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Mines de la Chine, métaux, pierres, terres, argiles, &c.

fingulier que ce foit l'addition d'une terre molle qui donne de la force & de la confistance aux Pe-tun-tfe, qui proviennent des plus durs rochers. Un riche Marchand Chinois conta au P. d'Entrecolles, que des Anglois ou des Hollandois firent acheter des Pe-tun-tfe, qu'ils emporterent dans leur pays, dans le deffein d'y fabriquer de la porcelaine; mais que n'ayant pas pris de Kao-lin, leur entreprise échoua, comme ils l'ont avoué depuis: ils vouloient, dit ce Chinois en riant, former un corps dont les chairs fe foutinffent fans offemens.

Les Chinois ont découvert depuis quelques années une nouvelle matiere, propre à entrer dans la composition de la porcelaine. C'est une pierre ou efpece de craie, appelée Hoa-che, dont les Médecins préparent une forte de tifane qu'ils difent être déterfive, apéritive & rafraîchiffante. Les Ouvriers en porcelaine se font avifés d'employer cette même pierre en place de Kao-lin. On la nomme Hoa, parce qu'elle eft glutineuse, & qu'elle approche en quelque forte du savon. La porcelaine faite avec le Hoa che eft rare, & beaucoup plus chere que l'autre. Le grain en eft extrêmement fin; & quant au travail au pinceau, fi on la compare à la porcelaine ordinaire, elle eft à peu près ce qu'eft le vélin comparé au papier. De plus, cette porcelaine eft d'une légèreté qui furprend une main accoutumée à manier d'autres porcelaines : aussi eft-elle beaucoup plus fragile, & il eft difficile de saisir le véritable degré de fa cuiffon. On ne fe fert pas toujours du Hoa-che pour faire le corps de l'ouvrage; on fe contente quelquefois d'en faire une colle affez déliée, dans laquelle on plonge la piece de porcelaine, quand

elle

elle est seche, afin qu'elle en prenne une couche avant de recevoir les couleurs & le vernis : elle acquiert par-là un degré fupérieur de beauté.

Lorfqu'on a tiré le Hoa-che de la mine, on le lave avec de l'eau de riviere ou de pluie, pour en séparer un reste de terre jaunâtre qui s'y trouve attaché. On le brife enfuite, on le met dans une cuve d'eau pour le diffoudre, & on lui donne les mêmes façons qu'au Kao-lin. On affure que le feul Hoa-che, ainfi préparé & fans le mépour

lange d'aucune autre terre, Luffit faire de la porcelaine. Il tient la place du Kao-lin, mais il est beaucoup plus cher. La charge du Kao-lin ne coute que vingt fous, celle du Hoa-che revient à un écu; c'est ce qui renchérit confidérablement cette forte de porcelaine.

Mines de la Chine, métaux, pierres,

terres, argiles, &c.

cots,

ARTICLE V.

Fruits, légumes, herbes potageres de la Chine. LA Chine produir la plupart des fruits que nous avons en Europe, & plufieurs autres efpeces qui lui font particulieres. Les pommes, les poires, les prunes, les abriles pêches, les coins, les figues, les muscats, les grenades, les oranges, les noix, les châtaignes viennent prefque par-tout, & en abondance; mais les Chinois n'ont aucune espece de bonne cerife. En général, & fi l'on en excepte les mufcats & les grenades, les fruits qui leur font communs avec nous font inférieurs à ceux d'Europe. Les Chinois ont plufieurs efpeces d'olives, toutes différentes des nôtres; mais ils n'en tirent point

Rr

Fruits, légumes, herbes potageres de

la Chine.

d'huile, foit que ce fruit n'y foit point propre chez eux, Fruits, légumes, foit qu'ils ignorent encore le secret de la faire. Leur maniere de recueillir les olives eft fort commode : ils pratiquent un trou dans le tronc de l'arbre, qu'ils rebouchent après y avoir renfermé du fel. Au bout de quelques jours,

herbes potageres de la Chine.

le fruit fe détache & tombe de lui-même..

C'eft de la Chine que nous font venues les premieres oranges, & c'eft aux Portugais que nous en fommes redevables. On affure que le premier oranger dont font provenues toutes les oranges d'Europe, fe conferve encore à Lisbonne, dans la maifon du Comte de S. Laurent. Les Chinois en ont un grand nombre d'efpeces. Les plus eftimées, & celles qu'on envoie par rareté dans les Indes, font fort petites; elles ont la peau d'un jaune tirant sur le rouge, fine, unie, & extrêmement douce. On en mange de plus groffes à Canton, qui font jaunes, fort agréables au goût, & fort faines. On en donne communément aux malades, en prenant toutefois la précaution de les faire ramollir au feu ou fous la cendre chaude, & d'y mêler beaucoup de fucre. Elles font plus fermes que nos oranges de Provence; la peau ne quitte pas nettement la chair, & la chair elle-même n'eft point divifée en petites côtes, comme on l'observe dans les nôtres.

