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des crenaux, lorfqu'elles bordent les chemins qui conduifent

à la Cour : celles-ci ont de plus fur leur fommet des cloches Police générale. de fer fondu, affez groffes.

La Loi exige que ces tours foient placées de cinq en cinq lys; il doit y en avoir alternativement une petite & une grande, celle-ci munie d'un corps-de-garde. Cinq lys reviennent à une demi-lieue de France. On voit parlà les chemins de la Chine font bien gardés, & que les voleurs ne peuvent s'y maintenir long-temps.

que

On retrouve à la Chine l'établissement des poftes; mais elles ne font pas publiques; les feuls Courriers de l'Empire, les feuls Officiers chargés des ordres de la Cour ont le droit de s'en fervir. Les derniers ont toujours une escorte.

A cela près, les voyageurs trouvent beaucoup de facilité à faire tranfporter leurs équipages; ils n'ont pas même besoin de s'en occuper bien attentivement. On trouve dans chaque ville un grand nombre de porte-faix. Ceux-ci ont un Chef commun; & c'est à lui qu'on s'adresse pour régler les conditions & le prix du transport; il en reçoit le montant, & répond de tout: il fournit autant de porteurs qu'on lui en demande, & remet au voyageur un pareil nombre de marques. Ce dernier en remet une à chacun des porteurs, lorsqu'ils ont rendu leur charge au lieu indiqué. Ils reportent cette marque à leur Chef, qui les paye fur l'argent qu'il a reçu d'avance.

Cet établissement est dirigé par la Police générale de l'Empire. Dans les grandes routes, l'on trouve dans la ville qu'on eft prêt à quitter, plufieurs Bureaux de cette efpece, qui ont une correfpondance établie dans celle

où l'on veut se rendre. On fait, avant le départ, infPolice générale. crire dans l'un de ces Bureaux tous les objets qu'on veut faire transporter. A-t-on befoin de 200, 300, 400 porteurs? on les trouve. Tout eft pefé fous les yeux du Chef, & le prix du port est de dix fous par cent livres chaque jour. On tient au Bureau une lifte exacte de tout. Vous payez d'avance; &, dès ce moment vous n'êtes plus obligé de vous mêler de rien : vous retrouvez à votre arrivée dans l'autre ville tous vos effets chez le Correspondant, & ils vous font remis avec la plus fcrupuleuse fidélité.

compte

de

C'est encore la Police qui régit les Douanes, parce que, dans cet Empire, tout le fait pour le l'Empereur. Ces Douanes font peut-être les plus douces du Monde entier; elles ne concernent guere que les Marchands, qu'on a soin de ne point fatiguer par d'exceffives recherches. S'agit-il d'un voyageur qui n'est point Marchand, ou dont l'extérieur feul annonce qu'il ne l'est pas? fes ballots ne font point fouillés par les Commis, quoiqu'ils en aient le droit ; ils n'exigent même de lui aucune rétribution.

On paye, paye, foit par piece, foit par charge; &, dans le premier cas, le Marchand en eft cru d'après fon livre. C'est le Vice-Roi de chaque province qui nomme un Mandarin de confiance pour la régie des Douanes de tout le district. Les Douanes du port de Canton & des ports du Fo-kien font dirigées chacune par un Mandarin particulier. Ce font auffi des Mandarins qui ont l'inspection des poftes,

CHAPITRE

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CHAPITRE X.

Finances.

L'OUVRAGE, intitulé la Dixme Royale, qu'on attribue au Maréchal de Vauban, paroît avoir été calqué fur ce qui fe pratique à la Chine. La plupart des impôts s'y payent en denrées. Le Cultivateur des vers à foie paye en foie, le Laboureur en grain, le Jardinier en fruits, &c. Cette méthode eft fimple & commode; elle n'oblige point le Particulier à échanger péniblement les productions de fon fol & de fon induftrie contre une fomme arbitraire en argent, pour en porter une partie au tréfor Impérial. Cet échange est toujours onéreux pour le contribuable; & c'est ce que l'Administration Chinoise a voulu pré

venir.

