le tableau qui devoit mettre le comble à sa réputation fut celui de la Peste des ardens ou le Mal des ardens, qui désola une partie de l'Europe en 1373, qu'il peignit pour l'église St.Roch de Paris, où il se voit encore. Ce sujet, fait pour imprimer la terreur, échauffa le génie de Doyen au point qu'il ne dormoit plus; il alloit la nuit dans les hôpitaux, pour observer le caractère et

1726, entra, à l'àge de douze ans, dans l'école de Carle Van Loo, alors premier peintre du roi. Les dispositions singulières que montroit le jeune élève, jointes à une grande vivacité d'esprit, lui méritèrent la bienveillance de son maître, qui l'affectionna particulièrement. Il franchit bientôt les premières difficultés du dessin, et son assiduité au travail lui valut plusieurs médailles à l'académie royale. Doyen avoit à peine vingt ans, lorsqu'il remporta le grand prix de peinture; arrivé à Rome et séduit par la grace et la cou-les expressions des malades ou des leur qui règnent dans les productions mourans, qu'il dessinoit à la lueur du célèbre Cortone, il s'arrêta à ses d'une lampe. « C'est dans ce tableau ouvrages, et copia entièrement le que l'on retrouve le génie de Doyen beau plafond de ce maître, que l'on tout entier; beaux caractères de admire encore au palais Barberin. tête; figures bien groupées et proEn passant à Naples, les nombreuses fondément pensées : l'expression de compositions du peintre Solimen, la douleur y est portée au plus haut qui décora les plus beaux palais de degré; la couleur en est forte et vi→ cette ville, fixèrent tellement l'at-goureuse. Il a voulu, par une oppotention de Doyen, que, ne pouvant les copier, il les peignit de réminiscence aussi exactement que s'il les avoit copiées d'après les originaux. Après avoir parcouru toute l'Italie pendant quatre ans, étudié et niédité les grands maîtres de la patrie des beaux-arts, Doyen arriva à Paris, où la gloire l'attendoit pour le courouner malgré l'envie; il s'enferme dans son atelier pendant deux ans, où il médite et exécute un tableau immense il choisit pour sujet la Mort de Virginie. Ce tableau, d'environ 40 pieds, composé d'un nombre considérable de figures bien groupées, bien pensées et bien des sinées, fut l'aurore de la grande réputation de Doyen. Le concours de monde qui vint voir ce chef-d'œuvre fut immense, et il n'étoit question dans Paris que de la perfection de ce bel ouvrage, qui lui valut son entrée à l'académie et la connoissance des meilleurs poëtes, qui s'honorèrent de l'amitié du peintre, après avoir chanté publiquement ses succès. Il

sition digne des plus grands maîtres, établir un contraste entre la beauté en pleurs et richement parée, avec ce que la maladie la plus aiguë et les plus fortes angoisses de la douleur présentent de plus hideux. » La mort de Carle Van Loo étant arrivée, Doyen fut choisi pour peindre aux Invalides, à la place de son maître, qui en avoit été chargé, les sept Plafonds de la chapelle Saint-Gré goire; ces grandes et belles produc→ tions pensèrent lui coûter la vie : en travaillant à la coupole, il eut le malheur de tomber de deux étages à travers une trappe que l'on avoit négligé de fermer; il souffrit les douleurs les plus aiguës, causées par l'enfoncement de plusieurs côtes, qui l'obligèrent desuspendre pendant long-temps son travail. Ce peintre, doué d'une imagination active, avoit de l'esprit et la répartie prompte; étant rétabli de sa chute, son premier soin fut de se rendre à la cour, pour remercier Louis XV qui l'honoroit d'une protection toute

