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qui, s'il en faut croire des bruits | Navarre, épousa, en 1469, Isabelle populaires, avant d'ètre précipités, de Castille, sœur de Henri IV, dit l'ajournèrent à comparoître devant l'Impuissant. Ce mariage joignit les Dieu dans trente jours, et qu'il états de Castille avec ceux d'Aragon. mourut au bout de ce terme. Ce Ferdinand et Isabelle vécureut ensiècle étoit celui des ajournemens; semble dit un historien, Clément V et Philippe-le-Bel avoient comme deux époux dont les biens été aussi, dit-on, ajournés par le sont communs sous les ordres du grand- maitre des templiers. Fer- mari, mais comme deux monarques dinand, parvenu au trône de Cas- étroitement unis pour leurs comtille en 1295, mourut subitement muns intérêts. Ils formèrent une en 1312, à 27 ans. Les premières puissance, telle que l'Espagne n'en années de son règne furent très- avoit pas encore vu. Ferdinand orageuses; mais la reine Marie, sa déclara la guerre à Alfonse, roi de mère, se conduisit avec tant de sa- Portugal, le battit à Toro en 1476, gesse et de fermeté, qu'elle assura et termina cette guerre par une paix la couronne sur la tête de son fils. avantageuse. Le royaume de GreIl se signala par ses conquêtes sur nade tentoit son ambition; il le le roi de Grenade et sur les Maures, conquit en 1492, après une guerre auxquels il enleva Gibraltar, moins de huit ans. Ce royaume étoit le fort alors qu'aujourd'hui. C'étoit un seul que les Maures eussent conservé prince violent et despotique. en Espagne. Aboabdeli, le dernier roi, qui avoit détrôné son père Al* VIII. FERDINAND, roi de bohacen, défendit huit mois sa ca-' Portugal, mort en 1383, succéda pitale; mais craignant de tout peren 1367 à son père Pierre-le-Jus-dre s'il tardoit trop à se rendre, ticier. Après la mort de Pierre-le-il se hata de capituler. Il fut stiCruel, roi de Castille, il prit le pulé qu'on ne toucheroit ni aux titre de roi d'Espagne, ce qui causa biens, ni aux lois, ni à la liberté, une guerre entre lui et Henri de ni à la religion des vaincus; que Traustamarre. Le prince Henri ra- leurs prisonniers seroient rendus vagea le Portugal, et n'accorda la sans rançon, et que les juifs compris paix à Ferdinand qu'à la condition dans le traité, jouiroient des mêm d'épouser sa fille. Depuis, il désa-priviléges. Aboabdeli, malgré a voua ce mariage, et forma une alliance avec Jean de Gaunt, duc de Lancastre, qui prétendoit avoir des droits sur le trône de Castille. Cette guerre, très malheureuse pour le Portugal, obligea Ferdinand à demander la paix. Cependant il en entreprit encore une autre, dans laquelle, secondé par les Anglais, il fut d'abord plus heureux; mais à la fin il se vit forcé de faire de nouvelles propositions qui fureut acceptées.

douceur de ces conditions, versa des larmes en se tournant vers les murs de Grenade. « Tu as raison, lui dit sa mère, de pleurer comme une femme, puisque tu n'as pas su garder en homme une telle ville. » Grenade, batie par les Mahometans depuis près de cinq siècles, éloit peuplée, opulente, ornée de ce vaste palais des rois maures, dans lequel étoient les plus beaux bains de l'Europe, et dont plusieurs salles voùtées étoient soutenues sur cent colonnes d'albâtre. Le luxe et les ri+IX. FERDINAND V, dit le Ca- chesses de cette ville furent probatholique, fils de Jean II, roi d'Ara-blement les instrumens de sa perte. gon, né à Sos, sur les frontières de la Aboabdeli alla finir ses jours en

femme, liui avoit donné pour le rendre capable de faire des enfans. Il étoit fort superstitieux. On raconte que des astrologues ayant prédit qu'il mourroit daus Madrigal, ville de la Castille, il ne voulut jamais y mettre le pied, et que, traînant sa mélancolie de lieu en lieu il viut mourir, sans y prendre

