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Province

de Hou-quang.

ARTICLE VI

Province de Hou-quang.

LA province de Hou-quang occupe à peu près le centre de l'Empire; le fleuve Yang-tfe-kiang la traverse d'Occident en Orient, & la divise en deux parties, l'une feptentrionale & l'autre méridionale. Cette province, dont la plus grande partie du fol est en plaines, arrofées de canaux, de lacs & de rivieres, eft très- renommée pour fa fertilité; les Chinois l'appellent le grenier de l'Empire, & il eft paffé en proverbe parmi eux, que l'abondance du Kiang-fi peut bien fournir à la Chine entiere ce qu'il lui faut pour un déjeûner; mais que la province feule de Hou-quang peut la nourrir & la raffafier.

On voyoit autrefois dans cette province, des Princes de la race de l'Empereur Hong-vou; mais cette famille fut détruite par les Tartares, lorfqu'ils firent la conquête de la Chine. On vante beaucoup ses toiles de coton, fes fimples, ses mines d'or, sa cire & son papier fait de bambou.

La partie feptentrionale de cette province contient huit fou ou villes du premier ordre, & foixante du fecond & du troisieme. La partie méridionale en comprend fept da premier ordre, & cinquante-quatre du fecond & du troifieme, fans compter les bourgs, les places fortes & les villages dont elle est semée.

Vou-tchang-fou, qui est la capitale de toute la province, & en même temps de la partie feptentrionale, est comme le centre & le rendez-vous de tous les peuples commerçans de la Chine. Cette ville a beaucoup fouffert, ainsi que le

refte de la province, durant les dernieres guerres; mais elle est si bien rétablie, qu'elle n'est inférieure à aucune autre cité pour la grandeur, l'opulence & le nombre des habitans. Comme on y embraffe toutes les branches de commerce, fon port, fitué fur le fleuve Yang-tse-kiang, est toujours rempli de vaiffeaux; le fleuve en eft quelquefois couvert jufqu'à la distance de deux lieues.

Le beau cristal que fourniffent fes montagnes, les récoltes abondantes qu'on y fait du meilleur thé, & le débit prodigieux du papier de bambou qui s'y fabrique, ne contribuent pas moins à la rendre célebre, que l'abord continuel des Nations voifines; on compare fon enceinte à celle de Paris. Son reffort comprend une ville du second ordre, & neuf du troifieme, outre une ville de guerre & plufieurs forts confidérables.

Han-yang-fou, Ngan-lo-fou, Siang-yang-fou, Yuenyang fou & Te-ngan-fou font des villes riches, peuplées & commerçantes; on n'y voit rien de particulier, excepté que dans la premiere on trouve une tour fort haute, qui, felon la tradition publique, fut élevée autrefois en l'honneur d'une jeune fille, dont l'innocence fut justifiée par un prodige éclatant; la branche d'un grenadier fe couvrit de fruits entre fes mains. Cette premiere ville n'en a qu'une autre fous fa dépendance; la feconde en a deux du fecond ordre, & cinq du troifieme; le reffort de la fuivante en contient une du fecond ordre, & fix du troifieme; la quatrieme, qui furpaffe les autres par la fertilité de fon terroir, en comprend fix du troifieme ordre; enfin, la cinquieme en renferme fix dans fon district.

Kin-tcheou-fou & Hoang-tcheou-fou ne different des

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de Hou-quang.

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de Hou-quang.

précédentes que par une plus grande étendue de jurisdiction. L'une a dans fon reffort deux villes du fecond ordre, & onze du troifieme; & l'autre en compte neuf, une du fecond & huit du troifieme ordre: telles font les villes principales de la partie feptentrionale de la province de Hou-quang.

La partie méridionale en contient sept du premier ordre, dont Tchang-tcha-fou eft la premiere.

Cette ville eft fituée fur une groffe riviere qui commu→ nique avec un grand lac, appelé Tong-ting-hou. Elle a fous fa dépendance une ville du second ordre, & onze du troifieme. Les habitans d'une de ces villes font les inftituteurs d'une grande fête qui fe célebre le cinquieme mois dans toutes les provinces de l'Empire, avec beaucoup d'appareil & d'éclat. Le Mandarin qui gouvernoit cette cité s'étant noyé, le peuple qui l'adoroit à cause de fa vertu & de fon incorruptible probité, institua cette fête en son honneur, & voulut qu'on la folennifât par des jeux, des festins & des combats fur l'eau.

