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quatorzieme, la quinzieme, & la feizieme de ces villes, font fans jurifdiction. Toutes les autres ensemble ne comprennent dans leur reffort que vingt-une villes du fecond ordre, & feize du troisieme.

Province d'Yun-nan.

ARTICLE X V.

Province de Koei-tcheou.

CETTE province est une des plus petites de la Chine; elle a le Quang-fi au midi, le Hou-quang au levant, au nord le Se-tchuen, & le Yun-nan au couchant. Tout le pays eft prefque inculte, & couvert de montagnes inacceffibles. Cette province eft pour les Chinois, ce que la Sibérie eft pour les Ruffes; les peuples qui l'habitent font des montagnards accoutumés à l'indépendance, & qui femblent former un corps de nation féparé; ils ne font guere moins féroces que les animaux fauvages au milieu defquels ils vivent.

Les Mandarins & les Gouverneurs qu'on envoie dans cette province, font quelquefois des Grands difgraciés. qu'on a quelque intérêt à conserver, foit à cause de leurs alliances, foit à cause des fervices qu'ils peuvent avoir rendus à l'État. On leur confie de nombreuses garnisons, pour contenir dans le devoir les naturels du pays; mais ces troupes ne fuffifent pas, & la Cour défefpere de pouvoir jamais réduire fous fon joug ces indociles montagnards.

Elle renouvelle fouvent ses tentatives pour les foumettre, & fait de temps en temps conftruire de nouveaux forts dans leur pays; mais ces peuples, qui n'ignorent pas fes deffeins, se tiennent cachés dans leurs montagnes,

& n'en:

Province

de Koei-tcheou..

Province de Koei-tcheou.

fortent que pour détruire les ouvrages des Chinois, ou

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On ne fabrique dans cette contrée, ni étoffes de foie, ni toiles de coton; mais il y croît une certaine herbe qui reffemble affez à notre chanvre, & dont on fait des habits d'été. On y trouve auffi des mines d'or, d'argent, de mercure & de cuivre, & c'est de ce dernier métal qu'on fait la petite monnoie qui a cours dans l'Empire.

Cette province contient dix villes du premier rang, dont Koei-yang eft la capitale, & trente-huit du fecond & du troisieme. On prétend que Koei-yang étoit jadis la demeure d'anciens Rois: on y voit encore des restes de temples & de palais qui annoncent fon ancienne fplendeur; mais on néglige ces monumens, qui tombent & se détruisent infenfiblement.

Les Chinois de cette province, plus occupés du soin de se défendre des entreprises des montagnards, que de conferver des débris, femblent ne faire aucun cas de ces précieuses ruines. Leurs maifons font bâties de terre & de briques, & la plupart de leurs villes ne font, pour ainsi dire, des tas de chaumieres mal distribuées; les neuf autres cités font Se-tcheou, Se-nan, Tchin-yuen, Che-tfien, Tong-gin, Ngan-chan, Tou-yun, Ping-yuen, & Ouei-ning.

que

Quelques-unes de ces villes font fituées fur le bord de rivieres agréables, & dans des vallées fertiles: on trouveroit même dans cette province une grande quantité de terres dont le produit feroit confidérable, fi elles étoient vivifiées par la culture; mais la crainte qu'inspirent les montagnards, retient les Chinois dans le voifinage des fortereffes. Le Koeitcheou fournit les meilleurs chevaux de la Chine; on y éleve d'immenfes

d'immenfes troupeaux de vaches & de cochons, & l'on y trouve par-tout des poules fauvages dont le goût eft exquis. ·

En donnant la defcription des quinze provinces de la Chine, nous nous fommes contentés d'indiquer les principales villes qu'elles renferment. L'Auteur d'Yu le Grand & Confucius en a donné le nombre total, d'après le relevé qu'un habile Mandarin, dit-il, en a fait imprimer pour l'usage du Gouvernement. Quoique nous ne garantiffions pas l'exactitude de cette notice des villes & principaux monumens de la Chine, nous croyons cependant qu'elle peut ici trouver sa place.

