Images de page
PDF
ePub

raine,

précisément ce qu'on nomme la Noblesse. Il n'y a que Autorité fouve deux Ordres à la Chine, la Nobleffe & le Peuple; mais la premiere n'est point héréditaire : c'est l'Empereur qui la donne, ou qui la continue. Ces Mandarins jouiffent d'un privilége bien précieux; celui de pouvoir, quand le cas l'exige, faire individuellement, & non en corps, des remontrances à l'Empereur fur telle action ou telle omiffion de fa part, qui peut contrarier les intérêts de l'Empire. Il est rare qu'elles foient mal accueillies; mais le Souverain se réserve le droit de les apprécier.

On voit donc, en effet, que rien ne borne fon autorité; mais il trouve dans cette même étendue de pouvoir un puiffant motif pour n'en point abuser. Ses intérêts fe trouvent confondus avec ceux de la Nation; rien ne les fépare. Les Chinois envisagent leur Monarchie comme une grande famille dont le Monarque eft le pere, qu'il doit gouverner en pere. Lui-même est élevé, nourri dans les mêmes principes. Jamais pays ne vit naître moins de mauvais Souverains: jamais pays n'en vit naître un auffi grand nombre d'excellens. Tel est le fruit de l'éducation qu'ils reçoivent ; tel eft auffi l'effet de leur propre fituation. Rarement on abuse d'un pouvoir qui n'eft pas difputé; plus rarement encore un chef de famille fe plaît à ruiner fa famille. Ajoutons qu'un Souverain conferve toujours des égards envers un Peuple éclairé. La Chine renferme environ quinze mille Mandarins Lettrés, & un plus grand nombre d'afpirans à ce titre. La morale y eft en vigueur; elle est la source où prefque toutes les autres Loix ont été puisées. Celles-ci n'en ont que plus de force & fur le Peuple, & fur les Souverains mêmes. Cette

raine.

influence a bien du pouvoir, puifqu'elle a fu triompher des Tartares vainqueurs de la Chine; ils fe font foumis Autorité fouveaux Loix, aux usages, difons plus, au caractere du Peuple qu'ils venoient de fubjuguer. Les cinq Empereurs que cette nouvelle Dynastie a déjà donnés à la Chine, feront placés au nombre de ses meilleurs Souverains; & le nom de Kang-hi brillera éternellement dans fes Annales.

Τουτ

CHAPITRE I I.

Mandarins de Lettres.

Lettres.

OUT a fes inconvéniens. Les Lettres font en grand honneur à la Chine: elles influent, comme on vient de le dire, Mandarins de fur la douceur & l'équité du Gouvernement; mais la balance incline peut-être un peu trop en leur faveur. Il s'en faut de beaucoup qu'un Mandarin de guerre jouisse de la même considération qu'un Mandarin lettré: de là peu d'émulation dans la haute claffe militaire. Nous en parlerons ailleurs. Il s'agit ici des Mandarins de Lettres.

Pour arriver à ce grade, il faut en avoir franchi plufieurs autres; tels que ceux de Bachelier (Sie ou Tfai), de Licencié (Kiu-gin), & de Docteur (Tfing-ssëe). Quelquefois, par faveur, il fuffit d'avoir acquis les deux premiers grades; mais, poffedât-on le troifieme, on n'obtient d'abord que le gouvernement d'une ville du fecond ou du troisieme ordre. Voici comment on procede à cette élection.

Plufieurs places viennent à vaquer. On en informe l'Empereur, qui appelle à fa Cour un pareil nombre de

Lettrés, infcrits fur la lifte. On place dans une boîte, Mandarins de affez élevée pour qu'on ne puiffe y atteindre qu'avec

Lettres.

peine avec la main, les noms des Gouvernemens qui vaquent. Les Candidats tirent chacun à leur tour, & chacun eft élu Gouverneur de la ville dont le nom lui eft échu.

On a dit plus haut, que rien ne s'achetoit à la Chine; cela fignifie uniquement qu'aucune finance n'est attachée à aucune charge. On fait, chez ce Peuple comme ailleurs,. donner une valeur numéraire à ce qui n'en a pas.

