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Arbres, arbriffeaux, plantes de

autres épaiffes; celles-ci font très-petites, celles-là lon-
gues & larges; quelques-unes font découpées comme des
feuilles de chêne d'autres reffemblent à celles de ce- la Chine.
rifier après en avoir vu plufieurs échancrées en festons
& arrondies à leur extrémité, vous en trouverez d'autres
dentelées & terminées en pointe, &c.

On multiplie la matricaire de la Chine par la femence, les marcottes, les entes, les rejetons. Quand on en a de belles especes, on laiffe mûrir la graine, & vers la fin de l'automne on la feme dans une terre bien préparée. Il faut, felon quelques Fleuriftes, qu'elle passe ainfi l'hiver dans la terre; d'autres la fement au printemps. Pourvu qu'on l'arrofe après l'hiver, elle pouffe & croît rapidement. Quand la matricaire a donné fes fleurs, on coupe toutes les branches à trois pouces de la racine; on laboure la terre, on y mêle du fumier; & quand le froid commence à devenir piquant, on garnit la matricaire de paille, & on la couvre d'un pot qu'on renverse. Celles qui font dans des vafes, font transportées dans les ferres, où on ne les arrose point. Au printemps, on découvre les matricaires, on les arrofe, & elles donnent un grand nombre de rejetons. Quelques Fleuristes n'en laiffent fubfifter que deux ou trois; plufieurs arrachent le pied entier avec la racine, & la divifenten plufieurs portions qu'ils tranfplantent ailleurs. Quelques autres encore joignent deux pieds de matricaire de différentes couleurs ; ils font à chacun, par le bas, une entaille assez longue, & qui pénetre jufque près de la moelle, & lient enfuite les deux pieds avec du chanvre pour qu'ils restent étroi

tement unis. Ils obtiennent, par ce moyen, de belles Arbres, arbrif- Acurs, panachéés de couleurs déterminées.

eaux, plante s de la Chine.

La matricaire demande une expofition avantageuse, un air libre, frais, humide, & qui fe renouvelle facilement. Cette plante ne feroit que languir dans une enceinte étroite de quatre murailles. La terre qu'on lui destine doit être graffe, nourrie de poudrette, humide, & préparée avec foin. Pour l'arrofer, on ne se sert que d'eau de riviere ou de pluie; au printemps, on mêle à cette eau des chiures de vers à foie ou de la fiente de volaille; en été, on y laiffe infufer pendant plufieurs jours des plumes de poule & de cane, & l'on y joint un peu de falpêtre; en automne, avant que les boutons fe forment, on mêle à cette eau une dose de poudrette plus au moins forte felon que la plante paroît plus ou moins vigoureuse. Pendant les grandes chaleurs de l'été, on l'arrose le matin & le foir, mais on ne mouille les feuilles que le matin. On difpofe au pied de la matricaire de petits fragmens de brique, pour empêcher que l'eau n'affaiffe trop la terre. Toutes ces attentions paroîtront peut-être minutieuses, mais il est vraisemblable qu'elles font fondées fur l'observation & l'expérience; & ce n'eft qu'à l'aide de ces petits foins, que le Chinois, patient & réfléchi, eft venu à bout d'obtenir d'une plante fauvage & prefque infecte, des fleurs brillantes & parfumées.

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ARTICLE VII.

Herbes & plantes médicinales de la Chine.

Chine.

ES fimples & les herbes médicinales qui croiffent à la Chine, forment une des branches les plus riches, les Herbes & plantes plus variées & les plus étendues de fon Hiftoire Natu- médicinales de la relle. Comme notre objet n'est point de donner ici un Herbier Chinois, nous nous contenterons d'indiquer les principales..

La Rhubarbe..

