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ouverte, forme une espece d'aigrette fur le haut de la tête; le corps eft au deffus du front; le cou & le bec tombent au deffus du nez, mais le cou eft attaché au corps de l'animal avec une charniere qui ne paroît point, afin qu'il ait du jeu, & qu'il branle au moindre mouvement de tête. L'oifeau entier tient fur la tête par les pieds, qui font fichés dans les cheveux. Les femmes de la premiere qualité portent quelquefois un ornement entier de plufieurs de ces oiseaux entrelacés enfemble, d'où il résulte fur leur tête une espece de couronne. Le feul travail de cet ornement est d'un grand prix «.

Les jeunes personnes du sexe, non mariées, ont auffi une espece de couronne faite de carton, & couverte d'une belle étoffe de foie : le devant de cette couronne, qui s'éleve en pointe au deffus du front, eft couvert de perles, de diamans, & autres ornemens très-riches. Le furplus de la tête eft orné de fleurs, ou naturelles, ou artificielles : des aiguilles à tête de diamans font entremêlées parmi ces fleurs.

Il est inutile d'avertir que la coiffure des femmes & des filles du commun eft moins riche, moins recherchée. Celles de cette claffe, fur-tout fi elles font un peu âgées, ont pour tout ornement de tête un morceau de foie fort fine. La maniere dont elles l'emploient ressemble beaucoup à celle dont quelques Françoifes font ufage des larges rubans du matin. Elles le nomment ferre-tête, & les Chinoises l'appellent Pao-teou, c'est-à-dire, enveloppe de tête.

On doit placer au rang des usages bizarres, dont nulle

Vêtemens, coftu mes des deux fexes.

mes des deux fexes.

nation n'est exempte, les moyens qu'emploient les ChiVétemens, coftu- nois pour conferver à leurs filles le pied à peu près auffi petit qu'elles l'ont apporté en naissant. A peine une fille vient de naître, que fa nourrice lui ferre & lui enveloppe étroitement les pieds. Cette torture se soutient auffi longtemps que le pied est dans le cas de grandir. Il en résulte qu'une Chinoise fe traîne plutôt qu'elle ne marche; mais un petit pied lui paroît une chofe fi précieuse, qu'elle ne croit pas avoir payé trop cher cet avantage : elle fe dévoue même volontairement à de nouvelles douleurs pour maintenir fon pied dans toute fa petitesse. Telle est la force de l'ufage. Les uns attribuent celui-ci à des raisons de jalousie; d'autres le donnent pour un expédient politique. On a voulu par-là, difent-ils, faire aimer aux femmes la folitude, & les tenir dans une continuelle dépendance. Enfin, une Chinoise est condamnée à ne fortir prefque jamais de fon appartement, & à n'être guere apperçue que de fon mari, & de quelques domestiques : cependant elle n'emploie pas moins d'heures chaque jour à fa toilette, qu'une Françoise qui veut briller dans un bal ou dans une loge à l'Opéra.

par

L'habit des Dames Tartares differe en quelques points de celui des Dames Chinoises. La robe des premieres n'est pas moins longue, mais la tunique dont elle est recouverte defcend moins bas. Leur robe eft auffi fermée le haut; &, de plus, elles portent fur la poitrine une espece de rabat fort large. Leur coiffure ordinaire est un chapeau, tel que beaucoup de nos Dames en portent maintenant, mais placé plus en arriere, & beaucoup

moins orné. Elles portent fouvent à la main une longue pipe dont elles connoiffent très-bien l'usage. On peut dire, d'après cela, que chaque pays a les fiens.

L'habit d'un villageois differe du costume d'un habitant de la ville en proportion de ce qu'on remarque en France. Il confifte dans une chemise de groffe toile, fur laquelle il place une tunique d'étoffe de coton, qui lui defcend jufqu'au milieu de la cuiffe. Un large caleçon le prend à la ceinture, & lui descend jufqu'au bas de la jambe. Sa chaussure est une espece de pantoufle ou de fabot qui s'avance en pointe relevée. On vient d'en voir quelques effais parmi nous.

