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» & il fur le feul qui témoigna de la répugnance pour » cette forte de viande «.

Quadrupedes, Oifeaux, Papil

On trouve dans les épaiffes forêts de la Tartarie, au lons, Poiffons de nord de la grande muraille, une espece de renard volant, la Chine. Ses ailes ne font que des peaux légeres qui s'étendent d'un pied à l'autre, & fe terminent à fa queue. Cet animal ne vole qu'en s'élançant du haut d'un arbre fur un autre qui eft plus bas ; il ne peut s'élever & voler en montant. On rencontre auffi à Keou-ouai un rat volant: il est plus gros que le rat ordinaire, & il a des ailes comme le renard dont nous parlons.

Un rat bien plus extraordinaire est le Fen-chou, qu'on trouve fur la côte prefque toujours glacée de la mer du Nord, au delà du Tai-tong-kiang. La figure de cet animal reffemble à celle d'un rat; mais il eft gros comme un éléphant. It habite dans des cavernes obfcures, & fuit foigneusement la lumiere. Il fournit un ivoire qui eft aufli blanc que celui de l'éléphant, mais plus aifé à travailler, & qui ne fe fend pas. L'ancien Livre Chinois Chin-y-king parle de cet animal en ces termes: Il y a dans le fond du Nord, parmi les neiges & les glaces qui couvrent ce pays, un CHOU (un rat) qui pefe jufqu'à mille livres; fa chair eft très-bonne pour ceux qui font échauffés. On en cite une autre efpece moins grande: celui-ci, dit-on, n'eft que de la groffeur d'un buffle; il s'enterre comme les taupes, fuit la lumiere, & refte prefque toujours renfermé dans fes fouterrains. Ce que nous rapportons ici est tiré du Recueil imprimé des propres Obfervations du célebre Empereur Kang-hi.

La Chine a des oifeaux de toute efpece, des aigles,

Quadrupedes,
Oifeaux, Papil- Cygnes,

la Chine.

pour

des faucons, des pélicans, des oiseaux de paradis, des des cicognes, & des perroquets qui ne le cedent Lons, Poiffons de à ceux de l'Amérique ni pour la beauté & la variété du plumage, ni la facilité avec laquelle ils apprennent à parler. Mais le plus bel oiseau de cette contrée, & peut-être de l'Univers entier, eft le Kin-ki ou poule d'or. Toutes les proportions du corps de cet oifeau font admirables, & fa robe brillante femble avoir épuifé tous les pinceaux de la Nature. Rien de plus riche & de plus varié que fes couleurs. Un rouge & un jaune éclatans forment les nuances de fes ailes & de fa queue, & un panache fuperbe flotte fur fa tête. La chair de cet oifeau est plus délicate que celle du faifan. On le trouve dans les provinces de Se-tchuen, d'Yun-nan & de Chen-fi.

L'oifeau le plus guerrier, le plus vif, le plus courageux, celui que les Chinois regardent comme le Roi de leurs oiseaux de proie, eft le Hai-tfing. Il est affez rare, & ne paroît que dans la province de Chen-fi, & dans quelques cantons de la Tartarie. Quand on en prend un, on eft obligé de le porter à la Cour, & de le remettre aux Officiers de la Fauconnerie de l'Empereur.

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Les papillons qui fe trouvent fur la montagne Lofeou-chan, fituée dans la province de Quang-tong, font. tellement, eftimés qu'on en envoie jufqu'à la Cour. Leurs couleurs font extraordinairement variées, & d'une viva-: cité furprenante; ils font beaucoup plus gros que ceux d'Europe, & ont les ailes beaucoup plus larges. Ces papillons restent comme immobiles fur les arbres pendant. le jour, & ils s'y laiffent prendre fans peine. Ce n'est que fur le foir qu'ils commencent à voltiger, à peu près de

Quadrupedes,

la même maniere que les chauve-fouris, dont quelquesuns femblent égaler la grandeur par l'étendue de leurs Oiseaux, Papilailes. On vante auffi les papillons des montagnes Si-chan lons, Poissons de de la province de Pe-tche-li; mais ils font petits, & ne font point autant eftimés que ceux de la montagne Lo-feou-chan.

