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noife.

de Mandarins qui rempliffent les fonctions d'Affeffeurs. Aftronomie Chi- Depuis le P. Adam Schal jufqu'au P. de Rocha, qui a fuccédé au P. Hallerstein, c'est-à-dire, depuis près d'un fiecle & demi, un Européen a toujours remplacé le Préfident Chinois. Cette fuite de Miffionnaires Aftronomes se font conftamment appliqués à former des éleves, & ils se sont toujours fait un devoir de ne leur laiffer rien ignorer des connoiffances & des méthodes propres de l'Europe. Auffi fur environ deux cents Aftronomes ou éleves en Aftronomie, que l'Empereur entretient à fes frais, les deux tiers au moins connoiffent affez l'état du ciel, & font affez bons calculateurs, pour pouvoir compofer des éphémérides auffi exactes & plus détaillées que celles qui fortent de nos Académies. Ces éphémérides, au refte, ne doivent point être confondues avec celles qu'on destine au peuple, & qui contiennent les prédictions fuperftitieufes & tous les rêves de l'Astrologie judiciaire: celles dont nous parlons n'ont pour ob. jet que la connoiffance du ciel, & ne préfentent que les résultats des calculs aftronomiques. Les Miffionnaires Aftronomes ne font les Auteurs d'aucune de ces éphémérides: leur emploi fe réduit à revoir le travail des Mathématiciens Chinois, à vérifier leurs calculs, & à réformer les erreurs qui pourroient s'y gliffer. Comme les premiers Européens, admis dans le Tribunal d'Aftronomie, étoient de la Miffion Portugaise qui étoit alors la feule à Pe-king, c'est encore cette Miffion qui continue aujourd'hui de fournir des Aftronomes à cette Académie.

L'observation des éclipfes est une des premieres & des

noise.

plus importantes fonctions de ce Tribunal. Il faut que l'Empereur foit averti, par une requête, du jour, de Aftronomie Chi l'heure, & de la partie du ciel où l'éclipfe aura lieu, & qu'on lui annonce quelle fera fa grandeur & fa durée. Ce compte doit précéder l'éclipfe de quelques mois; & comme l'Empire eft divifé en Provinces très-étendues, il faut qu'elle foit calculée fur la longitude & la latitude de chaque capitale de ces Provinces. Ces obfervations, ainsi que le type qui représente l'éclipse font gardées par le Tribunal des Rits & les Colao, qui ont soin de les faire paffer dans les Provinces & dans toutes les villes de l'Empire, afin que le phénomene célefte y foit obfervé avec les formes prescrites.

Voici quel est le cérémonial d'ufage en pareille circonftance. Quelques jours avant l'éclipfe, le Tribunal des Rits fait afficher en gros caracteres, dans un lieu public de Pe-king, l'heure & la minute à laquelle l'éclipse commencera, la partie du ciel où elle fera visible, le temps que l'aftre reftera dans l'ombre, & le moment où il en fortira. Les Mandarins de tous les ordres font avertis de fe rendre, revêtus des habits & des marques de leurs dignités, dans la cour du Tribunal de l'Astronomie, pour y attendre le moment où le phénomene aura lieu. Tous portent à la main des tables où la figure & les circonstances de l'éclipse font décrites. Au moment où l'on s'apperçoit que le foleil ou la lune commence à s'obfcurcir, tous se jettent à genoux, & frappent la terre du front. Auffi-tôt l'on entend s'élever de toute la ville un bruit épouvantable de tambours & de timbales, reste de l'ancienne perfuafion où étoient les Chinois, que par

noife.

ce tintamarre ils secouroient l'astre souffrant, & l'empêAftronomie Chi- choient d'être dévoré par le dragon célefte. Quoique les Grands, les Lettrés, & toutes les personnes instruites, fachent aujourd'hui que les éclipfes ne font ne que des événemens naturels, ils n'en continuent pas moins à observer leur antique cérémonial, par une fuite de l'attachela nation conferve toujours pour les anciens

ment que

ufages.