Leslimons, les citrons, & ce qu'on appelle dans les Indes Pampelimoufes, font très-communs à la Chine. Mais on y donne un foin particulier à la culture d'une efpece de citronnier, dont les fruits font de la groffeur d'une noix, parfaitement ronds, verts, aigres, & qu'on dit excellens dans les ragoûts. On met fouvent ce citronnier dans des caiffes pour en faire l'ornement des cours, des falles & des appartemens.

Fruits, légumes,

herbes potageres de

Les Chinois ont une espece de melons fort petits, jaunes au dedans, d'un goût fucré, & qu'on mange avec la peau, comme nous mangeons quelquefois les pommes la Chine. en Europe. Ils en ont encore une autre efpece plus estimée, qui leur vient d'un endroit de la Tartaric, qu'ils nomment Ha-mi. Ces melons, comme nous l'avons déjà dit, ont la propriété de fe conferver cinq ou fix mois dans leur fraîcheur. On a foin d'en faire chaque année une grande provision pour la table de l'Empereur.

;

Le Tfe-tfe, que les Portugais appellent figue, est une forte de fruit particulier à la Chine, & qui croît dans prefque toutes ses provinces. Il y en a de plusieurs efpeces: ceux des terres méridionales font d'un goût fort fucré ; ils ont les pepins noirs, applatis, & la chair glaireuse & pleine d'eau. Dans le Chan-fi & le Chen-fi, le Tfeife est plus ferme, plus gros, mieux nourri, & plus aifé à conferver. Les arbres qui portent ce fruit font fort beaux, auffi élevés, auffi touffus que nos noyers de moyenne grandeur; les feuilles font d'un vert éclatant, mais elles changent de couleur dans l'automne, & deviennent d'un rouge agréable. Les fruits font auffi gros qu'une belle pomme : à mesure qu'ils mûriffent, ils prennent une couleur aurore, & quand ils font féchés, ils deviennent farineux & auffi fucrés que les figues.

On trouve dans les provinces de Fokien, de Quangtong & de Quang-fi, deux efpeces de fruits que nous ne connoiffons point. Le premier, qu'on nomme Li-tchi, est de la groffeur d'une datte; fon noyau, qui eft long & fort dur, eft recouvert d'une chair molle, aqueuse, & d'un goût exquis. Cette chair eft renfermée dans une

écorce chagrinée en dehors, fort mince, & terminée en Fruits, légumes, ovale comme un œuf. On dit ce fruit délicieux, mais il herbes potageres de la Chine. incommode quand on en mange beaucoup on affure qu'il eft fi chaud, qu'il fait fortir des froncles par tout le corps. Les Chinois le laiffent fécher dans l'écorce même, où il devient noir & ridé comme nos pruneaux. Ils en mangent ainfi toute l'année, & s'en fervent ordinairement dans le thé, auquel il communique un léger goût d'aigreur, qu'on préfere à la Chine à la douceur du fucre. L'observation fuivante doit être faite par ceux qui veulent goûter ce fruit dans fa parfaite bonté. S'il eft entiérement mûr, & qu'on differe un jour à le cueillir, il change de couleur; fi on laiffe paffer un fecond jour, on s'apperçoit au goût de fon changement; enfin, fi l'on attend le troisieme jour, l'altération devient très-sensible. Pour que ces fruits ne perdent rien de leur parfum & de leur faveur, ils doivent être mangés dans les provinces mêmes où ils croiffent. Eût-on le fecret d'en conferver & de les tranfporter frais en Europe, comme on en y a porté de secs, on ne pourroit encore juger que très-imparfaitement de leur bonté. Les Li-tchi qu'on apporte à Pe-king pour l'Empereur, & qu'on renferme dans des vafes d'étain pleins d'eau-de-vie, où l'on mêle du miel & d'autres ingrédiens, confervent, à la vérité, une apparence de fraîcheur, mais ils perdent beaucoup de leur faveur. Pour faire goûter à ce Prince toute la délicateffe de ce fruit, on a quelquefois transporté les arbres mêmes qui le produisent, enfermés dans des caiffes, & l'on prenoit fi bien ses mesures, que lorsqu'il arrivoit à Pe-king, le fruit étoit près de fa

maturité.

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