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métaux, pierres,

terres, argiles, &c.

naire lui répondit que l'ufage de ce métal y étoit trèsancien, & qu'il paroiffoit avoir été connu des premiers con- Mines de la Chine, ducteurs des Chinois, puisqu'il en est fait mention dans le Chou-king, au chapitre Yu-kong, où il eft rapporté que le fer vient du territoire de Leang-tcheou. On ne dit cependant pas que ce fut là qu'on eut la premiere connoiffance du fer; mais comme la Chine a commencé indubitablement à fe peupler par l'oueft de Pe-king, ce fut à Leang-tcheou que les Chefs des Chinois reconnurent cette terre propre à la fusion du fer. Comment le grand Yu, s'il eût manqué d'inftrumens de fer, auroit-il pu réuffir à couper les montagnes ou exécuter ces vastes canaux, qu'il fit creuser pour donner un libre cours aux eaux qui inondoient les terres? D'ailleurs on ne trouve à la Chine aucune de ces anciennes pierres tranchantes, travaillées pour fuppléer à l'ufage du fer; du moins les Lettrés actuels n'en ont jamais entendu parler.

Les mines de cuivre des provinces d'Yunnan & de Koei-tcheou fourniffent, depuis un grand nombre d'années, toute la petite monnoie qui se frappe dans l'Empire. Outre le cuivre commun, les Chinois en ont un autre qu'ils appellent Pe-tong, ou cuivre blanc; il eft fi fin & fi purifié, qu'il a la touche de l'argent. Ce cuivre eft naturellement blanc lorfqu'on le tire de la mine, & lorfqu'on en caffe les grains, on les trouve encore plus blancs dans l'intérieur qu'à leur furface. On a fait un grand nombre d'expériences à Pe-king, pour s'affurer que ce cuivre ne doit fa blancheur à aucun mélange. On en fabrique

différens ouvrages; mais pour l'amollir & empêcher qu'il ne foit trop caffant, on eft obligé d'y mêler un peu de Pp

Mines de la Chine métaux, pierres, Lerres, argiles, &c.

que

tutenague ou d'autre semblable métal. Ceux qui veulent
lui conferver fon éclat & fa belle couleur, y mêlent une
cinquieme partie d'argent. On ne trouve ce cuivre
dans la province d'Yun-nan. Les Japonois en apportent à
la Chine une autre efpece qui eft jaune, & qui fe vend en
lingot. Celui-ci a la touche de l'or, & les Chinois l'em-
ploient pour exécuter différens bijoux. On prétend que
ce cuivre n'engendre point de vert-de-gris.

Les Chinois connoiffent encore une autre espece de cuivre, appelée fe-lay-tong, ou cuivre qui vient de luimême. Il paroît que ce n'eft autre chofe qu'un cuivre rouge détaché des hautes montagnes par les grandes pluies, & qu'on trouve enfuite dans le fable & parmi les cailloux, lorfque les torrens fe font defféchés. Les Médecins Chinois attribuent aux bracelets de tfe-lay-tong la propriété de fortifier les bras contre les attaques de la paralyfie.

Les mines de charbon de pierre font en fi grande quantité dans toutes les provinces de cet Empire, qu'il n'est peut-être aucune contrée de la terre où elles foient auffi communes & auffi abondantes. Ce minéral fe trouve avec profusion dans les montagnes des provinces de Chen-fi, de Chan-fi & de Pe-tche-ly; auffi l'emploie-t-on dans tous les fourneaux des Ouvriers, dans les cuifines de toutes les maisons, & dans les poêles qui échauffent les appartemens pendant l'hiver. Sans ce fecours, les bois de chauffage, qui font rares & fort chers, ne pourroient fuffire à la confommation des provinces feptentrionales.

On recueille la pierre d'azur dans plufieurs cantons de la province d'Yun-nan, & elle ne differe en rien de celle qu'on nous apporte en Europe. Elle fe trouve auffi dans

la province de Se-tchuen & dans le district de Tai-tongfou de la province de Chan-fi, qui fournit peut-être le plus beau yu-che de la Chine; c'est une espece de jaspe d'un blanc femblable au blanc de l'agate: il eft transparent lorsqu'il est mis en œuvre, & quelquefois tacheté.

Le plus beau cristal de roche de la Chine vient des montagnes de Tchang-tcheou-fou & de Tchang-pou-hien de la province de Fo-kien, fituées fous la latitude de 24 degrés 10 minutes. Les Ouvriers de ces deux villes font très-habiles à le mettre en œuvre; ils en font des boutons, des cachets, des figures d'animaux, &c.