Il existe à la Chine huit ordres de Mandarins. Le premier eft celui des Calao. Leur nombre n'eft point fixé; il dépend de la volonté du Prince. C'est parmi les Calao qu'il choifit fes Miniftres, les premiers Préfidens des Cours fouveraines, tous les premiers Officiers de la milice. Le Chef de cet ordre fe nomme Cheou-fiang. Il eft auffi Chef du Confeil de l'Empereur, & jouit de toute fa confiance.

C'eft du fecond ordre des Mandarins que fe tirent les Vice-Rois, & les Présidens des Tribunaux fupérieurs de chaque Province. Tout Mandarin de cette classe est appelé Te-hiofe, c'est-à-dire, homme d'une capacité re

connue.

On donne le titre de Tchong-chueo, c'est-à-dire, Ecole de Mandarins, à ceux du troifieme ordre. Une de leurs principales fonctions eft de remplir celle de Secrétaires auprès de l'Empereur.

Chaque autre classe a également les fiennes. Ce font les Mandarins de la quatrieme (Y-tchuen-tao) qui, lorfqu'ils n'ont point de Gouvernement particulier, ou qu'ils ne tiennent à aucun Tribunal, font chargés de l'entretien

des portes, des hôtelleries royales, des barques, dont l'Empereur eft propriétaire dans leur diftrift. La cinquieme claffe (Ping-pi-tao) a l'inspection des troupes. La fixieme (Tun-tien-tao) a celle des grands chemins. La feptieme celle des rivieres: fon nom eft Ho-tao. La huitieme (Haitao), celle des rivages de la mer. C'eft, en un mot, aux Mandarins lettrés que l'administration totale de la Chine eft confiée.

C'est parmi eux qu'on choifit les Gouverneurs des Provinces; les Gouverneurs des villes du premier, du second & du troisieme ordre; les Chefs & les Membres de tous les Tribunaux. Les diftinctions, les prérogatives ne font guere que pour eux, & leur font prodiguées. L'hommage que rend le Peuple à tout Mandarin en place, est prefque égal à celui qu'on rend à l'Empereur même. Il est reçu à la Chine, que le Monarque eft le pere de tout l'Empire; que le Gouverneur d'une Province est le pere de la Province, & le Mandarin, Gouverneur d'une ville, le pere de cette même ville. Une telle idée conduit au respect, à la foumiffion; & rarement les Chinois s'en écar tent. Le grand nombre des Mandarins lettrés ne nuit pas même aux hommages qu'ils exigent. Leur nombre n'eft guere au dessous de quatorze mille, & la vénération que le Peuple a pour eux est toujours la même.

Mandarins de
Lettres.

Mandarins d'armes.

CHAPITRE II I.

Mandarins d'armes.

vu,

[ocr errors]

LES honneurs publics font moins prodigués aux Mandarins
d'armes. Jamais ceux-ci n'ont la plus légere part au gou-
vernement de l'Etat. C'eft même, comme on l'a
une claffe de Mandarins lettrés qu'appartient l'inspection
des troupes. Cependant, pour être admis dans la claffe
des Mandarins de guerre, il faut avoir, comme ceux de
Lettres, franchi trois degrés; il faut avoir été fucceffi-
vement Bachelier d'armes, Licencié d'armes, Docteur
d'armes. La force du corps, l'adresse dans les exercices,
l'aptitude à faifir les préceptes de l'art militaire : voilà
ce qu'on exige d'eux; & tel eft le but des divers exa-
mens qu'on leur fait subir. C'est dans la capitale de chaque
Province qu'ils font examinés pour obtenir les deux pre-
miers grades.

Les Mandarins d'armes ont leurs Tribunaux compofés
de leurs principaux Membres. Parmi les Chefs on compte
des Princes, des Ducs & des Comtes. On retrouve ces
dignités, ou leur équivalent, à la Chine comme en France.

Le principal de ces Tribunaux réfide à Pe-king. Il est
compofé de cinq différentes claffes.

La premiere eft celle des Mandarins de l'arriere-garde.
On la nomme Heou-fou.

La feconde, celle des Mandarins de l'aile gauche, qui
fe nomme Tfa-fou.

La troisieme, celle des Mandarins de l'aile droite, nommée Yeou-fou.

[ocr errors]
« PrécédentContinuer »