son épiscopat, et la 842.o de Jesus-Christ. On l'enterra le 23 Janvier, jour auquel on fit ensuite sa fête. Ses reliques étoient autrefois à Romans; mais elles ont disparu depuis les ravages des Huguenots dans le seizième siècle. Son nom n'a jamais été dans le martyrologe romain. On l'honore, avec un office solennel, dans les diocèses de Vienne, Grenoble, Viviers, Die, etc.

Voyez les deux vies de saint Barnard. La première, écrite par un anonyme dans le dixième ou onzième siècle, a été publiée par le père Mabillon, sect. 4, Bened. t. II, p. 561, et par Guichenon, Histoire du Bugey, part. 4, p. 175. La seconde, tirée du bréviaire de Vienne, se trouve dans Gonon, 1. 4 de Vitis Patrum Occidentis, p. 262. Mabillon et Bollandus, t. II, Jan. p. 546, ont donné un fragment d'une troisième vie du même saint. Ces deux auteurs ont aussi publié une petite histoire de l'élévation et de la translation du corps de saint Barnard, avec une relation de quelques miracles dont cette cérémonie fut suivie. Chifflet pense que cette relation est l'ouvrage de saint Adon, qui fut archevêque de Vienne après Agilmar, successeur de notre saint. Voyez encore la vie de saint Barnard, par le P. Fleury-Ternal, jésuite. Paris, 1732 et 1748, in-12.

S. TIMOTHÉE, ÉVÊQUE ET MARTYR.

SAINT

Voyez Tillemont, t. II, p. 142.

AINT TIMOTHÉE, né d'un père Gentil, et d'une mère juive nommée Eunice, étoit de Licaonie, et probablement de la ville de Lystres. Eunice avoit embrassé la religion chrétienne, ainsi que Loïde, grand'mère de Timothée, et saint Paul fait l'éloge de la foi de toutes les deux. Timothée s'appliqua, dès son enfance, à l'étude de l'écriture sainte ( 1 ). Le témoignage avantageux que les frères d'Icône et de Lystres rendirent de lui à saint Paul, qui vint prêcher en Lyaconie l'an 51 de Jesus-Christ, engagea cet apôtre à le choisir pour le compagnon de ses travaux à la place de saint Barnabé. Il le circoncit toutefois à Lystres, avant de s'en faire suivre : car, quoique les cérémonies légales n'obligeassent plus depuis la mort de Jesus-Christ, il fut pourtant permis de les observer comme une chose indifférente, (1) 2. Tim. III, 15.

jusqu'à la ruine de Jérusalem et du temple (a ). Saint Paul avoit encore d'autres raisons pour en agir de la sorte, il concilioit à son disciple l'estime des Juifs, et leur montroit d'ailleurs qu'il n'étoit pas lui-même ennemi de leur loi. Ici saint Chrysostôme (2) admire la prudence et la charité de saint Paul. Ne doit-on pas aussi admirer l'humble docilité avec laquelle le disciple se soumit à une cérémonie douloureuse qui n'étoit point de précepte? Saint Augustin (3) loue encore le zèle et le désintéressement de Timothée, qui ne balança point d'abandonner son pays, sa maison, son père et sa mère, pour suivre un apôtre dont il lui faudroit partager la pauvreté et les souffrances.

Saint Paul, après avoir circoncis Timothée, lui confia, par l'imposition des mains, le ministère de la parole, sans avoir égard à sa grande jeunesse, une vertu extraordinaire suppléant en lui au nombre des années. Depuis ce temps-là, il le regarda toujours non-seulement comme son disciple et son cher fils, mais comme son frère et le compagnon de ses travaux (4). Il l'appelle homme de Dieu (5), et dit aux Philippiens que personne ne lui est aussi uni de cœur etde sentimens que Timothée (6). L'estime du maître prouve assez quel étoit le mérite du disciple, dont la vocation au ministère évangélique avoit d'ailleurs été accompagnée de prophéties faites à son sujet (7).