LE Tai-hoang, ou la rhubarbe, croît dans plufieurs des provinces de cet Empire; mais la meilleure eft celle de Se-tchuen, qu'on regarde comme très-fupérieure à celle du Chen-fi & du Thibet. La tige de la rhubarbe reffemble aux petits bamboux, ou cannes Chinoises; elle est vide & très- caffante. Elle s'éleve à la hauteur de trois ou quatre pieds, & fa couleur eft d'un violet obscur. Dans la feconde lune, c'est-à-dire, au mois de Mars, elle pouffe des feuilles longues, épaiffes, & dont la surface: eft rude au toucher; ces feuilles, rangées quatre à quatre fur une même queue, forment un calice. Les fleurs que portent cette plante font de couleur jaune, quelquefois de couleur violette. A la cinquieme lune, elle produit une petite femence noire de la groffeur d'un grain de millet. A la huitieme lune, on l'arrache. Les racines de rhubarbe qu'on eftime les meilleures, font les plus pefantes, & celles dont la substance est la plus marbrée. Il est très-difficile de les fécher, & de parvenir à en exprimer

Chine.

toute l'humidité. Les Chinois, après les avoir nettoyées, Herbes & plantes les coupent en tronçons de l'épaiffeur d'un pouce ou médicinales de la deux, & les font fécher fur des tables de pierre, fous lesquelles ils allument un grand feu. Ils tournent & retournent continuellement ces tronçons fur ces tables échauffées; mais comme cette opération n'eft point encore fuffifante pour les fécher parfaitement, ils enfilent tous ces morceaux en forme de chapelet, & les fufpendent à la plus forte ardeur du foleil, jufqu'à ce qu'ils foient en état d'être confervés fans danger de fe cor

rompre.

Les Médecins Chinois font affez d'accord avec les Médecins Européens, fur les propriétés de la rhubarbe & fur l'emploi qu'on doit en faire. Il est très-rare cependant qu'ils fe fervent de cette plante crue & en fubftance : ils l'emploient plus volontiers en décoction, avec quelques autres fimples qu'ils y mêlent. La rhubarbe est à très-bas prix à la Chine; la meilleure n'y vaut que quatre fous la

livre.

Le Hia-fao-tong-kong (*).

CETTE plante a toute la configuration d'un ver. On y distingue la tête, les yeux, le corps, les pieds des deux côtés du ventre, & les différens plis que la peau forme fur fon dos. Cette reffemblance eft fur-tout sensible, lorfque la plante eft fraîche & récente. Car fi on la garde long-temps, & fur-tout fi on l'expofe à l'air, elle devient noirâtre, & fe corrompt aifément, à caufe de la

(*) Ce nom Chinois fignifie, plante qui, d'herbe qu'elle étoit pendadt l'été, devient un ver pendant l'hiver.

médicinales de la

Chine.

molleffe de fa fubftance. Cette plante eft longue de neuf lignes, & de couleur jaunâtre ; elle est très-rare à la Chine, Herbes & plantes où elle paffe pour étrangere, & l'on en trouve difficilement ailleurs que dans le palais de l'Empereur. Le Hiatfao-tong-kong croît dans le Thibet; mais on en trouve auffi, quoiqu'en petite quantité, dans la province de Setchuen qui confine au Thibet, & dans le Hou-quang.

Les propriétés de cette racine font à peu près les mêmes que celles qu'on attribue au Gin-feng, excepté toutefois que l'ufage fréquent qu'on peut en faire ne cause pas, comme le Gin-feng, des ébullitions de fang & des hémorragies. Elle fortifie l'eftomac, & répare les forces perdues, foit par l'excès du travail, foit par de longues maladies. Le P. Parennin affure en avoir fait lui-même une heureuse expérience. » Le Tfong-tou, ou Vice-Roi » des deux provinces de Se-tchuen & de Chen-fi, dit » ce célebre Miffionnaire, étant venu en Tartarie pour » rendre ses devoirs à l'Empereur, apporta, felon la » coutume, ce qu'il avoit trouvé de plus fingulier dans » fon département ou dans les pays circonvoifins, & entre » autres chofes, des racines Hia-tfao-tong-kong. Comme. je l'avois connu autrefois, il me fit l'honneur de me » venir voir. J'étois alors dans un abattement extrême,,

כל

» caufé par les fréquens voyages qu'il me faut faire: » durant les rigueurs d'une faifon froide & humide.. » J'avois perdu l'appétit & le fommeil, & je languiffois "nonobftant les divers remedes qu'on m'avoit donnés.. » Touché de mon état, il me propofa d'ufer de fa " racine, qui m'étoit tout-à-fait inconnue, & il m'enfeigna la maniere de la préparer. Il faut, me dit-il, prendre cinq drachmes de cette racine toute entiere avec

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