Images de page
PDF
ePub

ques, &c.

deur, qui appelle les réflexions par l'étendue, l'intérêt Pieces dramati- & la majesté des vérités qu'elle femble feulement aider à découvrir; éloquence mystérieuse, qui n'offre les choses qu'à demi, qui attire & plaît à force de piquer la curiofité; éloquence fuperficielle, qui brille & n'éclaire point, &c. &c. Les Rhéteurs Chinois comptent aussi autant de fortes de ftyles que de genre d'éloquence.

Les Chinois ne font point partifans de cette déclamation vive & animée, de ces geftes expreffifs, de ces brillans éclats de voix, qui contribuent fi fouvent en Europe au fuccès des difcours publics. Ils pensent à peu près comme ces fauvages Illinois, qui crurent bonnement que leur Missionnaire s'étoit mis en colere, parce qu'il avoit voulu terminer fon fermon par un morceau de pathétique, déclamé à l'européenne. Les Chinois ne s'accommodent point de tous ces mouvemens, qu'ils prennent pour des grimaces affectées, ou pour des convulfions de fureur. Graves & paisibles auditeurs, ils veulent qu'on parle moins à leurs fens qu'à leur raison. Il faut cacher l'art, les émouvoir peu à peu, & le plus sûr moyen de réuffir eft que l'Orateur paroiffe fincérement ému luimême. Ce n'est pas par fes cris, dit un de leurs Auteurs, c'est en prenant fon vol, que le canard fauvage fait partir tous les autres & les conduit.

La Chine eft riche en Ouvrages d'érudition; mais elle les doit rarement à des Particuliers, qui n'ont ni le loisir ni les facilités néceffaires pour se livrer à ce genre d'études, Les premieres années des jeunes Lettrés se passent à étudier la Langue, les caracteres, la doctrine des King. Des examens à fubir de trois ans en trois ans les tiennent

[ocr errors]

fans ceffe occupés: admis au premier grade littéraire, il faut qu'ils étudient encore pour mériter le second, & parvenir enfuite au Doctorat, qui ne s'accorde qu'au concours. Alors ils obtiennent des emplois dans les Tribunaux, deviennent Gouverneurs de villes de Province. Dans ce nouvel état, leurs occupations font fi multipliées, si continuelles, qu'il leur eft impoffible de se livrer à leur goût pour une étude suivie : le glaive du Souverain eft fans ceffe fufpendu fur leur tête; ils ont besoin de toute leur application pour éviter jufqu'à des négligences légeres qui pourroient les perdre.

La difficulté d'avoir recours aux Bibliotheques eft encore un inconvénient qu'éprouve le Savant ifolé. La fortune des Particuliers, à la Chine, est trop changeante, pour qu'ils puiffent former de vastes collections de Livres, telles qu'on en trouve dans les maisons des Grands & des Gens de Lettres de l'Europe. Si les fils d'un Miniftre d'Etat ou d'un Général d'armée font fans mérite, ils tombent dans la mifere, & rentrent dans la foule obfcure des citoyens: comment pourroient-ils alors conferver les bibliotheques de leurs peres? D'ailleurs des Mandarins, des Officiers publics, qui, par la mobilité de leurs emplois, fe trouvent fréquemment exposés à paffer d'une Province dans une autre ont rarement le goût des bibliotheques; ils se bornent aux Livres qui leur font nécessaires. Les grandes Bonzeries font la feule resfource du Lettré. C'est là que le Gouvernement, pour prévenir les pertes que pourroient caufer les incendies, les guerres, les révolutions, a fait rassembler les manufcrits les plus rares, & fait annuellement déposer des

Yyyy ij

Pieces dramati

ques, &c.

Pieces dramati

ques, &c.

exemplaires de toutes les grandes collections d'Ouvrages, de toutes les éditions nouvelles qui fe font aux frais de l'Etat. Ces immenfes bibliotheques font, il eft vrai, ouvertes à tous les Gens de Lettres; mais la plupart des Bonzeries qui les renferment font fituées dans les montagnes & loin des grandes villes. Un Lettré qui a fa famille & fes emplois, ira-t-il s'ifoler au milieu de ces rochers, pour s'y livrer à des recherches favantes ?

