Images de page
PDF
ePub

kieou.

Outre les vaftes domaines que le Roi poffede, il perçoit encore le produit des mines de foufre, de cuivre Des ifles de Licou& d'étain, des falines, & les impôts. C'eft fur ces revenus qu'il paye les appointemens des Grands de fa Cour & des Mandarins. Ces appointemens font défignés par un certain nombre de facs de riz; mais fous ce nom, on comprend ce que donne le Roi en grains, riz, foie, toile, &c. Le tout eft évalué selon le prix des facs de riz.

On compte, comme à la Chine, neuf ordres de Mandarins, qu'on diftingue par la couleur de leur bonnet, par la ceinture & par le couffin. La plupart des Mandarinats font héréditaires dans les familles; mais il en est plusieurs qui ne fe donnent qu'au mérite. La ville royale a des Tribunaux généraux, établis pour prendre connoiffance des revenus & des affaires de la grande ifle, & de toutes les autres qui en dépendent. Celles-ci ont des agens, fixés à la Cour. On y trouve auffi des Tribunaux particuliers pour les affaires civiles & criminelles ; pour ce qui regarde les familles des Grands & des Princes; pour les affaires de religion, les greniers publics, les revenus du Roi, les impôts; pour le commerce, les fabriques, les manufactures; pour les cérémonies civiles; pour la navigation, les édifices publics, la Littérature &

[blocks in formation]

Les vaiffeaux qu'on construit dans ces ifles font estimés des Chinois & des Japonois. Ils vont non feulement d'une ifle à l'autre, mais encore à la Chine, au Tong-king, à la Cochinchine, en Corée, à Nanga-za-ki, à Satfuma, dans les ifles voifines, & à Formofe. C'est dans ces différens lieux que ces Infulaires tranfportent les

K k

Des ifles de Licoukieou.

que

productions de leur pays. Outre les objets de commerce leur fourniffent leurs manufactures de foie, de toile,, de papiers, d'armes, d'uftenfiles de cuivre, &c. ils en font encore un considérable de leurs nacres de perle, de coquillages, de corail, d'écailles de tortue, & de pierres à aiguifer, qui font extrêmement recherchées tant à la Chine qu'au Japon.

On parle dans les ifles de Lieou-kieou trois Langues: particulieres, qui ne font ni la Chinoise, ni la Japonoise. Le langage de la grande isle est le même que celui des ifles voifines; mais il eft différent de celui des ifles du nord-eft, & de celui des ifles du fud-ouest. Les lettres qu'on s'écrit, les comptes, les ordres du Roi, font en langage du pays & en caracteres Japonois; les Livres de Morale, d'Hiftoire, de Médecine,, d'Aftronomie ou d'Aftrologie, font écrits en caracteres Chinois. La forme & la diftribution de l'année, dans le Lieou-kieou, font les mêmes qu'à la Chine. On y fuit le calendrier de l'Empire; & les mots qui expriment les noms des heures, des jours, des années, des fignes du zodiaque, fignifient exactement la même chose.

Les maisons, les temples, le palais du Roi, font bâtis à la Japonoife; mais les maifons des Chinois, l'hôtel de l'Ambassadeur de cette nation, le collége impérial, le temple de la Déesse Tien-fey, font conftruits à la Chinoise. Dans un grand nombre de temples & de bâtimens publics, on voit des tables de pierre & de marbre, où font gravés des caracteres Chinois en l'honneur des Empereurs de la Chine, depuis Hong-vou jufqu'à ceux de nos jours. On lit auffi plufieurs infcriptions Chinoifes

fur les arcs de triomphe & dans le palais du Roi; il
s'en trouve de même plufieurs en caracteres Japonois, & Des ifles de Licou-
quelques-unes, mais en petit nombre, en caracteres In-
diens.

