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leur est nécessaire pour le jour fuivant. Lorsqu'ils lifent

la Bible dans leur Synagogue, ils fe couvrent le vifage Juifs établis à la

d'un voile transparent, en mémoire de Moïfe qui def

cendit de la montagne le vifage couvert, & publia ainsi le Décalogue & la Loi de Dieu.

Le P. Gozani leur parla du Meffie, promis & annoncé dans les Ecritures. Ils parurent fort furpris de ce qu'ils entendoient; & lorfque le Miffionnaire leur apprit que ce Meffie s'appeloit Jesus, ils lui répondirent qu'il étoit fait mention, dans leur Bible, d'un faint homme nommé Jéfus, qui étoit fils de Sirach; mais qu'ils ne connoiffoient point le nouveau Jéfus dont il leur parloit.

Les Mahométans fe font plus multipliés à la Chine que les Juifs. Il y a plus de fix cents ans qu'ils fe font introduits dans cet Empire, & ils y ont formé divers établissemens. Pendant un grand nombre d'années, ils ne fe perpétuerent que par les mariages & les alliances qu'ils contractoient; mais depuis quelque temps ils paroiffent s'occuper plus particuliérement du foin d'étendre & de propager leur Secte. Le principal moyen qu'ils emploient eft d'acheter, à prix d'argent, un grand nombre d'enfans idolâtres, que leurs parens pauvres leur vendent facilement. Ils les élevent, les inftruisent & les circoncisent. Ils en acheterent plus de dix mille dans un temps de famine qui défola la Province de Chan-tong. Ils les marierent, leur bâtirent des maisons, & en formerent même des bourgades entieres. Infenfiblement ils font devenus fi nombreux & fi puiffans dans ces fortes de lieux, qu'ils en ont exclus tout habitant qui ne croit pas au Prophete, & qui ne fréquente pas la Mosquée.

Chine.

Nous ne parlerons pas ici des travaux apoftoliques des Juifs établis à la Miffionnaires Européens. Tout ce qui concerne l'établis fement & les progrès de la Religion Chrétienne à la Chine

Chine.

fe trouve déjà rapporté dans l'Hiftoire générale, dont nous ne donnons ici que le Supplément.

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a pu remarquer certains rapports entre le Gouver

nois.

nement de la Chine & quelques autres Gouvernemens Mariages des Chide l'Afie; quelques-uns même avec certains Gouvernemens de l'Europe. Les mœurs Chinoifes ne fe rapprochent de celles d'aucun peuple connu; & ces mœurs n'ont point varié. Les Chinois font encore ce qu'ils étoient il y a quatre mille ans, font encore ce qu'ils faifoient à cette époque reculée, & toujours de la même maniere.

La décence publique eft affez conftamment respectée à la Chine, parce qu'elle eft conftamment furveillée. Le mariage, ce lien si nécessaire, si favorable au bon ordre, recommandé, encouragé par tous les grands Légiflateurs, est sur-tout protégé à la Chine. Rarement le mariage y donne lieu à ces scandales qui en troublent les douceurs dans d'autres contrées; difons mieux, qui le font plus craindre que rechercher. Les Loix prononcent des peines terribles contre le perturbateur du repos d'un ménage. On est

Iiii ij

Mariages des Chi

nois.

puni de mort pour avoir fuborné une femme, & la peine eft communément la même pour avoir féduit une fille. Il eft vrai que dans cette double circonftance les précautions dictées par l'usage viennent au fecours de la Loi, & la rendent prefque fuperflue.

Les femmes de la Chine font, à peu près, condamnées à ne voir jamais le jour hors de chez elles. Voici quelque chofe de plus fort: un Chinois fe marie, fans avoir même encore apperçu celle qu'il époufe. Il ne connoît les traits & fa taille que fur le rapport d'une parente ou de quelque autre femme, qui, en pareil cas, fait l'office d'entremetteufe. Il est vrai que fi on lui en impose, ou fur l'âge, ou fur la figure,

peut recourir au divorce. Ici la Loi vient à fon tour corriger les albus de l'ufage.

Les mêmes Matrones qui négocient un mariage, conviennent de la fomme que donnera le futur aux parens de l'épousée; car, à la Chine, ce n'est pas le pere qui dote fa fille, c'est le mari qui dote sa femme, ou, pour mieux dire, il l'achete; elle devient fa propriété à double titre.

Ce font les parens de la fille qui fixent le jour de la célébration. Ils ont foin de confulter le calendrier pour choisir un jour heureux; car ils en admettent de deux efpeces. Durant cet intervalle, les deux familles fe font des préfens réciproques. Le futur envoie à celle qu'il doit époufer, quelques bijoux, tels que des bagues, des pendans d'oreilles, &c. On s'écrit des deux parts; mais on ne se voit point encore; le tout eft porté par des mains

tierces.

Le jour de la cérémonie étant arrivé, on place la fiancée

nois.

dans une chaife ou dans un palanquin fermé. Tout ce Mariages des Chiqui compofe fa dot la précede & la fuit, porté par différentes perfonnes des deux fexes : d'autres l'entourent avec des torches & des flambeaux, même en plein midi. Une troupe de Muficiens, fifres, hautbois, tambours, précede fa chaife, & fa famille la fuit. La clef qui la renferme dans fa chaise est entre les mains d'un domeftique de confiance: il ne doit la remettre qu'au mari. Celui-ci, richement vêtu, attend à sa porte l'arrivée du cortége. On lui remet cette clef; il ouvre avec empreffement la chaife; &, du premier coup-d'œil, il peut apprécier fa chance, il voit fi on l'a bien ou mal fervi. Il arrive quelquefois que l'époux mécontent referme fubitement la chaife & renvoie la fiancée chez elle. Il lui en coute feulement, pour s'en débarrasser, la somme qu'il a donnée pour l'obtenir.

Si l'époufe eft agréée, elle defcend de fa chaife, & entre avec l'époufé, fuivis l'un & l'autre de leurs parens, dans une falle où le couple nouvellement uni salue quatre fois le Tien, & enfuite les parens de l'époux. Auffi-tôt la mariée est remise entre les mains des femmes qu'on a invitées à la cérémonie. Elle leur donne une fête qui dure tout le jour. Le nouveau marié en ufe de même avec fes convives. C'eft ce qui arrive dans tous les grands. repas Chinois; les femmes s'amufent entre elles, & les hommes fe traitent de leur côté.

Nous parlons ici des cérémonies du mariage ufitées pour les perfonnes d'un rang mitoyen. Le faste aug

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