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Herbes & plantes, médicinales de la Chine.

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fa queue, & en farcir le ventre d'un canard domeftique, que vous ferez cuire à petit feu. Quand il fera cuit, retirez-en la racine, dont la vertu aura passé dans » la chair du canard, & mangez-en foir & matin pen» dant huit à dix jours. J'en fis l'épreuve, & en effet l'appétit me revint, & mes forces fe rétablirent. Les » Médecins de l'Empereur, que je confultai sur la vertu » de cette racine, me l'expliquerent de la même ma» niere qu'avoit fait le Tfong-tou; mais ils me dirent qu'ils ne l'ordonnoient que dans le palais, à cause de la » difficulté qu'il y a d'en avoir; & que, s'il s'en trou» voit à la Chine, ce ne pouvoit être que dans la pro» vince de Hou-quang. J'écrivis à un de mes amis qui y » demeure, & je le priai de m'en envoyer; il le fit; » mais le peu de cette racine dont il me fit préfent, » étoit noir, vieux & carié, & coutoit quatre fois fon poids d'argent «.

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Le San-tfi.

LE San-tfi eft plus facile à trouver : cette plante croît fans culture dans les montagnes des provinces d'Yun-nan, de Koei-tcheou & de Se-tchuen. Elle pouffe huit tiges qui n'ont point de branches. Celle du milieu, qui est la plus haute, porte trois feuilles à fon extrémité, & les fept autres tiges n'en portent qu'une. C'eft de ce nombre déterminé de feuilles que cette plante tire le nom de San-tfi, qui fignifie trois & fept. Toutes ces tiges fortent d'une racine ronde, qui a quatre pouces de diametre : cette racine en jette quantité d'autres qui font petites, oblongues, de la groffeur du petit doigt, & dont l'écorce

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tes médicinales de

la.Chine.

eft dure & rude; la fubftance intérieure eft plus molle, & de couleur jaunâtre. Ce font ces petites racines qu'on Herbes & planemploie particuliérement dans la Médecine. La tige du milieu est la feule qui porte des fleurs blanches; elles croiffent à la pointe fous la forme de grappes de raisin, & s'épanouiffent vers la fin de la fepticme lune, c'est-àdire, au mois de Juillet.

Quand on veut multiplier cette plante, on coupe fa racine en rouélles, qu'on met en terre vers l'équinoxe du printemps; dans l'efpace d'un mois elle pouffe ses tiges, & au bout de trois ans cette plante a toute la grandeur & la groffeur qu'elle peut acquérir. Les Médecins Chinois fe fervent du San-tfi pour les plaies, pour les crachemens & les pertes de fang; ils le regardent surtout comme un spécifique fouverain dans fa petite vérole. Nos Miffionnaires disent en avoir vu des effets furprenans, & ils affurent que les boutons les plus noirs & les plus infects deviennent vifs & d'un beau rouge, auffi-tôt que le malade a pris de cette racine. Une efpece de chevre grife aime fort à brouter cette plante; & comme elle en fait fa nourriture, fon fang, difent les Chinois, s'empreint de fes qualités médicinales. On fait du fang de ‹cette chevre le même usage que de la plante même.

Arbre de Caffe.

On trouve des arbres de caffe dans la partie de la province d'Yun-nan qui confine au royaume d'Ava. Ces arbres font assez hauts, & portent de longues gouffes, qui leur ont fait donner, par les Chinois, le nom de Tchang-kotfe-chu, l'arbre aux fruits longs. Ces gouffes font en effet

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tes médicinales de la Chine.

plus longues que celles qu'on voit en Europe; elles ne Herbes & plan- font point compofées de deux coffes convexes, comme le font celles des légumes ordinaires, mais d'une espece de tuyau creux, partagé en plufieurs petites cellules, qui contiennent une substance moelleuse, entiérement femblable à la caffe dont nous nous fervons.

Le Gin-feng..

LA plus recherchée & la plus précieuse de toutes les plantes de la Chine, est celle de Gin-feng, que les Tartares Mantcheoux nomment Orhota, la Reine des plantes. Les Médecins Chinois n'en parlent qu'avec une forte d'enthousiasme, & ne tariffent point dans l'énumération qu'ils font de fes heureuses propriétés.

