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fionnaires aient vus au palais impérial, n'avoient guere que Mines de la Chine, deux pieds & demi ou trois pieds, fur un pied huit à terres, argiles, &c. dix pouces de largeur, & on les regarde comme des

métaux, pierres,

pieces uniques. Les Yu fe trouvent encore fous terre, dans les vallées, auprès des mines, & dans les crevasses faites par les ravines fur le flanc des montagnes. Ceux-ci different des autres, en ce que leur furface est moins polie, & qu'ils ne font jamais intérieurement ni fi bien élaborés, ni d'un grain aussi fin.

On remarque cinq propriétés différentes dans le Yu fonore : la dureté, la pefanteur, la couleur, le grain & le fon.

La dureté des beaux Yu est si grande, qu'on les travaille & qu'on les polit comme l'agate & les pieres précieuses; l'acier le mieux trempé gliffe deffus & s'émouffe. Plus la Nature les a foigneusement préparés, plus il est difficile de les tailler; mais le poli qu'on leur donne en a bien plus d'éclat.

il en

La pefanteur du Yu eft proportionnée à fa dureté. On en conserve au palais de l'Empereur un morceau brut, qu'il femble qu'un homme devroit pouvoir porter; faut quatre, feulement pour le remuer. Ce morceau n'a cependant que deux pieds & demi de long fur un demipied d'épaiffeur. Il est de figure irréguliere & de couleur verte, qui eft celle de l'efpece d'Yu la plus commune.

La couleur la plus eftimée aujourd'hui dans les pierres d'Yu, & qui eft réellement la plus belle, est le blanc de petit lait, d'une feule teinte: viennent enfuite le bleu clair, le bleu célefte, le bleu indigo, le jaune citron, le jaune orangé, le rouge de bois d'Inde, le vert pâle, le vert d'eau, le vert foncé, le gris de cendre, &c. Les

Chinois font plus de cas duľu qui eft d'une feule couleur, fans nuances ni dégradations, à moins qu'il ne foit marbré Mines de la Chine, agréablement de cinq couleurs.

A l'égard du grain des Yu, le plus dur & le plus pefant est toujours celui qui a le grain le plus fin. Mais quelle eft la forte de Yu la plus fonore? Le Miffionnaire qui nous a tranfmis ces détails, avoue qu'il ne peut répondre à cette queftion, parce qu'il ne s'est pas trouvé à portée de faire les comparaisons néceffaires : ce n'est que chez l'Empereur, qui réunit feul toutes les efpeces de Yu, qu'on puiffe les faire : encore est-il douteux qu'il y ait divers King faits fur les mêmes dimenfions & les mêmes mesures; ce qui feroit cependant effentiel pour la: comparaison.

Le Nieou-yeou-che, ou pierre graisse de bœuf, eft la feconde efpece de pierres fonores connue à la Chine. Elle n'a ni la dureté, ni la pefanteur, ni la douceur du fon du Yu, & elle eft bien moins rare & bien moins eftimée. Cependant il est très difficile d'en trouver de grandes pieces propres à faire des King. Le plus recherché est celui dont le jaune, qui eft réellemeut celui dela graiffe de bœuf, eft d'une feule teinte, fans nuances ni dégradations. Cette pierre vient de la province d'Yunnan. Elle fe trouve dans la terre, près des mines, ou dans les vallées, au bas des montagnes. Sa premiere furface eft raboteuse, d'une couleur fale, mélangée de marron & de vert; vient enfuite une couche de blanc de lait caillé, laquelle eft fuivie d'une autre couche dont la teinte eft jaune. Ce jaune devient plus foncé à proportion qu'il approche du centre. Il feroit affez intéres

métaux, pierres, terres, argiles, &c.

métaux, pierres,

fant d'examiner pourquoi le centre de cette pierre eft Mines de la Chine, plus travaillé, plus fini, plus compacte & d'une couleur serres, argiles, &c. plus foncée que les autres parties. Le Yu donne du feu au briquet; le Nieou-yeou-che n'en donne pas; cette pierre paroît plus approcher de l'agate, & elle pourroit bien n'être qu'une agate particuliere à la Chine. Pour que le Nieouyeou-che foit fonore, il faut qu'il foit bien jaune & fans ondes de cristal; mais il s'en faut de beaucoup qu'il foit auffi fonore que le Yu.

La troifieme espece de pierres fonores, nommée Hiangche, rend un fon fi métallique, qu'on feroit tenté de la prendre pour une composition; mais il est constaté qu'elle est de la nature des pierres. On en trouve de noires, de grifâtres, de verdâtres unies, & d'autres marbrées de blanc. Les plus noires font les plus fonores. Cette pierre finguliere vient d'un lac du Tche-kiang: elle paroît être une espece d'albâtre, noirci & dénaturé par les eaux qui l'ont pénétrée.