Cette facilité, accordée aux fujets, ne gêne en aucune maniere le Souverain. Il a, dans chaque province, un grand nombre de ftipendiaires, foit Mandarins, foit Officiers, soit soldats, soit pensionnaires de toute espece. On leur fournit en nature de quoi fe nourrir & se vêtir; parlà, les denrées perçues dans telle ou telle province y font confommées presque fans déplacement. Ce qui en refte est vendu au profit du tréfor Impérial.

Les tributs en argent, car il en faut dans toute espece d'Administration, résultent particuliérement des Douanes, de la vente du sel, qui fe fait au profit de l'Empereur; des droits d'entrée perçus dans les ports, & des autres droits impofés fur le commerce. A cela près, le Qqq

Finances.

Finances.

Commerçant ne paye à l'Etat aucune autre efpece de rétribution. L'Artifan ne lui paye rien du tout. C'eft fur le Cultivateur que tombe le poids des taxes permanentes & personnelles.

L'étendue de ses terres, leur degré de fertilité, voilà fur quoi est réglée sa redevance. On a pris les plus grandes précautions pour qu'il ne foit ni furchargé par la taxe, ni trop vexé pour le recouvrement. Cette répartition est

facile à faire. Le cadaftre des terres, fi fouvent & fi inutilement projeté en France, existe depuis long-temps à la Chine, malgré la prodigieufe étendue de cet Empire.

C'est le Tribunal des Finances, qui préfide exclusivement à l'administration, à la perception, à la régie des impôts. Cette perception eft fimplifiée autant qu'elle pouvoit l'être. Les impôts des bourgs & des villages font portés dans les villes du troifieme ordre; de là on les conduit dans celles du fecond; de là encore dans celles du premier; & de là enfin dans la capitale de tout l'Empire.

Outre la consommation qui se fait dans chaque district pour acquitter les charges ordinaires de l'Etat, on y laiffe toujours un fonds de réserve pour obvier aux accidens, aux befoins extraordinaires. Cette fomme eft graduellement plus considérable dans la capitale, dans les villes du premier & du fecond ordre, que dans celles du troifieme. Les comptes de ce qui eft payé par les provinces, de ce qui est mis en réserve dans les villes, de ce que contiennent les grands trésors de l'Empire, tous ces objets font foumis à l'examen du grand Tribunal des Finances de l'Empire. Il revife le tout, & en tient registre.

Les revenus de l'Empereur font équivalens à plus d'un

milliard de notre monnoie. Il peut les accroître encore par de nouvelles impositions; mais rarement il ufe de ce droit. Il attache même, & avec raifon, fa principale gloire à n'en point ufer, à pourvoir à tout fans recourir à ce trifte expédient.

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Les dépenses annuelles de l'Etat font immenses; mais il en eft le feul objet & le feul dépofitaire: tout refte dans fon fein. Ces dépenses font tellement réglées, tellement combinées, qu'on ne les augmente jamais fans y être contraint par une nécessité abfolue. Il arrive même, pour l'ordinaire, que l'Administration fait encore des épargnes chaque année. Elles fervent à groffir le tréfor général de l'Empire; ce qui prévient l'établiffement de nouveaux impôts dans le cas d'une guerre inévitable, ou de calamités imprévues.

Il fut un temps où la Chine ne connut d'autre monnoie que certains coquillages. Sa monnoie, quant à préfent, n'eft encore que de deux efpeces, l'une d'argent, l'autre de cuivre. Celle-ci forme une piece ronde, de huit lignes & demie de diametre. Il faut observer

que le pouce Chinois n'a que dix lignes; & que pourtant le pied Chinois, compofé feulement de dix pouces, est plus grand d'un centieme que le nôtre. Cette piece de monnoie a un petit trou carré au milieu; elle offre fur la face deux mots Chinois, & fur le revers deux mots Tartares.

Nous ne parlerons point des diminutifs de cette piece, comme nos deniers le font de nos liards, & nos liards de nos fous. Paffons aux pieces d'argent. Peu importe d'en indiquer la forme; elles n'en ont point de fixe, &

Finances.

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