Images de page
PDF
ePub

L'autre efpece de fruit, particuliere aux provinces méFruits, légumes, ridionales, est le Long-yen, c'est-à-dire, ail de dragon. herbes potageres de La figure en est ronde, l'écorce jaunâtre, la chair blanche, la Chine. aqueufe, aigrelette. On prétend que fi ce fruit n'eft pas auffi agréable au goût que le Li-tchi, il est plus fain & n'incommode jamais.

دو

On diftingue à la Chine trois efpeces d'abricotiers : l'abricotier à fleurs doubles, l'abricotier à fruit, & l'abri-cotier fauvage. On cultive dans les parterres l'abricotier à fleurs doubles, que M. Duhamel dit n'avoir jamais vu: on en compte ordinairement quatre familles principales, qui font les mille-feuilles, les jaunes pâles, les blancs de lait, & les ordinaires dont le bouton paroît d'abord rouge, & dont la fleur blanchit en s'épanouiffant. Il y a des abricotiers à fleurs doubles, qui font nains ; ils font destinés à orner les appartemens, où ils fleuriffent pendant l'hiver. Les autres font plantés fur les collines & les monticules des jardins, où ils font un très-bel effet au printemps.

L'abricotier à fruit eft à peu près semblable à celui de France. Les Jardiniers Chinois en comptent plusieurs familles qui donnent différentes efpeces d'abricots ; savoir, le Kin-hing, qui eft rond & a la chair jaune; il mûrit le premier, & il est d'un très-bon goût; le Choui-hing, qui est très-juteux & d'un parfum exquis; le Pe-hing, dont la chair est blanche & d'un goût affez médiocre; le Lihing, qui conferve toujours un œil verdâtre & un petit goût aigre; le Kin-kouan-kinen, qui eft de couleur de chair, d'une eau excellente, très-charnu & un peu applati; le Mou-hing, qui est applati, verdâtre & toujours un peu acide; enfin, le Pa-tan, qui vient originairement.

d'au delà du défert de Chamo; cet abricot eft petit, peu Fruits, légumes charnu, & n'eft eftimé qu'à caufe de fon amande qui eft affez groffe, douce & très-agréable au goût.

herbes potageres de la Chine.

L'abricotier sauvage, qui se trouve vraisemblablement. en France, fixeroit peut-être davantage l'attention de nos Cultivateurs, fi fon utilité leur étoit mieux connue. On en distingue à la Chine trois efpeces, dont deux fe reffemblent beaucoup. Son amande donne une fort bonne huile qui peut fuppléer à celle de table; elle eft au moins bien fupérieure à celle de noix qu'on brûle dans les lampes. Les payfans Chinois chauffent leurs étuves avec ce qui reste des noyaux, & en recueillent les cendres, qui leur fervent d'engrais pour leurs terres. L'abricotier fauvage. n'exige aucune culture; il fe contente du plus mauvais, terrein, & produit fes fleurs assez tard pour ne pas craindre les gelées. On l'admet jusque dans les jardins de l'Empereur, où on lui abandonne les terreins les plus fecs & les expofitions les moins favorables. Les montagnes. stériles qui fe trouvent à l'occident de Pe-king, en font couvertes; &, ce qu'on aura peut-être peine à croire, c'eft que la récolte de ces abricots fauvages & l'huile qu'on tire de leurs amandes, fuffifent pour rendre les payfans qui les habitent, auffi riches que ceux de la plaine.

[ocr errors]

Les abricots font à la Chine, comme en Europe, un des premiers fruits de l'été. Les Chinois en font, comme nous, des confitures feches & liquides, mais ils attendent que ce fruit foit bien mûr. Outre cela, ils en expriment le jus, le font cuire, le clarifient, & en préparent des efpeces de pastilles, qu'on garde auffi long

temps qu'on veut, & qui, fondues dans l'eau, donnent une boiffon excellente pour défaltérer & rafraîchir. On fait fécher pour le même usage les petits abricots, qu'on nomme de montagne; on détache leur chair du noyau, & on la fait tremper à plusieurs reprises dans du jus d'autres abricots bien mûrs ou même de cerifes. Ces abricots, ainfi féchés au foleil, fe gardent pour être mangés, le printemps fuivant, bouillis dans l'eau avec du miel ou du fucre; mais fur-tout pour être bouillis jufqu'à confomption dans une grande quantité d'eau, où l'on mêle enfuite un peu de vinaigre, & qui fert de boisson rafraîchiffante pour le peuple & les gens de la campagne. Comme cette boisson est très-faine, les perfonnes ailées en font pareillement usage, en y ajoutant un peu d'écorce d'orange & de fucre fin.