La racine du Gin-feng est blanche & raboteuse; sa tige est unie, affez ronde, & d'un rouge foncé. La hauteur de cette tige varie fuivant la groffeur & la force de la plante. De l'extrémité de la tige fortent plusieurs branches qui s'écartent également l'une de l'autre, sans fortir du même plan. Chaque branche porte cinq feuilles extrêmement minces & chargées de fibres; la furface fupérieure de la feuille eft d'un vert obscur; l'autre, d'un vert blanchâtre & luifant. Toutes les feuilles font dentelées, & les denticules en font affez fines. Cette plante porte à l'extrémité d'une tige particuliere, un petit bouquet de fruits rouges & fort ronds. Ce fruit n'eft pas bon à manger; le noyau reffemble aux noyaux ordinaires, il eft dur, & contient le germe reproducteur de la plante. On distingue aisément le Gin-feng à la forme & à la couleur de fon fruit, lorfqu'il en a; car il arrive fouvent qu'il

Herbes & plan

tes médicinales de

n'en porte point, quoique fa racine foit fort ancienne.
Cette plante tombe & renaît tous les ans, & l'on
connoît fon âge par le nombre des tiges qu'elle a déjà la Chine.
pouffées, dont on apperçoit toujours quelque reste à
l'extrémité fupérieure de la racine. On n'en seme pas la
graine, parce qu'on ne l'a jamais vu pouffer: c'eft pro-
bablement l'origine de la fable que débitent les Tartares
fur la reproduction du Gin-feng. Ils affurent qu'un oifeau
mange cette graine dès qu'elle eft en terre, mais que ne
la pouvant digérer, il la purifie dans fon eftomac, &
qu'elle pouffe enfuite dans l'endroit où il la laiffe avec fa
fiente. Il est plus vraisemblable de croire que le germe
de cette plante eft lent à fe développer, & que le noyau
qui le contient refte long-temps dans la terre avant de
pouffer aucune racine. Cette conjecture paroît d'autant
mieux fondée, qu'on trouve des racines de Gin-feng qui
ne font ni plus groffes ni plus longues que le petit doigt,
quoiqu'elles aient fucceffivement pouffé plus de dix tiges
en autant d'années différentes.

Cette racine a fait de tout temps la principale richesse de la Tartarie Orientale où elle croît. On ne la trouve qu'entre le 39° & le 47° degré de latitude boréale, & entre le 10° & le 20 degré de longitude orientale, en comptant depuis le méridien de Pe-king. Toute cette étendue de pays eft occupée par une longue fuite de montagnes efcarpées, que couvrent d'impénétrables forêts. C'est fur le penchant de ces montagnes affreuses, & dans ces forêts, fur le bord des ravines, autour des rochers, aux pieds des arbres, & au milieu d'herbes de toute efpece, que fe trouve la précieuse plante de Gin-feng. Elle

tes médicinales, de la Chine..

ne croît point dans les plaines, dans les vallées, dans Herbes & plan- les terreins marécageux, dans le fond des ravines, ni dans les lieux trop découverts. Si le feu prend à la forêt & la confume, cette plante n'y reparoît que trois ou quatre ans après l'incendie. Elle aime l'ombre, & femble vouloir fe dérober par-tout aux rayons du foleil: ce qui prouve que fa nature. la rend ennemie de la chaleur.

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La récolte du Gin-feng eft interdite aux Particuliers ; elle appartient à l'Empereur, qui envoie tous les ans dix mille foldats dans la Tartarie pour le cueillir. Voici l'ordre qu'observe cette armée d'Herboristes. Après s'être partagé le terrein, chaque troupe, compofée de cent hommes, range fur une même ligne, en gardant de dix en dix une certaine diftance. Ils avancent enfuite infenfiblement fur un même romb, en cherchant avec foin la plante de Gin feng; & de cette maniere ils parcourent, durant un certain nombre de jours, l'efpace qu'on leur a marqué, Dès que le terme eft expiré, des Mandarins, nommés pour préfider à cette récolte, & qui fe tiennent fous leurs tentes dans le voifinage, envoient vifiter les différentes troupes pour leur intimer leurs ordres, & s'informer le nombre d'hommes eft complet; car il arrive fouvent que plufieurs s'égarent ou font dévorés par les bêtes féroces. Lorsqu'on s'apperçoit de leur absence,. on les fait chercher pendant quelque temps, & l'on fe remer enfuite à l'ouvrage, en obfervant toujours le même ordre.

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Ces Herboristes ont beaucoup à fouffrir dans cette expédition. Ils ne portent ni tentes ni lits, étant déjà fuffifamment chargés de leur provifion de millet rôti au four, dont ils fe nourriffent pendant tout le temps du voyage. Ils effuient toutes les intempéries de l'air, & paffent le

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