Saint Paul étant sorti de Lystres, parcourut avec son disciple le reste de l'Asie, puis s'embarqua pour la Macédoine l'an 52 de Jesus-Christ, et prêcha l'évangile à Philippes, à Thessalonique et à Bérée. La fureur des Juifs l'ayant obligé de quitter cette dernière ville, il y laissa Timothée pour affermir les nouveaux fidèles dans la foi. Lorsqu'il fut (a) Par-là, disent les anciens pères, on enterroit la synagogue avec honneur.

(2) Præf. in 1 Tim.
(4) 1. Thess. III, 2. Cor. IV, 17..
(7) 1. Tim, I, 18.

(3) Serm. 177, n. 7.

(6) Phil. II, 20.

(5) 1. Tim, VI, 11.

arrivé à Athènes, il lui manda de l'y venir trouver; mais sur la nouvelle que les Chrétiens de Thessalonique souffroient une cruelle persécution, il l'envoya vers eux pour les consoler et les fortifier. Timothée revint trouver saint Paul, qui étoit pour lors à Corinthe, afin de lui rendre compte du succès de sa commission ( 8 ). Ce fut dans ce temps-là que l'apôtre écrivit sa première épître aux Thessaloniciens. De Corinthe, saint Paul alla à Jérusalem, d'où il revint passer deux ans à Ephèse. Comme il avoit formé le dessein de retourner dans la Grèce, il chargea Timothée et Eraste de le devancer en Macédoine, afin qu'ils fissent préparer les aumônes destinées au soulagement des Chrétiens de Jérusalem.

Il donna ordre à Timothée en particulier d'aller ensuite à Corinthe pour y corriger quelques abus, et pour rappeler aux fidèles la doctrine qu'il leur avoit prêchée. Dans la lettre qu'il écrivit aux Corin thiens peu de temps après, il leur recommandoit fortement son cher disciple (9). I attendit son retour en Asie, et le mena avec lui en Macédoine et en Achaïe. Timothée laissa l'apôtre à Philippes, et le rejoignit à Troade. Saint Paul, de retour en Palestine, fut mis en prison à Césarée; il y resta deux ans, après quoi il fut envoyé à Rome. Il paroît que Timothée étoit avec lui dans ce temps-là, puisqu'il est nommé conjointement avec lui à la tête. des épîtres à Philémon, aux Philippiens et aux Colossiens, qui furent écrites dans les années 6r et 62. Timothée eut aussi le bonheur d'être emprisonné pour Jesus-Christ, et la gloire de confesser sa foi en présence d'un grand nombre de témoins; mais on le mit en liberté (10). Il fut ordonné évêque en conséquence d'une prophétie, et d'un ordre particulier du Saint-Esprit (11). Il reçut par l'imposition des mains la grâce du sacrement, et le pouvoir non-seulement de gouverner l'église, mais (9) Cor. XVI, 10.

(8) Act. XVIII.
(10) Heb. XIII, 23.

(11) 1. Tim. IV, 14.

encore de faire des miracles, avec d'autres dons extérieurs du Saint-Esprit. Saint Paul étant retourné de Rome en orient dans l'année 64 de Jesus-Christ, laissa son disciple à Ephèse pour gouverner l'église de cette ville, pour s'opposer à ceux qui semoient une fausse doctrine, pour ordonner des prêtres, des diacres, et même des évêques (12); car il lui confia aussi le soin de toutes les églises d'Asie (13).

Saint Paul étoit encore en Macédoine quand il écrivit sa première épître à Timothée. La seconde fut écrite de Rome un an après, c'est-à-dire, en 65. On y voit l'effusion d'un cœur plein de tendresse pour un fils bien-aimé. L'apôtre, qui étoit alors dans les fers, conjure son cher disciple de venir le trouver à Rome, afin qu'il ait la consolation de le voir encore une fois avant de mourir. Il l'exhorte à ranimer cet esprit de courage, ce feu du SaintEsprit dont il fut rempli le jour de son ordination; il lui donne des avis sur la conduite qu'il devoit tenir à l'égard des hérétiques de ce temps-là, et lui trace le caractère de ceux qui devoient s'élever dans la suite (14).

