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lefquels les Bonzes ont pratiqué des grottes & des réduits très-agréables. On y voit régner une certaine fimplicité champêtre, qui plaît & qui séduit.

Ces Bonzes reçoivent les Étrangers avec assez de plaisir: on peut entrer librement dans leurs temples; mais il ne faut pas chercher à fatisfaire entiérement fa curiofité, ni entrer dans les appartemens où ils ne vous introduifent pas eux-mêmes, fur-tout lorfqu'on eft mal accompagné : car les Bonzes, à qui le commerce des femmes eft interdit fous des peines rigoureuses, & qui en gardent fouvent dans des lieux fecrets, pourroient, dans la crainte d'être accufés, fe venger d'une curiofité trop indifcrete.

Les ifles de Pong-hou forment un archipel entre le port d'Emouy & l'ifle Formofe; on y tient une garnison Chinoise, avec un Mandarin de Lettres, dont le principal emploi est de veiller fur les vaiffeaux marchands qui vont ou qui viennent de la Chine à Formofe, & de Formofe à la Chine.

Comme ces ifles ne font que fables ou rochers, on doit y porter tout ce qui est nécessaire à la vie. On n'y voit ni buiffons ni brouffailles; un feul arbre fauvage en fait tout l'ornement. Le port y eft bon & à l'abri de toutes fortes de vents; il a environ vingt à vingt-cinq braffes de profondeur. Quoiqu'il fe trouve dans une ifle inculte & inhabitée, il est abfolument néceffaire pour la confervation de Formofe, qui n'a aucun port où les vaiffeaux, tirant plus de huit pieds d'eau, puiffent aborder.

Province

de Fo-kien.

Province

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CETTE province, autrefois le féjour de quelques Emde Tche-kiang. pereurs, est une des plus confidérables par fa fituation maritime, fon étendue, fes richeffes & le nombre de fes

habitans; elle est bornée au fud par celle de Fo-kien ; au nord & à l'oueft par celles de Kiang-nan & de Kiang-fi, & à l'eft par la mer. L'air y eft pur & fain; fes campagnes font arrofées par quantité de rivieres & de canaux très-bien entretenus; les fources d'eau vive & les lacs qui s'y trouvent, contribuent encore beaucoup à fa fertilité. Ses peuples font doux, spirituels & fort polis envers les Étrangers; mais on prétend qu'ils font extraordinairement fupers

titieux.

On éleve dans cette province une quantité prodigieuse de vers à foie; on y voit des plaines entieres couvertes de mûriers nains, qu'on empêche de croître; on les plante & on les taille à peu près comme les vignes. Une longue expérience a convaincu les Chinois, que les feuilles des plus petits mûriers procurent la meilleure foie. La principale branche du commerce de cette province font donc les étoffes de foie; celles qu'on y fabrique, & auxquelles on mêle l'or & l'argent, font les plus belles & les plus eftimées dans tout l'Empire. Quant aux autres pieces plus communes, on en transporte dans toute la Chine, au Japon, aux Philippines & en Europe, une quantité prodigieufe ; &, malgré cette exportation, il en refte encore affez dans la province, pour en donner de quoi faire un habit complet,

au

au même prix que fe vendent en France les étoffes de laine les plus groffieres.

C'est de cette province que viennent les meilleurs jambons, & ces petits poiffons dorés dont on peuple les viviers: on y trouve auffi l'arbre qui produit le fuif, & une forte de champignons qu'on transporte dans toute la Chine. Après les avoir confits dans le fel, on les feche & on peut les garder toute l'année; il fuffit de les tremper dans l'eau, pour leur rendre leur premiere fraîcheur, lorfqu'on veut en faire ufage.

On compte dans le Tche-kiang onze villes du premier ordre, foixante-dix - fept du second & du troifieme, & dix-huit fortereffes qui feroient en Europe des villes confidérables.

