Images de page
PDF
ePub

» autres précipités par les différentes fubftances, donnent » tous les mêmes apparences «.

M. le Duc de Chaulnes en étoit à ce point de fon analyse, lorsqu'il fit prendre des informations chez les Marbriers ils répondirent que le marbre bleu-turquin étoit très-fonore. On en a effectivement vu de grandes tablettes, qui le font beaucoup; mais ayant fait conftruire un King avec ce marbre, il n'avoit plus cette qualité. En essayant des marbres noirs de Flandres, on en a enfin trouvé des morceaux qui rendent beaucoup de fon, & l'on en a fait tailler un King, qui eft prefque auffi fonore que ceux de la Chine. Toutes ces observations autorisent à croire que les pierres des King ne font autre chose qu'un marbre noir, entiérement compofé des mêmes principes que nos marbres, mais que quelque différence dans l'organisation rend plus ou moins fonore.

M. le Duc obferve encore que les Chinois font auffi des King de cristal, & qu'on en voit un de cette efpece à S. Brice, dans le cabinet de M. de la Tour, Secrétaire du Roi; qu'ils emploient également une espece d'albâtre, & que M. Bertin a reçu de la Chine des morceaux de cet albâtre, figurés còmme les King de pierre noire, qu'on annonce comme fonores, mais qui ne paroiffent rendre aucun fon; enfin, que la pierre de Yu, dont les Chinois font leurs plus beaux King, n'est autre chose qu'une agate.

Argiles, poterie, porcelaines.

LE Gouvernement Chinois, qui s'attache bien moins aux arts de luxe & d'agrément, qu'à ceux de befoin &

Mines de la Chine, métaux, pierres,

terres, argiles, &.

Mines de la Chine,

métaux, pierres,

serres, argiles, &

d'utilité, n'a jamais ceffé de favorifer le travail de la
poterie: auffi est-il venu à bout de la faire monter au
rang des arts qui occupent le plus d'Ouvriers & qui four-
niffent le plus aux échanges continuels du commerce.
Comme la Chine fournit une quantité prodigieufe d'argiles
de toute couleur, les unes mélangées de gravier, les autres
d'un fable très-fin, & dont plufieurs font finguliérement
travaillées par
la Nature, il en résulte une grande variété
entre la poterie d'une province & celle qui fe fabrique
dans une autre, foit la forme des vafes, foit pour
leur grandeur. Il y a des lieux où l'on façonne des vases
de quatre à cinq pieds de diametre ou même davantage,
fur une hauteur de trois pieds, & d'autres qui ont quatre
à cinq pieds de haut avec une ouverture proportionnée.
Ces vafes, qu'on nomme Kang, fervent aux riches de
baffins pour leurs poiffons dorés, pour leurs fleurs & leurs
plantes aquatiques, &c.; aux Particuliers, de réfervoirs
pour leur eau, de caiffes pour leurs grains, leurs lé-
gumes, leurs fruits, &c.; aux Ouvriers, aux Marchands,
de cuves, de chaudieres, &c.

pour

Comme c'est fur-tout en faveur du peuple qu'on travaille la poterie Chinoife, on s'eft fpécialement proposé deux choses: la premiere, de s'accommoder à tous fes befoins, jufqu'à faire des lampes, des cuillers, des tasses, des vafes de cuisine & de table, de toutes les formes & grandeurs, & même des joujoux pour les enfans; la feconde, de proportionner tellement le prix de ces uftenfiles à sa pauvreté, qu'il puiffe fe procurer très-aifément tout ce dont il a befoin. On porte même l'attention jufqu'à donner des formes élégantes & ornées à fa vaif

felle, fes théïeres, fes taffes. L'Empereur, à qui l'on présente toujours quelques-uns des ouvrages de toutes Mines de la Chine, métaux, pierres, les manufactures & fabriques de l'Empire, a introduit terres, argiles, &c. la coutume de peindre de petites fleurs en émail coloré fur les différentes pieces de poterie; & pour les accréditer, il en a établi l'ufage dans fon palais, & les fait entrer dans le nombre des préfens qu'il diftribue.

[ocr errors]

Ceux qui ont voyagé dans l'Inde connoiffent les gargoulettes, ou vafes d'une espece de poterie qui a la propriété de bonifier & de rafraîchir l'eau. Ces vases, à cer égard, font préférés à ceux d'or, de cristal & de la plus belle porcelaine. Les riches s'en fervent comme les pauvres. Il en eft de même de plufieurs autres ouvrages de poterie, qu'on juge fpécialement propres pour certains ufages le thé, par exemple, eft trouvé meilleur quand on en a fait chauffer l'eau dans tel vafe, & quand on l'a fait infuser dans tel autre; le riz n'a toute fa faveur & ne fe cuit bien que dans des vafes d'une porerie groffiere & fans émail; les fleurs qui languiffent dans la faïence & la porcelaine, croiffent, pour ainfi dire, à vue d'œil dans certains pors de terre, &c.