Nous apprenons de la première épître à Timothée, qu'il ne buvoit que de l'eau: mais comme ses grandes austérités avoient altéré sa santé, et qu'il avoit l'estomac très- foible, saint Paul lui ordonna de boire un peu de vin. Il dit un peu, remarquent les pères, parce qu'il nous est utile que la chair soit foible, afin que l'esprit soit plus fort et plus vigoureux. Timothée avoit peut-être alors 40 ans. Il est probable qu'il alla à Rome pour conférer avec son maître. Il étoit évêque d'Ephèse avant l'arrivée de saint Jean dans cette ville. Ce dernier y résidoit comme un apôtre qui avoit une inspection générale sur toutes les églises d'Asie (b). Saint Timothée a

(14) 2. Tim. III, i. et 2.

(6) Dans l'Apocalypse, qui fut écrite en 95, Jésus-Christ reproche à l'évêque d'Ephèse d'être déchu de sa première cha

toujours été regardé comme le premier évêque d'Ephèse (15). Les anciens martyrologes lui donnent le titre de martyr.

Voici ce que nous lisons dans les actes (c) de saint Timothée. Sous l'empire de Nerva, le 22 Janvier, 97. de Jesus-Christ, les Païens célébrant une de leurs fêtes appelée Catagogie, dans laquelle ils portoient leurs idoles, assommèrent à coups de pierres et de massues Timothée, qui vouloit s'opposer à leurs abominables superstitions.

Nous apprenons de S. Paulin (16), de Théodore lecteur, et de Philostorge (17), que les reliques de saint Timothée furent transférées solennellement à Constantinople en 356, sous le règne de Constance. Saint Paulin assure qu'il s'opéroit un grand nombre de miracles dans tous les lieux où étoit la plus petite portion de ces reliques. Les corps de S. Timothée, de S. André et de S. Luc furent mis sous l'autel de l'église des apôtres à Constantinople. Les démons, dit S. Jérôme (18), témoignoient par leurs rugissemens combien ils ressentoient leur présence. La rité il l'exhorte à faire pénitence, et à rentrer dans la pratique de ses premières œuvres. (Apoc. II, 4.) Cet évêque ne pouvoit être que S. Timothée, selon le P. Calmet. Pereira, Corneille de la Pierre, Grotius, Alcazar, Bossuet, etc., sont du même sentiment. Tillemont, t. II, p. 147; Bollandus, au 24 Janv. p. 565 et 564; Nicolas de Lyra et Ribera, pensent que le reproche de Jesus-Christ tomboit non sur Timothée, mais sur son troupeau d'autres disent que saint Timothée ne montra peut-être point assez de vigueur en reprenant les vices mais que le reproche de J. C. lui fit réparer cette faute, et que son zèle lui valut la couronne du martyre en 97. S. Jean l'évangéliste sacra évêque Jean I, pour succéder à S. Timothée. (V. Constitut Apostolic. l. 8, c. 46.) Onésime fut le troisième évêque d'Ephèse. Voyez le Quien, Or. Christ. t. I, p. 672.

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(15) Eus. l. 5, c. 4, Conc. t. IV, p. 699.

(c) Ils paroissent avoir été écrits à Ephèse dans le cinquième ou sixième siècle. Photius nous en a laissé l'extrait. Ils sont attribués, dans quelques manuscrits, au célèbre Polycrate, évêque d'Ephèse.

(16) Carm. 26. édit. Murator. 29, p. 659. (17) L. 3, c. 2. (18) In Vigilant. c. 2..