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Lacs, fes rivieres.

fe balance en différens fens, comme un arbre que le Climat de la Chine; vent agite. On en voit une, dans la province de Kiang-fi, fes montagnes, fes qu'on nomme le Dragon-tigre, parce que les Bonzes prétendent que fa partie fupérieure, qui a la figure de dragon, s'élance fur celle qui eft au deffous, & qui représente un tigre. Les Chinois admirent fur-tout une montagne du Fo-kien, qui, dans fa totalité, n'eft autre chose qu'une ftatue ou figure de l'Idole Foé. Ce coloffe est si monftrueux, que les yeux en font larges de plufieurs milles, & le nez long de plusieurs lieues. Comment les Chinois, qui aiment les beautés camuses, ont-ils pu donner à leur Idole favorite un nez d'une fi prodigieuse étendue? Il faut bien que la configuration de cette montagne ne soit point leur ouvrage. Enfin, ce qu'on rapporte d'une montagne du Chen-fi n'est pas moins admirable: elle vomit des tourbillons de flammes, elle excite des pluies, des vents, des orages, dès qu'on bat près d'elle du tambour, ou qu'on joue de quelque autre instrument.

Les principaux lacs de la Chine font le Tong-ring-hou, fitué dans la province de Hou-quang, & qui a plus de quatre-vingts lieues de circonférence; le Tai-hou, qui s'étend partie dans le Kiang-nan, partie dans le Tche-kiang; le Hong-fe & le Kao-yeou de la province de Kiang-nan ; & le Poyang-hou, formé dans le Kiang-fi par la réunion quatre rivieres confidérables, & fujet, comme la mer, aux ouragans & aux tempêtes. Ce dernier lac a près de cent lieues de longueur.

de

Entre une infinité de fleuves & de rivieres qui arrosent ce vaste royaume, il en est deux qui il en eft deux qui jouiffent d'une célébrité particuliere. Le premier est le Yang-tse-kiang, ou

fes montagnes, fes

Fits de la Mer. Il prend fa fource dans la province d'Yunnan, traverse celle de Se-tchuen, de Hou-quang, de Climat de la Chine, Kiang- nan, &, après avoir arrofé quatre provinces lacs, fes rivieres. dans une étendue de quatre cents lieues, il fe jette dans la mer orientale, vis-à-vis l'ifle Tfong-ming, formée à fon embouchure par les fables qu'il y charrie. Les Chinois ont coutume de dire en proverbe : La mer n'a point de rives, & le Kiang eft fans fond. Devant Nan-king, & à plus de trente lieues de fon embouchure, ce fleuve a une petite demi-lieue de large. Le paffage en est dangereux, & devient de jour en jour plus fameux par les naufrages. Il forme dans fon cours, qui eft extrêmement rapide, un grand nombre d'ifles, toutes utiles à la province, par la multitude de joncs, de dix à douze pieds de haut, qu'elles produifent, & qui fervent au chauffage de toutes les villes voisines. Mais quand les torrens des montagnes enflent le Kiang, il devient alors fi impétueux dans fon cours, qu'il fubmerge & emporte la plupart de ces ifles, & de leurs débris en forme d'autres. dans les différens endroits de fon lit où il les dépose.

L'autre grand fleuve de la Chine est le Hoang-ho, c'està-dire, le fleuve Jaune. Les Chinois l'appellent ainsi, parce que les terres & l'argile qu'il entraîne, fur-tout au temps des pluies, communiquent cette couleur à ses eaux. Il prend fa fource dans les montagnes qui bordent la province de Se tchuen à l'occident, & après un cours d'environ 600 lieues à travers la Tartarie & la Chine il va fe perdre dans la mer orientale, affez près de l'embouchure du Kiang. Il eft fort large & fort rapide, mais peu profond & peu navigable. Souvent il arrive

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que
dans fes débordemens il enfevelit des villes entieres;
& il a fallu, pour le réprimer, élever dans plufieurs
endroits de longues & de fortes digues, qui n'empêchent
cependant point les villes d'alentour de craindre encore
fes inondations. Auffi a-t-on eu foin dans la province
de Ho-nan, dont les terres font fort baffes, d'entourer
la plupart des villes, à la distance d'un demi-quart de lieue
des murs,
d'un bon rempart de terre,
terre, revêtu de
revêtu de gazon.
On doit fur-tout admirer l'intelligence avec laquelle
les Chinois favent tirer le parti le plus avantageux de
l'heureuse fituation de leurs lacs & de leurs rivieres. Un
de leurs plus grands ouvrages en ce genre, est la célebre
route qui conduit par eau depuis Canton jusqu'à Pe-king,
& qui lie toutes les provinces du midi à celles du nord.
Cette route, qu'on appelle le Canal royal, eft de fix cents
lieues, & la navigation n'eft interrompue qu'à la mon-
tagne Meiling, où les voyageurs font obligés de faire dix
à douze lieues par terre. On peut cependant ne pas quitter
les barques, lorfqu'on dirige fa route par les provinces de
Quang-fi & de Hou-quang. On fent combien il a dû en
couter de travaux pour opérer la communication d'un si
grand nombre de rivieres, & combien d'obstacles ont
dû fe rencontrer dans l'exécution d'un canal auffi étendu:
des ouvrages de toute efpece, des éclufes, des digues,
des levées en pierres de taille, ont forcé par-tout les
réfiftances de la Nature. A ce canal principal, on en voit
aboutir un grand nombre d'autres qui fe prolongent dans
les terres, & communiquent aux villes, bourgs & bour-
gades voifines. La plupart de ces canaux particuliers ont
été exécutés aux frais de la communauté de ces villes &

