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Arbres, arbriffeaux, plantes de

fon feuillage & de fes fleurs. Le Hai - tang d'automne
pouffe des tiges branchues, cylindriques, entrecoupées
de nœuds, purpurines à leur bafe & au bord de tous les la Chine,
nœuds. Il produit de nombreux rejetons, dont les plus hauts
s'élevent à plus de deux pieds & demi. Ses feuilles, échan-
crées & arrondies en oreilles du côté de la
queue, den-
telées, terminées en pointe, & hériffées de petits piquans, se
trouvent presque toujours opposées sur les branches, & pla÷
cées à la naissance des nœuds. La couleur fupérieure eft un
vert foncé; celle de deffous eft d'un vert plus tendre, & pref-
que effacé par les côtes & les fibres qui font faillantes & d'un
beau rouge de pourpre : le feul ensemble de toutes ces feuilles
offre un coup-d'œil agréable. Les fleurs naissent en bouquet
à l'extrémité des branches. Chaque fleur eft compofée de
quatre pétales, deux grandes & deux petites, d'une belle cou-
leur de fleur de pêcher, & qui ont à peu près la figure de
celles de cerifier les deux grandes font d'abord collées
l'une fur l'autre en forme de bourse; quand elles font
épanouies, les deux petites s'épanouissent à leur tour, &
toutes quatre forment une espece de croix. Le pistil est un
compofé de grains jaunes, très-luifans; ces petits grains
se détachent peu à peu les uns des autres par l'alonge-
ment des filets qui les foutiennent, s'ouvrent en petites
cloches, & compofent une petite houpe jaune, portée
fur une queue déliée qui s'éleve au deffus des pétales. Le
calice qui foutient chaque fleur, eft composé de deux
feuilles de couleur de pourpre, réunies en forme de
bourse. A mesure que les fleurs croiffent & acquierent plus
de volume, les deux feuilles du calice s'ouvrent, pâ-
liffent, fechent & tombent. Les fleurs, foutenues par

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Arbres, arbriffeaux, plantes de la Chine.

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de petites queues, fe féparent les unes des autres, & produisent elles-mêmes d'autres fleurs qui fortent d'un nouveau calice.

Le Hai-tang d'automne se multiplie par fes graines, mais affez difficilement. Il se plaît dans une terre sablonneufe; le fumier & le terreau lui font mortels; il faut même avoir l'attention de ne l'arrofer qu'avec une eau très-claire. Comme il ne peut foutenir le foleil en aucun temps, on a foin de ne le planter qu'au pied des murs expofés au nord. C'est vers la fin d'Août qu'il commence ordinairement à fleurir. On coupe toutes ses branches après qu'il a donné fes graines, & il en pouffe de nouvelles au printemps fuivant; mais il eft néceffaire d'amonceler du gravier & des morceaux de brique autour de fes racines, pour empêcher qu'elles ne pourriffent. Quelque foin qu'on fe donne pour cultiver à Pe-king le Hai-tang d'automne, il y réuffit moins que dans les provinces du midi. Le parfum de fes fleurs tient de celui de la violette & de la rose, mais il est moins fort, & ne se fait fentir qu'à de petites distances.

Le Mou-tan ou la Pivoine-arbrisseau.

LE Mou-tan est une plante champêtre que la culture a embellie. On l'appelle auffi Hoa-ouang, le Roi des fleurs, & Pé-leang-kin, cent onces d'or, par allufion au prix exceffif auquel des curieux en ont autrefois porté certaines efpeces. Cette plante eft connue à la Chine depuis environ quatorze cents ans. Un Voyageur, dit-on, trouva dans les montagnes du Ho-nan une pivoine en arbrisseau. Cette nouveauté le furprit, & lui parut mériter

d'embellir un parterre. Il en arracha quelques pieds avec

feaux, plantes de

leurs mottes, les transporta dans fon jardin, & les cul- Arbres, arbriftiva. Un Bonze, qui n'étoit point inftruit de l'origine la Chine. de cette pivoine-arbriffeau, imagina de s'en procurer une semblable par le moyen de la greffe. Ses tentatives furent heureuses, & fes pivoines devinrent plus belles que celles qui avoient été apportées des montagnes. Bientôt toute l'attention des Fleuriftes fe tourna vers cette plante, qu'une culture fucceffivement plus foignée acheva de perfectionner. L'engouement devint général, & les provinces même fe difputerent la fupériorité d'intelligence dans cette culture, pour avoir la gloire d'en envoyer de plus belles à l'Empereur.

