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le 26 jufqu'aux 32 & 33 degrés au deffus de zéro; le 23 Juillet, à trois heures après midi, le thermometre est monté à 34 ¦ degrés, & s'est foutenu à cette hauteur jusqu'à quatre heures & demie; le 24 du même mois, il eft monté au 33° degré vers trois heures; une demi-heure après, le temps s'eft obfcurci, & il s'eft élevé un vent fort, mêlé d'une pouffiere épaiffe, qui a duré une demi-heure; pendant ce temps, le thermometre a commencé à defcendre; à quatre heures, le vent a ceffé & il est tombé de la pluie; le thermometre étoit à 33 degrés; le 25 & le 26 Juillet, le thermometre est monté à 29 degrés, & le 28 33 degrés par un vent du Nord,

Le 29 Juillet, le Pere Amiot mit dans un réseau de fortes ficelles, un bloc de glace de figure irréguliere, & il le fufpendit à une balance placée en plein air expofée au vent & à tous les rayons du soleil.

A 6 heures du matin, le thermometre, exposé au Nord, étant à 26 degrés & demi, la glace fut pefée; fon poids étoit de so livres.

A 7 heures,

thermometre à 27 degrés, poids de la glace 46 livres.

Province

de Pe-tcheli.

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(Il faut remarquer que le vent étoit Nord & plus fort qu'il n'étoit ci-devant ).

A 11 heures, le thermometre à 32 degrés, poids de la glace 19 livres.

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A 3

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( Il faut remarquer que depuis 4 heures, la glace s'eft trouvée à l'ombre).
A 6 heures, le thermometre à 32 degrés, poids de la glace 11. 4 onc.
la glace ne fut pas pesée.

A 7

A 8

......

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A 9 ...... il n'en reftoit plus qu'un morceau de la groffeur d'une noix: il a fallu par conféquent 15 heures de temps pour que ce quartier de glace, pefant so liv. exposé au vent & aux ardeurs d'un foleil brûlant, ait pu fondre entiérement.

On doit remarquer encore que cette glace étoit déjà

C

Province de Pe-tcheli.

hors de la glaciere depuis deux ou trois jours, car le Pere
Amiot rapporte qu'il la fit acheter chez l'un de ceux qui
font payés par l'Empereur pour donner gratis de l'eau fraîche
à boire à tous ceux qui en demandent. La glace récemment
tirée de la glaciere, fond bien plus difficilement, & on la
tranfporte à Pe-king, d'un endroit à l'autre, même pen-
dant les plus fortes chaleurs de l'été, fur des brouettes
découvertes, avec auffi peu de précaution que
que fi l'on tranf-
portoit de fimples briques ou des cailloux, elle ne laiffe
d'autre trace après elle, le fong du chemin, qué quelques
gouttes qu'elle laiffe tomber par 'intervalle. On eft donc
fondé à conclure de ces obfervations, que cette glace
n'est fi long-temps à fondre que parce qu'elle est imprégnée
d'un grand nombre de particules nitreufes, qui la confer-
vent très-long-temps dans fon état de congélation.

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Le Pere Amiot rapporte encore, que toutes les eaux, foit de puits, foit de riviere, ont à Pe-king une qualité qui doit paroître finguliere; elles dépofent une espeče de tartre dans les vases où elles féjournent, & dans ceux où ön les fait bouillir. Les Chinois appellent cette efpece de tartre du nom de kien; il est blanc quand il est déposé par les eaux qui n'ont pas encore fubi l'action du feu, & jaunâtre quand il est dépofé par les eaux cuites : ce kien n'a ni odeur ni faveur, & n'eft propre à rien. » La premiere » occafion que j'eus de le connoître, dit le Pere Amiot, » me fut présentée par le hafard; je faifois remplir tous » les foirs, d'eau fraîchement tirée du puits, un petit vase » de porcelaine; ce vafe avoit un couvercle que je fermois toujours exactement, pour empêcher que les infectes ou » la pouffiere ne vinffent à falir mon eau. Après quelques

"

» mois, je m'apperçus que dans le fond & tout autour, il s'y étoit formé comme une croûte, de l'épaiffeur d'une » feuille de papier; cette croûte étoit fi adhérente, qu'il » fallut employer la pointe du couteau pour la détacher. » A cette occafion, voulant faire une leçon de propreté à "mon domestique, il me répondit que ce que je voyois » n'avoit rien de rebutant, que c'étoit-là le dépôt ordinaire » des eaux du pays,& que je ferois bien plus furpris, fi je voyois comment ce kien tapiffoit tout l'intérieur des » coquemars & autres uftenfiles de cuifine, dans lefquels » on fait cuire l'eau. Je m'en fis apporter un fur le champ, » & je me convainquis par mes propres yeux, que mon » Chinois m'avoit dit vrai. Une croûte jaunâtre, d'environ » quatre à cinq lignes d'épaiffeur, tapiífoit tout l'intérieur » de cet uftenfile, de la même maniere que le tartre tapiffe » l'intérieur d'un vieux tonneau; j'en détachai un morceau

