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Quadrupedes, Oifeaux, Papillons, Poissons de la Chine.

des martres zibelines, & des hermines; mais les fourrures qu'elles donnent ne valent point celles qu'on tire de Sibérie.

Le gibier eft très-commun à la Chine. Les places de Per king, pendant l'hiver, font remplies de monceaux de différentes fortes d'animaux volatils, terreftres & aquatiques, durcis par le froid, & exempts de toute corruption: on y voit une quantité prodigieufe de cerfs, de daims, de fangliers, de chevres, d'élans, de lievres, de lapins, d'écureuils, de chats & de rats fauvages, d'oies, de canards, de poules de bois, de perdrix, de faifans, de cailles, & plufieurs autres efpeces de gibier qui ne fe trouvent point en Europe. Les chevaux Chinois n'ont ni la beauté, ni la vigueur, ni la vîtesse des nôtres, & les habitans du pays ne safa vent point les dompter; ils font dans la néceffité de les mutiler, & cette opération les rend doux & familiers. Ceux qu'ils destinent aux exercices militaires, font fi timides, qu'ils fuient au seul henniffement des chevaux Tartares. D'ailleurs, comme ils ne font point ferrés, la corne de leurs pieds s'ufe bientôt; en forte que le meilleur cheval, à six ans, est presque incapable de service.

On voit à la Chine une efpece de tigre fans queue, & qui a le corps d'un chien. C'est de tous les animaux le plus féroce & le plus léger à la course. Si l'on en rencontre quelqu'un, & que, pour se dérober à sa fureur, on monte fur un arbre, l'animal pouffe un cri, & à l'instant on en voit arriver plufieurs autres, qui, tous enfemble, creufent la terre autour de l'arbre, le déracinent & le font tomber. Mais les Chinois ont trouvé depuis peu le moyen de les détruire: ils s'affemblent vers le

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foir en certain nombre,. & élevent une forte paliffade dans laquelle ils se renferment; enfuite, imitant le cri Quadrupedes, de l'animal, ils attirent tous ceux des environs, & tan- ions, Poiffons de Oifeaux, Papil dis que ces bêtes féroces travaillent à fouir la terre pour la Chine... abattre les pieux de la paliffade, les Chinois s'arment de fleches, & les tuent fans courir aucun danger.

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Les chameaux fauvages & domeftiques fe trouvent au nord-ouest de la Chine. » Le chameau, dit un Ecrivain "Chinois, reffemble affez au cheval par le corps: il "reffemble, par la tête, mouton; il a le cou » long & les oreilles pendantes; il a trois articulations » aux jambes, & deux boffes de chair fur le dos, qui " forment comme une espece de felle. Il rumine, il: » fouffre fans peine le froid, & craint naturellement la » grande chaleur: de là vient qu'au folftice d'été, il mue

entiérement, fans qu'il lui refte aucun poil. Il peut » porter jufqu'à mille livres Chinoifes pefant, & faire: » deux à trois cents lys par jour. Son instinct naturel lui » fait découvrir les veines d'eau cachées dans la terre,. » & le vent qui eft près de s'élever. En fouillant dans l'en» droit où le chameau bat du pied, on découvre les eaux, qui » coulent fous terre. Il s'éleve affez ordinairement durant » l'été des vents brûlans, qui étouffent en un instant les voya » geurs: lorfque les chameaux s'attroupent en criant, & en» terrent leurs museaux dans le fable, c'est une marque cer »taine que ce vent eft fur le point de fouffler. Il dort fans » que fon ventre touche à terre: ceux par-deffous le ventre » defquels on voit le jour, après qu'ils fe font couchés » fur leurs jambes pliées, fe nomment Min-to ou cha»meaux transparens ; & ce font ceux qui peuvent faire

Quadrupedes

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Oifeaux, Papil

» les longs voyages. Il en eft d'autres qu'on nomme Fong-kio-to ou chameaux à pieds de vent, à caufe de Lons, Poiffons de " leur extrême vîteffe: ceux-ci peuvent faire mille lys » en un jour «.

La Chine.

La graiffe qui fe trouve dans les boffes des chameaux

fauvages, & qu'on nomme huile des boffes, est d'un usage fréquent dans la Médecine Chinoise.

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On diftingue à la Chine plufieurs efpeces de finges. Ceux qu'on nomme Sin-fin different des autres par leur grandeur, qui égale celle des hommes d'une taille moyenne. Ils marchent avec facilité fur leurs pieds de derriere, & mettent dans la plupart de leurs actions une conformité finguliere avec les nôtres.

