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On voit, par le premier des trois articles qui partagent ce texte, que du temps même d'Yao, dont le Aftronomie Chiregne a commencé l'an 2357 avant notre Ere, il Y avoit à la Chine des Mathématiciens chargés par le Souverain de rédiger un calendrier, qu'on devoit diftribuer au peuple. Il paroît que les Auteurs de ce calendrier devoient y marquer le temps de l'entrée des aftres dans les fignes, le lieu des planetes, & les éclipfes. Les Aftronomes qui négligeoient d'annoncer ce dernier phénomene, étoient punis de mort.

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Le second article nous apprend qu'on favoit alors reconnoître les deux équinoxes & les deux folftices par longueur des jours & des nuits. Il eft affez honorable pour les Chinois d'avoir fu, dès ce temps-là, profiter du mouvement des étoiles, pour en comparer les lieux avec celui du foleil dans les quatre faisons.

Le troisieme article prouve qu'on connoiffoit dès-lors une année de 365 jours & fix heures, laquelle, tous les quatre ans, devoit être compofée de 366 jours entiers. Yao préféra cependant l'année lunaire, en ordonnant Fufage de l'intercalation.

Les Chinois ont toujours fixé au folftice d'hiver le commencement de l'année astronomique; mais le commencement de leur année civile a varié felon la volonté des Empereurs. Les uns l'ont placé à la troisieme, à la feconde lune après le solstice d'hiver; d'autres au point même du folftice.

De tout temps, les années Chinoifes ont été compofées d'un certain nombre de lunaifons: douze lu

noife.

naifons forment l'année commune ; & treize, l'année emAftronomie Chi- bolifmique. Les Chinois comptent les lunaifons par le nombre des jours qui s'écoulent depuis le moment de la conjonction de la lune avec le foleil, jusqu'au moment de la conjonction fuivante; & comme, dans l'intervalle d'une conjonction à l'autre, le nombre des jours ne peut être constamment égal, ils admettent tantôt vingt-neuf, tantôt trente jours pour compléter leurs lunaifons.

Les Chinois divifent le jour en plus ou moins de parties égales; mais ordinairement ils le partagent en douze heures, doubles des nôtres. Ils comptent un jour d'un minuit à l'autre.

La route que décrit le foleil eft connue à la Chine depuis la plus haute antiquité, & l'on y a toujours diftingué l'écliptique de l'équateur. On appelle la premiere Hoang-tao ou chemin jaune; le second est défigné sous le nom de Tché-tao ou ligne équinoxiale, parce qu'on fait que ce grand cercle de la fphere eft à une égale diftance des deux pôles, & que lorsque le foleil y arrive, les jours font égaux aux nuits.

L'année Chinoife, divifée en lunaifons, eft encore partagée en quatre parties égales, qui font les faisons, chacune defquelles a trois parties, fon commencement, fon milieu & fa fin, c'est-à-dire, une lunaison pour cha cune de ces trois parties. De plus, cette année est encore fubdivifée en vingt-quatre parties égales, qui font les points où le soleil se trouve en parcourant les différens fignes de notre zodiaque. Chacune de ces vingtquatre

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Aftronomie Chinoife.

quatre fections comprend quinze degrés; ce qui produit
les trois cent foixante degrés que
fa révolution annuelle.

le foleil parcourt

dans

La marche bizarre & irréguliere de la lune est trèsanciennement connue à la Chine. Avant même le regne d' Yao, les Aftronomes Chinois favoient déterminer avec affez de précision les momens de la nouvelle & pleine lune. Ils nomment Cho, principe, commencement, le premier jour de la nouvelle lune, & Ouang, qui signifie efpérer, attendre, le jour de la pleine lune; parce que le peuple attendoit les bienfaits de certains Esprits qu'il n'invoquoit qu'à cette feule époque. Pour exprimer l'âge de la lune, on emploie, outre les nombres, les mots de corde fupérieure & inférieure: on dit Chang-hien, arc ayant la corde en haut ; & Hia-hien, arc ayant la corde en bas. C'est ainsi qu'on défigne ce que nous appelons les quartiers de la lune. La méthode de l'intercalation a varié; mais elle a toujours eu lieu, ainfi que l'ufage de compter vingt-neuf ou trente jours pour une lunaison. On appelle petite lune celle qui ne comprend que vingt-neuf jours, & grande lune celle qui eft composée de trente.