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que je portai au nez, à la bouche, & que j'examinai » 'dans tous les fens ; je n'y trouvai rien qui pût me fervir » à le définir. Ne feroit-ce pas un fel dépravé (infatuatum), » où un nitre mort, qu'on pourroit revivifier par le moyen de l'air ou du feu? Je ne fuis point Chimiste, je m'exprime comme je peux fur une matiere que je n'entends » pas ".

2o. Si les eaux de la province du Pe-tcheli contiennent beaucoup de nitre, il n'eft pas moins certain que l'air qu'on y refpire en est abondamment chargé. Voici quelques preuves de fait, qu'on ne révoquera pas en doute: 1°. Malgré des alimens peu sains, tel que la chair de la plupart des animaux domestiques, morts de vieilleffe ou de maladie, dont le bas peuple de cette province se repaît avidement; malgré la

Province

de Pe-tcheli.

Province

de Pe-tcheli.

mal-propreté & toutes les incommodités qui réfultent d'un logement bas, humide, refferré, où tous les individus d'une même famille font, pour ainfi dire, entaffés les uns fur les autres, il ne fe forme point de pefte dans le Pe-tcheli, & l'on n'y voit prefque aucune de ces maladies épidémiques qui font fi communes en Europe. 2°. Tous les comestibles se confervent à Pe-king, pendant un temps affez considérable, fans être sujets à la corruption: on y mange des raisins frais jufqu'à la Pentecôte, des poires & des pommes jusqu'à la Saint Jean; les fangliers, les cerfs, les daims, les chevreuils, les lapins, les lievres, les faifans, les canards, les oies, & tout le gibier qu'on apporte de la Tartarie à Pe-king, dès le commencement de l'hiver; les poiffons de toute efpece, qu'on y transporte auffi des rivieres du Leaotong, fe confervent, fans le fecours du fel, dans leur état de congélation pendant deux ou trois mois, quoique chaque jour on les expose au marché, & que chaque jour on les porte du marché dans les maisons particulieres, & des maisons particulieres au marché, jusqu'à leur débit total, qui n'a lieu ordinairement que vers la fin de Mars : il est certain que ces faits annoncent dans l'air une qualité antiputride, qui ne peut être que le résultat de la grande quantité de nitre qu'il contient.

3°. Le nitre n'est pas moins abondant dans la terre qui forme le fol du Pe-tcheli; il fuffit de s'éloigner de Pe-king de deux ou trois lieues, n'importe par quel rumb de vent, pour découvrir des champs entiers qui en font couverts. Tous les matins, au lever du foleil, la campagne, dans certains cantons, paroît auffi blanche que fi une légere couche de neige commençoit à fondre fur fa fuperficie.

W

Province

En ramaffant avec un fimple balai tout ce qui est blanc, on en tire beaucoup de kien, du nitre & du fel. On prétend de Pe-tcheli. que ce fel peut tenir lieu du fel ufuel; il est au moins. certain qu'à l'extrémité de la province, vers Siuen-hoa-fou, les pauvres & la plupart des paysans n'en emploient pas d'autre. Pour ce qui regarde le kien de terre, on s'en fert pour laver le linge, comme nous nous fervons du favon. Quoique les terres du Pe- tcheli foient chargées d'une grande quantité de parties nitreufes, elles ne forment cependant pas d'arides déferts; on les cultive avec foin, & un travail opiniâtre les force de devenir fertiles; elles gelent en hiver jusqu'à trois ou quatre pieds de profondeur, & elles ne dégelent que vers la fin de Mars, ce qui fuffit pour expliquer comment la gelée tue, aux environs de Pe-king, des plantes que M. Linnæus a élevées dans la Suede, qui eft de près de vingt degrés plus feptentrionale que ne l'est la capitale de l'Empire Chinois.

ARTICLE II.

Province de Kiang-nan.

KIANG-NAN, qui eft la feconde province de l'Empire, eft, fans contredit, l'une des plus fertiles, des plus commerçantes, & par conféquent des plus riches de la Chine; elle eft bornée au couchant par les provinces de Ho-nan & de Hou-quang, au midi par celles de Tche-kiang & de Kiang-fi, au levant par le golfe de Nan-king; le reste confine à la province de Chan-tong.

Les Empereurs ont tenu long-temps leur Cour dans

Province

de Kiang-nan.

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