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Quadrupedes,

dons, Poiffons de la Chine.

écailles; il a huit jambes autour de sa tête; il est fans queue. La Géographie de Moukden ajoute qu'il a deux Oifeaux, Papil- touffes de barbe qui reffemblent à deux paquets de cordes. Lorsqu'il y a quelque tempête, & que les vagues font trop fortes ou trop agitées, il étend fa barbe, s'en fert comme de cordes pour s'attacher au fond de la mer ou contre les rochers. Le nom Nioméré, que lui donnent les Mantcheoux, eft dérivé de barque amarrée.

&

Le Choui-ting, ou clou de mer, est un poisson rond, qui a la figure d'un clou. Il a la bouche en forme de crochet ou d'ancre de navire; lorfqu'il entend quelque bruit, ou qu'il voit quelqu'un, il s'accroche au fond de l'eau, & y refte immobile comme une barque qui est à l'ancre. Sa longueur n'eft que de deux ou trois pouces.

Le petit poiffon domeftique que les Chinois appellent Kin-yu, ou poiffon d'or, fait l'ornement des cours & des jardins des palais des Grands. On l'éleve dans de petits étangs faits exprès, dans des bassins, ou même dans des vafes de porcelaine. Ce poiffon n'eft guere plus grand que notre fardine; le mâle est d'un rouge vif depuis la tête jusque vers le milieu du corps; le reste est doré, mais d'un or fi luftré & fi éclatant, que nos plus belles dorures, au rapport du P. le Comte, n'en approchent pas. La femelle eft blanche, & a la moitié du corps & la queue parfaitement argentées (*). Le poiffon d'or eft vif, léger, fémillant; il aime à jouer fur la furface de

(*) Le P. Du Halde obferve que ce n'eft pas toujours la couleur rouge on blanche qui diftingue le mâle de la femelle, mais qu'on reconnoît les femelles à divers points blancs qu'elles ont vers les ouies, & les mâles, en ce qu'ils ont ces endroits brillans & éclatans.

l'eau;

Quadrupedes, Oifeaux, Papillons, Poiffons de

l'eau; il fe familiarise aifément, & s'accoutume même
à venir au bruit d'une cliquette dont joue celui qui lui
apporte à manger. La confervation de ce petit animal
exige beaucoup de foins, parce qu'il eft extraordinai- la Chine.
rement délicat, & fenfible aux moindres injures de l'air :
un bruit violent, tel que celui du tonnerre & du canon,
une odeur forte, une secousse du vase, un fimple attou-
chement, peuvent le faire mourir. Il vit d'ailleurs de
très-peu de chofe; les vers infenfibles qui fe forment
dans l'eau, ou les parties terreufes qui s'y trouvent
mêlées, fuffisent pour le nourrir. On a foin cependant
de jeter de temps en temps dans les baffins & les réfer-
voirs de petites boules de pâte, ou du pain à chanter,
qui, étant détrempé, forme une espece de bouillie dont
ces poissons font fort avides. On leur donne encore de la
chair maigre de cochon, féchée au soleil, & réduite en une
pouffiere très-fine & très-déliée. On leur jette auffi quelque-
fois des escargots; la bave que ceux-ci laiffent fur les parois
du vase, est un ragoût délicieux pour ces petits animaux, qui
se précipitent pour la fucer. Pendant l'hiver, on les trans-
porte des cours dans une chambre chaude, où on les
tient ordinairement enfermés dans un vafe de porcelaine.
Durant toute cette faison, on ne leur donne aucune nour-
riture; cependant lorsqu'on les remet, au printemps, dans
leur ancien baffin, ils ne laiffent pas de jouer avec la
même force & la même agilité que l'année précédente.

Dans les pays chauds, cette efpece multiplie beaucoup, pourvu qu'on ait foin de recueillir les œufs qui furnagent, & que ces petits poiffons mangent prefque tous. On place ces œufs dans un vafe particulier, expofé au

La Chine.

foleil, & on les y conferve jufqu'à ce que la chaleur les Quadrupedes, ait fait éclore. Il eft rare néanmoins que les poiffons Oifeaux, Papillons, Poiffons de d'or multiplient lorfqu'on les tient renfermés dans des vafes, parce qu'ils s'y trouvent trop à l'étroit: fi l'on veut qu'ils deviennent féconds, il faut les mettre dans des réservoirs où l'eau foit vive, & profonde au moins dans quelques endroits.