Hang-tcheou-fou, la métropole de la province, eft, felon les Chinois, le Paradis de la terre: on peut la regarder comme une des plus riches, des mieux fituées & des plus grandes villes de l'Empire; elle a quatre lieues de circuit, fans y comprendre fes fauxbourgs, & le nombre de ses habitans monte à plus d'un million. On compte dans fon enceinte environ foixante mille ouvriers qui travaillent à la soie : mais ce qui rend cette ville délicieuse, c'est un petit lac, nommé Si-hou, qui baigne le pied de ses murailles du côté de l'Occident; l'eau en eft pure & limpide, & ses bords font presque par-tout couverts de fleurs. On élevé, fur des pilotis, des falles & des galeries ouvertes, foutenues de colonnes, & pavées de grandes pierres carrées, pour la commodité de ceux qui veulent fe promener à pied. Des levées, revêtues de pierres de taille, traverfent le lac en différens fens. Les ouvertures, pratiquées de distance en

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y a

Province

de Tche-kiang.

Province

de Tche-kiang.

distance, pour le paffage des barques, font recouvertes par des ponts d'une forme agréable.

Au milieu de ce lac s'élevent deux petites ifles, où l'on se rend ordinairement après avoir pris le plaifir de la promenade en bateaux; on y a conftruit un temple, & quelques. maisons propres à des parties de plaifir; l'Empereur a lui-même près de là un petit palais.

Cette ville, comme capitale de la province, a une garnifon de trois mille hommes fous les ordres du Vice-Roi, & de fept mille Tartares commandés par un Général de la même nation. Elle a dans fon reffort sept villes du second & du troifieme ordre.

Kia-king-fou est une ville qui n'a de remarquable que fes rues, qui font ornées de très-beaux portiques, fous lefquels on peut fe promener à l'abri du soleil & de la pluie. Sept villes du troifieme ordre en dépendent.

Hou-tcheou-fou eft fituée fur un lac qui lui a donné fon nom. La quantité des foies qu'on y travaille eft inconcevable. Pour en donner quelque idée, il fuffit de dire que le tribut que paye en étoffes une ville de fa dépendance, nommée Te-tfin-hien, monte à plus de cinq cent mille taëls ou onces d'argent. Son reffort renferme sept villes, dont une eft du fecond ordre & fix du troifieme.

Ning-po-fou, que les Européens ont appelé Liam po, eft un très-bon port fur la mer orientale de la Chine, vis-à-vis le Japon. A dix-huit ou vingt lieues de cette place maritime, est une ifle appelée Tcheou-chan, où les Anglois aborderent la premiere fois qu'ils vinrent à la Chine.

On fabrique à Ning-po des foies extrêmement eftimées dans les pays étrangers, & fur-tout au Japon, où les Chinois

vont les échanger pour du cuivre, de l'or & de l'argent. Cette ville en a quatre autres fous fa jurisdiction, avec un grand nombre de fortereffes.

Chao-hing-fou eft fituée dans une plaine vafte & fertile: on prétend que fes habitans font le peuple de la Chine le plus redoutable en fait de chicane; ils font en effet fi versés dans la connoiffance des Loix, que les Gouverneurs de province & les grands Mandarins prennent parmi eux tous leurs Siang-cong ou Secrétaires.

On voit à une demi-lieue de cette ville un tombeau, que les Chinois disent être celui du grand Yu. A côté de ce monument on a élevé un magnifique édifice, par les ordres de l'Empereur Chang-hi, qui, la vingtieme année de fon regne, alla vifiter ce tombeau.

Chao-hing-fou a dans fa dépendance huit villes du troifieme ordre.

Tai-tcheou-fou, Kin-hoa-fou, Kin-tcheou-fou, Yentcheou-fou, Ouen-tcheou-fou & Tchu-tcheou-fou font les villes les moins confidérables de la province; la premiere a fix villes fous fa jurisdiction; la feconde, célebre par la valeur de fes anciens habitans, en a huit; la troisieme cinq; la quatrieme fix; la cinquieme trois, & la fixieme dix. On dit que fur les montagnes voifines de cette derniere ville, il existe des pins d'une groffeur fi extraordinaire, qu'ils peuvent aisément contenir quarante hommes dans la cavité de leur tronc.

Province de Tche-kiang.

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