& que tous ceux de la partie méridionale de l'ifle naifAutres Peuples foient avec des queues comme lui. Mais Jean Struys eft nation Chinoife. le feul qui attefte l'existence de cette race d'hommes foumis à la domi_ extraordinaires : tous les Ecrivains qui ont parlé de Formose, n'en font aucune mention. Un autre fait non moins fingulier, & qui ne paroît pas plus authentique, c'est que, dans cette ifle, on ne permet point aux femmes d'accoucher avant trente-cinq ans, quoiqu'il leur foit libre de se marier long-temps avant cet âge. Rechteren (*) s'exprime ainfi fur cette étrange coutume: » D'abord que » les femmes font mariées, elles ne mettent point d'enfans » au monde ; il faut au moins, pour cela, qu'elles aient trente-cinq ou trente-fept ans. Quand elles font groffes, » leurs Prêtreffes vont leur fouler le ventre avec les pieds, » s'il le faut, & les font avorter avec autant ou plus de » douleur qu'elles n'en fouffriroient en accouchant; ce » feroit non feulement une honte, mais un gros péché » de laiffer venir un enfant avant l'âge prefcrit. J'en » ai vu qui avoient déjà fait quinze ou feize fois périr » leur fruit, & qui étoient groffes pour la dix-feptieme » fois, lorsqu'il leur étoit permis de mettre un enfant » au monde «. Au moment où nous achevons la defcription de Formofe, nous apprenons le défaftre affreux que cette isle malheureuse vient d'effuyer. Ces détails nous font parvenus par une Lettre de Pe-king, adreffée à M. Bertin; fa date eft du 14 Juillet 1782. » Les eaux de l'Océan ont failli d'enlever à la Chine (*) Recueil des Voyages de la Compagnie Hollandoise, tome V, page 96. » une des plus belles poffeffions qu'elle ait fur la mer. » Peu s'en eft fallu qu'elles n'aient englouti l'ifsle de Autres Peuples Tay-ouan, connue en Europe fous le nom de l'ifle de foumis à la domi دو » Formofe. On a débité ici qu'une partie de la montagne " " " qui partage cette isle, s'étoit enfoncée & avoit disparu, » que le reste avoit été comme bouleverfé, & qu'une grande partie des habitans avoit péri. Tels ont été » pendant quelques jours les bruits populaires de cette capitale. Le Gouvernement les a fait ceffer en inf» truifant le Public de l'exacte vérité, telle qu'elle avoit » été annoncée à l'Empereur par les Officiers qui ont » dans leur district cette petite portion de fes Etats. Je » ne puis rien faire de mieux que de tranfcrire ce qu'ils » en difent ". Les dépêches des Officiers Chinois, adreffées à l'Empereur, font conçues ainfi. » Bechen, Gouverneur-Général des Provinces du Fou» Kien & de Tche Kyang-ya, Vice-Roi du Fou-Kien, ,, & les autres, font favoir à Votre Majesté le désastre » nouvellement arrivé à l'ifle de Tay ouan. Mon-ha-hon » & les autres principaux Officiers de cette ifle nous ont » écrit que le 21 de la quatrieme lune (22 Mai 1782), » un vent des plus furieux, accompagné d'une groffe pluie » & d'une marée plus haute qu'on ne l'avoit jamais vue, les avoit tenus dans la crainte continuelle d'être en» gloutis dans la mer, ou abîmés dans les entrailles de » la terre, depuis l'heure yn (les heures Chinoises font » le double des nôtres, l'heure yn commence à trois » heures du matin & finit à cinq heures), jusqu'à l'heure » ouei (l'heure ouei commence à trois heures après midi, nation Chinoife. Autres Peuples foumis à la domination Chinoise. » & finit à cinq); cet affreux orage s'annonça en même " " Autres Peuple foumis à la domi » au plus tôt. Après avoir reçu cette Lettre de Mon-ha-hon lant, & au Trey-ouer, Général de la province, pour qu'ils couverte des vaiffeaux, navires, &c. qui avoient dif» paru, de radouber les vaiffeaux qui n'étoient pas hors » de service, d'envoyer promptement chercher le fel & » autres provifions néceffaires fur les lieux les plus voifins; » mais fur-tout de s'informer exactement des différentes » pertes qu'a faites le peuple, & du nombre précis des » hommes qui ont péri, afin que je puiffe moi-même en » informer Votre Majefté, &c. « L'Empereur de la Chine a fait publier lui-même ces détails, &y a joint la Lettre fuivante. Tchang-Yu, &c. Tchem-hoeï-Thon-Tfongtou, du » Fou-Kien & les autres, m'ont fait favoir le triste évé»›nement, qui a eu lieu dans l'ifle de Tay-quan, qui » est un district de la province de Fou-Kien. Ils m'ont → écrit que le 22, 4° de la lune. (L'Empereur répete ici -» ce qui eft dit dans la Lettre qu'on vient de lire, & » continue ainsi:) J'ordonne au Tfong-tou de s'informer » exactement de tous les dommages en différens genres » qu'auront soufferts à cette occafion les habitans de Autres teuples, foumis à la domination Chinoife. l'ifle, & de m'en inftruire dans les plus grands détails, afin que je puiffe leur donner tous les fecours nécef» faires pour les réparer; mon intention eft qu'on re» leve à mes propres frais toutes les maisons abattues, » qu'on répare celles qui n'auront été qu'endommagées, » & qu'on leur affigne les provifions de bouche & de » toutes chofes qui font du premier befoin. J'entends » que cela s'exécute en toute rigueur, à l'égard de tous » ceux, fans exception, qui font dans ce cas; je ferois » fâché qu'un feul d'entre eux fût oublié : c'est pourquoi je recommande la plus grande diligence & la plus exacte » recherche. Je veux que mes fujets ne doutent en au» cune maniere de la tendre affection que j'ai pour eux, » & qu'ils fachent que tous font fous mes yeux, & que » je veux pourvoir moi-même à leurs befoins. Pour ce qui eft de mes vaiffeaux de guerre, des tribunaux, des greniers & autres édifices publics, qu'on les rétablisse » dans leur premier état, en prenant dans le tréfor de » l'Etat tout l'argent qui fera néceffaire pour cette dépenfe, & qu'on m'en présente le résultat «. 4 Le Miffionnaire qui envoie ces nouvelles, ajoute que dans ces Lettres il n'est pas question du tremblement de terre auquel on doit attribuer ce défaftre; mais il dit que le volcan qui l'a occafionné, doit être à une très-grande profondeur fous la mer. Il ne prétend pas en donner l'explication; il fe contente d'obferver que tout paroît s'être paffé à l'ifle Formose comme à Lima & à Lisbonne. LIVRE |