Il est certain, 1°. que pour la cuifine & la Médecine, on fait plus ufage de la poterie à la Chine qu'en France, & qu'on s'en trouve bien; 2°. que les Artiftes en tirent un meilleur parti, & la plient mieux à leurs ufages: par exemple, les Peintres broyent leurs couleurs dans un jou-po, ou vafe d'une terre dure, au moyen d'une molette de la même matiere; 3°. que la beauté & la fineffe de quelques argiles ont mis l'industrie Chinoise à portée de faire en poterie des pieces très-précieuses, soit par la délicateffe du

métaux, pierres,

travail, foit par leur grandeur, ou par la beauté & la fingulaMines de la Chine, rité de leurs formes. Le P. Amiot rapporte qu'il a vu une terres, argiles, &c. cuvette de deux pieds de large fur plus de trois pieds & demi de long, dont le fini étoit fi précieux, que, même exécutée en marbre, cette piece eût mérité d'être admirée.

Les belles porcelaines de la Chine font trop célebres pour que nous n'indiquions pas ici la matiere dont on compofe leur pâte. Cette matiere eft le produit du mélange de deux fortes de terres, l'une appelée Pe-tun-tse, & l'autre qu'on nomme Kao-lin; celle-ci eft parfemée de corpufcules qui ont quelque éclat; l'autre eft fimplement blanche, & très-fine au toucher. Ces matieres premieres se transportent dans les manufactures, façonnées en forme de briques. Les Pe-tun-tfe, dont le grain eft fi fin, ne font autre chose que des quartiers de rochers qu'on tire des carrieres, & qu'on réduit en poudre. Toute pierre n'y est pas propre : la bonne pierre, difent les Chinois, doit tirer un peu sur le vert. On fe fert d'une massue de fer pour brifer ces quartiers de pierre; on en met enfuite les morceaux brifés dans des mortiers; &, par le moyen de certains leviers qui ont une tête de pierre armée de fer, on acheve de les réduire en une poudre très-fine. Ces leviers font mis en action, ou par le travail des hommes, ou par la chute de l'eau, de la même maniere que les martinets dans nos moulins à papier. On recueille enfuite cette pouffiere, on la jette dans une grande urne remplie d'eau, & on la remue fortement avec une pelle de fer. Quand on l'a laiffé repofer quelque temps, il furnage une efpece de crême, épaiffe de quatre à

métaux, pierres,

terres, argiles, &c.

cinq doigts; on la leve & on la verfe dans un autre vase plein d'eau on agite plufieurs fois l'eau de la premiere Mines de la Chine, urne, en recueillant à chaque fois la crême qui s'y forme, jufqu'à ce qu'il ne refte plus que le gros marc, que fon propre poids précipite au fond du vafe; on le tire & on le pile de nouveau.

A l'égard de la feconde urne, où l'on a jeté ce qui a été recueilli de la premiere, on attend qu'il fe foit formé au fond une espece de pâte. Lorfque l'eau qui eft au deffus paroît fort claire, on la verse en inclinant doucement le vase, pour ne pas troubler le fédiment, & l'on jette cette pâte dans de grands moules propres à la fécher : avant qu'elle foit entiérement durcie, on la partage en petits carreaux, qui s'achetent par centaine. La couleur de cette pâte, & la forme qu'elle a reçue, lui ont fait donner le nom de Pe-tun-ife.

Le Kao-lin, qui entre dans la compofition de la porcelaine, demande un peu moins de travail que les Petun-ife. La Nature a plus de part à fa préparation. On en trouve des mines dans le fein de certaines montagnes, qui font couvertes au dehors d'une terre rougeâtre. Ces mines font affez profondes; on y trouve le Kao-lin en grumeaux, dont on forme des briques, en obfervant les mêmes procédés que pour les Pe-tun-tfe. Le P. d'Entrecolles pense que la terre de Malte, appelée la terre de S. Paul, a beaucoup de rapport avec le Kao-lin, quoiqu'on n'y remarque pas les petites parties argentées dont celui-ci

eft femé.

C'eft du Kao-lin que la porcelaine fine tire toute fa fermeté; il y tient, en quelque forte, lieu de nerfs. Il est assez

« PrécédentContinuer »