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Arbres, arbriffeaux, plantes de La Chine.

Pe-king, au commencement de Juillet; elles croiffent en bouquets à l'extrémité des branches, & fe fuccedent tellement les unes aux autres, qu'elles durent jufqu'à la fin de Septembre, pourvu qu'on ait foin de les tenir à l'abri d'un foleil trop ardent. Le calice qui les foutient eft charnu, formé en cloche, divifé en fix dents, jaune pâle en dedans, & d'un beau rouge en dehors. Il se recourbe fur le fruit naiffant, & feche quand il eft mûr. De ce calice s'élevent fix pétales d'un rouge de carmin, longues, frifées, feftonnées, arrondies par le haut, & foutenues par autant de queues blanchâtres, fort déliées. Ces queues font attachées aux levres du calice, à l'endroit où les dents fe féparent. De grandes étamines montent du fond du calice le long de fes parois, auxquels elles font adhérentes, & vont aboutir à la pointe des dents; mais elles fe détachent du calice, quand elles font parvenues au niveau du cercle où commence la division des dents.

Le tronc du Pé-gé-hong est fort gros; il paroît même que les Fleuristes Chinois fe font appliqués à le réduire à la forme d'un arbre nain, forme pour laquelle ils témoignent une prédilection particuliere (*). Ils ne donnent point le temps à fes branches, ni de groffir ni de se ramifier; ils les coupent en automne, &, pour avoir des tiges bien chargées de fleurs, ne laissent subsister que

(*) Les Jardiniers Chinois ont le fecret de rendre nains les arbres & les arbriffeaux de toute efpece, & même les fleurs, Les Miffionnaires afurent qu'ils ont vu des cedres & des pins qui n'avoient pas deux pieds de haut, quoiqu'ils euflent plus de quarante ans; le tronc, les branches & les feuilles étoient cependant très-bien proportionnés.

quelques rameaux. La culture de cet arbriffeau demande peu

de foins; ils fe réduisent à le renfermer dans une ferre Arbres, arbriffeaux, plantes de

pendant l'hiver, à l'expofer au midi au retour du prin- la Chine temps, à l'arrofer à propos, & à le défendre du foleil pendant les grandes chaleurs de l'été.

Le Yê-hiang-hoa.

:

LES branches de cet arbriffeau font fi foibles, qu'elles ne peuvent ni s'élever ni fe foutenir d'elles-mêmes les Fleuristes les étayent avec des baguettes de bambou & de légers cerceaux qu'ils y adaptent. La couleur de fes feuilles eft d'un vert foncé en deffus, & pâle en deffous; elles s'alongent en fer de lance, en formant des ondulations, & font foutenues par des queues affez longues, autour desquelles elles forment deux oreilles. Les fleurs. fortent des aisselles des feuilles ou d'entre les petites branches, & forment des grappes qui s'alongent à mesure qu'elles s'épanouiffent. Ces fleurs font d'un jaune verdâtre l'odeur exquife qu'elles répandent font tout le mérite de cet arbriffeau; ce parfum eft fi doux, si suave, fi agréable, difent les Miffionnaires, qu'il n'exifte dans la Nature aucune fleur qui, fous ce rapport, puisse être comparée au délicieux Yê-hiang-hoa. Par une fuite de la délicatesse de cette plante ou de celle de fon parfum, elle n'a prefque aucune odeur pendant le jour c'est à cette fingularité qu'elle doit le nom d'Yê-hiang hoa, fleur qui fent la nuit. La foible conftitution de cet arbriffseau, originaire des provinces méridionales, l'empêche de réuffir aifément à Pe-king. Les attentions délicates du Fleuriste le plus attentif fuffifent à peine pour lui faire paffer l'hiver

:

la Chine.

dans une ferre, & le conferver pendant quelques années; Arbres, arbrif- auffi eft-il très-cher: un beau pied de Yê-hiang-hoa coute feaux, plantes de jufqu'à vingt & trente onces d'argent. Chaque année le Vice-Roi de la province de Tche-kiang en envoie plufieurs à Pe-king, deftinés pour les appartemens de l'Empereur.

Le Lien-hoa ou Nénufar de la Chine.