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particulière, et qui lui avoit fait en effet, Doyen, accompagné de Séprodiguer des soins pendant sa ma-daine, se rend sur-le-champ à l'ateladie. Le roi, en le voyant, lui dit lier de David, lui parle amicale« Vous voilà, Doyen, je suis aise de ment à travers la porte, se fait revous voir dans cet état: savez-vous connoître, mais avec beaucoup de bien que je ferai mettre des garde-peine, le complimente sur ses tafous au dôme des Invalides. Sire, lens, l'entretient de l'injustice de ses Jépondit Doyen, puisque votre ma-juges, et remonte ainsi peu à peu jesté a des bontés pour moi, je la l'imagination presque éteinte du supplie d'ordonner que l'on y place jeune David, qui rassemble le peu de plutôt des garde-côtes. » Il retourna forces qui lui reste; il ouvre enfin de suite à son atelier, et mit la der- la porte en s'y trainant Doyen et nière main à ses tableaux, qui mé- Sedaine habillent le malade: ses ritent d'être cités honorablement forces étoient tellement épuisées, parmi les productions de l'école qu'il ne pouvoit plus se servir de ses française. Ce qu'il y a de plus re- membres, et c'est ainsi que l'on doit marquable peut-être dans la vie de à deux hommes célèbres la conserDoyen, c'est qu'on lui doit, pour vation d'un homme plus célebre ainsi dire, l'existence de M. David, encore. Doyen se transporta sur-lepremier peintre de l'empereur Na- champ à l'académie, pour rendre poléon Ier. David, élève de Vien, compte à ses confrères de l'événesuivoit, dans sa jeunesse, les con- ment dont il venoit d'être témoin; cours de l'académie de peinture; ap- et comme il leur faisoit des repropelé à concourir an grand prix, après ches de leur conduite envers David, en avoir obtenu le second, il eut à plusieurs d'entre eux se permirent peindre la mort des enfans de Niobé. | de l'apostropher en ravalant le jeune Déjà les grands talens de David se élève; mais Doyen, en homme hamanifestoient par des signes cer- bile, et sachant mieux que ses contains, et son tableau, sans être un frères apprécier les grandes dischef-d'œuvre, étoit cependant le positions de celui dont il prenoit le meilleur du concours. L'envie d'aller parti, et faisant allusion au talent à Rome avoit enflammé le courage qu'il promettoit, leur dit : « Mesde David; il avoit la conscience de sieurs, souvenez-vous que le jeune sa force, et l'espérance étoit dans son homme dont il s'agit vous tirera cœur, lorsqu'une injustice lui enlève un jour les oreilles à tous. » En effet, le prix. Pénétré jusqu'au fond de ce pronostic ne s'est que trop vérifié l'ame d'un jugement iuique, David dans la suite; David n'ent point le résolut de se donner la mort: dé- prix, mais le pensionnat de Rome terminé à se laisser mourir de faim, lui fut accordé. Doyen avoit une il s'enferme dans son atelier. Après école nombreuse, il aimoit ses élèves; avoir passé près de trois jours dans mais ué avec un caractère impatient, cet état, et après avoir vainement et se laissant entrainer par la fougue tenté de le tirer de sa retraite, de son imagination, il les pressoit Sedaine, chez lequel il demeuroit, trop dans leurs études, et n'avoit connoissant son dessein et ce qui en nullement l'art de les diriger. Il peiétoit la cause, imagina de prévenir gnoit le Couronnement de Louis Doyen, son ami, de ce qui se pas-XVI pour les grands-augustins, soit, et de l'engager à venir-sauver lorsque la révolution vint suspendre David des bras de la mort, espérant l'achèvement de ce tableau; il passa qu'un peintre, l'un de ses professeurs, à la cour de Russie, où il fut accueilli auroit plus d'empire sur son esprit : [ par l'empereur Paul Ier, pour lequel

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il peignit plusieurs Plafonds. Ce | 546, 550. Amen! Mais son principrince avoit pour Doyen une affec- pal ouvrage est intitulé Lux in tion toute particulière; il se rendoit tenebris, Amsterdam, 1657; titre souvent dans son atelier, se plai- bien peu convenable à l'obscurité de soit à le voir travailler, et s'amusoit la matière, et à la bizarrerie des idées de sa conversation. L'empereur, de l'auteur. Le prince Ragotski, qui l'ayant un jour aperçu à pied par n'ajoutoit aucune foi à ses visions, un mauvais temps, le fit appeler, et s'en servit néanmoins. Voyez KOTlui demanda pourquoi il s'exposoit TER. ainsi à son age; sur sa réponse trèsspirituelle, l'empereur lui envoya une voiture qu'il a toujours conservée. Après avoir passé plus de seize ans en Russie, dout une grande partie fut constainment employée à l'exercice de la peinture, Doyen mourut à Saint-Pétersbourg le 5 juin 1806, à l'âge de 82 ans ; en mouraut, il rendit un de ses élèves son légataire universel.

DRACIUS, capitaine grec, auquel Epeus confia le commandement d'une partie de ses troupes, lorsqu'il marcha contre les Troyens.

