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Adminiftration intérieure.

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de route
ils arriverent chez le Mandarin, qui ne
s'attendoit point à cette visite.

La fuite de l'Empereur arriva prefque en même temps que lui; la maifon du Mandarin fut bientôt remplie & entourée. Le Mandarin ne put nier la violence dont on Faccufoit, & l'Empereur le condamna à perdre la tête : ce qui fut fommairement exécuté. Alors, fe retournant vers le vieillard, il lui dit du ton le plus grave & le plus impofant » Je vous donne la charge du coupable qui » vient de mourir; ayez foin de la remplir avec plus de » modération que lui, & profitez de fa faute & de fa punition, de crainte qu'à votre tour vous ne ferviez » d'exemple aux autres «<..

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Adminiftration

militaire.

CHAPITRE XIII.

Continuation du précédent. Fonctions des Vice-Rois & des Mandarins répartis dans les Provinces. Adminif

tration militaire.

LE Vice-Roi d'une Province porte le nom de Tsongtou c'est toujours un Mandarin de la premiere claffe; & il jouit, dans fon diftrict, d'un pouvoir prefque illimité. Il parcourt fa Province avec une pompe impériale; jamais, même dans les moindres occafions, il ne fort de fon palais fans être accompagné de cent hommes. Les honneurs qu'on lui rend égalent ceux qu'on rendroir à l'Empereur qu'il repréfente. C'eft autour de lui que fe

militaire.

verfent les tributs payés par la Province qui lui eft confiée; c'est lui qui les fait transporter dans la capitale de l'Empire, Administration après en avoir retenu ce qui eft d'ufage pour fubvenir aux befoins urgens de fa Province. Tous les procès viennent à fon Tribunal. Il peut condamner à mort un criminel. Mais ni cet Arrêt, ni ceux même de la Tournelle Chinoise ne peuvent être exécutés qu'après avoir été ratifiés par l'Empereur.

Chaque Hien (ou chaque Bailliage) a fon Mandarin. Celui-ci eft chargé d'y adminiftrer la juftice, d'arranger les démêlés entre particuliers, ou de févir contre celui qui a tort. Ils reçoivent auffi le tribut que chaque famille doit à l'Empereur.

Le Vice-Roi envoie tous les trois ans à la Cour des notes plus ou moins favorables fur la conduite des Mandarins qui lui font fubordonnés. Elles reglent leur fort: on les conserve, ou on les déplace d'après elles.

Le Vice-Roi a lui-même fes furveillans. Les Vifiteurs de Province peuvent user contre lui des mêmes armes qu'il emploie contre ses inférieurs.

Ceux qu'il a notés défavorablement, font punis à proportion de leurs torts: on récompense, d'après la même regle, ceux qui ont eu des notes favorables.

Quelques-uns des premiers font caffés de leurs emplois ; d'autres font fimplement abaiffés de quelques degrés, & pourvus de quelque emploi inférieur à celui dont on les dépouille. Ils rifquent de n'en obtenir jamais aucun, s'ils font déchus de dix degrés. Une fingularité qui n'existe qu'à la Chine, c'est que le Mandarin réduit à un poste fubalterne, eft obligé de rappeler à la tête

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militaire.

de fes Ordonnances le nombre de degrés qu'il a perdus. Administration Par exemple, il dira: Moi, un tel Mandarin, abaissé de trois, ou quatre, ou fix degrés (felon le cas où il fe trouve), fait favoir & ordonne, &c.

Ces Mandarins inférieurs font fous la dépendance des Vifiteurs de Province d'une maniere très-étroite. Ceux-ci peuvent, de pleine autorité, les deftituer, fi le délit est grave; ils ne confultent la Cour que lorfqu'il n'eft pas. urgent de févir.

Jamais, dans un Tribunal de Pe-king, on n'admet en même temps. le pere, le fils, le frere, ni l'oncle, ni le petit-fils. Des parens au quatrieme degré ne peuvent fiéger en Province dans un même Tribunal.

La bienveillance du Gouvernement se manifeste comme fa justice envers les Mandarins. On place dans des lieux plus voifins de leur canton originaire, ceux qui ont paffé foixante ans; on fait rentrer en charge, le plus tôt poffible, ceux qui ont été forcés d'interrompre leur service, ou par une maladie, ou par un deuil, ou pour fe rendre auprès de leurs parens accablés d'âge & d'infirmités. On abrége auffi le temps de leur fervice dans tout endroit où l'air eft mal-fain.