En général, les Infulaires de Licou-kieou font doux, affables, fobres, adroits, laborieux, ennemis de l'esclavage, du mensonge & de la fourberie. A l'exception des Grands, des Bonzes & des Chinois établis à Lieou-kieou, peu d'habitans de la grande ifle & des autres favent lire & écrire. S'il arrive que des Paysans, Artisans, ou foldats fachent l'un & l'autre, on les oblige à se raser la tête comme les Bonzes. Tous les autres portent au haut de la tête une espece de toupet, autour duquel eft un

cercle de cheveux très-courts.

Ces peuples aiment les jeux & les divertissemens. Ils célebrent avec pompe & avec éclat les fêtes inftituées pour le culte de leurs Idoles, pour la fin & le renouvellement de l'année. L'union regne entre les familles & les particuliers, & ils ont foin de l'entretenir par les fréquens repas auxquels ils s'invitent mutuellement. Le suicide eft inconnu parmi ces Infulaires ; il n'y a que les ifles du nord-est, qui, étant plus voisines du Japon, semblent se reffentir de cette proximité pour les vices comme pour les ufages.

kieou.

LIVRE QUATRIEM E.

HISTOIRE NATURELLE DE LA CHINE.

Climat de la Chine; fes montagnes, Jes

ARTICLE PREMIER.

Climat de la Chine; ses montagnes, fes lacs, fes rivieres..

LA Chine eft trop étendue pour que toutes ses provinces jouiffent de la même température; leur climat. lacs, fes rivieres. & la nature du fol different, felon qu'elles s'approchent ou qu'elles s'éloignent du midi; on éprouve des froids rigoureux à Pe-king, & les chaleurs font exceffives dans. les provinces méridionales. L'air, en général, y eft fain;, & les hommes y parviennent communément à une vieilleffe avancée.

Les principales montagnes de la Chine s'élevent au nord & à l'occident. Les unes font fertilifées par le travail &. l'industrie du paysan Chinois; les autres, stériles & rocailleuses, restent sans culture, parce qu'elles n'en font point fufceptibles. Celles des provinces de Chen-fi, de. Ho-nan, de Quang-tong, & de Fo-kien font très-peu cultivées; mais elles portent des arbres de toute espece, grands droits, propres à être employés pour les édifices, & fur tout pour les mâtures & la conftruction des vaiffeaux. L'Empereur en fait usage pour ses bâtimens particuliers, & tire quelquefois de ces montagnes des colonnes énormes, qu'il

Climat de la Chines

fait venir de trois cents lieues par eau comme par terre, pour être employées dans fon palais ou dans des ouvrages pu- fes montagnes, fes blics. D'autres montagnes ne font pas moins utiles par lacs, fes rivieres. les mines de fer, d'étain, de cuivre, de mercure, d'or & d'argent, qu'elles renferment. Des vûes fages & politiques ont empêché long-temps l'exploitation de ces dernieres. Les Chefs éclairés des premieres Dynasties favoient que des richeffes factices & d'opinion ne font point la base de la profpérité des Etats; ils craignoient d'ouvrir les fources du luxe, & de porter les peuples à négliger les richeffes naturelles de leur fol, en les appliquant à d'autres travaux qu'à ceux de l'agriculture. Vers le commencement du XVe fiecle, l'Empereur Tchingfou fit fermer une mine de pierres précieuses, ouverte par un Particulier. » Les travaux inutiles, difoit ce Prince, produifent la stérilité; une mine de pierres précieuses ne » fournit pas de grains ». Aujourd'hui l'on eft moins fcrupuleux, & il eft certain que les Chinois font un trèsgrand commerce d'or.

[ocr errors]

Les Chinois rapportent de quelques-unes de leurs montagnes des phénomenes finguliers & extraordinaires, qui feront, à juste titre, fufpecter leur crédulité. Il en est plusieurs, disent-ils, qui ne produifent que des herbes utiles & falutaires, & où toutes les autres ne peuvent croître. Ils affurent que quelques-unes ont la propriété de rendre immortels ceux qui s'y retirent; qu'une montagne du Chen-fi, qui a la figure d'un grand coq, chante quelquefois fi haut, qu'elle fe fait entendre de trois lieues; qu'une autre, dans la province de Fokien s'ébranle quand le ciel menace de quelque orage, &.

« PrécédentContinuer »