I. DRACON, législateur d'Athènes, l'an 624 avant J. C., se rendit recommandable dans sa république par sa probité autant que par ses lumières. Déclaré archonte, il fit pour la réforme de ses concitoyens des + DRABICIUS (Nicolas), ministre lois qui respiroient une sévérité protestant, né l'an 1587 à Stransnitz cruelle. L'assassin, et le citoyen conen Moravie chassé de son pays il vaincu d'oisiveté, étoient également se retira en Hongrie l'an 1628, et punis de mort. Assez juste pour ne renonça au ministère pour se livrer favoriser personne, il ne fut pas assez à l'ivrognerie. Cette conduite le ren- philosophe pour réfléchir qu'il comdant méprisable, il s'avisa, pour se mandoit à des hommes. Lorsqu'on remettre en estime, de feindre des lui demandoit les motifs de sa rirévélations. Ses rêveries, toutes dé-gueur, il répondit « que les plus menties par l'événement, n'avoient petites transgressions lui avoient pour but que d'exciter la guerre paru mériter la mort, et qu'il n'avoit contre la communion romaine et pu trouver d'autre punition pour les contre la maison d'Autriche, enne- | plus grandes. » Ses lois, écrites avec mie des calvinistes. Les impériaux du sang, suivant l'expression de se vengèrent de ses écrits séditieux l'orateur Demades, eurent le sort en le faisant périr. D'autres préten- des choses violentes; elles furent dent qu'il mourut en Turquie, où il d'abord adoucies, et ensuite négli– s'étoit réfugié. Il rédigea, en 1643, gées. Le sage Solon les abrogea toutes, un écrit intitulé Revelationes. Cet à l'exception de celle qui regardoit ouvrage fut publié par Coménius, et les meurtres. La fin de Dracon fut commenté par Arnold, dans son His aussi triste que glorieuse. Ayant patoire des hérésiarques, qui parut en ru sur le théatre, le peuple l'applau1700. Drabicius déclare donc for- dit avec enthousiasme, et lui jeta mellement que le trône royal de tant de robes et de bonnets, selon la France deviendra impérial, et qu'il coutume de ce temps-là, qu'il fut sera occupé par un prince qui at- étouffé sous les marques d'estime teindra au plus haut degré de gloire qu'il reçut. On a recueilli ce qui et de puissance. Revel. 409, 418, nous reste des lois de Dracon, daus 581. Il règnera sur tout le globe un ouvrage imprimé à Lyon en 1558, une tolérance universelle. Revel. sous ce titre: Jurisprudentia vetus

dare; sur les mètres de Sapho, et sur les odes d'Alcée. Il ne nous reste de ses ouvrages qu'un seul qui s'est conservé à la bibliothèque impériale, sur les différentes sortes de vers; il est adressé à son fils Posidonius. M. Hase, dans le huitième volume des notices et extraits de manuscrits de cette bibliothèque, eu a donné une notice, des fragmens inédits, et les noms de quelques écrivains inconnus sont ce que ce manuscrit contient de plus intéressant.

Draconis Pradulpho Prateio_col- | lectore interprete. L'auteur en rapporte onze, I. S'abstenir du bien d'autrui. II. Si quelqu'un éloigne des bétes de somme du chemin qu'elles doivent suivre, il sera coupable de vol. III. Condamner à mort les gens oisifs. IV. Punir de la même peine celui qui vole des herbes dans un jardin ou des fruits à écorce molle. V. Il est permis de tuer sur son territoire un homicide. VI. Il n'est point permis d'accuser d'homicide ceux qui sont en exil. VII. On ne peut mettre à mort celui qui a tué dans sa propre maison l'amant de sa femme, de sa sœur, de sa fille, ou de la concubine qui nous a donné des enfans. VIII. On | ne doit point punir quiconque a tué son ennemi dans le cas d'une légitime défense. IX. Dans le cas de mort violente d'un citoyen, on doit arrêter tous ses parens pour connoître la cause de la mort. X. On doit priver les homicides du feu, de l'eau, de l'usage des liba-venna, dans le Catalogue in-4° de tions et des vases sacrés. XI. Tout sa bibliothèque, t. III, p. 93. ce qui porte la mort doit étre sévèrement puni, soit qu'un homme, un animal ou une chose inanimée l'aient procuré.

* II. DRACON, poëte et grammairien grec, natif de la ville de Stratonicée. L'antiquité désignant quatre villes de ce nom, on ne sait laquelle fut la patrie de cet auteur. On pense, saus en être bien certain, qu'il vivoit au 5° siècle de notre ère; il est prouvé dn moins qu'il florissoit entre le 2 et le 8 siècle. Dracon, comme tous les grammairiens de son temps, avoit composé beaucoup d'ouvrages. Suidas dit qu'il écrivit une Grammaire et différens Traités sur l'orthographe; sur les noms dans les conjugaisons; sur les pronoms ; sur les différentes sortes de vers; sur les satires; sur les odes de Pin

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* III. DRACON (L.-Honoré), jurisconsulte, élève et ami d'Alciat, a publié à Lyon, en 1551, in-4°, Elementa juris civilis, seu Institutiones imperiales in carmen contractœ; fort rare. Cet abrégé des Institutes de Justinien ne diffère guère d'une prose mesurée. L'auteur s'en excuse sur son sujet. Nous avons d'un Nicolas DRACON de Fréjus une fort bonne Epitaphe de Christophe Longueil, publiée par Cre

DRACONITES (Jean), ministre protestant, de Carlostadt en Frauconie, entreprit une Polyglotte de la Bible qu'il ne put achever, étant mort en 1566, à 70 ans ; mais on en a imprimé le commencement en 1565; il contient les Psaumes, les Proverbes de Salomon, les Prophéties de Michée et de Joël, en hébreu, en chaldéen, en grec, en latin et en allemand. On a de lui des Commentaires sur les Evangiles des dimanches, en latin, in-folio; et d'autres ouvrages où l'on trouve quelques points de littérature assez bien discutés.

DRACONTIUS, poëte chrétien, Espagnol, vers le milieu du 5° siècle. Ou a de lui, I. Un Poëme sur l'ouvrage des six jours de la création, Rome, 1791, in-4°. II. Une Elé

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