On compte quatre mille quatre cent deux villes murées, qui fe divifent en deux claffes, les civiles & les militaires. La claffe des civiles en contient deux mille quarante-cinq, & celle des militaires deux mille trois cent cinquante-sept. Les civiles font encore divifées en trois ordres; favoir, cent foixante-quinze du premier rang, que les Chinois appellent fou, deux cent foixante-dix du fecond rang, qu'on nomme tcheou, & cent foixante du troisieme, qui portent le titre d'hien.

Les villes militaires font diftinguées en fept claffes; on en compte fix cent vingt-neuf de la premiere, cinq cent foixante de la feconde, trois cent onze de la troifieme, trois cents de la quatrieme, cent cinquante de la cinquieme, cent de la fixieme, & trois cents de la feptieme. Quelques-unes de ces villes militaires fervent à loger les foldats, auxquels on affigne dans le voisinage une certaine quantité de terres pour leur entretien. Les frontieres & les côtes font défendues par quatre cent trente-neuf châteaux, tenus en bon état & très-bien fortifiés. On compte en outre, le long de ces

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Province

de Koei-tcheou.

Province

de Koei-tcheou.

mêmes côtes, deux mille neuf cent vingt bourgs, dont un grand nombre égale en grandeur & en population plufieurs villes murées. Quant aux bourgs & aux villages répandus dans l'intérieur des terres, on affure qu'ils font innombrables, la plupart riches, commerçans, & bien peuplés.

Les établiffemens publics répondent à la grandeur & à l'étendue de l'Empire: on compte onze cent quarantecinq hofpices Royaux, ou lieux de logement, destinés à P'ufage des Mandarins, des Préfets des provinces, des Officiers de la Cour, des Courriers, & de tous ceux qui voyagent aux dépens de l'Empereur. Les tours, les arcs de triomphe, & les autres monumens publics élevés à la gloire des bons Rois & à celle des Hommes illustres, font au nombre de onze cent cinquante-neuf. Les vertus des femmes, comme celles des hommes ont droit à la Chine aux honneurs publics; on y voit deux cent huit monumens confacrés à la mémoire d'un certain nombre d'entre elles, qui, par leur modeftie, leur pudeur, & leur attachement aux devoirs de leur fexe, ont mérité l'estime & la vénération de leurs concitoyens. Deux cent foixantedouze bibliotheques célebres font continuellement ouvertes aux Savans & aux Lettrés; les gymnafes ou colléges, établis par Confucius, & ceux qu'on a fondés en fon honneur, font aufli multipliés que les cités & les bourgs.

LIVRE SECOND.

DE LA TARTARIE CHINOISE.

LA Tartarie Chinoise est bornée au nord par la Sibérie; au levant par le golfe de Kamtchatka, & par la mer orientale; au midi par la Chine; & au couchant par les Tartares Kalmouks, établis entre la mer Caspienne & Casghar. Les différens peuples qui l'habitent aujourd'hui, étoient autrefois compris fous le nom général de Tartares Moungales ou Moungous, nation terrible & belliqueuse, qui, d'une part, conquit l'Indoftan, fous la conduite du fameux Zinghiskan, & de l'autre, foumit la Chine. Ce fut au treizieme fiecle que les Moungales s'emparerent de ce dernier Empire; mais après y avoir régné pendant cent ans, ils en furent chaffés par les Chinois en 1368. Les fugitifs prirent différentes routes; les uns allerent s'établir vers la mer orientale, entre la Chine & la riviere Saghalien; les autres tournerent au couchant vers leur premier pays, où s'étant mêlés aux Moungales qui y étoient reftés, ils reprirent bientôt la même maniere de vivre que leurs anciens compatriotes. Ceux qui s'établirent à l'orient, ayant trouvé le pays prefque défert & fans habitans, y conferverent les mêmes mœurs qu'ils avoient apportées de la Chine. Ainfi ces deux nations Moungales different aujourd'hui par le langage, par leur gouvernement, leur Religion, & leurs ufages. Ceux de l'occident ont retenu leur ancien nom de Tartares Moungales ou Moungous; les autres font connus sous le nom de

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