Les Aftronomes Chinois diftribuent l'état du ciel, relativement aux étoiles, felon l'ordre fuivant. Ils placent 1o. le Pe-teou ou boiffeau céleste du nord; c'est ce que nous appelons la grande ourfe. 2°. Le Nan-teou ou boiffeau celefte du midi, qui comprend les principales étoiles opposées à la grande ourse, & qui forment entre elles, dans la partie méridionale du ciel, une figure à peu près femblable à celle de la grande ourfe dans le nord. 3°. Les cinq planetes Ou-hing. Ces cinq planetes

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Aftronomie Chi

noife.

font Saturne, Jupiter, Mars, Vénus, & Mercure. 4°. Vingthuit constellations, dans lesquelles font comprises toutes les étoiles de notre zodiaque, & quelques-unes de celles qui en font les plus voisines.

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Nous devons au P. Gaubil un' Ouvrage particulier fur l'Aftronomie Chinoife, qu'il avoit long-temps étudiée. Voici le témoignage qu'il rend aux connoiffances des Aftronomes de cette nation, dans une de fes lettres au P. Souciel » Les Chinois, dit-il, ont connu le mouve» ment d'occident en orient pour le foleil & la lune, les planetes, & même les étoiles, quoiqu'ils n'aient dé» terminé le mouvement de celles-ci que quatre cents » ans après Jéfus-Christ. Ils ont donné à Saturne, à Jupiter, à Mars, à Vénus, & à Mercure, des révolutions » assez approchantes des nôtres. Ils n'ont jamais été au » fait des rétrogreffions & stations; &, comme en Eu» rope, les uns ont fait tourner les cieux & les pla» netes autour de la terre, & les autres ont tout fait » tourner autour du foleil...... Par la lecture de leurs. Livres, on juge que les Chinois ont affez bien connu, » depuis plus de deux mille ans, la quantité de l'année » folaire; qu'ils ont connu de même le mouvement » diurne du foleil & de la lune; qu'ils ont fu obferver » les hauteurs méridiennes du foleil par l'ombre des gno"mons, & qu'ils calculoient paffablement ces ombres, » pour en déduire la hauteur du pôle & la déclinaison » du soleil: on voit qu'ils ont connu affez bien l'afcenfion » droite des étoiles, & le temps où elles paffent par le » méridien; comment les mêmes étoiles, dans la même » année, fe levent ou fe couchent avec le foleil; &

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» comment elles passent au méridien, tantôt au lever » & tantôt au coucher du foleil. Enfin, conclut le P. » Gaubil, la lecture de l'Hiftoire Chinoise démontre qu'on a toujours eu à la Chine la connoiffance de » beaucoup de chofes d'Aftronomie «.

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Les Mathématiciens Jéfuites, que le zele de la Religion conduisit à la Chine, contribuerent beaucoup à étendre les connoiffances aftronomiques dans cet Empire. Les Peres Ricci, Adam Schal, Verbiest, Couplet, Gerbillon, Régis, d'Entrecoles, Jartoux, Parrenin, & tant d'autres, étoient des hommes que leurs talens feuls euffent rendus célebres même en Europe. Ils réformerent ce qu'il y avoit de fautif dans l'Astronomie Chinoise, corrigerent les erreurs qui fe perpétuoient dans le calendrier, & communiquerent des méthodes nouvelles pour l'observation. Le P. Verbiest avoit trouvé dans l'Obfervatoire de Pe-king un certain nombre d'inftrumens en bronze; mais les jugeant peu propres aux opérations aftronomiques, il leur en fubftitua de nouveaux qui subsistent encore. Le P. Le Comte a donné, dans fes Mèmoires, une description détaillée de toutes ces machines.

L'Astronomie est aujourd'hui cultivée à Pe-king comme elle l'eft dans la plupart des capitales de l'Europe. Il y existe un Tribunal, dont la jurisdiction s'étend sur tout ce qui a quelque rapport à l'observation des phénomenes céleftes. Ce Tribunal eft fubordonné à celui des Rits; il porte, ainfi que toutes les autres Jurifdictions particulieres, le nom d'Ya-men. Les Membres qui le compofent font un Inspecteur, deux Présidens, dont l'un eft toujours Tartare, & l'autre cenfé Chinois; & un certain nombre Zzzz ij

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