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entre les mains de sainte Macrine sa sœur, qui l'éleva dans les grandes maximes de la piété chrétienne. Elle ne voulut point qu'il étudiât les sciences profanes. Elle sut si bien entremêler ses différens exercices, qu'il n'y avoit aucuns momens pour la bagatelle. Par cette variété d'occupations, le jeune Pierre ne ressentoit point les dégoûts de l'ennui, et s'accoutumoit insensiblement à une vie sérieuse et appliquée. Docile aux leçons de sa respectable sœur, qui l'instruisoit encore plus par ses exemples que par ses discours, il faisoit journellement de nouveaux progrès dans la connoissance des choses divines et dans les voies de la perfection.

Sainte Emmélie ayant fondé deux monastères, l'un d'hommes et l'autre de filles, elle donna la conduite du premier à son fils Basile, et celle du second à sa fille Macrine. Pierre, dont l'unique désir était de faire fructifier les semences de piété qu'on avoit jetées dans son cœur, alla grossir le nombre des disciples de son frère, auquel il succéda l'an 362. On le vit durant plusieurs années exercer les fonctions d'abbé avec autant de prudence que de vertu. La cruelle famine qui affligea le Pontet la Cappadoce, lui fournit l'occasion de donner les preuves les plus éclatantes de sa charité. Un abbé qui n'eût pas été un saint auroit usé d'économie dans la distribution de ses aumônes, sous prétexte de ménager à ses frères une ressource assurée contre le plus redoutable des fléaux ; mais Pierre avoit puisé dans une autre école que dans celle de la prudence humaine, les principes de la charité chrétienne; il recevoit avec des entrailles de père tous les indigens qui le venoient trouver chaque jour, et il employoit à soulager leurs misères, non seulement les revenus du monastère, mais encore des sommes immenses qu'il tiroit de plusieurs personnes charitables.

S. Basile, qui en 370 fut élu évêque de Césarée en Cappadoce, l'ordonna prêtre. Le saint abbé regarda le sacerdoce comme un nouvel engagement à

la perfection évangélique; aussi s'appliqua-t-il avec un redoublement de ferveur à ses exercices de piété et aux devoirs de sa chage. Il vécut dans son monastère jusqu'à la mort d'Eustate (c), auquel il succéda dans le gouvernement de l'église de Sébaste en 380. Il trouva son diocèse dans l'état le plus déplorable : l'arianisme, publiquement enseigné par son prédécesseur, y avoit jeté de profondes racines. Personne n'étoit plus propre que lui à rétablir la vérité sur les ruines de l'erreur, et l'on ne douta point que son élection n'eût été l'effet d'une attention particulière de la Providence sur l'église de Sébaste.

L'histoire ne nous apprend 'rien de ce qu'il fit durant son épiscopat; nous savons seulement qu'il assista, en 381, au concile général de Constantinople, et qu'il souscrivit avec les autres évêques, la condamnation des Macédoniens qui nioient la divinité du Saint-Esprit. Toute l'antiquité s'accorde à dire qu'il se rendit recommandable par sa sainteté, son zèle et sa prudence. Il mourut au plus tard vers l'an 387 (d). Nous lisons dans saint Grégoire de Nysse (1), que ceux de Sébaste l'honorèrent d'un culte public avec plusieurs martyrs de leur, ville (e). Le martyrologe romain marque son nom Janvier.

au 9

Rien de plus digne de notre admiration, qu'une famille toute composée de saints. Mais à quoi attri

(c) C'étoit un arien déclaré. Il persécuta cruellement S. Basile, mort le 1.er Janvier 379. Il ne peut lui avoir de beaucoup survécu, comme on le voit par la date de l'élection de notre saint.

(d) On le met au nombre des écrivains ecclésiastiques, à cause d'une belle lettre qu'il écrivit à S. Grégoire de Nysse. On la trouve à la tête des livres de ce père contre Eunomius. On voit, en la lisant, que notre saint n'avoit rien perdu à ne pas étudier les belles lettres, ou du moins que cette étude avoit été suppléée en lui par les entretiens, la lecture et la beauté du génie. Il n'y paroît inférieur qu'à saint Basile et à S. Grégoire de Nazianze, ces deux grands maîtres de la véritable éloquence. (1) Ep. ad Flav. t. III, p. 645.

(e) Il paroît que ceci arriva l'année même d'après sa mort.

buer ce prodige? A Dieu, puis aux exemples, aux prières et aux exhortations de sainte Macrine l'Ancienne. Elle transmit sur-tout à ses descendans cet esprit de mortification, sans lequel il n'y a point de véritable christianisme. Ceux-ci, au lieu de dégénérer à cet égard de leur illustre aïeule, s'appliquèrent à la faire revivre en eux, et travaillèrent encore à inspirer aux autres l'amour d'une vertu qui étoit l'ame de toute leur conduite. Ecoutons saint Grégoire de Nysse sur la mortification des sens ( 2 ). « Nous ne devons, dit-il, avoir d'attache à aucune » chose, sur-tout lorsqu'il est à craindre que le plai» sir n'allume en nous quelque passion. Notre pre» mier soin doit être de veiller contre la sensualité » dans le manger, la plus ancienne peste du genre » humain, la mère du vice. Il faut toujours garder » les règles de la plus exacte tempérance; ne faire » jamais notre dernière fin de la satisfaction des >> sens; ne nous prêter que par nécessité aux choses > dont l'usage est accompagné de plaisir. » Il veut qu'on joigne la mortification de la volonté à celle des sens. « Le chrétien, dit-il (3), qui méprise le » monde, doit renoncer à lui-même, de sorte qu'il >> ne suive jamais sa volonté propre, pour ne recher» cher en tout que celle de Dieu. Nous avons Dieu » pour maître; il faut donc que sa volonté soit la » règle invariable de notre conduite. » Saint Basile nous inculque (4) aussi fortement l'obligation de mourir à nous-mêmes, afin que par ce moyen J. C. vive en nous, et que toutes nos affections et toutes nos actions portent l'empreinte de son esprit.

