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Jérusalem, et assista avec lui au concile que tinrent les apôtres pour décider la question qui s'étoit élevée au sujet des observances légales. Quelques faux frères d'entre les Juifs l'ayant voulu assujétir à la loi de la circoncision, l'apôtre réclama la liberté de l'évangile. Il est vrai qu'il avoit circoncis Timothée; mais les circonstances étoient changées, et mollir dans celle-là, c'eût été reconnoître la nécessité des rites anciens.

Vers la fin de l'année 56, S. Paul envoya son disciple d'Ephèse à Corinthe, avec plein pouvoir de remédier à plusieurs sujets de scandale, et de terminer les divisions qui troubloient l'église de cette ville. Il y fut reçu avec les plus vives démonstrations de respect, et tous les fidèles s'empressèrent de lui procurer toutes sortes de secours. Mais en vrai disciple du grand apôtre, il ne voulut rien recevoir, pas même ce qui étoit nécessaire aux plus indispensables besoins. Son arrivée produisit de très-heureux effets: les coupables se repentirent, et rentrèrent dans le devoir. Sa tendresse pour les Corinthiens étoit extraordinaire, et il se chargea de solliciter en leur nom la grâce de l'incestueux excommunié par saint Paul. Les affaires de l'Eglise de Corinthe étant en bon état, il alla rejoindre son maître, auquel il rendit compte du succès de son voyage. Quelque temps après, il fut envoyé une seconde fois dans la même ville, afin de faire préparer les aumônes destinées aux pauvres de Jérusalem.

Lorsque saint Paul fut sorti de prison, et qu'il eut la liberté de quitter Rome, il ne pensa plus qu'à retourner en orient. Il s'arrêta en passant dans l'île de Crète pour y prêcher J. C.: mais commeles besoins des autres églises l'appeloient ailleurs, il ordonna Tite évêque de toute l'île, et lui commit le soin d'achever l'ouvrage qu'il avoit si heureusement commencé. L'importance de cette charge, dit saint Chrysostôme (4), doit nous faire comprendre quelle étoit l'estime de l'apôtre pour son disciple. (4) Hom. 1 in Tit.

Saint

Saint Paul ne put long-temps se passer d'un compagnon tel que notre saint; ce fut ce qui l'engagea à lui adresser dans l'automne de l'année 64, l'épître qui fait partie de nos divines écritures. Il lui mandoit de le venir trouver à Nicopoli en Epire, où il comptoit passer l'hiver, aussitôt après l'arrivée d'Artémas et de Tychique qu'il envoyoit pour le remplacer; il le chargeoit ensuite d'établir des prêtres, c'est-à-dire, des évêques (a) dans toutes les villes de l'île. Après le détail des qualités nécessaires à un évêque, viennent de sages avis sur la conduite qu'il doit tenir envers son troupeau, et sur l'accord de la fermeté et de la douceur dans la manutention de la discipline. Les pasteurs puiseront dans cette épître la connoissance des vraies règles, et s'exciteront à s'y conformer avec la même fidélité que S. Tite. L'an 65, l'apôtre envoya son disciple prêcher l'évangile en Dalmatie (b). Quelque temps après, il retourna en Crète, où il mourut dans un âge fort avancé (c), après avoir saintement gouverné son église, et répandu la lumière de la foi dans les îles voisines.

On gardoit autrefois son corps dans la cathédrale de Gortyne (d), qui l'honoroit comme son premier archevêque. Les Sarrasins ayant ruiné cette ville

(a) En interprétant ainsi le mot grec Presbuterous, nous suivons S. Jérôme, S. Chrysostôme, Théodoret, etc. Voyez sur ce sujet une savante dissertation de M. Hammond. M. de Marca, de Concord. l. 1, c. 3, n. 2, et Scheistrate, t. II, Antiq. eccl. diss. 4, c. 2, prouvent par les paroles mêmes de S. Paul à Tite son disciple, c. 1, que les archevêques sont d'institution apostolique.

(b) On ne peut douter que S. Tite n'ait annoncé l'évangile dans la Dalmatie. ( Voyez S. Paul, 2 Tim. IV, 10.) Ce pays l'honore comme son premier apôtre. On peut consulter sur ce sujet le père Farlat, savant Jésuite, Illyrici sacri, t. I, p. 355. On dit que S. Tite ordonna 1. évêque de Salone, S. Domnius, qui est honoré le 7 de Mai. La dignité de métropole dont jouissoit ce siége, a été depnis transférée à Spalatro,

er

(c) A 94 ans, selon les Grecs modernes.

(d) L'ancienne métropole de l'ile, à 3 lieues du Mont-Ida. On." en voit encore les ruines. La ville de Candie, qui a donné son nom à toute l'île, en est aujourd'hui métropole.

Tome I.

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en 823, on ne retrouva de toutes les reliques de saint Tite que son chef, qui depuis a été porté à Venise, et déposé dans l'église de saint Marc (1).

Saint Paul n'éleva son disciple à la dignité de pasteur, que parce qu'il trouva en lui toutes les qualités nécessaires à un état si saint. Vouloir donc s'ingérer dans les fonctions sacrées du ministère, lorsqu'on est encore novice dans les voies de Dieu, et avant de s'être familiarisé avec la pratique des maximes évangéliques, c'est un zèle faux et illusoire, c'est une tentation du démon. On ressemble à ces oiseaux qui périssent pour vouloir prendre l'essor avant d'avoir des ailes. En vain voudroit-on' faire valoir la pureté de ses intentions, jamais on ne remplira ses devoirs, à moins que l'on ne se soit parfaitement instruit de la loi divine, que l'on ne se soit pénétré des maximes et de l'esprit de Jesus-Christ, que l'on n'ait acquis de l'expérience, et que l'on ne connoisse à fond le cœur de l'homme, avec les différentes passions qui le remuent. Il faut encore s'être appliqué sérieusement à mourir à soi-même. par la pratique habituelle de l'humilité et de la mortification; s'être rendu comme naturel l'exercice de la contemplation, afin que possédant son ame au milieu même des fonctions extérieures, on puisse dire avec vérité: Je dors, mais mon cœur veille (2); je dors par rapport aux choses de la terre avec lesquelles je n'ai rien de commun; mais mon cœur veille, parce qu'il s'élance continuellement vers Dieu par l'activité de ses mouvemens et par la

vivacité de ses désirs.