8

On recueille à la Chine une grande quantité de raifins,, & fi les Chinois ne font point ufage du vin, ce n'est pas qu'ils manquent du fruit qui le donne. C'est un préjugé de croire que la vigne n'ait été connue que très-tard: dans cet Empire, & qu'elle y ait été portée de l'Occident. Tous les Lettrés affurent que la vigne y a été connue & cultivée dès la plus haute antiquité. On ne peut, felon ces Lettrés, entendre que de la vigne, ce qui eft dit dans le Tcheou-ly fur ce que devoient faire les Mandarins chargés des jardins de l'Empereur: or, le Tcheou-ly paffe pour être l'ouvrage du célebre Tcheou-kong, frere de Vouvang, qui monta fur le trône l'an 1122 avant Jésus-Christ. Quoi qu'il en foit, il paroît certain qu'il y a eu des vignes dans le Chan-fi & le Chen-fi plufieurs fiecles avant l'Ere chrétienne, & qu'on en cultivoit même affez dans

t

[blocks in formation]

herbes potageres de la Chine..

ces provinces, pour pouvoir en faire une grande quantité Fruits, légumes, de vin. Sée-ma-tfien rapporte, en paffant, qu'un particulier en avoit fait dix mille mefures. Il fut un temps où les habitans des provinces de Pe-tche-ly, de Chantong, de Ho-nan & de Hou-quang, fe livrerent pareillement à la culture de la vigne. Le vin qu'ils faifoient avoit la propriété de se conserver pendant plusieurs années, enfermé dans des urnes qu'on enterroit; & cette liqueur, dit l'Histoire, étoit devenue assez commune pour qu'elle causât de très-grands défordres. Les chansons qui restent de toutes les Dynafties, depuis les Yven jufqu'aux Han, font foi que le vin de raisin a toujours été fort au goût des Chinois. L'Empereur Ouen-ti, de la Dynastie des Ouei, le célebre avec un enthousiasme lyrique, digne d'Anacréon & d'Horace ; & l'on voit dans la grande Botanique Chinoise, liv. 133, que le vin de raifin étoit le vin d'honneur que plufieurs villes offroient aux Gouverneurs, aux Vice-Rois, & même à l'Empereur. En 1373, l'Empereur Tai-tfou accepta pour la derniere fois celui de Tai-yuen, ville du Chan-fi, & défendit qu'on lui en préfentât davantage : Je bois peu de vin, dit ce Prince, & je ne veux pas que ce que j'en bois caufe le moindre embarras à mon peuple.

Il paroît que la vigne a effuyé bien des révolutions à la Chine: elle n'a jamais été exceptée, toutes les fois qu'il y a eu ordre d'arracher les arbres qui embarrassoient les champs destinés aux moissons. L'extirpation des vignes a même été pouffée fi loin dans la plupart des provinces, fous certains regnes, qu'on en perdit totalement le fouvenir. Quand, dans la fuite, il fut permis d'en replanter,

fi

fi l'on s'en tient à la maniere dont quelques Historiens s'expriment, on croiroit que la vigne & le raifin commençoient à y être connus pour la premiere fois. C'est probablement ce qui a pu faire perfer que la vigne n'étoit pas ancienne à la Chine. Il est cependant certain que, fans parler de temps plus reculés, les Annales Chinoifes font clairement mention de vigne, de raifin, & nommément de vin de raifin fous le regne de l'Empereur Vou-ty, qui parvint au trône l'an 140 avant l'Ere chrétienne; & que depuis ce Prince, on peut conftater l'ufage & l'emploi de vin de raisin, de Dynastie en Dynastie, &, pour ainfi dire, de regne en regne, jufqu'au quinzieme fiecle. Quant à l'état actuel de la plantation de la vigne à la Chine, ce qu'on peut dire de plus pofitif, c'eft que les Empereurs Kang-hi, Yong-tching & Kien-long, qui regne aujourd'hui, ont fait venir un grand nombre de nouveaux plants des pays étrangers; que les trois provinces de Ho-nan, de Chantong, de Chan-fi paroissent avoir réparé leurs anciennes pertes; que les deux grandes villes de Tai-yuen & de Ping-yang, dans le Chan-fi, font fameufes dans tout l'Empire par la grande quantité de raifins fecs qui fort de leurs environs pour la Pharmacie & les tables ; que la province de Pe-tche-ly, non moins célebre de tout temps pour fes vignes, en a encore aujourd'hui beaucoup, jufque là qu'on y compte quatorze diftricts renommés pour leurs raisins, qu'on conserve long-temps, & qui fe vendent à Pe-king à un prix fort modique. Les plus eftimés de tous les raifins qu'on connoît à la Chine, viennent, comme nous l'avons dit, du pays de Ha-mi.

Les Chinois nous furpaffent dans l'art des potagers.

Sf

Fruits, légumes, herbes potageres de

la Chine

« PrécédentContinuer »