Images de page
PDF
ePub

S. ILDEFONSE, ÉVÊQUE DE TOLÈDE. SAINT ILDEFONSE étoit un savant bénédictin, qui fut d'abord abbé du monastère d'Agli, situé dans un des faubourgs de Tolède: on l'élut au mois de Décembre de l'année 657, pour succéder à Eugène sur le siége de cette ville. Le père Florès, de qui nous apprenons ceci, ajoute qu'il mourut le 23 Janvier 667, après avoir été évêque neuf ans et deux mois ( a ). Saint Ildefonse nous a laissé plusieurs écrits, dont le plus célèbre est le livre de la virginité perpétuelle de la sainte Vierge ( b ). On y trouve les sentimens de la plus tendre dévotion envers la mère de Dieu, et de la plus vive confiance

(a) Le père Florès prétend que S. Ildefonse a été le trenteunième évêque de Tolède depuis S. Eugène. Il pense avec les autres écrivains de son pays, que S. Eugène, disciple de saint Denis de Paris, fut sacré en 112, premier évêque de Tolède.

(b) Il le composa pour réfuter Helvidius, Jovinien et un certain Juif. Nous avons encore plusieurs lettres de lui, et quelques sermons sur la sainte Vierge. Le père Florès les a publiés dans sa Spana Sagrada, t. V, append. 7, p. 490. Le cardinal d'Aguirre a fait réimprimer dans le tome second de ses conciles d'Espagne, p. 534, les lettres du saint, que dom Luc d'Achéry avoit données au public, Spicil. t. 11.

Le catalogue des écrivains ecclésiastiques par S. Ildefonse, ne contient que quatorze chapitres.

Son Instruction sur la connoissance du baptême, et son Dẻsert spirituel, ou livre, de itinere deserti quo pergitur post Baptismum, ont été poubliés par Baluze, Miscel. t. VI.

Outre le livre sur la virginité perpétuelle de la B. Vierge Marie, contre trois infidèles, duquel nous venons de parler il y a encore parmi les ouvrages du saint un sermon qui porte le même titre. D'Achéry, Pozzi et Ceillier le donnent à Paschase Radbert; mais Andrassi soutient qu'il est vraiment l'ouvrage de S. Ildefonse, dans une dissertation imprimée à Rome en 1743, sous le titre de Vindicia sermonis S. Ildefonsi de perpetuâ virginitate Dei genitricis Maria.

Le sermon sur la purification de la sainte Vierge, les deux sur sa naissance, et les six sur son assomption, ne peuvent être attribués à S. Ildefonse, quoiqu'on les trouve dans l'édition de ses ouvrages, donnée par Feu-Ardent en 1676.

[ocr errors]

en son intercession auprès de son fils. Le saint avoit encore une dévotion singulière à sainte Léocadie, patronne de Tolède. Les Espagnols l'appelent Ildefonso, et le peuple, Alonso, par abréviation.

Voyez dans Mabillon, sect. 2, Ben., la vie de saint Ildefonse, écrite 23 ans après sa mort par saint Julien, évêque de Tolède; et Fleury, l. 39, n. 40. La vie du même saint, par Cixila, n'est point authentique. On peut lire les remarques que le P. Florès a faites sur ces deux vies, dans sa Spana Sagrada, t. V, tr. 5, n. 31, p. 275, et app. 9, ibid. p. 522.

S. BARNARD, ARCHEVÊQUE
DE VIENNE EN DAUPHINÉ (a).

SES parens, d'une des plus illustres familles du

Lyonnais, le firent élever avec beaucoup de soin dans la connoissance des lettres, et dans la pratique des vertus chrétiennes. Après la mort de ses frères, ils l'envoyèrent à la cour de Charlemagne en 799. Barnard avoit alors dix-huit ans ; il vécut au milieu du monde, comme il auroit fait dans un désert. A des aumônes abondantes, il joignoit des jeûnes rigoureux, et l'exercice d'une prière fervente auquel il lui arrivoit souvent de consacrer les nuits. Il se maria par obéissance pour ses parens; mais sa femme ayant depuis consenti à ses pieux desseins, il quitta le siècle à l'âge de 25 ans, et prit l'habit religieux dans le monastère qu'il avoit fondé à Ambournai dans le Bugey (b). Il s'y regarda comme le dernier des frères, et jamais il ne tira vanité du titre de fondateur. Ses austérités étoient si grandes, qu'elles paroissoient presque au-dessus des forces de la nature humaine. Le premier abbé d'Ambournai étant mort, il fut forcé de prendre sa place, et de se charger du gouvernement du monastère.