(2) De virgin. c. 9.

(5) De perfectá Christi formå.

(4) In Ps. 34 de Bapt. l. 1, et Interr. 237.

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S. JULIEN DIT L'HOSPITALIER, ET S.te BASILISSE SA FEMME, MARTYRS.

ON N lit dans les actes de ces deux saints qui vivoient en Egypte, et dans les anciens martyrologes, que le jour même de leur mariage ils s'engagèrent l'un et l'autre à vivre perpétuellement dans la continence. Dieu seul étoit l'objet de tous leurs désirs et de toutes leurs pensées, et ce fut dans le dessein de lui plaire de plus en plus, qu'ils s'assujettirent à tous les exercices de la vie ascétique. Ils consacrèrent tous leurs revenus au soulagement des pauvres et des malades; ils firent même de leur maison une espèce d'hôpital. Il y avoit des logemens séparés pour les hommes et pour les femmes. Basilisse étoit chargée des personnes de son sexe, et Julien, que son immense charité fit surnommer l'Hospitalier, avoit soin des hommes. La première mourut en paix, non pas toutefois sans avoir essuyé auparavant de rudes persécutions. Julien lui survécut plusieurs années, et reçut enfin la couronne du martyre avec Celse enfant; Antoine, prêtre; Anastase, et Marcianille, mère de Celse. On croit que tous ces saints souffrirent le 6 Janvier 313, sous Maximin II. La fête de saint Julien se trouve marquée en un grand nombre de jours différens (a). On a bâti par-tout des églises et des hôpitaux sous l'invocation de saint Julien et de sainte Basilisse (b). On dit que le crâne de saint Julien fut apporté d'orient à Paris du temps de saint Grégoire le grand. La reine Brunehaut, à laquelle il fut donné, en fit présent aux religieuses qu'elle avoit

(a) On peut consulter Chastelain, p. 106, sur cette diversité de jours, ainsi que sur les lieux où l'on prétend que S. Julien fut martyrisé.

(b) Plusieurs églises dédiées primitivement à S. Julien l'Hospitalier, ont ensuite pris pour patron saint Julien du Mans ou S. Julien de Brioude. Telles sont entr'autres celles de Rome et de Paris. Voyez Chastelain.

établies près d'Etampes. Une partie de ce crâne est au monastère de Morigny près d'Etampes, et l'autre à Paris dans l'église des chanoinesses-régulières de Sainte-Basilisse.

Voyez Chastelain qui a fait un article aussi curieux que saint Julien l'Hospitalier, Not. sur le Martyr.

détaillé sur

S.te MARCIENNE, VIERGE ET MARTYRE. SAINTE MARCIENNE étoit de la ville de Rusuccur en Mauritanie: elle fit généreusement le sacrifice de tous les avantages qu'elle pouvoit espérer du monde, pour ne s'attacher qu'à Jesus-Christ. La persécution de Dioclétien (a) lui fournit bientôt l'occasion de donner des preuves éclatantes de la fidélité qu'elle avoit jurée à son divin époux. On l'arrêta à Césarée en Mauritanie, et on la conduisit au juge, qui la fit frapper rudement à coups de bâton. Sa chasteté fut ensuite exposée à la passion brutale d'une troupe de gladiateurs; mais Dieu sauva miraculeusement sa servante du danger qu'elle couroit, et se servit d'elle pour opérer la conversion d'un de ces misérables auxquels on l'avoit abandonnée. Enfin, elle fut menée dans l'amphithéâtre, où la fureur d'un taureau et celle d'un leopard achevèrent son sacrifice. Sa fête est fort ancienne dans l'église. Il s'est trouvé des auteurs qui ont distingué notre sainte martyre, de sainte Marcienne dont l'ancien bréviaire de Tolède faisoit mémoire le 12 Juillet, et dont le nom est marqué au 9 du même mois et au 9 Janvier dans le martyrologe romain, et dans plusieurs autres martyrologes. Mais cette distinction est frivole, et dénuée de preuves solides.

Voyez dans l'ancien bréviaire mozarabique, une belle hymne composée en l'honneur de la sainte. Voyez aussi ses actes publiés par Bollandus. Nous observerons en passant que cette dernière pièce n'est pas en tout d'une autorité bien certaine. On peut encore consulter Tillemont, t. V, p. 263, et Chastelain, p. 146.

déclaré

(a) Cette persécution continua en Afrique sous les successeurs de Dioclétien. Elle ne finit qu'à la mort de Sévère, César en 305, et tué en 3og.

S. FÉLAN

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