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des feuilles de paravent. Les bâtimens Chinois ne font Arts du defin. nullement bons voiliers; ils tiennent cependant beau

coup mieux le vent que les nôtres, à raison de la roideur de leur voilure qui ne cede point au vent; mais ils perdent bientôt cet avantage par la dérive qu'occafionne leur conftruction vicieuse.

Les Chinois n'emploient point, comme nous, le goudron pour calfater leurs vaiffeaux. Ils fe fervent d'une gomme particuliere mêlée avec la chaux, & cette composition eft fi bonne, qu'un ou deux puits à fond de cale fuffifent pour tenir le vaiffeau fec. Ils puifent l'eau avec des seaux, car ils n'ont pas encore jufqu'ici adopté l'usage des pompes. Leurs ancres font faites d'un bois dur & pefant, qu'ils appellent Tie-ly-mou ou bois de fer. Ils prétendent que ces ancres font très-fupérieures à celles de fer, parce que celles-ci font fujettes à fe fauffer, ce qui n'arrive point aux ancres de Tie-ly-mou.

Les Chinois entendent affez bien la manœuvre, & font affez bons Pilotes côtiers; mais ils naviguent mal en pleine mer. Ce font les feuls Timonniers qui conduisent le vaiffeau; ils mettent le cap fur le rumb qu'ils croient devoir fuivre, &, fans s'inquiéter des mouvemens du navire, ils courent, pour ainsi dire, à l'aventure. Les Chinois prétendent avoir été les premiers inventeurs de la bouffole; mais il paroît qu'ils fe font peu occupés du foin de perfectionner cette intéressante découverte.

La Chine ne s'eft guere trouvée dans le cas de livrer des batailles navales que fur le Kiang, autour & près de fes côtes, ou dans le voisinage des ifles du Japon ;

aufi

auffi la conftruction de fes vaiffeaux de

guerre n'annonce

point qu'ils foient destinés à entreprendre des courfes Arts du deffin. lointaines, qu'ils ne pourroient foutenir. On diftingue différentes efpeces de vaisseaux de ce genre. Ceux qui font attachés à la marine de Canton font plus grands & plus forts que ceux qu'on emploie dans la marine du Fo-kien: ceux-ci ne font conftruits qu'en bois de pins ou de fapins, au lieu que les vaisseaux de Canton font tous en bois de fer. Dans un combat fur mer, ils réfiftent davantage & fervent mieux; mais ils font plus lourds & ne valent pas les autres pour la course. Ces vaiffeaux durent très-long-temps; les vers ne s'y mettent jamais. Quelques-uns font armés de canons.

Le vaiffeau de poste est un navire fort en ufage dans le Fo-kien. On cloue des bandes de bois de bambou fur fes côtés, pour qu'il réfifte mieux à la lame. Il tire fix à fept pieds d'eau, & peut mettre à la voile par toute forte de temps. On s'en fert pour courir après les Pirates, & pour porter des nouvelles.

Le vaiffeau à ouvrir les vagues ne tire que trois ou quatre pieds d'eau; sa proue est en pointe, & divise aifément les eaux. Il porte un gouvernail, une voile & quatre rames. Il ne craint, dit-on, ni le vent, ni les vagues. Il peut contenir depuis trente jufqu'à cinquante foldats.

Le bâtiment à courir fur le fable est ainfi nommé parce qu'il court fur les eaux qui ont très-peu de profondeur. Il est plat en deffous, & gliffe fur le fable le long des côtes de la mer du Nord, qui eft peu profonde. On n'en fait point ufage dans les mers du Midi.

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Bâtiment à bec d'épervier. De tous les vaiffeaux ChiArts du deffin. nois, c'eft le plus prompt & le plus léger à la course. Comme fa proue & fa poupe font conftruits de la même maniere, il peut avancer ou reculer avec la même facilité, fans être obligé de virer de bord. Son tillac eft défendu par deux efpeces de murailles, faites de planches de bambou, qui mettent à l'abri des traits les foldats & les rameurs.

Nous ne poufferons pas plus loin cette nomenclature: on fent qu'une flotte entiere de pareilles barques armées ne fe maintiendroit pas en présence de quelques vaifseaux de guerre Européens.

FIN.

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