Le blanc eft la couleur de deuil chez les Chinois. Un fils n'a point le droit de la porter du vivant de fon pere & de fa mere. Il ne doit plus en porter d'autre durant trois ans après leur mort; &, alors même que ce deuil triennal est fini, fes habits ne doivent plus être que d'une couleur uniforme. La Loi interdit aux enfans la foie & les fourrures. L'inftant même où ils doivent, pour la premiere fois, porter un bonnet, a été prévu par elle, ainfi que la maniere dont il doit leur être donné. Le Maître des cérémonies leur place lui-même le bonnet fur la tête, & leur adreffe ces paroles: » Songez que » vous prenez l'habit des adultes, & que vous fortez » de l'enfance; n'en ayez donc plus les fentimens & les » inclinations; prenez des manieres graves & férieuses, appliquez-vous avec courage à l'étude de la fageffe & » de la vertu, & méritez par-là une longue & heureuse » vie «. Cette cérémonie, qui pourra sembler minutieuse, tient à de grandes vûes. Les Chinois donnent de l'éclat

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Vêtemens, coftu

mes des deux fexes.

mes des deux fexes.

à tout ce qui peut inspirer l'amour de l'ordre & le goût Vêtemens, cou de la morale. Il ne feroit pas inutile de rappeler à l'homme, à chaque époque marquée de fa carriere, les nouveaux devoirs qu'elle lui impose. Mais donnez à cette instruction l'appareil d'une cérémonie publique, elle fe gravera bien mieux dans fa mémoire.

Bâtimens & ameublemens des Chinois.

LES

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Es édifices de la Chine, même les monumens publics, les palais Impériaux, frappent moins par leur magnificence que par leur étendue. Le palais de l'Empereur à Pe-king peut-être comparé à une grande ville. Ceux des Princes, des principaux Mandarins, des perfonnes riches, renferment jusqu'à quatre à cinq avant-cours, & dans chacune un grand corps-de-logis, dont le frontispice offre trois portes; celle du milieu eft plus grande que les deux autres, & deux lions de marbre décorent fes deux côtés. Les falles deftinées à recevoir les vifites font propres, garnies de fiéges, de divers autres meubles; mais on n'y voit rien qui caractérise la magnificence. Il en est de même de la falle qui eft destinée à ne recevoir que les amis intimes. Pour l'appartement des femmes, des enfans même, il eft inacceffible à tout étranger, fûtil le plus précieux ami du Maître de la maifon.

Les jardins font d'un genre propre à fixer l'attention d'un Européen. Les Anglois font les premiers qui les

aient

Bâtimens & ameu

nois.

aient imités, & nous avons depuis imité les Anglois. On voit dans ces jardins, des bois, des lacs, des montagnes, lemens des Chides rochers, foit naturels, foit factices; des routes irréguliérement percées, & qui conduisent à des points différens & toujours variés; des accidens de toute espece, des labyrinthes, &c. On pratique des parcs dans ces jardins, lorfque leur étendue le permet; on y éleve des cerfs, des daims, & quelques autres bêtes fauves. Les poissons & les oiseaux de riviere y font nourris dans des viviers.

Les Chinois ont de commun avec les anciens Egyptiens d'aimer le gigantesque. Ils font confifter la beauté d'une colonne dans fa groffeur & fon élévation; celle de leurs falles dans leur extrême étendue : l'architecture gigantefque fut adoptée par tous les anciens Peuples. Deux Provinces de la Chine (celles de Chan-tong & de Kiangnan) peuvent fournir de marbre tout le refte de l'Empire; mais les Chinois ne favent ni le bien travailler, ni l'employer à propos. Il leur fert à construire des ponts, le feuil de leurs portes, & à paver les rues. Cependant, quelques arcs de triomphe, quelques temples de Pagodes, font conftruits de cette matiere précieuse; mais avec peu d'art & de goût. Leurs Sculpteurs n'en tirent guere meilleur parti.

Ils font peu jaloux d'orner & d'embellir l'intérieur de leurs maisons on n'y voit ni miroirs, ni tapifferies, ni dorures. D'ailleurs, ils ne reçoivent de visites que dans une falle particuliere, destinée à cet usage. Elle est placée en avant de toutes les autres, fans que ceux qu'on y admet puiffent communiquer avec les appartemens intérieurs. Les ornemens de cette falle confiftent en de groffes Mmmm

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