Une quatrieme efpece de pierres fonores reffemble au marbre par fes nuances, qui font grifes, noires & blanc fale, fur un fond blanc de lait. La plupart de ces pierres ont des taches transparentes, qui font une vitrification commencée : elles paroiffent tenir le milieu entre le talc & le cristal. On remarque que leurs frémissemens s'interrompent & font beaucoup moins longs.

Les Chimistes & les favans de l'Europe ne s'étoient point encore attachés jufqu'ici à obferver fi quelques-unes de nos pierres n'ont pas les mêmes propriétés que les pierres fonores de l'extrémité de l'Afie. Il paroît cepenque les Romains ont connu anciennement une pierre

dant

fonore

fonore de la claffe des Hiang-che. » Pline, dit M. l'Abbé

métaux, pierres,

» du Bos, dans fes Réflexions fur la Poéfie & la Peinture, Mines de la Chine, » en parlant des pierres curieuses, observe que la pierre terres, argiles, &e » qu'on appelle Calcophonas ou fon d'airain, eft noire; » & que, fuivant l'étymologie de son nom, elle rend un »fon approchant du fon de ce métal, lorfqu'on la touche. » Voici le paffage de Pline: Calcophonas nigra eft; fed illifa, æris tinnitum reddit. Lib. 37, fect. 56 «.

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Quelques pierres fonores, envoyées en France, ont enfin piqué la curiofité de nos Chimiftes; ils ont cru qu'il étoit à propos de déterminer à quelle claffe de pierres elles pouvoient appartenir. Feu M. le Duc de Chaulnes s'eft particuliérement occupé de ce travail : voici le résultat des expériences qu'il a faites fur un King du cabinet de M. Bertin.

"

» On a demandé à l'Académie des Sciences, à M. Romé » de Lifle, & à plusieurs autres favans Minéralogiftes, » s'ils connoiffoient la pierre noire des King: ils ont répondu par le paffage de Pline, cité dans le Dic»tionnaire de Bomare, dans Boece de Bôtt, dans Lin» nœeus; & ont ajouté que M. Anderson parloit, dans » fon Histoire Naturelle d'Iflande, d'une pierre bleuâ» tre & très - fonore. Comme la pierre noire des » Chinois devient bleuâtre quand on la lime, c'est » vraisemblablement la même; aucun de ceux qu'on » a confultés d'ailleurs ne l'avoit vue.

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» La pierre des Chinois reffemble entiérement, au premier coup-d'œil, au marbre noir, & eft calcaire » comme lui; mais le marbre ordinairement n'est point » fonore. Elle reffemble également, pour fon extérieur,

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Mines de la Chine, métaux, pierres, terres, argiles, &c.

» à la pierre de touche qui est un bafalte, & au basalte » volcanique; mais ces deux pierres font des vitrifica

» tions.

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Sa reffemblance avec le marbre noir m'a engagé à » faire les expériences comparativement. Elle n'eft pas phofphorique, ni le marbre noir non plus; elle ne » fait aucun effet fur le barreau fufpendu, & ne con» tient par conféquent pas de fer, dans l'état métallique. Les diffolutions dans les acides, éprouvées aupara» vant pour voir s'ils ne contenoient pas de fer, montrent » par l'alkali phlogistique, que la pierre en contient un » indice. Comme le marbre noir ne donnoit pas le même phénomene, on a examiné plus attentivement la pierre »fonore à la loupe, & l'on y a découvert des points pyriteux, auxquels on l'attribue. Diffoute d'ailleurs par » les acides vitrioliques, nitreux & marin, elle donne toujours les mêmes phénomenes que le marbre noir; elle » fait un magna grisâtre (qui n'eft qu'une chaux teinte » par le bitume) avec l'acide vitriolique, & laisse en » arriere une portion noire, infoluble dans les acides » nitreux & marin, qui eft, comme dans le marbre » noir, un véritable bitume combustible.

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» Le marbre noir & la pierre fonore calcinés de» viennent entièrement blancs, & donnent des chaux très» vives; ils perdent leur bitume par l'action du feu. La pierre fonore paroît cependant contenir un peu moins » de matiere phlogistique ou colorante; car les précipités par l'alkali fixe font un peu plus blancs (& » même bleuâtres) que celui du marbre noir. Essayée » par l'alkali volatil, elle ne contient pas de cuivre. Les

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