Les Mandarins Tartares peuvent demander un congé, & l'obtiennent, foit pour aller à la rencontre de leur pere ou de leur mere, de leur grand-pere ou de leur grand'mere, qui reviennent malades du fond d'une Province; foit pour aller au devant du cadavre de leur frere, ou pour affifter à fes funérailles. Le temps du deuil eft moins long pour eux que pour les Chinois; il eft reftreint à cent jours.

militaire..

Tous les Mandarins, tant Chinois que Tartares, tant d'armes que de Lettres, font tenus de rendre, tous les Administration trois ans, compte par écrit des fautes qu'ils ont faites dans l'exercice de leurs fonctions. Cette efpece de confeffion eft examinée à la Cour, fi elle vient des Mandarins des quatre premiers Ordres. Elle l'eft par les Tribunaux des Gouverneurs des Provinces, lorsqu'elle part des Mandarins d'un Ordre inférieur. Ce n'eft pas tout, le Gouvernement fait faire des perquifitions pour découvrir fi cet aveu a toute l'étendue qu'il devoit avoir. Il veut être informé si tel ou tel Mandarin est appliqué aux affaires; s'il observe & fait observer les Loix; quel est fon talent, quel est fon âge. Est-il vieux & caffé, ou habituellement infirme? N'eft-il point avare, dur, ou trop févere, ou trop facile? Joint -il un jugement: fain à l'expérience qu'exige fa place, &c.?

C'est au Tribunal des Mandarins que toutes ces informations font adreffées; il les examine, pese dans une juste balance le bien & le mal, & forme enfuite trois claffes des noms de tous les Mandarins qui viennent d'être foumis à cette inquifition politique. La premiere est compofée de ceux à qui on destine des récompenfes, de l'avancement; la feconde, de ceux à qui on a donné des avertiffemens & des notes peu favorables; la troifieme, de ceux qu'on déplace pour quelque temps, ou qu'on caffe pour toujours. Quelques-uns de cette troisieme classe restent dans leur emploi; mais c'est à leurs dépens qu'ils doivent l'exercer; on leur en retranche & le bénéfice, & même les honneurs.

Tout Mandarin eft récompenfé lorfqu'il a rempli fa.

militaire.

miffion avec zele, avec fidélité, avec intelligence; mais Administration s'il s'eft rendu coupable de quelque délit grave, qui tende à opprimer le peuple, ou à causer la difette des objets de premiere néceffité, on ne fe borne point à le déplacer, il eft traduit au Tribunal des crimes.

Tout Mandarin du premier Ordre, soit Gouverneur, Vice-Roi, Lieutenant-Général, &c. peut demander de l'emploi pour fon fils, quoique le jeune homme n'ait encore obtenu aucun grade. L'éducation qu'il eft suppofé avoir reçue y fupplée. Quoi qu'il en foit, cette distinction ne tire à aucune conféquence; elle n'a lieu que pour les petits emplois. Il faut toujours faire preuve de mérite pour obtenir les grands.

Les petits emplois font auffi accordés à l'un des fils de tout Mandarin de robe, jufqu'au quatrieme degré pour la Capitale, & jufqu'au troifieme pour la Province; ainsi qu'à l'un de ceux des Mandarins d'armes du second ordre; mais auparavant ils font aftreints à paffer trois ans au Collége Impérial.

On a déjà vu qu'à la Chine les enfans illuftroient leurs

peres, fans les
que peres puffent illuftrer leurs enfans.

Les fautes de ceux-ci refluent également fur les peres.
On
dégrade la fépulture des ancêtres de tout Mandarin qui
s'eft rendu coupable de certains crimes, foit contre l'Etat,
foit contre le Peuple. D'autre part, une mere, dont
l'époux & le fils font Mandarins, peut ajouter le super-
latif très au titre que l'ufage lui décerne; ce qu'elle ne
pourroit faire, fi elle étoit fimplement l'épouse d'un Man-
darin.

On a vu quel étoit le traitement & la difcipline des

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