Images de page
PDF
ePub

laine, &c.

affez douteux qu'on ait jamais vu en Europe la grande Soieries, porce- & belle porcelaine de la Chine: les Missionnaires assurent du moins qu'on n'en vend point de ce genre à Canton. Au reste, les Chinois font cas de la porcelaine de Saxe, & plus encore de celle qui fort des manufactures de France.

L'usage du verre est très-ancien à la Chine. Les grandes Annales rapportent qu'au commencement du troisieme fiecle, le Roi de Ta-tfin envoya à l'Empereur Tai-tfou, des préfens très-confidérables en verres de toutes les couleurs, & quelques années après, un Verrier qui avoit l'art de changer au feu des cailloux en cristal, & qui en apprit le fecret à des difciples; ce qui acquit beaucoup de gloire à ceux qui étoient venus & qui viennent de l'Occident. La partie des Annales où fe trouve la remarque que nous venons de citer, a été écrite dans le feptieme fiecle. Cependant l'attention, peu fuivie qu'on a donnée aux verreries, leur dépériffement, leur reftauration à diverfes époques, femblent annoncer que les Chinois n'ont jamais attaché beaucoup d'importance à la fabrication du verre, qu'ils ont plutôt regardé comme un objet de luxe que d'utilité. Ils admirent le travail de nos cristaux d'Europe, mais ils préferent leur porcelaine, qui eft moins fragile, d'un ufage plus étendu, & qui fupporte les liqueurs chaudes. Leurs Ecrivains même ont toujours témoigné le peu de cas qu'ils faifoient de cette matiere, lorsqu'ils ont eu occafion de parler des perles fauffes, des miroirs, des globes célestes, des vitres, des paravents, & des grands vafes qu'on fabriquoit fous la dynastie des Han. Nous remarquerons, au fujet de ces miroirs, qu'il eft dit qu'on

employoit pour les faire des cailloux & des matieres tirées

Soieries, porce.

de la mer, qu'on avoit réduites en cendre, & que le feu, qui laine, &c.

ne fuffifoit pas pour fondre l'or, ne pouvoit pas non plus fondre ces miroirs. On a confervé le fouvenir d'un vase de verre présenté à l'Empereur Tai-tsou, qui monta fur le trône en 627; ce vafe étoit, dit-on, d'une fi énorme grandeur, qu'un mulet auroit pu y entrer comme un coufin dans une cruche, & qu'on ne put le tranfporter au palais qu'en le fufpendant dans un filet, attaché à quatre voi

tures.

Les Empereurs de la dynastie régnante pensent à peu près comme leurs prédécesseurs sur le peu d'importance des verreries. Il en exifte cependant encore une à Pe. king, entretenue aux frais de l'Empereur, & où l'on exécute chaque année un certain nombre de vases & de morceaux, qui exigent d'autant plus de travail qu'aucune piece n'est soufflée. Mais cette manufacture, comme beaucoup d'autres ateliers, n'est regardée que comme un établissement de faste, un attirail de Cour, uniquement destiné à retracer la magnificence Impériale. Cette indifférence dédaigneuse pour le verre annonce combien les idées Chinoifes font encore aujourd'hui éloignées de celles de l'Europe.

Ddddd ij

Médecine.

CHAPITRE VI I.

Médecine.

L'ÉTUDE de la Médecine, chez les Chinois, est aussi ancienne que la fondation de leur Empire. Jamais leurs Médecins ne furent ni grands Anatomistes, ni Phyficiens profonds. Cependant ils ont fait, à certains égards, des progrès capables d'étonner nos plus habiles Médecins d'Europe.

