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L'envoi de ce dénombrement étoit accompagné d'un état de comparaison des années vingt-cinq & vingt-six du regne de KIEN-LONG, c'est-à-dire, des années 1760 & 1761. Dans la premiere, on comptoit à la Chine 196,837,977 bouches; dans la feconde, on en trouve 198,214,553: il réfulte donc une augmentation de 1,376,576 dans le cours d'une feule année. Mais vingt autres années se sont écoulées depuis l'époque de ce dénombrement; & puisqu'il eft prouvé par les faits que la population fuit depuis long-temps à la Chine une marche progreffive, n'est-il pas dès-lors à préfumer que cet Empire contient aujourd'hui plus de deux cents millions d'habitans? On conviendra fans doute qu'il n'eft aucun Souverain dans l'Univers qui commande à autant d'hommes, réunis en une miême fociété, & régis par les même loix.

Mais d'où provient, dira-t-on, cette intariffable multipli

cation

Chine.

cation d'hommes dans cette partie reculée de l'Afie ? Estelle due aux feuls germes physiques; ou ceux-ci ne font Population de la ils fécondés à ce point que par l'influence des inftitutions morales & politiques? Il feroit difficile de donner une folution précise de ce problême; mais on peut dire, en général, que les caufes les plus apparentes de cet excès de population font les fuivantes : 1o. la piété filiale maintenue au milieu de cette grande 'nation, & les prérogatives de la paternité, qui font qu'un fils eft la plus riche & la plus sûre propriété de fon pere; 2o. la honte attachée à la mémoire de ceux qui meurent fans poftérité; 3°. les mœurs générales, qui font du mariage des enfans la plus grande affaire des peres & des meres; 4°. les honneurs que le Gouvernement décerne aux veuves qui ne convolent pas à de fecondes noces ; 5o. les adoptions fréquentes qui foulagent les familles & en perpétuent les branches; 6o. le retour des biens à la fouche par l'exhédération des filles; 7o. la folitude des femmes, qui les rend plus complaifantes pour leurs époux, qui fauve leur groffeffe d'une foule d'accidens, & les force de s'occuper du soin de leurs enfans; 8°. le mariage des foldats; 9°. l'immutabilité des impôts, qui, toujours attachés aux terres, ne tombent jamais qu'indirectement fur le Marchand & l'Artifan; 10°. le petit nombre des Marins & des Voyageurs; 11°. le grand nombre de ceux qui ne restent chez eux que par intervalle; 12°. la profonde paix dont jouit l'Empire; 13°. la vie frugale & laborieuse, même des Grands; 14°. l'exemption du vain préjugé de mésalliance; 15°. la politique ancienne de diftinguer les hommes fans diftinguer les familles, en

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Population de la

Chine,

n'attachant la nobleffe qu'aux emplois & aux talens, fans permettre qu'elle devienne héréditaire; 16°. la décence des mœurs publiques, & l'ignorance des fcandales de la galanterie.

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Fertilité de la Chine; caufes des famines fréquentes qu'on y éprouve.

Tous les Voyageurs s'accordent dans leurs récits sur

Fertilité de la la fertilité de la Chine, fur l'étendue & la beauté de fes Chine; caufes des famines fréquentes plaines. On n'y voit ni enclos, ni haies, ni fossés, ni qu'on y éprouve. prefque aucun arbre, tant le Cultivateur Chinois craint de perdre la moindre portion de fon terrein. Les plaines des provinces feptentrionales produisent le froment; celles du midi portent du riz, parce que le pays eft plus bas & plus aquatique. Les terres, dans plufieurs provinces, portent deux moiffons dans l'année; & même, dans l'intervalle des deux récoltes, on y feme encore plufieurs fortes de petits grains & de légumes.

Mais comment concilier cette fertilité des terres avec ces famines "cruelles & ces difettes générales qui défolent fi fouvent la Chine? Comment arrive-t-il qu'un peuple fobre, actif, industrieux, qui habite les plus fertiles contrées de l'Univers, qui eft gouverné par des Princes dont la fageffe & la prévoyance font le principal caractere, se trouve fi fréquemment expofé à ce fléau deftructeur; tandis qu'on voit en Europe des pays ftériles, habités par des peuples qui manquent de la plupart de ces avan

tages, n'éprouver prefque jamais les horreurs de la

famine?

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Fertilité de la Chine; caufes des

Ce problême paroît difficile à réfoudre à ceux qui n'ont famines fréquentes qu'une connoiffance fuperficielle de la Chine; mais un qu'on y éprouve, coup-d'œil réfléchi fur le local des différentes parties de cet Empire & fur la police de fes grains, fuffit pour expliquer ce fait & diffiper le doute de la contradiction. Deux causes concourent à produire dans ce royaume ces affreuses famines. 1°. Lorsque des accidens naturels tels que la féchereffe, la grêle, les inondations, les infectes, font manquer les récoltes de l'année : dans quelque difette abfolue que foit la Chine, non feulement elle ne peut tirer aucun fecours de fes voifins, mais elle fe trouve encore dans la néceffité de leur en fournir. Qu'on obferve fes frontieres & les peuples limitrophes : en commençant par la province d'Yun-nan, & remontant enfuite vers le nord par les provinces de Koei-tcheou, de Se-tchuen & de Chen-fi, jusqu'à la grande muraille, on ne trouvera que des montagnes affreuses, la plupart peuplées jufqu'ici des fauvages Miao-ffe, dont nous avons parlé.

Au nord de la Chine, font les Tartares Mongoux; nation soumise, il est vrai, mais extrêmement paresseuse, qui ne feme du millet que pour fon usage, & fait sa principale nourriture de la chair de ses troupeaux.

Au nord-est, eft la province de Leao-tong qui est trèsfertile, mais trop éloignée de Pe-king & du centre de l'Empire, pour y faire parvenir ses denrées. D'ailleurs le transport en eft impraticable dans toute autre saison que l'hiver : c'est le temps où l'on apporte de cette contrée

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