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Afrique. C'est ainsi que fiuit en Espagne la puissance des Maures, après l'avoir dominée depuis environ Soo aus. Ferdinand étant maitre de la Castille par sa femme, de Grenade par ses armes, et de l'Aragon par sa naissance, il ne lui manquoit que la Navarre, qu'il envahit ensuite. Dans le même temps que ce prince faisoit des conquêtes en Eu-garde, dans le village de Madrigarope, Christophe Colomb décou- léjo. Les juifs furent chassés d'Esvroit l'Amérique, et le faisoit son- pagne sous son règne, et ce bannisverain d'un nouveau monde. Ce sement eut quelques mauvaises suin'étoit pas assez pour Ferdinand ; tes; mais ce fut la seule plaie qu'il il envoie en Italie Gonsalve de Cor- fit à l'Espagne. Il humilia la haute doue, dit le Grand Capitaine, qui noblesse, rendit la force aux lois, s'empare d'une partie du royaume réforma le clergé, diminua les imde Naples, tandis que les Français pôts, donna les plus sages ordonse rendoient maitres de l'autre. nances, punit les magistrats prévaCeux-ci furent ensuite entièrement ricateurs, découvrit un nouveau chassés par les Espagnols, qui leur monde, conquit Grenade, Naples cherchèrent chicane sur les limites. la Navarre, Oran, et les côtes d'ACette conquète fut suivie de celle frique. Ce n'étoit pas sans raison que de la Navarre. Henri VIII, roi d'An- | Philippe II disoit : « C'est à lui que gleterre, étoit son gendre; il lui nous devons tout. » Mais lui-même proposa la conquête de la Guienne. ne dut pas peu à Gonsalve de CorLe jeune roi envoya une armée, et doue, envers qui il fut ingrat, et à son beau-père s'en servit pour con- Ximenès. (Voy. ces deux articles.) quérir la Navarre. Après cette usur- Ses conquêtes coûtèrent beaucoup à pation, il chercha des titres pour sa probité. Ses ambassadeurs lui la justifier il ne put trouver rapportant un jour que Louis XII qu'une bulle prétendue, qui ex- se plaignoit qu'il l'avoit trompé deux communioit le roi de Navarre, et fois. « Deux fois, interrompit qui donnoit son royaume au pre- Ferdinand, il en a bien menti, l'imier occupant. Ferdinand, appelé vrogne, je l'ai trompé plus de dix. » ie Sage et le Prudent en Espagne, Unprince italien, son contemporain, en Italie le Pieux, n'eut en France disoit de ce monarque: «< Avant de et en Angleterre que le titre d'am- compter sur ses promesses, je voubitieux et de perfide. Ces défauts drois qu'il jurât par un dieu en ternirent ses grandes qualités, car qui il crût.» «Il faut penser, dit un on ne peut lui refuser d'avoir | auteur estimé, que le surnom de été le plus grand roi de son siè- Catholique fut un sobriquet: car cle, souple, adroit, laborieux, assurément personne n'a moins poséclairé, connoissant les hommes sédé que lui l'esprit de religion... » et les affaires, fécond en ressources, Un historien d'abord trop accueilli, prévoyant les événemens, faisant la et ensuite trop dédaigné, Varillas, guerre en roi. Ce monarque mourut a tracé un portrait de Ferdinand, agé d'environ 65 ans, en 1516, au où il y a des choses bien vues: c'est village de Madrigalėjo, d'une hy- ce qui nous engage à le placer ici, dropisie, causée par un breuvage «Ferdinand, dit-il, ne perdit aucune que Germaine de Foix, sa seconde occasion de profiter des fautes de ses

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voisins, et de l'égarement de ses ne croit pas que les conquêtes faites peuples. Il fit contribuer à l'établis- en Amérique aient été aussi utiles sement de son autorité les deux à la monarchie espagnole que Varilseuls accidens de sa vie qui la pou- las le pense. Les richesses que l'Esvoient ruiner: je veux dire la mort pague en tira lui donnèrent d'abord, de sa femme, et la foiblesse de sa il est vrai, une sorte d'éclat et de fille. Il devint l'aîné de sa maison par boufissure; mais elles sapèrent les la mort de son frère dans une con- bases de sa puissance naturelle; sa joncture où la couronne d'Aragon population, son commerce, ses maétoit absolument nécessaire pour arnufactures. Des milliers d'artisans river à celle de Castille; et son ma- et de négocians abandonnèrent une riage avec la reine Isabelle ne fut pas fortune lente, mais sûre dans leur tant un fruit de son choix, que du patrie, pour courir après une forbesoin qu'elle eut de son bras et de tune brillante, mais souvent incerses armes pour se mettre en posses- taine, dans le nouveau-monde. La sion d'un héritage qui lui étoit con- plupart n'y trouvèrent qu'une mort testé. Il prévint ses rivaux et sur- précoce causée par le changement de monta ses ennemis. Il vit un grand climat, de nourriture et de mœurs. nombre de peuples, de mœurs diffé- L'Espagne perdit beaucoup plus que rentes, sous un même gouvernement, ses colonies ne gagnèrent. Cet arbre et sut tourner contre les infidèles les épuisé par le grand nombre de ses armes de ceux qui les avoient levées rameaux ne présenta, après les rècontre lui. Il poursuivit avec une per- gnes de Charles-Quint et de Phisévérance obstinée la guerre de Gre-lippe II, qu'un corps languissant. nade, et se rendit maître de ce royaume par des voies qui n'ont point encore été reconnues: ensuite il partagea celui de Naples avec les Français, et leur enleva après leur portion, rendit inutiles tous les efforts qu'ils firent pour le recouvrer, leur suscita tant et de si formidables adversaires, | qu'ils lui laissèrent prendre la Na-tôt en Europe, et a depuis décuplé, varre, lors même qu'ils étoient en l'Espague, quoique abondante en siétat de l'en empêcher. Il gagna des gnes des richesses, n'en fut guère batailles en Afrique, y subjugua des plus riche. C'est ce que Ferdinand royaumes, y retint des ports pour ne prévit pas. Ce prince ne laissa la sûreté du commerce, et les rem- que des filles. Jean, son fils, étoit plit de colonies juives dont il étoit mort avant lui, d'une chute de chesur le point de purger l'Espagne. Il val. Des quatre princesses qu'il eut pourvut à ce que ses successeurs ne d'Isabelle, l'aînée et la troisième manquassent point d'argent comme épousèrent successivement Emmalui, en leur procurant toutes les ri- nuel, roi de Portugal; Catherine, chesses du nouveau-monde, et leur la dernière, Henri VIII, roi d'Anlaissa tous les alignemens propres à gleterre ; et Jeanne, la seconde, fonder la monarchie universelle. En-Philippe, archiduc d'Autriche, héfin il surpassa tous les princes de son siècle dans la science du cabinet; et c'est à lui qu'on doit attribuer le premier et souverain usage de la politique moderne. » Au reste, Roustan