On prépare pour ce jour-là de petites barques longues, étroites & toutes dorées ; on les appelle Long-tchuen, parce qu'elles portent la figure d'un dragon. Il y a des prix propofés pour ceux qui remportent la victoire; mais comme ces fortes de divertiffemens font devenus dangereux, la plupart des Mandarins les ont défendus dans leur province.

Yo-tcheou-fou eft bâtie fur les bords du fleuve Yangfe-kiang, & peut être placée au rang des villes les plus opulentes de la Chine; elle eft en effet très-peuplée & trèscommerçante. Une ville du second ordre & fept du troisieme font de fa dépendance. Les autres villes de la province

n'ont rien de particulier qui doive nous arrêter; leurs noms font, Pao-king-fou, Heng-cheou-fou, Tchang-te-fou, Tching-tcheou-fou, & Yong- tcheou-fou.

Province de Hou-quang.

ARTICLE VI I.

Province de Ho-nan.

Τουτ ce qui peut contribuer à rendre une contrée

délicieuse, fe trouve réuni dans cette province: auffi les Chinois la nomment-ils Tong-hoa, la Fleur du milieu; elle est en effet fituée prefque au milieu de la Chine.

Les anciens Empereurs, attirés par la douceur du climat & la beauté du pays, y ont quelque temps fixé leur féjour. L'abondance des fruits, des pâturages & des grains, la mollesse des habitans, qui font très-voluptueux, & enfin le bas prix des denrées, font caufe, fans doute, que le commerce n'y eft pas auffi actif & auffi floriffant que dans les autres provinces de l'Empire. Tout le pays eft en plaines, excepté du côté de l'Occident où il fe trouve une longue chaîne de montagnes couvertes d'épaiffes forêts; mais du côté de l'Orient, la terre eft tellement cultivée, que quand on y voyage, il femble qu'on fe promene dans les allées & les parterres d'un vafte jardin.

Les Chinois appellent en effet cette contrée le jardin de la Chine, comme nous nommons la Touraine le jardin de la France. Outre le fleuve Hoang-ho qui la traverse, elle est encore arrofée d un grand nombre de fources & de rivieres; elle a même un lac précieux, qui attire sur fes bords une multitude prodigieufe d'ouvriers, parce que

Province de Ho-nan.

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son eau a la propriété de communiquer à la foie un lustre qu'on ne peut imiter ailleurs. Outre les forts, les châteaux & les places de guerre, cette province renferme huit fou ou villes du premier ordre, & cent deux du second & du troisieme. Dans une de ces cités, nommée Nan-yang, on trouve une espece de ferpent dont la peau est marquée de petites taches blanches; les Médecins Chinois la font tremper dans une fiole pleine de vin, & s'en fervent ensuite comme d'un excellent remede pour la paralyfie.

Le Ho-nan eft borné au nord par les provinces de Petcheli & de Chan-fi, au couchant par celle de Chen-fi, au midi par celle de Hou-quang, & au levant par celle de

Chan-tong.

Cai-fong-fou, qui en est la capitale, est fituée à deux lieues du fleuve Hoang-ho; mais fon fol est si bas, que les eaux du fleuve font plus hautes que la ville.

Pour parer aux inondations, on y a conftruit de fortes digues qui occupent une étendue de plus de trente lieues. Cette ville ayant été affiégée en 1642, par une armée de cent mille rebelles qui avoient à leur tête un certain Lytchuang, le Commandant des troupes qu'on avoit envoyées au fecours de la cité, conçut le fatal projet de noyer les ennemis, en rompant la grande digue du Hoang-ho. Ce Général réuffit dans fon deffein; mais en même temps la ville fut fubmergée, & l'inondation fut fi violente & fi prompte, qu'il y périt trois cent mille habitans.

Il paroît par les ruines qui fubfiftent, que Cai-fong avoit alors environ trois lieues de circuit: on l'a rétablie depuis ce triste événement; mais on ne lui a point rendu sa premiere magnificence. On n'y trouve aujourd'hui rien qui la

distingue

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