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tes médicinales de la Chine.

qualités : elle ne produit qu'une feule tige, & cette tige Herbes & plan- tombe & renaît toutes les années. Or, ce que Théophraste dit de la mandragore & de la férule, fe trouve vrai du Gin-feng qui ne pouffe qu'une feule tige, que la même année voit fe former & fe détruire. Cette propriété ne peut absolument convenir aux deux efpeces de folanum furiofum ou lethale, qui produifent dix à douze tiges fur un feul pied. Ainsi l'opinion de prefque tous les Botanistes, qui croient que ces efpeces de folanum, & en particulier celui auquel les Italiens ont donné le nom de Bella donna, font la mandragore de Théophraste, fe trouve ici renversée par Théophraste même.

Secondement, Théophrafte dit que le fruit de la mandragore a cela de particulier, qu'il eft noir, qu'il naît en grappe, & qu'il a un goût vineux.

Il est vrai que le fruit du Gin-feng est d'un très beau rouge dans fa maturité; mais en féchant fur pied il devient fi noir, qu'à peine apperçoit-on en quelques uns qu'il ait été rouge. Il Il en eft de même de quelques autres plantes, dont le fruit prend fucceffivement différentes couleurs. Si l'on confidere les fruits du Gin-feng, ou l'ombelle qui les porte, on verra que la dénomination de grappe leur convient parfaitement, & auffi bien qu'aux fruits des deux efpeces de folanum, dont l'un, tel que la morelle, produit une ombelle ou grappe femblable à celle du lierre, & l'autre ne produit qu'un grain qu'on appelle Faba inverfa.

Le goût vineux eft propre à plusieurs plantes qui portent des bayes: le Gin-feng en est une; l'eau qui fe répand dans la bouche, lorsqu'on preffe fon fruit, tient du goût de fes racines & de fes feuilles.

Troifiémement, Théophrafte rapporte les fuperftitions

Herbes & plan

que pratiquoient les Anciens en cueillant la mandragore. tes médicinales de Le P. Lafiteau dit que les Sauvages haranguent auffi leurs la Chine.. herbes médicinales, & qu'ils pratiquent un grand nom

bre de cérémonies, lorfqu'ils partent pour aller herborifer.

Quatrièmement, Théophrafte décrit les vertus de fa mandragore. Sa feuille, dit-il, pétrie avec de la farine, eft bonne pour les ulceres; fa racine, raclée & macérée dans le vinaigre, fert pour l'éréfipele, pour toutes les fluxions de goutte, pour concilier le fommeil. On la donne dans le vinaigre ou dans le vin. Il ajoute, que la maniere de la conferver, eft de la couper par rouelles, qu'on enfile & qu'on fufpend à la fumée.

Tous ces effets de la mandragore de Théophrafte fe rapportent beaucoup à ceux qu'on attribue au Gin-feng On peut se rappeler tout ce que nous avons dit dans cet article fur cette plante.

Quand Théophrafte affure que la mandragore eft bonne pour concilier le fommeil, il ne dit rien qui ne foit conforme aux expériences multipliées qu'on a faites avec le Gin-feng; mais le Gin-feng ne produit pas cet effet par une qualité narcotique, froide & fupéfiante, mais par accident, en ôtant les caufes de l'infomnie..

Le Fou-lin.

Il ne faut pas confondre cette racine avec le Tou-foulin, qui n'est que la racine de squine ou China. Celle-ci est très-commune à la Chine, & s'y donne à un prix très-modique; au lieu que le Fou lin s'y vend fort cher,.

& tient un rang diftingué parmi les plantes médicinales Herbes & plan- que produit le fol decet Empire.

tes médicinales de la Chine.

L'Herbier Chinois, en décrivant le Fou-lin, ne lui donne ni tige, ni feuilles, ni fleurs; ce qui nous fait conjecturer qu'il doit être placé dans la claffe des truffes. Les bonnes racines de Fou-lin fe trouvent dans la province de Chen-fi: mais dans la fuite on en a découvert de meilleures encore dans la province d'Yun-nan, & celles-ci font les feules dont on faffe ufage à la Cour où elles fe vendent un taël la livre. Cette racine croît auffi dans la province de Tche-kiang, & l'on s'en fert dans les provinces méridionales. Ce Fou-lin coute moins cher; mais il n'est nullement comparable à celui de la province d'Yunnan. Un Médecin lettré a observé que le Fou-lin de Tchekiang, étant d'une chair fpongieuse, & ayant moins de fubftance & de force que celui d'Yun-nan, il ne pourroit réfifter à l'air vif & nitreux de Pe-king: au contraire, le Fou-lin des provinces d'Yun-nan & de Chen-fi eft compacte, a peu de pores & beaucoup de poids.