La chaleur vitale, & l'humide rádical, voilà, difentils, les deux principes naturels de la vie; le fang & les efprits en font les véhicules. Ces deux principes réfident dans toutes les parties principales du corps : ils y entretiennent la vie & la vigueur. C'est dans le cœur, dans le foie, dans la rate, dans les poumons, & dans les deux reins, qu'ils établiffent le fiége de l'humide radical. Ils placent la chaleur vitale dans les inteftins, qu'ils portent de même au nombre de fix. C'eft de ces différens fiéges que la chaleur vitale & l'humide radical paffent dans les autres parties du corps, par le moyen des efprits & du fang. Les Médecins de la Chine fuppofent encore, dit le P. du Halde, » que le corps eft, au moyen des nerfs, des » muscles, des veines & des arteres, comme une espece » de luth, ou d'inftrument harmonique, dont les parties » rendent divers fons, ou plutôt ont une efpece de tempérament qui leur eft propre, à raison de leur figure, » de leur fituation, & de leurs divers ufages; & que c'est

[ocr errors]

›› par
le moyen
des pouls différens, qui font comme les
» fons divers, & les diverfes touches de ces inftrumens,
» que l'on peut juger infailliblement de leurs difpofitions;
» de même qu'une corde plus ou moins tendue, touchée
» en un lieu ou en un autre, d'une maniere ou plus
» forte ou plus foible, rend des fons différens & fait
» connoître fi elle eft trop tendue ou trop lâche «.

Ils fuppofent, en un mot, entre toutes les parties du
corps humain, d'une part des afcendances, de l'autre des
correfpondances qui forment la base de leur fyftême médi-
cinal. Ils prétendent juger de l'état du malade, & du genre
de fa maladie, par la couleur de fon visage, par celle de
fes yeux,
à l'inspection de fa langue, de fes narines,
de fes oreilles, & d'après le fon de fa voix : mais c'est
fur-tout d'après la connoiffance du pouls qu'ils fondent
leurs pronoftics les plus affurés. Leur théorie far la pul-
fation est très-étendue : elle varie felon les cas. Un de
leurs anciens Médecins en a laiffé un Traité complet,
qui leur fert encore de regle aujourd'hui. Ce Traité fut
compofé environ deux fiecles avant l'Ere chrétienne; & il
paroît certain que les Chinois connoiffoient la circulation
du fang antérieurement à toutes les Nations de l'Europe.

Un Médecin Chinois eft-il appelé chez un malade? Il appuie d'abord le bras de celui-ci fur un oreiller, lui applique enfuite les quatre doigts le long de l'artere, tantôt mollement, tantôt avec force. Il emploie un temps confidérable à examiner les battemens, à démêler leurs différences. C'est d'après le mouvement du pouls plus ou moins vif, plus plein ou plus foible, plus uniforme ou moins régulier, qu'ils découvrent la fource du mal, &

Médecine.

Médecine.

que, fans interroger le malade, ils lui difent dans quelle partie du corps il fent de la douleur, laquelle de ces parties eft attaquée, ou l'est le plus dangereusement. Ils lui annoncent auffi dans quel temps, & comment finira fa maladie.

Cette précision tendroit à faire croire qu'ils ont, en Anatomie, plus de connoiffances qu'on ne le fuppose en Europe. Il est vrai qu'ils ne diffequent jamais, qu'ils n'ouvrent même jamais les cadavres; mais s'ils négligent l'étude de la Nature morte, qui laiffera toujours beaucoup à deviner, ils paroiffent avoir étudié longuement, profondément & utilement la Nature vivante. Elle peut elle-même n'être pas toujours impénétrable à trente fiecles d'obfervations. Les Egyptiens ne permettoient point l'ouverture des corps morts; & ce fut toutefois dans leurs Livres facrés qu'Hippocrate puifa prefque toute fa doctrine.

La Médecine des Chinois eft presque totalement empirique. Ils ont la plus grande confiance dans leurs fimples, qui, en effet, ont des vertus particulieres: mais l'habileté confifte à les bien connoître, à favoir les adminiftrer à propos.

C'est encore avec des fimples & quelques fruits, que les Médecins Chinois compofent la plupart de leurs cordiaux. Ils les regardent comme néceffaires pour extirper le mal jusqu'à fa racine. Au furplus, ils prescrivent une diete rigoureuse dans le fort de la maladie, & interdisent totalement l'ufage de l'eau crue au malade.

Leur Herbier eft fort étendu, &, s'il faut les en croire, très-régulièrement claffé. Le principal Ouvrage qui embraffe cette matiere, & qu'on nomme vulgairement l'Her

« PrécédentContinuer »