Dans un certain temps de l'année, on voit un nombre prodigieux de barques s'affembler dans le grand fleuve Yang-tfe-kiang, pour y acheter de la femence de poiffon. Vers le mois de Mai, les gens du pays barrent le fleuve en plusieurs endroits, avec des nattes & des claies qui occupent à peu près une étendue de neuf à dix lieues; ils ne laiffent au milieu du fleuve qu'autant d'efpace qu'il en faut pour le paffage des barques : la femence du poiffon s'arrête à ces claies; ils favent la diftinguer à l'œil, quoiqu'un Etranger n'en découvre aucune trace dans l'eau. Ils puisent de cette eau mêlée de femences, & en remplif sent de grands vases, qu'ils vendent aux Marchands, & que ceux-ci tranfportent enfuite dans les provinces. Cette eau fe vend, par mefures, à tous ceux qui ont des rivieres & des étangs domeftiques qu'ils veulent empoiffonner..

Infectes à foie.

CES infectes font différens des vers à foie; ils reffemblent affez aux chenilles, & il s'en trouve une grande quantité fur les arbres & dans les campagnes de la province de Chan-tong. Ces vers font fauvages, & fe nourriffent indistinctement de la feuille du mûrier & de celles des autres arbres. Ils ne filent point leur foie circulai

Quadrupedes, Oifeaux, Papil

rement & de la même maniere que les vers ordinaires, qui forment des cocons; ils la produisent en brins & en fils très-longs, que le vent emporte, & qui s'accro- lens, Poiffons de chent aux arbres & aux buiffons dans les campagnes. la Chine. On raffemble ces fils, & l'on en fabrique des étoffes appelées Kien-tcheou, qui font beaucoup moins brillantes que celles qu'on fait avec la foie commune: on les prendroit, au premier coup-d'œil, pour de la toile rousse, ou pour quelque groffier droguet. Cependant ces étoffes font très-estimées à la Chine, & s'y vendent quelquefois aussi cher que le plus riche fatin. La tiffure de ces étoffes eft fort ferrée; elles ne fe coupent point, durent beaucoup, se lavent comme la toile, &, lorfqu'elles font fabriquées avec foin, ne font susceptibles de recevoir aucune tache, pas même celle de l'huile. Les infectes qui produisent cette foie particuliere, sont de deux especes; l'une, plus groffe & plus noire que nos vers à foie, fe nomme Tfouen-kien; l'autre, qui eft plus petite, eft connue fous le nom de Tiao-kien. Les foies de la premiere efpece de ces infectes font d'un gris rouffâtre; celles de la feconde font plus noires : les étoffes qu'on en fabrique tiennent de ces deux couleurs.

Les Ou-poey-ife.

ON appelle ainfi des nids que certains infectes ou vermiffeaux fe conftruifent fur les feuilles & les branches de l'arbre nommé Yen-fou-ife. Ces nids font d'un grand ufage dans la teinture Chinoife; les Médecins les emploient également pour la cure d'un grand nombre de maladies. Quelques-uns de ces nids ont été apportés en

lons, poiffons de La Chine.

Europe, & font parvenus entre les mains du célebre M. Quadrupedes, Geoffroy. Après les avoir examinés avec toute l'attenOifeaux, Papiltion dont il étoit capable, cet habile Académicien a cru leur trouver quelque conformité avec ces excrefcences qui naiffent fur les feuilles des ormes, & qu'on nomme vulgairement Vefies d'ormes ; il a trouvé ces nids très-acerbes au goût, & d'une aftriction fi forte, qu'ils lui ont paru préférables à toutes les autres efpeces de galles dont se fervent les Teinturiers on pourroit, felon lui, les regarder comme un des plus puiffans aftringens qui existent dans le regne végétal.

Il est certain qu'on découvre de grands rapports entre les Ou-poey-tfe & les veffies d'ormes : la forme des uns & des autres est inégale & irréguliere; ils font couverts au dehors d'un duvet ras qui les rend doux au toucher; une pouffiere blanche & grise tapiffe leur intérieur, & l'on remarque, dans cette pouffiere, les dépouilles defféchées de petits infectes, fans qu'on puiffe diftinguer aucune trace d'ouverture qui ait pu faciliter leur fortie.. Ces coques, ou veffies fe durciffent en vieilliffant, & leur fubftance, qui paroît réfineufe, devient tranfparente & caffante. Cependant, malgré tous ces traits de reffemblance avec les veffies d'ormes, les Chinois ne regardent point les Ou-poey-tfe comme une excrefcence ou production de l'arbre Yen-fou-tfe, fur lequel on les trouve. Ils font perfuadés que des infectes, habitans de cet arbre, à l'exemple des vers à foie qui s'enveloppent dans leurs cocons, produifent une cire, & s'en conftruifent, fur les branches & les feuilles de l'arbre dont les fucs leur font propres, de petites retraites où ils puif

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