Le Mou-tan paroiffoit mériter tous ces hommages par l'éclat & le nombre de ses fleurs, par la douce odeur qu'elles répandent, par la multitude des feuilles qui les compofent, & par les grains d'or qui s'y trouvent mêlés. Cette plante est une pivoine ligneufe qui s'éleve en arbrisseau, étend ses branches, pouffe des tiges, & fe couronne d'une tête auffi groffe que celles des plus beaux orangers qu'on met en caiffe. On a vu des Mou-tan de huit & dix pieds de haut. Si l'on n'en éleve aujourd'hui qu'un petit nombre à cette hauteur, c'eft qu'ils donnent de moins belles fleurs, & que leurs tiges trop foibles ne peuvent en foutenir le poids. La racine du Mou-tan est longue, fibreuse, formée en navets, d'une chair jaune pâle, & grisâtre ou rougeâtre à l'extérieur. Ses feuilles font échancrées & découpées; le vert de dessus eft plus foncé que celui de deffous. Ses fleurs, composées de pétales fans nombre, s'épanouiffent en rose, & sont sou

feaux, plantes de la Chine..

tenues par un calice formé de quatre feuilles; de la racine Arbres, arbrif des pétales naiffent & fortent fans ordre des filets, terminés par de petits fommets d'un beau jaune doré. Les fruits fe courbent comme ceux des pivoines ordinaires, s'ouvrent en fe féchant, & laiffent tomber les graines qu'ils renferment.

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On diftingue le Mou-tan ordinaire, le Mou-tan nain, & le Mou-tan 'arbre. Cette derniere efpece paroît être aujourd'hui perdue on en a vu autrefois, dit-on, qui avoient vingt-cinq pieds de haut. Le Mou-tan nain eft peu eftimé; on n'en cultive quelques individus que pour en perpétuer l'efpece. Le Mou-tan ordinaire est le plus généralement répandu, & celui qui jouit de la faveur conftante des amateurs. On l'éleve en espalier, en éventail, en buisson, en forme d'oranger. Les uns fleuriffent au printemps, d'autres en été, quelques-uns en automne. Ces différentes efpeces exigent des foins divers. Les Moutan de printemps & d'été font ceux qu'on cultive en plus grand nombre ; ceux d'automne demandent des attentions trop affujettiffantes pendant les grandes chaleurs de la canicule. On divife les Mou-tan de chaque faifon en doubles & femi-doubles : les premiers fe fubdivifent en cent feuilles & en mille feuilles ; les feconds offrent un difque affez grand, rempli de filets à fommets dorés; ce font les feuls qui produifent des graines. Les uns & les autres s'épanouiffent fous différentes formes, en baffin, en houpe, en grenade, en fouci, &c. On trouve des Mou-tan rouges, violets, pourpres, amaranthes, jaunes, blancs, noirs, & bleus; les nuances & les dégradations prodigieufement variées d'une même couleur, en donnent

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autant d'efpeces différentes. On affure que les Fleuristes

la Chine.

Chinois ont même le fecret de changer la couleur de Arbres, arbrif leurs Mou-tan, & de leur donner arbitrairement celle Seaux plantes de qu'ils choififfent; mais ils ne peuvent opérer cette métamorphofe que fur le Mou-tan qui n'a point encore porté de fleurs.

Pour qu'un Mou-tan foit beau aux yeux des Fleuriftes Chinois, il faut que fon tronc foit bien raboteux, courbé, noué, d'un noir verdâtre; que fes branches fe croisent, fe fuient, & fe contournent en fens bizarre ; qu'elles pouffent des jets d'un vert tendre ou ombré de rouge; que les feuilles foient grandes, d'un beau vert, bien nourries, & foutenues par des queues, rougeâtres; que fes fleurs foient d'une même couleur, d'âge différent, épanouies en houppe, fermes & droites fur leur tige; qu'elles aient fept à huit pouces de diametre, & répandent une odeur douce & agréable.

Le Pé-gé-hong.

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CET arbriffeau eft remarquable par la beauté & la fingularité de ses fleurs, & fur-tout par leur durée, qui lui a fait donner le nom de Pé-gé-hong, rouge de cent jours. C'eft des montagnes de Fou-kien que vient originairement ce bel arbufte, dont l'efpece, perfectionnée par la culture, tient un rang diftingué dans les jardins Chinois. Ses feuilles, tantôt alternes, tantôt oppofées. les-unes aux autres, font d'une forme ovale, un peu alongées en pointe; on n'y remarque aucune dentelure; leur épaiffeur tient le milieu entre celles du philaris & celles du prunier. Les fleurs du Pé-gé-hong éclofent, à

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