Le plus joli des quadrupedes qu'aient les Chinois, est un cerf qui ne devient jamais ni plus gros ni plus grand qu'un de nos chiens ordinaires. Les Princes & les Mandarins les achetent fort cher, & les font élever dans leurs jardins par curiofité. Il en ont une autre efpece d'une grandeur démesurée, qu'ils appellent Cheval-cerf.

La Chine renferme un animal précieux, qui ne fe trouve point ailleurs; c'est le Hiang-tchang-ife, ou daim odoriférant, qui fournit un mufc parfait. Cet animal eft même assez commun dans cet Empire; on en trouve non feulement dans les provinces méridionales, mais encore dans celles qui font à l'occident de Pe-king. C'est une espece de daim fans cornes, & dont le poil tire fur le noir. La bourse qui renferme fon mufc eft formée d'une pellicule très-fine, & couverte d'un poil fort délié. La chair de ce chevreuil est très-bonne à manger, & on la fert fur les tables les plus délicates. L'extrait d'une Lettre, écrite de Pe-king

par

par un Miffionnaire Jésuite, fera mieux connoître encore

ce fingulier animal.

Quadrupedes, Oifeaux, Papil

» A l'occident de la ville de Pe-king, écrit ce Mif- lons, Poiffons de

» fionnaire, fe voit une chaîne de montagnes, au mi- la Chine.

» lieu desquelles nous avons une Chrétienté & une petite

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Eglife. On trouve dans ces montagnes des chevreuils odoriférans. Pendant que j'étois occupé aux exercices » de ma Mission, de pauvres habitans du village allerent » à la chasse, dans l'espérance que j'acheterois leur gibier ›› pour le porter à Pe-king. Ils tuerent deux de ces ani» maux, un mâle & une femelle, qu'ils me présenterent » encore chauds & fanglans. Avant que de convenir du prix, ils me demanderent si je voulois prendre auffi » le mufc, & ils me firent cette question, parce qu'il y » en a qui fe contentent de la chair de l'animal, laissant » le mufc aux Chaffeurs qui le vendent à ceux qui en "font commerce. Comme c'étoit principalement le musc » que je fouhaitois, je leur répondis que j'acheterois » l'animal entier. Ils prirent auffi-tôt le mâle, ils lui couperent la veffie, &, de peur que le mufc ne s'évaporât, » ils la lierent à fon extrémité avec une ficelle. L'animal " & fon mufc ne me couterent qu'un écu.

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Le mufc fe forme dans l'intérieur de la veffie, & s'y attache aux parois comme une efpece de fel. Il » s'en forme de deux fortes; celui qui est en grain est le plus précieux, il s'appelle Teou-pan-hiang; l'autre, » qui est moins eftimé, & qu'on nomme Mi-hiang, est » fort menu & fort délié. La femelle ne porte point » de mufc, ou du moins ce qu'elle porte & ce qui en a » quelque apparence, n'a nulle odeur.

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Lu Chine.

» La chair des ferpens eft la nourriture la plus ordiQuadrupedes, »naire de cet animal. Quoique ces reptiles foient comOifeaux, Papillons, Poiffons de " munément d'une grandeur énorme, le chevreuil n'a » nulle peine à les tuer, parce que dès qu'un ferpent » est à une certaine distance du chevreuil, il est tout ૐ રે arrêté par coup la vapeur de fon mufc; fes fens » s'affoibliffent, & il refte fans mouvement. Ce fait eft » fi certain, que les payfans qui vont chercher du bois » ou faire du charbon dans ces montagnes, n'ont point » de meilleur fecret pour fe garantir de ces ferpens, » dont la morfure eft très-dangereufe, que de porter

fur eux quelques grains de mufc; alors ils dorment » tranquillement après leur dîner. Si quelque ferpent s'approche d'eux, il est tout à coup affoupi par l'odeur du mufc, & il ne s'avance pas plus loin.

» Ce qui fe paffa lorsque je fus de retour à Pe-king, » eft, en quelque forte, une nouvelle preuve que la chair de ferpent eft la principale nourriture de l'animal muf» qué. On fervit au fouper une partie de mon chevreuil; » un des convives avoit toujours eu une horreur extrême » du serpent, & cette horreur étoit fi forte en lui, qu'on » ne pouvoit même en prononcer le nom, qu'il ne lui en » prît auffi-tôt de violentes nausées. Il ne favoit rien de la » maniere dont vivoit cet animal, & je me donnai bien » de garde de lui en parler; mais j'étois fort attentif à » fa contenance. Il prit du chevreuil comme les autres, » dans l'intention d'en manger; mais à peine en eut-il porté un morceau à la bouche, qu'il fentit un foulé» vement de cœur extraordinaire, & qu'il refusa d'y tou» cher davantage. Les autres en mangerent volontiers,

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