C'est ainsi que les hommes sont punis de leur ambition par leur ambition même. En invitant les sujets espagnols à préférer l'exploitation des mines à la culture des terres, le gouvernement se procura beaucoup d'or. Mais comme le prix de toutes les denrées nécessaires doubla bien

ritier, par sa mère, des dix-sept provinces des Pays-Bas et du comté de Bourgogne, et qui devoit encore ajouter à cette grande succession, après la mort de l'empereur Maxi

Naples; et Ximénès, sorti des ténèbres du cloître, tint d'une main ferme les rênes de l'administration. Voyez CANNAMARÈS.) Son Histoire a été écrite en 2 vol. in-12, par l'abbé Mignot.

X. FERDINAND VI, surnommé le Sage, né en 1713, de Philippe V, et de Marie de Savoie, sa première femme, monta sur le trône après la mort de son père, arrivée en 1746. Quoique Philippe V aimat tous ses enfans, il disoit souvent que Ferdinand étoit le meilleur. En effet, ce prince, naturellement bou, tranquille et doux, ouvrit son règue par des actes de bienfaisauce. I fit rendre la liberté aux prisonniers, pardonna aux contrebandiers et aux déserteurs, et assigna deux jours dans la semaine pour faire rendre justice à ses sujets. 11 prit part à la guerre de 1741, et sur-tout à la paix signée en 1748, qui procura la couronne des DeuxSiciles à un de ses frères, et à l'autre, les duchés de Parme et de Plaisance. Il profita de ce calme passager pour extirper les abus introduits dans les finances, rétablit la marine, abolit

milien son père, tout le patrimoine de la maison d'Autriche. Jeanne n'eut pas la force d'esprit de son père. Son cerveau se dérangea, et Philippe, pour la dépouiller des droits qu'elle lui avoit apportés, rendit public un accident dont il étoit en partie la cause, et qu'il auroit dû cacher avec soin. Ainsi Ferdinand, si heureux au dehors, si le bonheur des rois consiste dans la réussite des projets criminels, dans l'étendue de la puissance, dans l'abaissement et la servitude des peuples, eut des chagrins domestiques qui répandirent l'amertume sur ses derniers jours. Le surnom de Catholique lui fut donné par le pape, après l'expulsion des Maures, et ses successeurs en ont fait un titre héréditaire aux rois d'Espagne. Ferdinand, dit un publiciste, fut un homme extraordinaire on ne lui donnera point le titre glorieux de grand homme; il n'appartient qu'aux bienfaiteurs des nations. Il parut n'avoir qu'un seul objet en vue, l'agrandissement de ses états; mais le fanatisme ou la passion de l'autorité lui firent faire de très-grandes fautes. Il voulut étendre son empire sur les consciences et créa l'horrible tribu-le tribunal de la Nonciature, onénal de l'inquisition. Il ne prévit pas qu'il mettroit ses successeurs sous l'influence du sacerdoce, et que, laissant à l'autorité ecclésiastique le droit de prononcer sur des crimes réels et imaginaires, il anéantissoit l'autorité civile, et rendoit le trône le marche-pied de l'autel. L'intolérance lui fit expulser les juifs de son royaume; il eût mieux valu, par des lois douces et protectrices, en faire des hommes industrieux et de bons citoyens. Ferdinand vécut dans un siècle fécond en grands hommes, et il les fit servir à sa gloire. Il dut le nouveau-monde au génie de Colomb, à l'audace intrépide des Cortès, des Pizarres; Gonsalve de Cordoue lui conquit le royaume de