de

lacs, fes rivieres.

de ces bourgs, qui n'ont ménagé ni peines ni dépenses pour fe procurer le précieux avantage d'avoir une com- Climat de la Chine; munication facile pour le tranfport de leurs denrées dans les montagnes, fes toutes les provinces de l'Empire. La patience & l'opiniâtreté Chinoises, dans ces fortes d'entreprises utiles, ont même furmonté des obstacles qui auroient peut-être effrayé tout autre peuple. Telle eft, par exemple, la partie d'un canal qui conduit de Chao-hing à Ning-po. On trouve, en cet endroit, deux canaux dont les eaux ne fe communiquent point, & dont le niveau differe de dix à douze pieds. Pour rendre ce paffage praticable aux barques, les Chinois ont conftruit un double glacis en larges pierres, ou deux plans inclinés, qui s'uniffent en angle à leur extrémité, & s'étendent de part & d'autre jufqu'à la furface de l'eau. Si la barque eft dans le canal inférieur, on la guinde, par le moyen de plusieurs cabeftans, fur le plan du premier glacis, jufqu'à ce qu'étant élevée fur l'angle, elle retombe par fon propre poids le long du fecond glacis dans l'eau du canal fupérieur, où elle fe précipite avec la rapidité de la fleche. Il est étonnant que ces barques, qui font ordinairement fort longues & très-chargées, ne se rompent point par le milieu, lorsqu'elles fe trouvent ainsi balancées en l'air fur cet angle aigu. Cependant on ne dit point qu'il arrive d'accident à ce passage. Il est vrai qu'on a la précaution de n'employer pour faire la quille de ces barques qu'un bois extrêmement dur, & capable de résister à la violence de cet effort.

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Nous rapporterons ici le phénomene qu'offre une riviere de la Chine, & qu'a obfervé le P. le Couteux, Miffionnaire François. Cette riviere coule vers Ché-pai,

Climat de la Chine; fes montagnes, fes lacs, fes rivieres.

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groffe bourgade fituée au deffous de Ngan-lo, dans la
province de Hou-quang. Nous ne changerons rien au récit
du Miffionnaire. » Quelques lieues au deffus & au deffous
» du bourg de Ché-pai, la riviere se trouve confidéra-
» blement diminuée, fans qu'il fe faffe aucun partage de
» fes eaux; & à huit ou neuf lieues au deffous, elle re-
prend fa premiere grandeur fans recevoir de nouvelles
» eaux, autres que celles de quelques petits ruiffeaux, qui,
» pendant la plus grande partie de l'année, font presque à
"fec: vis-à-vis Ché pai, elle eft tellement diminuée, qu'à la
» réserve d'un canal voifin qui n'eft pas fort large, je l'ai paffée
» & repaffée plusieurs fois avec le fecours d'une fimple
perche. J'ai toujours été furpris de trouver là cette riviere.
» si basse & fi étroite; mais je n'ai pensé à en chercher la
» raison qu'à l'occafion d'un naufrage que fit une groffe
barque qui appartenoit à une famille chrétienne. Dans
» l'endroit où la riviere diminue prefque tout à coup,
» elle coule avec une extrême rapidité; & dans le lieu
» où elle reprend fa grandeur, elle est également ra-
pide. A la fixieme lune, que les eaux étoient grandes
» & le vent assez fort, la barque dont je parle arrivant au
» deffus de Ché-pai, fut jetée sur un banc de fable; car
» entre ces deux endroits tout eft plein d'un fable mouvant
qui change continuellement de place. Le Batelier jeta
» l'ancre jufqu'à ce que le vent diminuât & lui permît de
» continuer fa route; mais un bouillonnement de fable
» mouvant, qui vint de deffous l'eau, jeta fa barque fur
» le côté; un fecond bouillonnement lui fuccéda, puis
» un troisieme & un quatrieme, qui mirent la barque en
» pieces......... Quand j'arrivai à cet endroit où fe fit le:

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