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tes médicinales de la Chine

de propriétés falutaires, & l'ufage en eft devenu très-
commun dans presque toutes les provinces. Les perfonnes Herbes & plan-
riches, attentives à leur fanté, prennent tous les matins
des pilules de Ti-hoang, comme on prend en Europe
le thé, le café, ou le chocolat. Les uns coupent cette
racine en petites rouelles, pour la prendre en décoction
ou cuite au bain-marie; d'autres la pilent, lui donnent
la forme de bols, qu'ils avalent avec de l'eau chaude. On
y ajoute ordinairement cinq fortes d'autres plantes ou
ingrédiens, qui font des aromates, des cordiaux, des
diurétiques, des acides, & de légers foporifiques; mais le
Ti-hoang est toujours la base de ces pilules.

Plantes qui manquent à la Chine.

Si le vaste Empire de la Chine renferme une grande quantité de fimples & de plantes médicinales inconnues à l'Europe, il en est aussi plusieurs qui nous font particulieres & qui lui manquent. L'Empereur Kang hi, qui connoiffoit les grands effets de la thériaque d'Andromaque voulut un jour qu'on en fît la composition dans fon pàlais. Il fallut chercher des viperes, & quelques plantes qui ne fe trouvoient point dans les pharmacies & dans les magasins de Pe-king, entre autres, la gentiane & l'impératoire. L'Empereur nomma pour faire cette recherche, plusieurs Miffionnaires Européens, tous de nations différentes; il leur joignit les plus savans Botanistes Chinois, & les fit conduire par des Mandarins dans les montagnes voisines, fur le bord des rivieres, & dans d'autres lieux où l'on espéroit de trouver les plantes dont on avoit besoin; mais toutes ces recherches furent inu Ggg

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tes médicinales de la Chine.

tiles: on ne trouva pas même de viperes. Le même Kang-hi Herbes & plan défiroit paffionnément qu'on pût faire à la Chine une confection d'alkermès femblable à celle d'Europe, qui avoit fait ceffer les fréquentes palpitations de cœur auxquelles il étoit fujet. Il fit chercher le kermès dans toutes les provinces de l'Empire, & jufques en Tartarie, fans qu'aucun Herboriste ait pu le découvrir. On apportoit de tous côtés des arbustes à fruit rouge; mais ce n'étoit point le kermès. » J'ai fuivi, dit le P. Parennin, l'Em» pereur de la Chine pendant dix-huit ans dans tous fes » voyages de Tartarie; j'ai eu fucceffivement pour com» pagnons M. le Docteur Bourghefe, Médecin du feu » Cardinal de Tournon, les freres Frapperie, Rhodes, » Paramino, Cofta, Rouffet, tous Jéfuites de différentes » nations, les uns Chirurgiens, les autres Apothicaires, » & en dernier lieu le fieur Gagliardi, Chirurgien de l'hopital du Saint-Efprit de Rome..Dans tous ces voyages » nous n'avons rien trouvé qui ne fe trouve par-tout » ailleurs, comme, par exemple, de fort belle angélique, quoiqu'elle ne foit pas cultivée; des côteaux de » montagnes remplis de dictamne blanc, de pastenades, d'afperges, & de fenouil fauvage; de la chélydoine, » de la quintefeuille, de l'aigremoine, de la pimprenelle, du pouliot, de la joubarbe, & du plantain grand & petit. Dans les petites vallées, entre les mon"tagnes, on trouve des forêts de belle armoife, & d'abfynthe différente de celle de l'Europe; la fougere:

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» fe voit que fur les hautes montagnes. Inutilement » cherchions-nous la gentiane, l'impératoire, le genievre » & le bois de frêne; nous ne trouvâmes rien qui en

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Herbes & plan

tes médicinales de

» approchât. J'ai écrit à nos Miffionnaires dans les pro-
vinces pour en avoir, & ils n'ont pu m'en envoyer.
» Tout cela ne prouve pas abfolument qu'il n'y ait au- la Chine.
» cune de ces plantes à la Chine ou en Tartarie; c'est
» un monde que nous n'avons pas parcouru; mais
» c'est un préjugé que s'il y en a, elles y font très-rares «

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Ngo-kiao.