Tandis que les Mandarins restent ainsi prosternés dans cette cour, d'autres, placés à l'Obfervatoire, examinent avec toute l'attention dont ils font capables le commencement, le milieu & la fin de l'éclipfe, en comparant ce qu'ils obfervent avec la figure & les circonstances données du phénomene. Ils rédigent enfuite leurs obfervations, les fcelent de leur fceau, & les font remettre à l'Empereur, qui, de fon côté, n'a pas apporté moins de foins à observer l'éclipfe. Le même cérémonial se pratique dans toute l'étendue de l'Empire.

Papier, encre,&c.

CHAPITRE V.

Papier, encre, Imprimerie, &c.

LES Hiftoriens Chinois rapportent à l'an 105 avant Jésus-Christ la découverte & la premiere fabrication du papier dont on se sert aujourd'hui. Avant cette époque, on écrivoit fur la toile & fur des étoffes de foie. De là vient l'ufage encore existant d'écrire fur de grandes pieces de foie les éloges des morts, qu'on fufpend à côté

des bieres & qu'on porte dans les cérémonies funérai

res,

ou des maximes & des fentences morales dont on Papier, encre, &0%. orne l'intérieur des appartemens. Plus anciennement, on écrivoit avec un burin fur des planchettes de bambou, ou même fur des plaques de métal. Plufieurs de ces tablettes enfilées & unies enfemble formoient un volume. Enfin, fous le regne de Ho-ti, un Mandarin Chinois imagina une forte de papier plus commode. Il pric l'écorce de différens arbres, de vieilles pieces d'étoffes de foie & de chanvre, & fit bouillir ces matieres jusqu'à les réduire en une espece de bouillie, dont il forma le papier. Peu à peu, l'industrie Chinoise perfectionna cette découverte, & trouva le fecret de blanchir, de polir & de donner de l'éclat à différentes efpeces de papier.

Ces efpeces font aujourd'hui très-variées. Les Chinois tirent la matiere du papier, du roseau qu'on appelle bambou, de l'arbrisseau qui porte le coton, de l'écorce de Parbre Kou-chu, de celle des mûriers, du chanvre, de la paille de blé & de riz, du parchemin des cocons de vers à foie, & de plufieurs autres substances, la plupart inconnues en Europe.

Les arbres ou arbustes dont on tire parti pour la fabrication du papier, ne fourniffent que leur écorce; le bambou & le cotonnier font les feuls dont on emploie jufqu'à la fubftance ligneufe, qu'on parvient à macérer & à réduire en une pâte liquide.

La plupart des papiers Chinois, fabriqués avec des écorces d'arbres, ont le défavantage d'être fufceptibles d'humidité; la pouffiere s'y attache, & infenfiblement les vers s'y introduifent. Pour prévenir la dégradation &

la

perte des livres, il est néceffaire de les battre & de Papier, encre, &c. les expofer fouvent au foleil. Le papier fait avec le coton n'est point sujet à ces inconvéniens; il eft le plus blanc, le plus beau, le plus en usage, & fe conferve auffi longtemps que celui d'Europe.

Ces papiers font fupérieurs aux nôtres par leur poli & leur égalité; le pinceau dont se fervent les Chinois ne pourroit fe promener librement & former des traits délicats fur une furface tant foit peu raboteufe. Ils l'emportent encore fur ceux d'Europe par la grandeur extraor dinaire des feuilles. Il feroit aifé d'obtenir de certaines manufactures des papiers dont les feuilles auroient trente à quarante pieds de longueur.

Pour affermir le papier & l'empêcher de boire, les Chinois lui donnent une teinture d'alun, ce qui le rend ordinairement caffant; mais lorsqu'il n'a point reçu cette préparation, il eft auffi fouple & auffi flexible que le nôtre, & l'on peut le plier en tout fens, fans craindre qu'il fe

rompe.

On trouve à l'extrémité d'un des fauxbourgs de Pe king, un village affez long, uniquement habité par des Ouvriers qui ne subsistent que par le rhabillage du vieux papier qu'ils ont l'art de nettoyer, & dont ils forment un papier nouveau. Chacune de leurs maisons eft enceinte de murailles bien blanchies avec de la chaux. C'est là qu'ils raffemblent des monceaux énormes de vieux papiers de toute efpece : qu'ils foient chargés d'encre, de couleurs, de colle, ou fouillés de toute ordure quelconque, peu leur importe. Après avoir fait le triage des papiers fins, ils rempliffent de grands paniers plats de tous ces chif

fons,

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