CETTE plante aquatique eft connue à la Chine dès la plus haute antiquité. Les Poëtes de toutes les Dynasties ont célébré l'éclat & la beauté de fes fleurs, & l'excellence de ses propriétés l'a fait placer, par les Docteurs Tao-ffée, au rang des plantes qui entrent dans la compofition du breuvage de l'immortalité. Ses fleurs font formées par plusieurs feuilles, difpofées de maniere qu'on les prendroit pour de groffes tulipes, lorsqu'elles ne font pas encore entiérement ouvertes. Elles s'épanouiffent en rofe: du milieu de la fleur s'éleve un piftil conique qui devient un fruit fpongieux & arrondi, partagé dans sa fa longueur par plufieurs loges, remplies de graines ou femences oblongues : ces graines font revêtues d'une envetoppe ou coque comme le gland, & compofées de deux lobes blancs, au milieu defquels fe trouve le germe. Les étamines de la fleur du Nénufar font formées de feuilles très-déliées, terminées par un fommet violet. Les feuilles de cette plante font grandes, larges, arrondies, festonnées, épaiffes, veineufes, & échancrées vers le milieu : les unes flottent fur la furface de l'eau, à laquelle elles femblent être collées; les autres s'élevent à différentes hauteurs, foutenues par de longues queues. La

racine

racine de cette plante eft de la groffeur du bras; elle

feaux, plantes de

est très-vivace; fa couleur eft d'un jaune pâle en dehors, Arbres, arbrif& d'un blanc de lait en dedans. Sa longueur est quelque- la Chine. fois de douze à quinze pieds; elle rampe au fond de l'eau, & s'attache au limon par des filamens qui naissent aux étranglemens qui la partagent d'espace en espace. La queue qui foutient les fleurs & les feuilles de cette plante, est percée, jusqu'à l'extrémité, de trous arrondis comme ceux de la racine.

On distingue à la Chine quatre efpeces de Nénufar: 1o. le jaune, qui eft fort rare, & qu'on croit être celui d'Europe; 2°. le blanc & rouge couleur de rose, à fleurs fimples; 3°. le blanc & rouge couleur de rofe, à fleurs doubles; 4°. le rouge pâle fouetté de blanc, qu'on rencontre très-rarement, fur-tout à fleurs doubles. Cette plante n'exige aucune espece de culture: elle se reproduit par les femences, & plus promptement encore par les racines. Une des fingularités que préfente cette plante, c'est qu'elle fouffre beaucoup de la féchereffe, quoiqu'elle vive dans l'eau, & que, quoiqu'amie de la chaleur, elle croît cependant plus belle & plus double au delà de la grande muraille, que dans les provinces méridionales. Le Nénufar ne pouffe que vers la fin de Mai, mais il croît & fe développe rapidement, & fes feuilles forment, fur la furface des eaux, des tapis de verdure fur lefquels l'œil fe repofe avec plaifir, fur-tout lorfque fes fleurs éclofes mêlent la variété de leurs couleurs.

Y

On mange à la Chine les graines du Nénufar, comme nous mangeons les noisettes en Europe; elles font plus délicates au goût lorsqu'elles font vertes, mais moins faCcc

Arbres, arbrif

feaux, plantes de la Chine.

ciles à digérer on les confit en différentes manieres avec le fucre. La racine de cette plante eft auffi admise fur les tables; fous quelque forme qu'on la prépare, elle est également saine. On en confit une grande quantité au fel & au vinaigre, qu'on réserve pour manger avec le riz. Quand on l'a réduite en farine, elle donne une bonne bouillie à l'eau & au lait. Les feuilles de Nénufar sone d'un grand usage pour envelopper les fruits, les poissons, les viandes falées, &c. Lorfqu'elles font féchées, on en mêle au tabac qu'on fume, pour l'adoucir & en tempérer la force.

Le Kiu-hoa ou la Matricaire.

LA matricaire, fidédaignée en Europe, & que fon odeur forte a fait bannir de nos parterres, ne doit qu'à sa seule culture le rang diftingué qu'elle occupe parmi les fleurs Chinoifes. L'habileté des Fleuriftes & leurs foins affidus ont tellement perfectionné l'efpece de cette plante, qu'elle eft devenue prefque méconnoiffable à des yeux Européens. L'élégance & la légèreté des branches de cette matricaire, la belle découpure de fes feuilles, la beauté, l'éclat & la durée de fes fleurs, femblent, en effet, juftifier l'efpece de paffion que témoignent pour elle les Florimanes Chinois. Ils font parvenus à obtenir plus de trois cents variétés de cette plante; chaque année en voit éclore de nouvelles. La nomenclature de ces variétés feroit auffi longue que faftidieuse : nous nous contenterons de dire, en général, que fes fleurs femblent réunir toutes les combinaisons poffibles de formes & de couleurs. Ses feuilles ne font pas moins variées : les unes font minces, les

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