Le Fou-lin croît toujours dans le voisinage des pins : c'est à la distance d'environ une braffe des plus gros de ces arbres qu'on doit le chercher; & pour le trouver il faut quelquefois creufer la terre jufqu'à la profondeur de fix à sept pieds. On prétend que de l'endroit où cette racine eft renfermée, il s'exhale une vapeur déliée qui n'échappe point à l'œil exercé des Herboriftes. Le bon Fou-lin refte dans la terre fans s'y carier, fans que les vers l'endommagent, & fa fubftance eft d'autant plus perfectionnée, qu'il y eft demeuré plus longtemps. Voici ce qu'on lit dans une Lettre du P. d'Entre

colles fur cette racine. » L'Herbier Chinois, dit-il, affure, » 1o. que le bon Fou-lin se trouve dans la terre, fur les montagnes ou dans les vallées voifines des endroits » où de vieux pins ont été coupés; 2°. que c'est de la » substance la plus fpiritueuse, échappée de ces pins & répandue dans le terroir, qu'il est formé & qu'il reçoit fon accroiffement. Sur quoi j'ai jugé que le Fou»lin pourroit bien fe former & croître de la même » maniere que les truffes, qui ne tiennent à la terre par » aucune racine fenfible. Peut-être le Fou-lin eft-il une

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efpece de Fungus des groffes racines des pins qu'on a » coupés, dont le fuc nourricier, retenu en bas, se ra» maffe & engendre cette fubftance qui eft d'abord molle, » & plus ou moins fpongieuse, à proportion de la graisse » du pin. Le Fou-lin, que j'ai eu entre les mains, m'a paru n'avoir jamais eu de racines par où il ait été → attaché à celles du pin, & les Livres n'en difent rien.

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Que s'il eft fortement attaché aux racines des pins: » coupés, on pourroit le regarder comme une efpece de gui de ces racines, de même que le pin a fouvent au » dehors un gui qui ne lui tient par aucune fibre, quoiqu'il s'en nourriffe.... Un Médecin, ajoute ce Mission» naire, m'ayant affuré qu'on plante le Fou-lin & qu'on » le cultive, je crus d'abord m'être trompé dans mes » conjectures, en le mettant au rang des truffes: mais quand il m'eut ajouté qu'il ne croyoit pas qu'ayant » été ainfi planté il eût une tige & des feuilles, je re» vins à mon premier fentiment; car ayant lu dans le » Dictionnaire de l'Académie, qu'il y a des endroits où

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l'on replante les petites truffes pour les faire groffir,,

Herbes & plan

tes médicinales de

la Chine.

Herbes & plan. tes médicinales de la Chine.

» & qu'étant replantées elles ne jettent ni tige, ni branches, ni feuilles, il m'a paru qu'il en pouvoit être de » même du Fou-lin qu'on replante & qu'on cultive .«.

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Quand on veut faire ufage du Fou-lin, on le prépare en le dépouillant de fon écorce qui n'a aucune vertu, & en donnant deux ou trois bouillons à la fubftance qu'elle renferme. Les propriétés que la Médecine Chinoife attribue à cette racine, font très-nombreuses: fes effets font doux & tempérés; elle ne contient rien de malfaisant, ni qui ait besoin de correctif. On la recommande comme très-falutaire pour les maladies du foie & de la poitrine, pour l'asthme, l'hydropisie, les rétentions d'urine, pour diffoudre les flegmes, & diffiper les Alatuofités de l'eftomac. On affure encore qu'elle arrête les vomiffemens, prévient les convulfions des enfans, & qu'en fortifiant les reins, elle dispose les femmes à des couches heureuses. Les Médecins Chinois recommandent de s'abf tenir de vinaigre & d'alimens acides pendant tout le temps qu'on fait usage de cette racine. Comme on fait que le Fou-lin croît toujours dans le voisinage des pins, peut-être pourroit-on le découvrir en France, fi on le cherchoit avec quelque attention.

Le Ti-hoang.

LES Chinois donnent ce nom à la racine de la grande confoude: la meilleure fe trouve dans la province de Ho-nan, aux environs de la ville de Hoai-king. Les racines de cette plante, lorsqu'elles font defféchées, font de la groffeur du pouce, & beaucoup plus longues. La Médecine Chinoise attribue à ces racines un grand nombre

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