Auffi tous les grands Ouvrages qui ont paru à la Chine, font ils fortis du Collège des Han-lin. Ce Corps est compofé des Lettrés les plus célebres, & des plus favans hommes de tout l'Empire. Ils font examinés & choifis par le Souverain même, qui les tient auprès de fa perfonne. Quelques-uns de ces grands Lettrés font occupés à tenir le pinceau pour l'Empereur; d'autres font chargés de l'enseignement public dans les écoles qui font aux quatre portes du palais; le plus grand nombre habite un hôtel vafte & commode, où, loin du bruit & de tous les objets de diffipation, ils travaillent fans relâche & de concert aux différens Ouvrages que l'Empereur leur commande. Libres de tout foin, environnés de tous les tréfors littéraires de l'Empire, ils trouvent dans cette retraite les aifances & tous les fecours qui peuvent adoucir & faciliter le travail. Chacun de ces Lettrés eft employé felon fon goût & fes talens. Le temps ne le maîtrise point; jamais on ne le preffe de finir l'Ouvrage commencé. L'intérêt de l'amour-propre les lie les uns aux autres, parce que la gloire du fuccès ne fe partage point, mais rejaillit fur tous. La communication réciproque des connoiffances eft néceffairement pleine & fans réserve,

parce que les méprises font imputées au Corps entier. De là vient que tout ce qui fort du pinceau des Hanlin porte un caractere de perfection qu'il eft rare de trouver dans les Ouvrages de Gens de Lettres ifolés. On leur doit toutes les grandes Collections hiftoriques, les Dictionnaires, les Commentaires, les éditions nouvelles des anciens Livres, &c. L'Empereur orne ordinairement ces grands Ouvrages d'une Préface de fa main. Ils font imprimés aux frais du Gouvernement, & toute l'édition appartient à l'Empereur, qui la distribue en préfens aux Princes de fon fang, aux Miniftres, aux Grands, aux Chefs des Tribunaux, aux Gouverneurs des Provinces, & aux plus célebres Lettrés de l'Empire. Papier, caractere, encre, reliure, ornemens, tout annonce la magnificence du Souverain qui publie & donne ces Ouvrages. Les Particuliers ne peuvent acheter que des exemplaires de rebut ou contrefaits. En 1770, les Han-lin travailloient à une édition nouvelle, augmentée & corrigée, d'un grand Ouvrage, où font difcutés les points les plus intéressans d'Histoire, de Chronologie, de Géographie, de Jurisprudence, de Police, & d'Hiftoire naturelle. Cette édition devoit former une Collection de plus de cent cinquante volumes.

Pieces dramati

ques, &c.

Aftronomie Chi

noife.

"

CHAPITRE IV.

Aftronomie Chinoife.

LES connoiffances aftronomiques font très-anciennes à

la Chine; elles paroiffent remonter à la fondation même de l'Empire. Le premier monument connu de cette Aftronomie fe trouve dans un Chapitre du Chou-king, où l'Empereur Yao apprend à fes Aftronomes Hi & Ho la maniere de reconnoître & déterminer les quatre faisons de l'année. Ce texte eft précieux pour fixer l'état de la science du ciel, à cette époque reculée. Voici comment ce Prince s'exprime.

[ocr errors]

1o. » Yao veut que Hi & Ho calculent & obfervent les lieux & les mouvemens du foleil, de la lune & des aftres; & qu'enfuite ils apprennent aux peuples ce qui regarde les faifons.

2o. » Selon Yao, l'égalité du jour & de la nuit & » l'aftre Niao font déterminer l'équinoxe du printemps. L'égalité du jour & de la nuit & l'aftre Hiu marquent l'équinoxe d'automne.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

» Le jour le plus long & l'aftre Ho font la marque » du folftice d'été.

» Le jour le plus court & l'aftre Mao font recon» noître le folftice d'hiver.

3°. » Yao apprend à Hi & à Ho que le Ki eft de » 366 jours, & que pour déterminer l'année & fes quatre » faifons, il faut employer la lune intercalaire «.

« PrécédentContinuer »