(a) On dit aussi Bernard et Bern-hart. Il est honoré à Romans sous le nom de S. Barcar ou Barṇar,

(b) Ce monastère est à huit lieues de Lyon; il appartient aujourd'hui aux bénédictins de la congrégation de S.-Maur, et dépend immédiatement du saint-siége. Le bourg d'Ambournai lui doit son origine, et a toujours eu ses abbés pour seigneurs.

La réputation de sa sainteté étoit si bien établie, qu'on l'élut, vers l'an 817, pour succéder à Wolfère sur le siége archiepiscopal de Vienne mais il ne voulut point acquiescer à son élection, et il fallut un ordre exprès du pape pour arracher son consentement. Le pape Paschal lui envoya le pallium, et confirma tous les droits accordés à son église par le saint-siége (c). Le saint allia les mortifications du cloître aux travaux apostoliques et à la sollicitude pastorale. Sa charité le rendit extrêmement sensible aux misères des pauvres, et surtout au triste sort des pécheurs ; de manière que quand quelqu'un venoit lui confesser ses crimes, il en ressentoit plus de douleur que le pénitent même. Louis le Débonnaire, que la mort de Charlemagne, arrivée en 814, avoit mis en possession de l'empire, donna le titre d'empereur à Lothaire son fils aîné, dans une assemblée qui fut tenue la même année à Aix-la-Chapelle. Quoique l'acte eût été envoyé au pape pour être confirmé, Lothaire ne se fit couronner à Rome que l'an 823. Ce prince, uni avec les rois Louis et Pepin ses frères, prit les armes en 830 contre son propre père; ils colorerent tous trois leur révolte du prétexte de la tyrannie de l'impératrice Judith leur belle-mère, qu'ils accusoient encore d'entretenir un commerce criminel avec Bernard, comte de Barcelonne. L'empereur et l'impératrice furent enfermés à Soissons, l'un dans le monastère de Saint-Médard, et l'autre dans celui de Sainte-Croix. La liberté fut pourtant rendue à l'empereur au mois d'octobre de la mêine année; mais il la reperdit en 833. Les trois princes, irrités de ce qu'il se laissoit toujours gouverner par Judith et de ce qu'en faveur du fils (d) qu'il avoit eu d'elle,

(c) Nous avons encore la lettre que le pape Paschal écrivit à saint Barnard. Voyez le père Labbe, Conc. App. t. VII, p. 1869; Bollandus, ad. 23 Jan., et Mabillon, t. VI, Act. Ord.

S. Bened.

(d) Charles, depuis surnommé le Chauve.

il avoit changé le partage déjà fait entr'eux, prirent une seconde fois les armes contre lui; ils l'enfer mèrent encore dans le monastère de Saint-Médard. On vit ce malheureux père dans l'église de NotreDame de Soissons, faire une confession de ses prétendus crimes, et se revêtir de l'habit des pénitens publics. La plupart des rebelles furent apaisés par cette humiliation. Louis et Pepin s'en contentèrent, et se réunirent l'année suivante contre leur frère Lothaire, afin de l'obliger à remettre leur père en liberté. Il fut effectivement rétabli à Saint-Denis le 1.er Mars.