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reux à l'état, réforma le clergé régulier, et protégea le commerce, les arts et l'agriculture. L'Espagne, fécondée par ses bienfaits, vit sortir de son sein des manufactures en tout geure. Par ses soins, les Espagnols auparavant tributaires de l'industrie des autres nations, virent abonder chez eux les matières premières et les productions des arts. Des canaux pratiqués en différentes parties de l'état porterent l'abondance dans les campagues. Charles III son frère soutint dignement ses entreprises. Ferdinand VI mourut sans postérité à Madrid le 10 août 1759. Il avoit épousé en 1728 Marie-MagdelaineThérèse, infante de Portugal, qui avoit beaucoup d'ascendant sur lui.

Sa santé foible et délicate l'obligea | quelquefois de laisser gouverner les ministres que cette princesse lui donnoit, et qui n'étoient pas toujours favorables à la France.

XI. FERDINAND Ier, roi de Naples et de Sicile, succéda en 1458 à Alfonse d'Aragon, qui avoit réuni ces deux royaumes quelques années auparavant. Ferdinand eut de grands démêlés avec le pape Innocent VIII, et entra dans la ligue contre Charles VIII, roi de France. Il mourut en 1494, dans sa soixante et dixième année, détesté de tous ses sujets pour ses débauches, ses cruautés et ses exactions, laissant sur le trône un fils aussi méchant que lui. « L'un et l'autre firent périr, dit le P. Fabre, un grand nombre de prélats et de personnes de qualité, par le fer, par de longues prisons et par le poison.» Cependant Ferdinand protégea le commerce et les arts. Sous son règne s'établirent à Naples les manufactures de soie, de draps et de brocarts, et l'imprimerie qui y fut portée par Arnaud de Bruxelles. It réforma les tribunaux et améliora | l'instruction publique. Il fut auteur d'un acte de clémence qui servit de motif à l'institution d'un nouvel ordre de chevalerie. Son beau-frère Morino Marzano conspira contre ses jours; mais le complet fut découvert. On conseilloit à Ferdinand de l'envoyer au supplice; il lui fit | grace, pour n'avoir point à se reprocher le deuil de sa sœur, et institua en mémoire de ce pardon | l'ordre de l'Hermine, animal dont la propreté est extrême, avec cette devise: Malo mori quàm fædari. Cet emblème et cette devise furent ensuite adoptés en France par les états de Bretagne.

+ XII. FERDINAND Ier, grandduc de Toscane, successeur de son frère François II, mort en 1587, gou

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verna son petit état avec sagesse. Des le commencement de son règue, il le délivra d'une multitude innombrable de bandits qui s'étoient tellement fortifiés, qu'ils y avoient formé des habitations. La Méditerranée étoit infestée par les corsaires, qui venoient sans cesse ravager les côtes d'Italie, et qui troubloient le commerce par leurs pirateries continuelles. Ferdinand, pour remédier à ces désordres, équipa une flotte, leur donna la chasse, remporta sur eux de grands avantages, leur enleva plusieurs navires, et les poursuivit jusqu'en Afrique, où il se rendit maitre de quelques places qu'il fit raser. Ses succès fureut si grands, que peu s'en fallut que sa flotte ne prit Famagouste en Chypre. Animé par tant d'avantages, il voulut se délivrer entièrement du joug des Espagnols, et agit avec tant d'adresse et de prudence, qu'il vint à bout de les faire sortir des terres de sa domination. Ami de la justice, il prit toujours le parti des princes injustement persécutés, et les aida de ses conseils et de ses trésors. La France lui a obligation de l'argent qu'il prêta généreusement à Henri IV, pour se soutenir contre les fureurs de la ligue. Il mourut en 1609, regardé comme un bon politique.

+ XIII. FERDINAND II, grandduc de Toscane, successeur de Cosme II, ne se fit pas moins estimer par sa prudence que Ferdinand Ier. Il sut garder une exacte neutralité dans les guerres survenues entre la France et l'Espagne. Comme la paix I dont il faisoit jouir ses sujets augmentoit ses revenus, il eu fit un noble usage en défendant l'Italie, et en secourant les Vénitiens dans la guerre de Candie. Il mourut en 1668, ayant gouverné l'état de Toscane depuis 1620. Ferdinand avoit épousé Victoire, petite-fille de François

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