S. GRÉGOIRE, ÉVÊQUE DE LANGRES. GRÉGOIRE

RÉGOIRE étoit un des principaux sénateurs d'Autun. Après la mort de sa femme, il ne s'occupa plus que des exercices de la vie chrétienne. L'éclat de (1) Creta Sacra, p. 195. (2) Cantic. V.

ses vertus l'ayant fait juger digne d'entrer dans le sanctuaire, on le plaça, malgré lui, sur le siége de Langres à la 57. année de son âge. Il gouverna son église avec autant de zèle que de prudence, durant l'espace de trente-trois ans ; mais pour donner plus d'efficacité aux travaux de son épiscopat, il les sanctifioit par une humilité profonde, par une prière continuelle et par les austérités de la mortification. Sa sollicitude embrassoit à la fois les Chrétiens et les Païens; il arrachoit les premiers à leurs désordres, et les seconds aux erreurs de l'idolâtrie. Il mourut vers le commencement de l'année 541, quelques jours après l'Epiphanie. Sa dévotion pour saint Bénigne étoit telle, qu'il voulut être enterré auprès de son tombeau à Dijon où il résidoit souvent, et qui étoit alors du diocèse de Langres. Sa volonté fut exécutée par son fils Tétrique, qui mérita par sa vertu de succéder à son père sur le siége de Langres. Il y a toute apparence que la translation des reliques de S. Grégoire se fit le 4 Janvier, jour auquel le martyrologe romain fait mémoire de lui.

Voyez ses miracles dans saint Grégoire de Tours son arrière-petitfils, Vit. Pat. c. 7. Hist. Franc. l. 3, c. 15, 19. Les Annales du P. Le Cointe: le Gallia Christiana, t. IV, p. 517. M. de Mangin, Hist. Eccl. civ. polit. et littér. des diocèses de Langres et de Dijon, t. 1, p. 188 et suiv.

S. RIGOBERT, ÉVÊQUE DE RHEIMS. CE saint, que quelques-uns appellent aussi Robert,

quitta le monde pour se retirer dans le monastère d'Orbais, dont il fut depuis abbé. On l'arracha ensuite de sa solitude, pour lui confier le gouver nement de l'église de Rheims. Il remplit les devoirs de sa charge avec un zèle vraiment apostolique. Ayant été injustement exilé sous Charles-Martel, il souffrit cette disgrâce avec patience: mais Pepin, frappé de tout ce que l'on disoit de sa sainteté, procura son rappel. Lorsque le saint, revenu de son exil, vit son siége occupé par Milon, il se retira au village de Gernicourt, à quatre ou cinq lieues

de Rheims, où il mena une vie cachée dans les exercices de la prière et de la pénitence. Il mourut vers l'an 740, et fut enterré dans l'église de Saint-Pierre qu'il avoit fait bâtir à Gernicourt. Dieu ne tarda pas à glorifier son serviteur par différens miracles qui s'opérèrent à son tombeau. En 864, Hincmar transféra les reliques de saint Rigobert à l'abbaye de Saint-Thierri, et neuf ans après à Saint-Denis de Rheims. Foulques, successeur d'Hincmar, en fit une troisième translation dans l'église de Notre-Dame. On les y conserve encore dans une belle châsse. Il y a une portion de ces reliques dans l'église de SaintDenis de Rheims, et une autre dans la cathédrale de Paris, où est une chapelle dédiée à S. Rigobert. Voyez dans Bollandus la vie du saint, écrite par un anonyme. Flodoard, l. 2, Hist. Remens. Le Gallia Chron. nova, t. IX, p. 24. M. Anquetil, chan. régul. de la cong. de Fr. Hist. civil. et polit. de la ville de Rheims, t. 1, p. 73.

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ON N ne connoît point le siége qu'a occupé ce saint; on n'en sait pas davantage sur le détail de sa conduite, parce que sa vie a été perdue durant la fureur des guerres. Quoi qu'il en soit, son culte est fort ancien à Tavistock en Devonshire, où le comte Ordulf lui bâtit une église en 960. Son nom est marqué au 4 Janvier dans la seconde édition du martyrologe de Wilson, qui avoit été instruit ceux du pays de ce qui concernoit le saint.

par

Voyez Guillaume de Malmesbury, l. 2 de Gest. Pontif. Angl. in Cridiensibus.

S. SIMEON STYLITE.

Tiré, 1.o d'une relation composée seize ans avant sa mort par Théodoret, l'un des plus savans et des plus judicieux écrivains ecclésiastiques, lequel vivoit dans le même pays, et avoit souvent visité saint Siméon Stylite; 2.o de la vie du saint, par Antoine son disciple, apud Bolland.; 3.o d'une autre vie du même saint, écrite en chaldaïque par le prêtre Cosmas. Cette dernière vie a été publiée d'après un manuscrit chaldaïque, par M. Etienne Assemani, Act. Mart. t. II, append. p. 227, qui prouve qu'elle fut composée en 474, quinze ans seulement après la mort de saint Siméon. Non-seulement ces trois auteurs étoient contemporains, mais ils avoient encore été témoins oculaires de la

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