L'archevêque de Vienne, qui avoit eu le malheur de se laisser séduire par les prélats et les seigneurs qui avoient concouru à la dégradation de Louis le Débonnaire, ne le vit pas plutôt rétabli, qu'il se réfugia sur les terres de Lothaire en Italie, avec Agobard qu'il avoit ordonné archevêque de Lyon (e). Lothaire s'étant réconcilié avec son père, Bar

(e) Agobard, archevêque de Lyon, se déclara hautement pour les princes rebelles; il fit même une apologie de leur conduite, que nous avons encore. Après la réconciliation de Lothaire avec son père en 837, il retourna à Lyon, où il mourut le 6 Juin de l'année 840. Il est honoré en ce jour d'un culte public à Lyon, et en Saintonge sous le nom de S. d'Aguebaud. Agobard étoit un prélat fort habile; il a laissé plusieurs ouvrages que Papyre Masson publia à Paris en 1605. Baluze en donna une nouvelle édition en 1666, en 2 vol. in-8.o

Les écrits les plus utiles d'Agobard, sont, 1.o son Traité contre Félix d'Urgel. Il y prouve par l'écriture et par les pères, qu'en Jesus-Christ il n'y a pas deux fils de Dieu, l'un par nature, et l'autre par adoption; mais que Jesus Christ est fils unique et naturel de Dieu.

2.o Les trois traités contre les superstitions des Juifs. Le prélat y demande à l'empereur qu'il ne leur soit pas permis d'empêcher le baptême de leurs esclaves qui veulent sincèrement

recevoir ce sacrement.

3.o Le livre contre la loi de Gondebaud, roi des Bourguignons, laquelle ordonnoit les duels judiciaires. Cette loi, publiée au sixième siècle, étoit encore en vigueur dans le neuvième. Saint Avit avoit tâché de convaincre Gondebaud, que ces sortes de combats étoient injustes et superstitieux; mais il n'apu rien gagner. Agobard fait valoir les mêmes raisons, et

voit

nard rentra dans son église où il expia sa faute par un sincère repentir. Quelque temps après, il fonda dans son diocèse le monastère de Romans (ƒ), où il se retiroit souvent pour se préparer à la mort par les exercices de la prière et de la pénitence. Ayant eu divers pressentimens de la fin de sa vie, il prêcha pour la dernière fois dans sa cathédrale, et dit adieu à son peuple. Il se retira ensuite au monastère de Romans, où il passa trois jours et trois nuits en prières, prosterné sur son cilice; à l'entrée de la quatrième nuit, il entendit une voix qui lui disoit : « Venez, on vous attend. » Il reçut le saint viatique et mourut tranquillement au point du jour, qui étoit un dimanche, la 64. année de son âge, la 32. de

presse l'empereur d'abolir ees duels. On peut voir l'excellent ouvrage du P. Gerdil, barnabite, contre les combats singuliers, imprimé à Turin en 1751.

4. Le livre sur le tonnerre et sur la gréle. Le but de l'auteur étoit de combattre l'illusion superstitieuse du peuple, qui s'imaginoit qu'on devoit en attribuer la production aux sorciers.

5. Le livre des sentences. Agobard y démontre la superstition des épreuves du feu et de l'eau, autorisées par les lois des Bourguignons..

6. Une lettre en réponse à Barthélemi, archevêque de Nar◄ bonne, qui avoit consulté Agobard pour savoir ce qu'on devoit penser de certaines personnes, dont les unes tomboient comme en épilepsie sur le tombeau de S. Firmin à Usez, et d'autres étoient agitées à la manière de ceux qu'on nomme vulgairement démoniaques. Agobard répond qu'il attribue ces effets aux jugemens que Dieu exerce sur les personnes en question, et qu'il les regarde comme une espèce de fléau tout opposé aux guérisons miraculeuses que Dieu accorde par les mérites de ses saints. 7.o Le traité des priviléges et des droits du sacerdoce, contre les vexations. des laïques.

8.o Le traité de la dispensation des biens ecclésiastiques, contre ceux qui les emploient mal, soit parmi les clercs, soit. parmi les usurpateurs laïques.

9.o Le livre sur les images, où il est prouvé qu'on doit les révérer, sans toutefois les adorer.

(f) Ainsi appelé, parce qu'il étoit immédiatement soumis au saint-siége, S. Bernardi de Romano oppido. L'église est une collégiale de chanoines. L'abbaye de Romans fút sécularisée il y a 250 ans, et la mense abbatiale fut unie à l'archevêché de Vienne.

« PrécédentContinuer »