Il feroit difficile de donner une nomenclature exacte de toutes les efpeces de poiffons que fourniffent les lacs, les rivieres & les mers de la Chine. Nos Miffionnaires, à qui nous fommes redevables de la plus grande partie des connoiffances que nous avons fur cet Empire, ne se font point encore fuffifamment étendus fur cette branche d'Hiftoire Naturelle. Ils affurent néanmoins qu'ils ont remarqué à la Chine la plupart des fortes de poiffons que nous voyons des broen Europe, comme des lamproies, des carpes, chets, des foles, des faumons, des truites, des alofes, des efturgeons, &c. Les Chinois eftiment beaucoup celui qu'ils appellent Tcho-kia-yu, c'est-à-dire, l'encuiraffe. Ils le nomment ainsi, parce qu'il est armé de toute part d'écailles tranchantes, rangées en lignes droites, & pofées les unes fur les autres, à peu près comme font les tuiles fur nos toits. La chair de ce poisson eft fort blanche, & fon goût est à peu près le même que celui de la chair de veau. Il pese ordinairement quarante livres. Lorsque le temps eft doux, on peche encore une autre forte de poiffon, auquel fon extrême 'blancheur a fait donner le nom de poiffon-farine. Il eft fur-tout remarquable par fes prunelles noires, qui femblent être enchâffées dans deux cercles d'argent fort brillans. On en trouve une quantité fi prodigieufe dans la mer qui baigne la province de Kiang

la Chine.

nan, qu'on en tire quelquefois jufqu'à quatre cents livres Quadrupedes, pefant d'un feul coup de filet.

Oifeaux, Papillons, Poiffons de La Chine.

Les côtes de la province de Tche-kiang abondent en un poiffon frais qui ressemble affez aux morues de Terre neuve. Il est incroyable combien il s'en confomme dans l'étendue des côtes de Fo-kien, outre la quantité prodigieufe qu'on en fale fur les lieux mêmes pour tranfporter dans l'intérieur des terres. Ce qui prouve com• bien cette pêche eft abondante, c'eft que ce poiffon se vend à vil prix, quoique les Marchands ne puiffent l'aller chercher qu'à très-grands frais. Il leur faut d'abord acheter du Mandarin la permiffion de faire ce commerce, louer enfuite des barques, acheter le poiffon à mesure qu'on le tire des filets, l'arranger au fond de cale fur des couches de fel, de la même maniere que les harengs s'arrangent à Dieppe dans les caques. C'est en ufant de cette précaution, que ce poiffon fe conferve, & que, malgré les plus grandes chaleurs, il fe transporte dans les provinces les plus éloignées de l'Empire.

repas

Les Miffionnaires parlent d'une autre forte de poiffon, dont la figure eft auffi finguliere que hideufe & dégoûtante. Les Chinois l'appellent Hai-feng; c'est un de leurs mets affez ordinaires, & il ne fe donne prefque point de où l'on n'en ferve. On le voit ordinairement flotter fur les bords de la mer de Chan-tong & de Fo-kien. Les Miffionnaires le prirent d'abord pour un rouleau de matiere inanimée, mais en ayant fait pêcher par les Mouffes du vaiffeau, ils reconnurent que cette maffe informe étoit un être vivant & organisé. Il nagea dans le baffin où on l'avoit d'abord jeté, & il y vécut affez long-temps. Les

Matelots Chinois ne ceffoient de dire aux Miffionnaires

Quadrupedes, eft femblable à celle du foie de l'homme; quelque foin lons, Poiffons de

que ce poiffon a quatre yeux, fix pieds, & que fa figure Oifeaux, Papil

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qu'ils priffent pour l'obferver, ils ne purent diftinguer que la Chine,
deux endroits par où cet animal paroiffoit voir; car il
témoignoit de la frayeur, lorsqu'on lui paffoit la main
vers ces endroits. Si l'on regarde comme des pieds tout
ce qui fert au Hai-feng pour le mouvoir, on doit en
compter un aussi grand nombre qu'il a de petites élevares
répandues par tout le corps, & qui font comme autant
de boutons. Il n'a ni os ni arêtes, & il meurt dès qu'on
le preffe. Ce poiffon se conserve aisément en le mettant
dans le fel; c'eft dans cet état qu'on le tranfporte, &
qu'il le débite par tout l'Empire comme un aliment dé
licat. Mais il ne fut point du goût des Miffionnaires.

Le plus fingulier des poiffons eft celui dont l'Empereur Kien-long parle dans fon Eloge de Moukden. Les Tartares Mantcheoux l'appellent Calfini, & les Chinois Pimou-yu. Cet animal ne paroît être qu'une moitié de poiffon; il eft plat, & femblable pour la forme à une femelle de foulier; fes écailles font fines; fa couleur eft noirâtre; il n'a qu'un œil, & n'eft fourni d'écailles & de nageoires que d'un côté. Ce poiffon ne fauroit nager feul; il ne peut le faire qu'en fe tenant collé contre fa compagne, & alors ces deux poiffons réunis ne paroiffent en former qu'un feul.

Les Chinois ont un poiffon de mer qu'ils appellent Ming-fou-yu, ce qui fignifie à la lettre, poiffon au ventre clair. Il a la tête ronde, & la bouche comme le bec d'un faucon. Sa tête n'a point d'os; il n'a ni arêtes ni

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