L'Yun-nan fournit de véritables rubis, mais qui font fort petits: il fe vend annuellement, dans la capitale de cette province, une grande quantité d'autres pierres précieuses; mais on affure qu'elles viennent d'ailleurs, & fur-tout des royaumes voifins d'Ava & de Laos. On fait qu'il existe, à la distance de deux cents fenes ou cordes de la ville de Mohang-leng, capitale de Laos, une mine de pierreries, qui a environ cent fenes de profondeur, & d'où l'on tire des rubis dont quelques uns font aussi gros que des noix. On y trouve auffi des émeraudes, & l'on affure que le Roi de Laos en poffede une dont la groffeur égale celle d'une orange. Un ruisseau passe à travers cette mine, & en détache plufieurs pierres précieuses qu'il entraîne avec fes eaux. Il arrive quelquefois qu'on en ramasse dont le poids eft d'un quart ou d'un tiers d'once.

Les carrieres de marbre font très-communes à la Chine, & fur-tout dans la province de Fo-kien. Ces marbres ne le céderoient point à ceux d'Europe, fi les Ouvriers Chi

Mines de la Chine,

métaux, pierres,

terres, argiles, &c.

Mines de la Chine, terres, argiles, &c.

métaux, pierres,

nois poffédoient auffi bien que nous l'art de les travailler. Ce n'eft pas qu'on n'en trouve chez les Marchands quelques petites pieces fupérieurement polies : les tablettes, par exemple, dont on orne les tables des festins, & qu'on nomme tien-fan, font très-agréables, & nuancées de différentes couleurs, qui, quoique peu vives, repréfentent naturellement des montagnes, des rivieres, des arbres, des animaux : ces tablettes font faites d'un marbre qu'on tire des carrieres de Tai-ly-fou, & dont on ne choisit que les plus beaux morceaux.

Pierres Sonores.

PARMI les inftrumens de mufique, l'un des plus anciens & des plus eftimés à la Chine eft compofé de pierres qui ont la propriété d'être fonores. Il n'eft pas aifé de déterminer fi la premiere colonie qui vint habiter la Chine y porta l'idée d'un inftrument de mufique fait de pierre, ou fi les pierres fonores qu'elle y trouva la conduisirent à cette heureuse invention. Un vieux Commentaire du Chou-king dit que les Anciens, ayant remarqué que le courant de l'eau faifoit réfonner quelques pierres du rivage, en détacherent quelques-unes, & que, charmés du beau fon qu'elles rendoient, ils en conftruifirent des King ou inftrumens de musique.

Les différentes efpeces de pierres fonores connues à la Chine, different confidérablement entre elles par la beauté, la force & la durée du fon qu'elles rendent : & ce qui doit furprendre, c'eft qu'on ne fauroit déterminer cette différence, foit par les divers degrés de dureté, de pesanteur, de fineffe de grain; foit par d'autres qualités qui

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fembleroient devoir l'occasionner. On trouve des pierres très - dures qui font très-fonores, & des pierres tendres Mines de la Chine, qui donnent d'auffi beaux fons. Quelques-unes, trèspefantes, rendent un fon très-doux; d'autres, auffi légeres que la pierre-ponce, ont un fon fort agréable.

les.

La pierre appelée Yu, eft la plus renommée, la plus précieuse & la plus belle des pierres fonores qu'on connoisse à la Chine : elle paroît y avoir exifté dès la plus haute antiquité. Si l'on doit s'en rapporter à ce que anciens Auteurs Chinois difent des pierres d'Yu de leur temps, s'ils n'en ont pas exagéré la beauté & la perfection, l'on ne peut fe difpenfer de convenir que celles d'aujourd'hui ne leur foient très-inférieures. Mais ce qui femble devoir raffurer fur la fincérité de ces anciens Ecrivains, c'est que cette pierre, qui paroît avoir été connue fous les premiers Tcheou, dont la Dynastie. commença l'an 1122 avant Jésus-Christ, étoit fort rare fous la Dynastie des Han qui commença l'an 206 avant notre Ere; c'étoit alors ce qu'on pouvoit offrir de plus précieux aux Empereurs Tching-ty, de cette Dynastie, qui monta fur le trône l'an 37 avant Jésus-Chrift, regarda comme une époque glorieufe de fon regne qu'on eût trouvé, au bord d'une riviere, un ancien King compofé de seize. pierres, toutes d'Yu.

Ces pierres fonores fe trouvent aujourd'hui dans les ravines, les torrens, les rivieres qui coulent au bas des montagnes de l'Yun-nan, du Koei-tcheou, du Chen-fi, d'Y-ly, & du Yoquen. La pierre d'Yu reffemble extérieurement aux cailloux qui font dans les ruiffeaux & les torrens qui fe précipitent dans les gorges des montagnes. gros Yu font très-rares: les plus grands que les Mif

Les

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