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fent attendre le temps de leur métamrophofe, ou du moins dépofer avec sûreté leurs œufs, qui forment cette pouffiere déliée dont les Ou poey-tse font remplis.

Quadrupedes, Oifeaux, Papillons, Poiffons de

Quelques-uns de ces Ou-poey-tfe font de la groffeur la Chine. du poing; mais ils font rares, & font ordinairement produits par un ver extrêmement robuste, ou qui s'est afsocié à un autre, comme il arrive quelquefois à deux vers à foie de fe renfermer dans un même cocon. Les moindres Ou-poey-tfe font de la groffeur d'une châtaigne; la plupart font d'une forme ronde & oblongue; mais il est rare qu'ils fe reffemblent entiérement par la configuration extérieure: leur couleur eft d'abord d'un vert obfcur, qui jaunit ensuite; alors cette coque, quoiqu'affez ferme, devient très-caffante.

Les payfans Chinois recueillent les Ou-poey-tse avant les premieres gelées; ils ont foin, pour faire mourir le ver que ces coques renferment, de les expofer pendant quelque temps à la vapeur d'une eau bouillante. Sans cette précaution, le ver perceroit bientôt sa fragile prison, qui auffitôt éclateroit & fe détruiroit. On fe fert à Peking du Ou-poey-tfe pour donner au papier un noir foncé & qui foit durable: dans les provinces de Kiangnan & de Tche-kiang, dont les manufactures produisent le beau satin, on l'emploie pour teindre les foies, avant qu'on les travaille fur le métier. Les Lettrés Chinois en noirciffent auffi leur barbe, lorsqu'elle devient blanche.

Les propriétés médicinales du Ou-poey-tfe font trèsnombreuses. Les Médecins Chinois le font entrer dans. la composition d'une multitude de remedes. Ils le recommandent pour arrêter toutes les pertes de fang par les:

diarrhées, les dyffenteries, les hémorroïdes, les bleffures Quadrupedes, les crachemens & les faignemens de nez; ils le regarOifeaux, Papildent comme un excellent fpécifique pour calmer les inlons, Poiffons de la Chine. flammations, guérir les ulceres, arrêter les effets du poison; & ils l'emploient utilement pour l'hydropifie, la phtisie, l'épilepfie, les catarres, les maux de cœur les fluxions fur les yeux & les oreilles, &c.

DESCRIPTION

GÉNÉRALE

DE LA CHINE.

SECONDE PARTIE.

LIVRE PREMIER.
GOUVERNEMENT CHINOIS.

CHAPITRE PREMIE R.

Autorité fouveraine..

raine..

LE Gouvernement Chinois nous rappelle celui des Patriarches. L'autorité que ceux-ci avoient fur leur famille, Autorité souvel'Empereur de la Chine l'exerce pleinement fur fes fujets.. Tout annonce d'ailleurs que le Gouvernement Patriarcal eft la fource du Gouvernement Monarchique, pris dans

Autorité fouveraine.

toute fon étendue ; & c'est ainsi qu'il faut l'envifager en parlant de la Chine.

Nul Potentat fur la terre ne jouit d'un pouvoir plus illimité que le Souverain de cette nombreuse Nation. Toute puissance réside en lui, & en lui seul. Il est l'arbitre irréfragable de la vie & de la mort de fes fujets. Cependant il n'use, pour l'ordinaire, de ce droit que pour veiller à leur sûreté. Nulle Sentence de mort, prononcée par les Tribunaux, ne peut être exécutée fans fon aveu : soin prodigieux dans un Empire auffi étendu, auffi peuplé ; mais foin néceffaire, pour obliger les Tribunaux à se furveiller eux-mêmes. Rarement ceux de la Chine s'expofent à prononcer légérement fur des objets auffi graves.

Les Arrêts purement civils font foumis à la même révision. Aucun d'eux n'a de force, que l'Empereur ne l'ait confirmé. Ceux qu'il prononce, au contraire, font exécutés fans délai. Chaque Ordonnance, qui émane du Trône, est pour tout le refte de l'Empire un oracle facré. On les enregistre, on les publie fans retard, sans représentations. Le Souverain n'est jamais soupçonné de vouloir opprimer fon peuple. Ce pouvoir abfolu du Chef, dans cet Empire, paroît être auffi ancien que l'Empire même. C'est une de fes premieres Loix conftitutives.

L'Empereur difpofe feul de toutes les charges de l'Etat : il établit les Vice-Rois & les Gouverneurs; les change & les deftitue à son grẻ. Rien ne s'achete à la Chine; c'eft, prefque toujours, le mérite qui donne la place, comme c'est la place qui donne le rang. Un fils n'a point le droit d'afpirer à tel emploi, parce que fon pere s'y eft diftingué; il doit se montrer en état d'y briller lui-même.

On

examine plutôt ce qu'il peut faire, qu'on ne fe rappelle la race dont il fort.

Il est arrivé dans d'autres Etats, & même en Europe, que le Souverain s'eft choisi un fucceffeur parmi fes enfans puînés, au préjudice de celui qui devoit le remplacer naturellement; mais ce coup d'autorité ne fe fait guere fans avoir au moins préssenti les chefs de la Nation. L'Empereur de la Chine peut mettre à l'écart ce préliminaire. Il a droit de fe choifir un fucceffeur, ou parmi les enfans, ou dans le refte de fa famille, & même parmi ses autres fujets. Chun, Ministre de l'Empereur Yao, fut choisi Monarque pour lui fuccéder; & Chun fut un grand Prince.

par ce

Il peut arriver auffi que le fucceffeur, une fois défigné par l'Empereur, s'écarte de la foumiffion qu'il lui doit, ou manifefte quelques défauts effentiels qu'on ne lui soupçonnoit pas. Alors la même main qui l'avoit placé sur les degrés du trône, l'en précipite. Un autre fucceffeur est choisi, & le premier entiérement oublié. Le fils aîné de Kang-hi, un des derniers & des meilleurs Empereurs de la Chine, éprouva cette difgrace. Il fut pour jamais exclu du trône par fon pere, qui pourtant l'avoit défigné d'abord pour le remplacer.

La dignité de Prince du Sang eft généralement révérée à la Chine. Toutefois il dépend de l'Empereur d'empêcher celui à qui la Nature l'a donnée, d'en prendre le titre. Ceux mêmes à qui on permet de le conferver, n'ont ni puiffance ni crédit. Ils jouiffent de revenus proportionnés à leur rang; ils ont un palais, des Officiers, une Cour; à cela près, moins d'autorité que le dernier des Mandarins. Ceux-ci, foit de Lettres, foit d'armes, composent

Kkk

Autorité fouve

raine.

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