Je dois faire ici l'hiftoire du Ngo-kiao, drogue célebre à la Chine, dont la confection paroîtra fans doute auffi finguliere que le grand nombre de propriétés qu'on lui attribue. Dans la province de Chan-tong, près de Ngohien, ville du troisieme ordre, il existe un puits creufé par la Nature, auquel on donne foixante-dix pieds de profondeur, & qui communique, felon les Chinois, avec un lac ou quelque autre grand réservoir fouterrain. L'eau qu'on en tire eft très-clairé, & plus pefante que l'eau commune; & fi on la mêle avec de l'eau trouble, elle la purifie & l'éclaircit en précipitant au fond du vase toutes les faletés qu'elle contient. C'eft l'eau de ce puits qu'on emploie pour faire le Ngo-kiao, qui n'eft rien autre chofe qu'une colle de peau d'âne noir.

On tue cet animal, & l'on enleve fa peau, qu'on fait tremper pendant cinq jours dans de l'eau tirée de ce puits. On la retire au bout de ce terme, pour la nettoyer & la ratiffer; on la découpe enfuite en petits morceaux, qu'on fait bouillir à petit feu dans l'eau de ce même puits, jusqu'à ce qu'ils soient réduits en colle, qu'on paffe toute chaude par une toile, pour en féparer toutes les parties

tes médicinales de

la Chine.

groffieres qui n'ont pu être fondues. Dès que cette colle Herbes & plan- s'eft refroidie & a pris de la confiftance, on la façonne la diftribuer. Les Chinois en forment communé pour ment des tablettes, fur lefquelles ils impriment des caracteres, des armoiries, ou les enseignes de leurs boutiques.

Ce puits eft le feul de son espece à la Chine; il est toujours fermé, & fcellé du fceau du Gouverneur du Heu, jufqu'au jour où l'on a coutume de l'ouvrir pour faire la colle de l'Empereur. Cette opération tient ordinairement depuis les récoltes d'automne jusqu'au commencement du mois de Mars. Pendant ce temps, les peuples voisins & les Marchands traitent, pour avoir de cette colle, avec les Gardes du puits, & les Ouvriers qui la fabriquent. Ceux-ci en font, en leur particulier, la plus grande quantité qu'ils peuvent, avec cette différence qu'elle eft moins propre, & qu'ils n'examinent point avec une attention si scrupuleuse, si l'âne eft gras ou d'une couleur bien noire. Cependant toute la colle qui se travaille en cet endroit, eft auffi eftimée à Pe-king, que celle que les Mandarins du lieu font paffer à la Cour & à leurs amis.

Comme cette drogue jouit de la plus grande célébrité, & que la quantité qui s'en fabrique à Ngo-hien ne fuffit point pour en pourvoir tout l'Empire, on ne manque pas de la contrefaire ailleurs, & d'en fabriquer de fausse avec de la peau de mule, de cheval, de chameau, & quelquefois même avec de vieilles bottes. Il eft cependant très-aisé de la distinguer de la véritable: celle-ci n'a ni mauvaise odeur, ni goût défagréable lorsqu'on la porte à

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ta Chine.

la bouche; elle eft caffante, friable, & toujours de couleur ou parfaitement noire, ou d'un noir rougeâtre. Herbes & planLa fauffe a toutes les qualités contraires; elle est de mauvaife odeur & de mauvais goût, vifqueuse, mollaffe, même quand elle eft faite de cuir de cochon, qui est celle qui imite le mieux la véritable.

Les Chinois attribuent un grand nombre de vertus à cette drogue: ils affurent qu'elle diffout les flegmes; qu'elle eft amie de la poitrine, qu'elle facilite le jeu & l'élafticité du poumon; qu'elle rend la refpiration plus libre à ceux qui l'ont embarraffée; qu'elle rétablit le fang, arrête les dyffenteries, provoque l'urine; qu'elle affermit l'enfant dans le fein de la mere, &c. &c. &c. Sans vouloir garantir ce grand nombre de propriétés, il paroît du moins certain, par le témoignage des Miffionnaires, que cette drogue est très-bonne pour toutes les maladies du poumon. On la prend en décoction avec des fimples, & quelquefois en poudre, mais plus rarement.

ARTICLE VII L

Quadrupedes, Oiseaux, Papillons, Poiffons de la Chine.
LES

ES montagnes & les vaftes forêts de la Chine fournissent

des animaux sauvages de toute efpece. On y trouve quel- Quadrupedes, ques rhinocéros, des éléphans, des léopards, des tigres, lons, Poissons de des ours, des loups, des renards, des bufles, des cha- la Chine. meaux, des chevaux, & des mules fauvages, &c. Les provinces feptentrionales renferment quelques caftors,

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